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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 14 Mars 2010 11:12 
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Bonjour Pytheas-f


Vous dites : « La thèse Fouquet est séduisante (…) mais il y a un petit détail qui me semble devoir la tuer: c'est une lettre de Louvois à Saint-Mars de 1686, où il écrit « vous auriez dû me nommer quel est celui de vos prisonniers qui est devenu hydropique » ; l'hydropisie, à l'époque, c'est la mort assurée, on le voit dans Le Malade Imaginaire. Peut-on imaginer un Saint-Mars assez borné pour ne pas préciser si c'est Fouquet ou son valet qui va mourir? »


Je ne vois pas en quoi que le coup est mortel pour la thèse Fouquet. Imaginerait-on un Saint-Mars assez borné pour écrire : « c’est Fouquet » ou « c’est le valet de Fouquet » qui va mourir ? Louvois place parfois des petites phrases destinées à brouiller les pistes. Ainsi, lorsqu’en 1681 Saint-Mars va partir pour Exilles avec ses « deux messieurs » Louvois lui recommande : « Emportez les bagages de Matthioli, dès fois que le roi prendrait la décision de le libérer ». Cette phrase a orienté sur la piste Matthioli, longtemps considérée comme la bonne.


Vous dites : « Or justement, pour le Masque les informations sont contradictoires, et chaque auteur retient ce qui avantage sa thèse : il vit dans un cachot de la tour d'en bas de 1680 à 1681 ; à Exilles, son mobilier est « vieux et rompu » et sera vendu à bas prix » (…) Quelle décadence si c'est Fouquet!


Fouquet a vécu une certaine déchéance, cela ne fait aucun doute. On ne pouvait, après l’avoir fait passer pour mort, le laisser dans son appartement au second étage d’une des tours d’angle du donjon. Il lui aurait facile d’alerter quelqu’un, ou de communiquer avec Lauzun qui se trouvait un étage au dessous, en criant dans le conduit de cheminée (c’est comme ça que les conversations entre Lauzun et les valets de Fouquet avaient commencé, à en croire Saint-Simon qui fréquenta longtemps Lauzun). Un cachot dans le sous-sol de la tour, peut-être celui où avait vécu Eustache Danger avant d’être mis au service de Fouquet, offrait la meilleure assurance d’un parfait isolement. Mais dès que cela a été possible, les « Deux de la tour d’en bas » ont été transférés à Exilles et logés dans la « tour grosse » accolée aux appartement de Saint-Mars, dans des conditions de confort probablement plus décentes, ce qui ne signifie pas nécessairement le grand luxe. On conçoit qu’au bout de quelques années leur mobilier somme toute assez sommaire ait été vendue à bas prix. En revanche, sur l’île Sainte-Marguerite les deux chambres construites côte à côte en 1687 (la seconde probablement prévue pour y loger le valet qui allait succéder à La Rivière) étaient, de l’avis de Saint-Mars, les plus belles et les plus sures d’Europe. Mais avant d’y pouvoir loger, Fouquet dut patienter de mai 1687 à janvier 1688 dans la seule prison existant alors sur l’île, un cachot sinistre auquel on accède depuis l’enclos situé derrière le château où logeait Saint-Mars. Comme on dit, nécessité fait loi.



Vous dites : « bien qu'aucune lettre n'indique un rapport de domesticité entre les Deux de la tour d'en bas »

Inexact : selon plusieurs documents comptables, les deux de la tour d’en bas sont : « LATOUR et SON VALET». Point de place ici pour DEUX valets. Ce qui implique que Latour = Fouquet (les autres prisonniers disposant d’un valet étant Lauzun et Matthioli). Selon le descendant d’un lieutenant de Saint-Mars, Latour est le nom que Saint-Mars donnait à l’Inconnu de Sainte-Marguerite.

