Bonsoir,

Content d’avoir pu vous être utile avec mes remarques et aussi d’avoir pu mettre la main sur ce rare portrait d’un gentilhomme décoré d’une médaille.

Pas physionomiste pour un sou, je suis incapable de reconnaître le portrait de Luynes ( ?) par François Pourbus, de celui de Charles de Gonzague attribué à Dumonstier (portrait n°5) : de la même manière que Rubens peint toutes les dames plantureuses à souhait et que le Greco fait tous les hommes émaciés et étiques, les Dumonstier, (Pierre I, II, Côme, Daniel et a.), les Quesnel (Pierre, François, Nicolas), Benjamin Foulon, Lagneau etc… paraissent avoir adopté une ‘’(belle) manière’’ qui jointe à la mode du temps – merci à Majesté pour cette leçon magistrale – rend, pour moi, tous ces portraits stéréotypés sinon interchangeables.

Pour achever de faire le malin avec mes da-dailles, le gentilhomme du portrait numéro deux, au début du topic, porte une croix ancrée mi-blanche, mi-noire qui semble correspondre à l’insigne de la ‘’Milice Sacrée de Jésus Christ’’, ou de ‘’l’Ordre de Jésus Christ et de Saint Pierre’’, aux couleurs de l’Ordre des Dominicains.
D’après le Perrot, auteur des ‘’Ordres de Chevalerie Civils et Militaires’’ en 1820, l’ordre fut créé par Saint Dominique en 1216, à l’occasion de la croisade contre les Albigeois, pour lutter contre toutes les hérésies et le pape Pie V (1566-1572) le rattacha à la congrégation de Saint Pierre Martyr. Il fut soutenu notamment par le pape Paul V (1605-1621). L’ordre semble avoir fait l’objet d’une récupération par les souverains espagnols à une époque indéterminée.

Cordialement.

Mode, encore... :
Enfin, drapé à volonté autour du buste, avec un grand collet, le manteau à la balagnie_d'un nom d'un bâtard de Blaise de Montluc_ se drape de toutes les manières, au gré de son possesseur, et engendre les attitudes les plus sculpturales.
L'unique ornement masculin_mais il est vraiment fort beau_se trouve ce col de dentelle large et bien orné dont, aux gravures d'Abraham Bosse , on voit tant de représentations.
Ce même goût raffiné pour les dentelles se manifeste chez les femmes dont l'habillement se simplifie en même temps que celui des hommes.
Devenue une manière de redingote ouverte devant, étoffée par derrière avec de gros tuyaux à la taille , très haute dans le dos, et avec chute des deux côtés du corps, la robe traîne très bas, offre de larges manches qui , fendues dans leur longueur se ferment au milieu du bras par un élégant noeud de ruban, et au poignet par des manchettes.Le nom de cette nouvelle toilette , si dégagée , dit les raisons de son invention : robe à la commodité...
Elle comporte un élément qui qui joue désormais un rôle essentiel :
les corps de jupe et bas de jupe , le premier ouvert bas, lacé avec basques tailladées , le second tombant droit avec des plis plats sur les côtés , tands que le terme jupon désigne un justaucorps à basques longues.
-Le corps de jupe s'ouvre bas, se lace ou s'agrafe sur le devant, a de courtes basques à taillades et est maintenu par une armature , d'ailleurs légère.
-Le bas de jupe, droit, avec plis plats sur les côtés , en taffetas de couleur changeante , comporte en dessus un cotillon.
Les femmes du peuple portent la casaque hongreline, avec tablier par-dessus le bas de jupe.Cette même hongreline, faite en casaque élégante de velours ou de drap fin, avec un grand chapeau d'homme emplumé, constitue l'amazone pour les chasseresses.
Les femmes riches se parent de colliers sur la poitrine et de carcans autour du cou , de pendants d'oreilles, et le terme de bagues commencent d'être réservé aux anneaux de doigts, cependants que les femmes du peuple aiment à se procurer une large tresse de soie présentant des plaques d'orfèvrerie sur la moitié du pourtour,d'où le nom de demi-ceint d'argent.

Bien à vous.

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"Il n'y a de nouveau que ce qui est oublié."
Rose Bertin

Le portrait en question se trouve à Saint Omer (Pays-Bas espagnol) ... ce qui expliquerait le pourquoi du comment.

Le 3e portrait est celui du père du fameux Cinq-Mars.
Le 4e portrait est celui de l'ambitieux comte de Soissons.
Le 5e portrait est celui du duc de Nevers qui a hérité de Mantoue.


Oui c'est parce que nos yeux n'ont pas l'habitude de ces modes. C'est comme différencier des visages japonais ou des visages pygmées ou encore différencier le visage des femmes des années 70, avec leur coupe de cheveux et leur maquillage, elle sont absolument toutes pareilles. Impossible de les ditinguer des unes des autres pour moi qui n'est pas vécu ces années.
Ce n'est qu'une question d'habitude. A force de regarder des portraits de fin 16e et début 17e siècle, je discerne bien les traits. Mais mettez moins deux portraits du début du 18e, ou alors deux portraits-photos des années 1940 je ne verrais pas beaucoup la différence entre les deux personnes car je ne connais pas ou moins ces périodes.

Tout à fait juste !

Bonne nuit.

Voici le parfait mignon des années 1620 avec les roses que vous aimez Dollia.



Voici comment on s'habillait dans les années 1610 au début du règne de Louis XIII :


Il n'y avait pas que des mignons au début du règne de Louis XIII, il y avait également des mignones :

En effet Ah ! Châtillon, quel charmant jouvenceau !
Les bras m'en tombent
Le titre de l'image centrale me plaît beaucoup ! Très touchant...
Quant à la jouvencelle, le terme de "mignone" lui va à ravir.
Oh ! je vous remercie infiniment pour toutes ces présentations absolument magnifiques, que j'apprécie particulièremlent...

