Je vous rejoint tout à fait Victoire-Adelaîde, il n'y avait pas de personne plus intellectuel que Margot à la cour de France.

L'épisode des ambassadeurs polonais en est l'illustration. A leur arrivée à Paris, les français étaient tout honteux de ne pas savoir parler comme eux plusieurs langues. Ceux qu'on traitaient de barbares se révèlerent finalement plus intellectuels quel les français.

On a vu alors Charles IX et le roi de Pologne révisés avec beaucoup de mal leur latin. Le futur Henri III était particulièrement mal parcequ'il n'arrivait pas à se dépétrer de son latin très laborieux, or c'était le seul moyen de communication avec ses nouveaux sujets.
Quelle n'a pas été sa jalousie de voir la reine Margot acceuillir avec plein de grâce les ambassadeurs, avec un discours en latin si bien prononcée et sans fautes, que tout le monde en resta sur le cu (pardonnez moi cette expression mais c'est pour traduire l'extraordinaire impression qu'a fait Margot sur les ambassadeurs et sur la cour). Les ambassadeurs étaient ravis au point que l'un d'entre eux disa que désormais il pouvait mourir après avoir vu une princesse pareille.

Quant à la reine mère, elle était aux anges, pour elle, c'était une mission diplomatique remplie à merveille. Je crois que c'est dans ce rôle là que Catherine de Médicis voulait voir jouer sa fille. Pour les ambassadeurs polonais c'était un grand succés et ce ne fut pas le seul....

Cet épisode montre ainsi fort bien la culture et l'intelligence de Margot. Un trait de cette dame qui ne la quittera jamais.

C'était une lettrée, une femme d'une grande culture, qui lisait et débattait beaucoup, au point que certains l'ont appelée la "première Précieuse" !

Elle suscitait d'ailleurs beaucoup de jalousie au près de ses contemporains!

Trinity, vous dites que Margot suscitait de la jalousie chez ses contemporains. Pouvez-vous nous dire des exemples? Cela m'intéresserait.

Il y'avais Dupleix qui haïssait la reine (certains disaient qu'elle avait repoussée ses faveur) et surtout L'Estoile qui la detestait cordialement et la tant critiqué dans ses ouvrages. Mais je vais tâcher de rechercher dans mes livres plus d'informations!

Qui est ce Dupleix ?


Ah bon ? J'en ai pas le souvenir.

Bon, bon, du calme j'explique
Le magistrat parisien Pierre de L'Estoile tiendra un journal sur la cour, ou il égratigne chaque actions de Margot.
Exemple:sa relation avec La Molle.
Puis il recueille tout poeme et pamphlet contre la reine, et enfin dans son "divorce satyrique" il se moque de la relation Margot-Navarre.
Mort en 1611 , L'Estoile laisse un vide sur les faits et gestes de la reine.

Scipion Dupleix, son ancien maître des requêtes, dont le témoignage n'est pas toujours fiable décrira aussi les faits et gestes de la reine.il décrira surtout les amours de la reine avec bien souvent tendance à exagerer les faits (jalousie amoureuse?)
Il ne choisit pas en outre de cacher le rôle politique de Margot, mais d'en montrer les effets nuisibles. Dans son Histoire de Henri III, il l'accuse d'avoir poussé le duc d'Alençon à la révolte.
Il recommencera ses critiques dans son Histoire d'Henri IV

Mais Dupleix sera contesté par plusieurs: tout d'abord en 1636 Mathieu de Morgues, ancien prédicateur de la reine et aumonier de Marie de Médicis, puis Sully en 1638 et le Maréchal de Bassompierre met en exergue les erreurs et les critiques jugées infondées de Dupleix.

J'allais oublier Agrippa d'Aubigné dont l'Histoire Universelle paraît entre 1616 et 1620, malgré son désir d'objectivité l'ancien compagnon de route d'Henri IV, parvient mal à cacher sa profonde antipathie pour la reine, l'y dépeignant comme une femme artificieuse, un esprit impatient, une sorte de parasite dont les actions étaient aussi déplorables qu'apolitiques.
Son objectif: déconsidérer une femme qu'il déteste et décharger le roi de Navarre et ses alliés de leurs actions les plus discutables au regard de l'Histoire.