Quant au valet de Latour, c’était probablement La Rivière. Voici pourquoi :
a) En août 1679, il arrive à Eustache Danger quelque chose d’assez grave (et confidentiel) pour que Saint-Mars juge nécessaire d’envoyer son homme de confiance, le sieur de Blainvilliers, remettre en main propre à Louvois une lettre qu’il n’ose confier à la Poste.
b) Le 19 septembre 1679, Louvois accuse réception de cette lettre et prie Saint-Mars de lui donner des « nouvelles de la santé d’Eustache Danger ».
c) Le 24 février Saint-Mars adresse au ministre une lettre (apparemment non retrouvée) et Louvois répond le 12 mars 1680 avec cette conclusion « L’intention du roi n’est point que vous payez à M. Fouquet les gages de celui de ses valets qui est mort ».
d) Le 8 avril, Louvois estime que, Lauzun et La Rivière sont soupçonnés d’avoir appris LA PLUPART des secrets de Fouquet. Il n’est plus question de Danger.
e) Ceux que Louvois dénomme dans la même lettre « d’Angers et La Rivière » ne pouvant être Danger et La Rivière, sont nécessairement Fouquet ( qui est d’Angers, par ses origines) et La Rivière.


Lauzun sera néanmoins libéré, parce que le roi a besoin d’obtenir de lui qu’il renonce aux magnifiques propriétés que Mademoiselle a eu l’imprudence d’offrir à son cher Lauzun, et que le roi veut faire léguer à son bâtard chéri le duc du Maine).


Vous avez écrit : « le Masque est ensuite seul jusqu'à sa mort. »


Ce n’est pas certain. Lors de son enquête sur les Iles de Lérins en 1778, l’historien Papon recueillit sur Sainte-Marguerite ainsi qu’au monastère de l’île Saint-Honorat, une tradition selon laquelle on avait cherché une personne du sexe pour servir le prisonnier : « une femme du village de Mougins vint s’offrir, écrit l’historien, mais quand on lui eut dit qu’il fallait renoncer à revoir ses enfants, elle refusa de s’enfermer avec un prisonnier dont la connaissance coutait si cher. » A Pignerol Saint-mars avait déjà eu du mal à trouver un valet pour Lauzun parce que « tout le monde sait que ceux que l’on a donnés à M. Fouquet n’en sont jamais sortis »

Papon recueillit également, sur le prisonnier inconnu, le témoignage d’un vieil officier de 80 ans dont le père avait été un homme de confiance de Saint-Mars : « Le père de l’officier dont je viens de parler a souvent dit à son fils qu’il avait été prendre le mort à l’heure de minuit dans sa prison et qu’il l’avait porté sur ses épaules dans le lieu de la sépulture. » Le masque de fer serait donc mort sur l’île Sainte-Marguerite, ce que confirme une lettre de Barbezieux du 20 mars 1694. Et l’on doit même pouvoir localiser avec assez de précision le lieu où il repose de son dernier sommeil.


Vous dites : « Plus tard, en particulier après 1687 quand il a d'autres prisonniers pour lesquels il touche beaucoup moins, Saint-Mars en viendra à traiter royalement le survivant, puis à le masquer pour lui – et se - donner de l'importance, et aussi, je pense, pour cacher justement qu'il n'est PAS Fouquet : ainsi Saint-Mars peut-il laisser entendre (peut-être même à Barbezieux s'il n'est pas dans la combine) que son prisonnier est Fouquet toujours vivant ; cela justifie les importants subsides encaissés, c'est bon pour son ego, et sans doute s'était-il attaché à son ancien prisonnier... »


Cette hypothèse imaginative aurait pu être produite lors du Colloque de Cannes où plusieurs lettre et pièces comptables capitales n’ont pas été mises en avant (l’un des participants m’a confié qu’il était sous influence, un autre, qui pensait alors que Fouquet n’avait pu être le masque de fer, se dit aujourd’hui convaincu du contraire). Jusqu’à preuve du contraire (de nouveaux documents contredisant ceux que j’ai mentionnés) l’hypothèses des deux valets réunis dans la tour d’en bas ne tient pas. Et même si les documents que j’ai mentionnés n’existaient pas, il serait quand même difficile d’admettre que Saint-Mars, Louvois, voire Barbezieux, ont eu partie liée pour donner de l’importance aux deux valets. Il faudrait alors admettre que TOUTE la correspondance échangée à partir de 1680 entre Louvois et Saint-Mars, puis entre Barbezieux et Saint-Mars, n’a eu d’autre objectif que d’exagérer l’importance des deux prisonniers d’Exilles !


