A regarder de près les costumes du début du règne de Louis XIII, force est de constater que les exentricités masculines ne se limitent pas au règne de Henri III et de Louis XIV.

Je remarque quatre choses dans la mode des années 1615-1625 :

- le style fleuri des pourpoints
- les grands cols en dentelle
- les cheveux bien coiffés et bien bouclés (mais comment faisaient-ils sans lac ?)
- le bouc en pointe


Quelques illustrations :

Remarquez les boucles d'oreilles, la formidable coiffure relevée sur le côté , la longue pointe de la barbichette et surtout ce magnifique col en dentelle (vers 1616)



Le style fleuri et le bouc en pointe :
N'est ce pas curieux que ces petites fleurs ?



Le grand col en dentelle et l'épaisse chevelure bien préparée et toujours les petites fleurs sur le pourpoint :



On connait les influences de la mode espagnole sur la mode française à cette époque mais je suis en train de me demander si il n'y aurait pas une petite influence anglaise.

Voici quelques années plus tôt les portraits d'un magnifique lord anglais:


Ca, on le trouverajamais en Espagne.
Alors qui sont les précurseurs, les anglais ou les français ?

Comment appelle t-on cette grosse queue de cheveux posée sur l'épaule ?

Ah ! Superbes portraits ! cher Châtillon. Merci
Les dentelles sont magnifiques, les pourpoints étonnants, le bouc en pointe me stupéfie ; mais le plus hallucinant, pour moi, reste : les énormes pompoms au-dessus des chaussures...

Excusez mon ignorance mais s'agit-il là de toilettes d'apparat, simplement pour les grandes occasions (par exemple pour poser !) ou bien de la toilette quotidienne ?
Par exemple la coiffure du premier modèle : était-elle à renouveler tous les jours ?

Merci Châtillon pour ces nouveaux portraits.

Le premier portrait est supposé avoir été peint par Frans Pourbus et je crois qu'il est encore conservé à l'Art Gallery of New South Wales, en Australie. Il est dit que c'est un inconnu. J'ai pensé qu'il pourrait s'agir du Duc de Luynes, mais je n'en suis plus très sûr. Qu'en pensez-vous ?

Le deuxième potrait, avec les fleurs rouges, vient du Musée de l'hotel de Sandelin à Saint Omer. Il y est dit qu'il s'agit d'un inconnu. L'avez-vous identifié ? Avez vous reconnu la sorte de croix qu'il porte en bandoulière ? Etes-vous sûr qu'il date de l'époque de Louis XIII. La fraise me ferait penser qu'il pourrait être des annéess 1580 à 1600, mais c'est juste une impression.

C'est une fraise dite à confusion, c'est une fraise typique des années 1610 et 1620 :

En voici quelque unes des années 1620 :





Un très beau portrait du roi Louis XIII


de Charles Ier

Sur les cheveux longs, frisés, laissant pendre sur le côté la mèche dite moustache(il me semble qu'il s'agisse bien de l'objet de votre demande, Châtillon) à laquelle se noue le ruban imaginé par le frère cadet de Luynes, Cadenet, d'où le nom de cadenette,on pose le chapeau de feutre gris que certains extravagants portent même de couleur verte.

Bien à vous.

_________________
"Il n'y a de nouveau que ce qui est oublié."
Rose Bertin

Ce sont des portraits d'apparat c'est sûr, mais pour les grands de ce monde qui vivait à la cour il fallait être le plus beau possible.

Cette extraodinaire explosion des ''fashion victime" au début du règne de Louis XIII a pour conséquence le refuge du roi qui n'aimait pas trop ça vers des endroits plus calme et plus naturel comme la chasse, mais surtout entraina le grande austérité des années 1635-1655.