Oups, petite correction :
En 1660, la parution du Divorce Satyrique, qui figure avec d'autres textes dans le recueil de diverses pièces servant à l'histoire de Henri III.
L'ouvrage très représentatif de la curiosité historique de l'époque et de son goût pour la "petite histoire" comprend 3 rééditions (le journal de Henri III de L'Estoile, le Baron de Faeneste d'Aubigné et les Amours du grand Alcandre de la princesse de Conti) et une oeuvre inédite: la conféssion catholique de Sncy d'Aubigné.
Le Divorce constitue le "noyau dur" de cet ensemble dans la mesure où il réunit, en termes on ne peut plus violents, les deux condamnations dont le Recueil est porteur: la luxure des Grands et la participation des femmes au jeu politique.

Je ne sais pas si il y avait de la haine de L'estoile vis à vis de la reine. Margot. Je ne pense pas. En tout cas, L'Etoile était un collectionneur de pamphlets et ils collectionnaient même ceux qui étaient publié sur les personnes qu'il appréciait comme Henri III ou Henri IV.

En tout cas, si il y a eu du mépris de la part de l'Estoile, ça peut se comprendre, car qui ne mépriseraient pas le comportement d'une telle reine dans ces années là.

Et puis il faut bien avouer que si la reine Margot était une exellente et merveilleuse lettrée et mécène, elle fut pour le moins une piètre politique voire une très mauvaise.
On peut comprendre son comportement mais il faut dire qu'elle a quand même fort abusé.

C'était certes dans son caractère. Il faut bien se dire que pendant des années 1585 à 1600, la reine Margot était ce qu'on appelle aujourd'hui une has been. Son retour à Paris, et sur la scène politique après 1600 fut pour le moins très commenté avec beaucoup de sourire, d'autant que physiquement elle avait énormément changé.

Je vous remercie de m'avoir éclairée sur les détracteurs de Margot.

Oui vous avez raison Châtillon je pense que c'est exagéré et que L'Estoile était surtout critique de la cour qu'il jugeait décadente.

Bonjour,

Quelques bémols à cette conversion très intéressante : nous ne savons pas à qui attribuer Le Divorce Satyrique. Ce sont les romantiques qui l'ont attribué à d'Aubigné en se fondant sur la haine qu'il ressentait non pas exclusivement envers Marguerite mais envers toute la cour des Valois (et plus particulièrement envers Henri de Valois et Catherine de Médicis, "la vivandière de l'enfer", Les Tragiques).
Mes recherches (en vue d'une édition de ce texte) me poussent à penser à un auteur féminin.

D'autre part, la grande culture de MDV ne s'est acquise que très tard, à Usson. Avant son enfermement, elle était une princesse "normale" si j'ose dire. Et elle n'a été que mécène après son retour à paris, en 1605, et davanatage encore en 1608 quand elle s'est installée dans son hôtel particulier rue de Seine. Léo de Saint-Poncy parle bien de la liste des ouvrages qui se trouvaient dans sa bibliothèque, avec une référence très précise, mais je n'ai jamais pu retrouvé cette liste...invention ? je n'en sais rien.

Ah ?

Ah ? Pourtant Marguerite semble se démarquer très tôt par sa culture. On le voit notamment en 1573 quand elle épate la cour en recevant les ambassadeurs polonais par un très beau discours en latin qui rend jaloux le duc d'Anjou. Elle était semble t-il la seule personne de la famille à pouvoir s'exprimer en latin.

De plus, très tôt elle anime avec la duchesse de Retz des cercles intellectuels qui préfigure les petites réunions de l'hôtel Rambouillet sous Louis XIII. (on y trouvait notamment des cousines et tante de Brantome, très proche de Marguerite.)