Vous dites : « Cette hypothèse est la seule à expliquer clairement pourquoi on n'a pas tué le prisonnier et pourquoi on l'a masqué. Elle me déçoit un peu, car elle semble donner raison aux éternels anti-Masque : ces défenseurs du Sérieux de l'Histoire et de la Grandeur du Roi-Soleil auraient voulu que le Masque de Fer n'existe pas, à défaut le « misérable » Dauger, coupable d'on ne sait quel crime mystérieux, leur convient bien. »


Il faut en revenir à la thèse Fouquet et tenter de comprendre pourquoi celui-ci a été conservé en vie et séquestré secrètement pendant de longues années alors qu’il suffisait de le laisser prisonnier le plus officiellement du monde. Le roi ne faisait, apparemment, que ce qu’il voulait bien décider. Là réside la véritable énigme, sur laquelle je vais tenter de projeter un faible rayon de lumière, grâce à une hypothèse s’appuyant sur un certain nombre d’indices. Mais sans prétention d’avoir résolu l’énigme !



Vous dites : « Quant à Matthioli, il y a toutes les raisons de croire qu'il est mort à Ste-Marguerite en 1694, en raison d'une lettre évoquant le valet du prisonnier qui est mort »


Puisque vous trouvez la thèse Fouquet séduisante, même si vous ne lui accordez, généreusement, que 5% de probabilité, vous admettrez que la lettre de Barbezieux rappelant à Saint-Mars qu’il n’y a plus de prisonnier important sur l’île en 1694 au moment de l’arrivée de Matthioli, implique que le masque de fer, en l’occurrence Fouquet, n’est plus là. Lorsque Barbezieux évoque quelques jours plus tard « le valet du prisonnier qui est mort », vous admettrez également que cette paraphrase peut désigner « le valet de Fouquet qui est mort » et que rien n’autorise à affirmer comme cela se fait souvent que Matthioli est mort en posant le pied sur l’île.

Vous dites : « En résumé donc, je donne généreusement 5% de chances à Fouquet d'être le Masque, et les 95% restants se partagent également entre Dauger et La Rivière ; pour tous les autres, 0% pointé, aucune autre possibilité ne tient la route, quoiqu'en disent les amateurs de solutions nouvelles. Si c'est La Rivière ou Dauger, le crime qui leur a valu un tel châtiment est seulement d'avoir – peut-être- « connu tous les secrets de M. Fouquet » (on retrouve cette expression concernant le Masque chez un témoin du 18e siècle, je ne sais plus lequel) et d'avoir ainsi justifié le maintien de sa pension... »

Le témoin du 18e siècle auquel vous faites sans doute allusion, est M. de Chamillart, successeur de Barbezieux et dont Voltaire dit, dans sa 2e édition de 1752 du Siècle de Louis XIV qu’il fut « le dernier ministre qui eut cet étrange secret ». Ce que l’on dit moins, et que l’on censure presque, est ce que dit Voltaire dans son édition de 1753 : « Plusieurs personnes me demandent tous les jours quel était ce captif si illustre et si ignoré. Je ne suis qu’historien. Ce n’était pas certainement pas le comte de Vermandois ; ce n’était pas le duc de Beaufort (…). Monsieur de Chamillart disait quelquefois, pour se débarrasser des questions pressantes du dernier Maréchal de la Feuillade et de M. de Caumartin, que c’était un homme qui avait tous les secrets de M. Fouquet. Il avouait donc, au moins par là que cet inconnu avait été enlevé quelque temps après la mort de Mazarin. Or pourquoi tant de précautions pour un confident de Fouquet, pour un subalterne ? Qu’on songe qu’il ne disparut en ce temps là aucun homme considérable. »


Un homme qui connaît TOUS les secrets de Fouquet, qui cela peut-il être sinon Fouquet ? Un homme qui a été enlevé peu après la mort de Mazarin, qui cela peut-il être sinon Fouquet ? Un homme qui ne saurait être un valet ou un confident de Fouquet, qui cela peut-il être sinon Fouquet ? Pour ceux qui n’auraient pas compris cela, Voltaire ajoute, alors que le souvenir de l’arrestation de Fouquet est encore frais dans les mémoires : « Qu’on songe qu’il ne disparut alors (quelque temps après la mort de Mazarin), aucun homme considérable » !