Voici le roi vers 1620. A ses côtés, tout à fait à gauche se tient le duc de Luynes (qui ressemble un peu au portrait du jeune homme inconnu mais je doute que celui-ci soit Luynes) et au miloeu un mignon typique de cette époque, Cadenet le frère cadet de Luynes, celui qui inventa les cadenettes aucquelles il a donné son nom, petites meches de cheveux sur les épaules (n'y avait-il pas un autre terme pour désigner les grosses mèches ?)

Ces pompons portent le noms de roses...

Bien à vous.

_________________
"Il n'y a de nouveau que ce qui est oublié."
Rose Bertin

Merci infiniment pour toutes ces réponses intéressantes !
Cadenettes , roses...Tellement poétique, tout cela...

A partir de 1625, on garde le chapeau pour la danse, au moins à la main, et l'on s'en sert adroitement : castor ou feutre, il est bas de forme, à bords fort amples, garni de deux grandes plumes, et il se pose sur la chevelure très longue, très frisée, et parfois renforcée de faux cheveux, le tout en chute sur l'épaule droite ( donc pas de nom spécial, apparemment, à part moustache...) , avec la cadenette flottante sur l'épaule gauche, laissant voir l'oreille gauche, souvent elle-même ornée d'une boucle précieuse_coquetterie qui pour sa perle à l'oreille ,valut au cadet de la maison de Lorraine, comte d'Harcourt, le surnom de "Cadet la Perle".
Pour le reste du visage , la barbe en pointe d'usage courant est remplacée , à dater de 1628, par cette petite touffe au menton qui, inventée par Louis XIII lui-même s'appelle pour cela une royale, et est portée par tous...sauf par Richelieu qui ,lui, conserve la pointe.

Bien à vous.

_________________
"Il n'y a de nouveau que ce qui est oublié."
Rose Bertin

Ravi de vous revoir Majesté !


.. oui, c'est ce que je cherchas, je me disais bien ! C'est drôle comme terme.

Je me permets de développer la Mode sous Louis XIII qui est très riche en détails...
Deux noms qu'on ne peut : Louis XIII et Richelieu ; encore qu'en fait il y a lieu de rappeler que de 1610 à 1624 c'est l'adolescence du Roi, et que de 1625 date de l'intervention de Richelieu.
Mais cette autorité du Cardinal fut telle en tous les domaines ,le vêtement compris, qu'en réalité il convient d'unir le souverain et le ministre , ici comme dans tout le reste de la vie de la France, durant cette période de magnifique essor universel.
C'est encore d'Aubigné, observateur sans merci de toutes les choses de son époque , qui nous renseigne sur l'évolution vestimentaire entre la mort de Henri IV et la montée au pouvoir du Cardinal.

Bien à vous.

_________________
"Il n'y a de nouveau que ce qui est oublié."
Rose Bertin

Le pourpoint masculin descend en pointe vers la ceinture, tout tailladé à petites ou grandes fentes dites petites et grandes chiquetades, avec collet droit, cols sur carton ou rotondes, ou bien fraises à fronces inégales nommées fraises à confusion ;
-plus d'écharpe ;
->mais une cape que l'on commence de nommer manteau.
Ce pourpoint peu à peu s'allège , se découpe , se passemente .
-On porte des calabres et des roupilles qui sont des casaques longues ou courtes, ouvertes ou fermées;
-de grands capuchons qui s'appellent cabans , royales , hongrelines, roquets , balandras , houppelandes ;
-des chausses dites lodiers ;
-de hautes bottes moulantes dont le pied présente des pantoufles , socques tenues par les soulettes , ou sous-pieds, recouvertes du sur-pied.
On chausse aussi des souliers à cric ou pont-levis et rose de ruban, qui exige le bas de couleur rouge et, pour les gens de la bonne société , en soie, l'estame ou tricot de laine étant laissée aux ecclésiastiques et aux gens du commun.
Par temps d'hiver, pour avoir chaud, on enfile plusieurs paires de bas de soie les uns sur les autres :
le frileux Malherbe en mettait jusqu'à onze à la fois...

Bien à vous.

_________________
"Il n'y a de nouveau que ce qui est oublié."
Rose Bertin