Pour les accessoires de toilette :
-les mouches,déjà, découpées en étoiles, en croissants, en figures , dans du taffetas noir ;
-les parfums violents_dont les hommes aussi font usages afin de dissimuler l'odeur forte des pipes dont ils abusent...;
-les gants à la Phyllis , à la Cadenet (encore ! ), à la Nécessité, à la Frangipane( ) , d'une invention du marquis romain Frangipani , apparenté à saint Grégoire le Grand, à la Néroli , d'une découverte de la Duchesse de Bracciano, Princesse de Nérola ;
-les bas de soie rouge , vert pomme , bleu-de-ciel ;
- souliers de satin rouge ou bleu sur hauts talons à la Choisy , ou muletins de maroquin blanc, violet, fauve ou jaune , ou encore patins de velours à semelle de liège, constituent l'arsenal de la femme élégante_qui ne va guère à pied... .
En effet le char médiéval , devenu au XIVème siècle le char branlant, c'est-à-dire suspendu , puis transformé en coche sous François Ier, reçoit enfin le surnom italien de carosse avec la Ligue, et transportant alors jusqu'à huit personnes à la fois , circule en grande pompe sur la promenade du Cours-la-Reine...

Bien à vous.

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"Il n'y a de nouveau que ce qui est oublié."
Rose Bertin

Quelle fabuleuse discussion ! je découvre tardivement mais me régale ! encore ! encore !
au passage, je vous invite à faire un grand tour sur le site suivant : http://www.lamesure.fr/rubriques/modes.html
c'est tout aussi fabuleux et richement illustré !

A cause de la publication inédite parue l'année dernière sur Frans Pourbus, je rouvre le dossier du magnifique portrait peint par l'artiste en 1617, conservé aujourd'hui à Sydney et resté sans identification.
Il y a 6 ans, nous avions vu ici (grâce à Zi mdc) qu'il était probable que le personnage représenté fusse l'un des hommes issu de l'entourage du roi qui avaient participé à la chute de Concini.



Dans Frans Pourbus le Jeune, 1569-1622: Le portrait d'apparat à l'aube du Grand Siècle: Entre Habsbourg, Médicis et Bourbons, Faton, 2011, Blaise Ducos n'apporte pas grand chose de nouveau sur l'identitée du personnage, si ce n'est que le portrait est exceptionnel.
Par sa facture, il serait une allusion au portrait du jeune Louis XIII fait par le même Pourbus. Le personnage est représenté de la même façon, sur le même fond, selon le même cadrage et les mêmes dimensions : un privilège exceptionnel que seul le roi pouvait accorder. En clair : on est en présence d'un personnage éminemment important que le roi a voulu récompenser.

De fait, nous sommes désormais sûr d'une chose, cette personne représente soit Luynes, soit Vitry.
Le premier est le favori du roi, le second est devenu maréchal de France en remerciement du rôle immense qu'il a joué en dirigeant l' "exécution" de Concini.

Alors, Luynes ou Vitry ?

Pour résoudre ce problème, il nous reste à comparer les portraits. La chose n'est pas évidente. Les deux hommes ont quasiment le même âge (Vitry est légèrement plus jeune), et les portraits sont trop peu nombreux et de trop mauvaise qualité pour avoir des certitudes.

Les portraits de Vitry s'étalent dans le temps. On le voit affublé de toutes les modes.. Le plus intéressant de ses portraits est le premier. Il s'agit d'une gravure qui reprend étonnamment le col du tableau de Pourbus. La physionomie est la même, même si la coiffure n'est pas traité de la même manière. Par ces similitudes, ce portrait gravé permet à lui seul de donner une sérieuse crédibilité à la proposition Vitry.





Pour Luynes, les portraits sont beaucoup plus rares.
Le meilleur est une médaille où l'on voit le connétable de profil.



D'autres portraits d'époque existent, mais ne sont pas des portraits originaux. L'un d'eux fait partie de la galerie des illustres du chateau de Beauregard mais on ne peut pas dire que la ressemblance des portraits de la galerie avec les portrait originaux soit toujours exact.



Le reste est constitué de portraits posthumes (XVIIe au XIXe siècle) dont il faut se méfier...





Je lance ici un appel. Si vous connaissez d'autres portraits, d'autres sources, nous sommes preneurs !

Je pense notamment aux portraits représentés sur les gravures représentant les cours equestres de Pluvinel où sont représentés tous les grands personnages du royaume. Je me demandais si Vitry ou Luynes y étaient représentés ?

Merci pour ces portraits de Vitry. Je n'en ai pas trouvé d'autres.

La dernière gravure porte des inscriptions. Je les déchiffre toutes sauf la deuxième :

- Savoye M. le D de Nemours [probablement le marquis de Saint-Sorlin, Henri I de Savoie-Nemours (1572–1632)],
- M. le D D...[?],
- M. le D de la Trimoulle [probablement Henri III de la Trémoïlle, duc de Thouars (1598-1674)],
- M. le D de Sully [probablement Maximilien de Béthune, duc de Sully (1559-1641)],
- M. le D de la Rocheguion [probablement François de Silly (1589-1628), duc de La Rocheguyon, mort au siège de La Rochelle]

Pour ajouter un peu de confusion, voici un autre portrait d'un personnage avec ce genre de col, Henri II de Montmorency (1595-1632)

Le deuxième de la gravure est peut-être le duc d'Uzès, donc Emmanuel I de Crussol (?-1657)].