Cet extrait du siècle de Louis XIV n’est jamais cité, il est quasiment censuré, et les historiens l’ignorent lorsqu’il proclament que, pour Voltaire, le masque de fer était un frère aîné de Louis XIV ! Fable débitée par son éditeur vingt ans après, en 1771, dans « Questions sur l’Encyclopédie » : « L’éditeur CONJECTURE, de la manière dont M. de Voltaire a raconté le fait, que cet historien célèbre est aussi persuadé que lui du soupçon qu’il va manifester, mais que M. de Voltaire, à titre de Français, n’a pas voulu publier tout net, surtout en ayant dit assez pour que le mot de l’énigme ne dût pas être difficile à trouver, le voici SELON MOI (l’éditeur) : Le masque de frère était sans doute un frère, et un frère aîné de Louis XIV, dont la mère avait ce goût pour le linge fin avait ce goût pour le linge fin sur lequel M. de Voltaire appuie. »

En résumé, l’éditeur « conjecture » que M. de Voltaire pense comme lui lorsque lui, l’éditeur, conjecture que le masque de fer était un frère aîné de Louis XIV ! Voltaire a parlé du goût du prisonnier pour le linge fin, voilà la meilleure preuve qu’il désigne de la sorte un fils bâtard d’Anne d’Autriche, qui aimait le linge fin !

De qui se moque-t-on ? Cependant il est aujourd’hui historiquement correct de s’appuyer sur ces conjonctures de conjectures pour en conclure que Voltaire croyait à une fable qui n’avait probablement d’autre raison d’être mise en avant que pour faire oublier que Voltaire avait effectivement donné vingt ans plus tôt « le fin mot de l’histoire ». Il est probable que Voltaire voulait ainsi se dédouaner auprès de Louis XV en faisant oublier ce qu’il avait trop précisément suggéré dans son Siècle de Louis XIV, et obtenir ainsi l’autorisation de revenir en France, où il allait mourir peu après son retour à Paris après avoir reçu les plus grands honneurs.

Je ne peux m’empêcher ici de relever l’incroyable légèreté des historiens qui, par incapacité ou pour toute autre raison, oublient les principes déontologiques de leur profession.


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 14 Mars 2010 18:33 
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Cher Claude
J'apprécie votre très intéressante réponse. L'hypothèse Fouquet est entachée de diverses improbabilités (j'y reviendrai) mais pas d'impossibilité, je l'ai longtemps considérée comme la seule satisfaisante, mais quand j'ai vu l'hypothèse du leurre pour raisons financières, dans une note à Historia (dont j'ai oublié l'auteur, désolé), je l'ai trouvée plus probable. Je ne demanderais pas mieux que de reconsidérer mon opinion à la lumière de vos arguments.

Commençons par ceux que je réfute

- Supposer qu'une lettre est délibérément falsifiée pour égarer le lecteur est une solution de facilité ; on peut alors supposer que toutes les lettres sont fausses et que le Masque est le frère jumeau de Louis XIV, personne ne pourra jamais rien prouver, pour ou contre. Une des beautés de l'hypothèse Fouquet est qu'elle suppose que seulement deux lettres contiennent des mensonges, celle où Louvois prend acte de la mort de Fouquet, et celle où il nomme La Rivière et Dauger, et ces mensonges sont, dans le contexte, naturels et nécessaires. Dans l'hypothèse du leurre, toute une correspondance est vraie mais repose sur du vent, ce sont des choses qui arrivent souvent, surtout quand il y a de l'argent en jeu.
La lettre de 1686 ne rend pas l'hypothèse Fouquet impossible, on peut toujours invoquer une négligence de Saint-Mars, mais elle fait bien baisser la probabilité.

- Les témoignages extérieurs tardifs peuvent servir d'illustration, mais pas contredire les archives officielles. Et là j'insiste, dans l'unique lettre, de 1694, indiquant sans doute possible que le Masque est bien traité, il est écrit « le prisonnier remet honnêtement [au lieutenant] les plats et les assiettes qu'il a mis lui-même sur les autres ». Donc, non, cette lettre n'a aucune raison de mentir, en 1694 le Masque n'a pas de valet, encore une improbabilité, pas une impossibilité, si c'est Fouquet (d'ailleurs, un nouveau valet devrait bien apparaître quelque part dans la correspondance officielle).

- Sauf élément nouveau, Matthioli est bien mort en 1694. Barbezieux écrit « Vous pouvez faire mettre dans la prison voûtée le valet du prisonnier qui est mort » . Le survivant d'Exilles n'a pas de valet, pourrait-il être lui-même la valet du prisonnier, en l'occurence Fouquet, qui est mort en 1679 ou 1687? Je n'y crois pas, Barbezieux désigne le survivant d'Exilles comme « votre ancien prisonnier » ou « le prisonnier qui est sous votre garde depuis vingt ans », pourquoi changer de périphrase tout en donnant des informations révélatrices? Et puis, pourquoi le faire passer brusquement de la plus belle à la pire cellule? Au contraire, il est vraisemblable que Mathhioli, tout juste transféré de Pignerol dans des conditions pas forcément très confortables, soit mort à l'arrivée, et que son ex-valet, qui vient aussi d'arriver et dont on ne sait que faire, soit mis dans le cul-de-basse-fosse, tant pis pour lui.


En revanche, ce qui me choquait le plus dans l'hypothèse Fouquet était l'apparente égalité de traitement entre les deux prisonniers d'Exilles ; je n'avais pas connaissance de documents officiels mentionnant M. Latour et son valet (le nom de Latour est cité par un témoin, il est probablement inspiré par les Deux de la tour d'en bas), et j'aimerais en savoir plus à ce sujet, non que je mette en doute votre parole, mais je voudrais lire l'ouvrage où ils sont mentionnés. Avec cette information supplémentaire, il devient quasi-certain que les Deux de la tour d'en bas sont Fouquet et La Rivière.

Mais lequel meurt en 1687?
L'hypothèse que Fouquet survit devient la plus simple, bien sûr, mais il reste des improbabilités, on peut se demander pourquoi on n'a pas voulu lui donner de valet pendant seize ans, pourquoi on ne remarque pas son âge avancé à la Bastille, et surtout pourquoi on l'a masqué?
Du coup l'hypothèse de La Rivière comme leurre, certes plus élaborée, mais qui répond à ces questions, reste tout à fait envisageable ; si Fouquet est mort en 1687, (pourquoi pas? c''était probablement le plus vieux des deux), on ne peut pas libérer La Rivière, il en sait vraiment trop, et le tuer est moins rentable que le garder en l'accusant de connaître tous les secrets de M. Fouquet ; à tort sans doute, il s'en moquait bien, mais il en connaissait au moins un, la vraie date de sa mort. Et on le traite bien pour justifier des frais élevés, on le masque pour entretenir le doute, voir mon post précédent.
Je ne crois pas que le survivant d'Exilles ait pu mourir à Ste-Marguerite ; logé dans la plus belle cellule, il est assez « de conséquence » pour que sa mort apparaisse quelque part. Votre hypothèse qu'il est remplacé par Matthioli est difficile à prouver comme à nier absolument, mais c'est une complication qui ne me semble pas justifiée par les données en notre possession. Si le survivant d'Exilles est mort en 1694, Fouquet a ou aurait eu 80 ans, il n'y a plus de témoin gênant, et il est temps de l'enterrer comme on fera en 1703 (et s'il meurt avant 1694, pourquoi attendre Matthioli?).

Pour moi, le Masque est l'un des Deux de la tour d'en bas. Mais Fouquet ou La Rivière? Après quarante ans de prison, le Masque lui-même le savait-il encore?


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 16 Mars 2010 11:48 
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Jean Mabillon
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Votre discussion à tous deux est très intéressante; c'est un plaisir de vous lire.

Je trouve la thèse de Pytheas assez séduisante même si elle est difficilement prouvable. En tout cas, elle rejoint d'une certaine façon la thèse Petitfils, non pas dans ses conclusions, mais dans le regard porté sur cette affaire. Pendant longtemps, tous ceux qui se sont intéressés au Masque de fer ne donnaient d'importance qu'au prisonnier lui-même, ce qui était sans doute une erreur. Or depuis quelques années, l'accent est mis sur l'entourage du prisonnier et ses motivations, que ce soit la thèse d'un Saint-Mars voulant se faire mousser, d'un Saint-Mars voulant conserver sa pension et ses avantages... Le regard est beaucop plus complet et englobant.


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 19 Mars 2010 19:34 
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Inscription : 07 Fév 2010 17:26
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Bonsoir,

Lors de nos derniers échanges, et grâce à l’examen de documents d’une importance capitale, jusqu’ici inexploités ou tout bonnement occultés, nous sommes parvenus à la conclusion que les deux prisonniers d’Exilles n’étaient pas, comme on l’a longtemps cru, les deux valets de Fouquet mais Fouquet lui-même, et l’un de ses valets, dénommé La Rivière. Cependant les avis divergent encore sur l’identité du prisonnier mort à Exilles et, par voie de conséquence, sur celle de l’Inconnu de Sainte-Marguerite.

Selon Pythéas, Fouquet est mort à Exilles et Saint-Mars a travesti La Rivière en prisonnier de grande importance, dans le but d’épater la galerie mais aussi de continuer à toucher d’importants subsides.

Enki-Ea trouve cette thèse séduisante « en ce qu’elle met l’accent sur l'entourage du prisonnier et ses motivations, que ce soit la thèse d'un Saint-Mars voulant se faire mousser, ou celle d'un Saint-Mars voulant conserver sa pension et ses avantages. »

La Rivière masque de fer ?

Cette hypothèse audacieuse soulève nombre d’objections. Chacune d’entre elles n’ayant valeur que d’indice, c’est sur leur ensemble et leur cohésion que l’on pourra se faire une opinion. Voilà donc mes remarques.

Première remarque : il y a plus de chance pour que le prisonnier mort d’hydropisie à Exilles soit celui qui souffrait de cette maladie à Pignerol. Le seul dans ce cas, c’est La Rivière : « Ne faites appel Eustache Danger, écrivait Louvois le 30 janvier 1675, que lorsque le premier valet, La Rivière, qui souffre souvent d’hydropisie, est indisponible »

Deuxième remarque : Moins d’un siècle après l’arrivée du masque sur l’île, l’historien de la Provence l’abbé Papon recueillit à Sainte-Marguerite ainsi qu’au monastère de Saint-Honorat, une tradition selon laquelle une habitante de Mougins qui s’était proposée pour servir l’inconnu refusa, après avoir appris qu’elle ne devrait jamais plus le quitter, « de s’enfermer avec un prisonnier dont la connaissance coûtait si cher ». Si le masque de fer avait été le valet La Rivière, Saint-Mars se serait-il soucié de lui trouver un serviteur ? C’est pourtant ce qu’il a fait pour l'Inconnu.

Troisième remarque : lors du transfert du prisonnier d’Exilles à Sainte-Marguerite, Saint-Mars engagea huit porteurs piémontais ne parlant pas un mot de français. Ce qui interdisait toute communication verbale avec l’occupant de la chaise. Quel raffinement dans le détail dans l’hypothèse d’une simple mise en scène !

Quatrième point : Selon M. du Palteau, fils de Guillaume du Formanoir, lui-même neveu et lieutenant de Saint-Mars à Sainte-Marguerite, le masque de fer « n’était connu aux Iles Sainte-Marguerite et à la Bastille que sous le nom de La Tour. » Or, plusieurs pièces comptables du Trésor Royal dénomment les deux de la tour d’en bas : « La Tour et son valet. » Ce n’est donc pas La Rivière qui a été conduit à Sainte-Marguerite.

Cinquième point : au plan psychologique, qu’il ne faut pas omettre de prendre en compte comme le souhaitent à juste titre Pythéas et Enki Ea, comment admettre que le discipliné, le fidèle, le loyal Saint-Mars, après une vie entière consacrée à servir le roi dans l’obéissance et le respect les plus absolus, ait pu se payer sa tête dans les plus grandes largeurs, pour une affaire d’ego ou de conservation d’une pension qu’on ne lui aurait certainement pas rognée. Le silence a son prix. Qu’en revanche Saint-Mars ait pris plaisir à suggérer l’importance REELLE de son prisonnier, c’est probable. La construction des « deux plus belles et plus sures prisons d’Europe », ne pouvait qu’éveiller la curiosité des insulaires. Cette curiosité c’était du miel pour un homme qui venait de vivre cinq ans dans un coin perdu et rébarbatif avec un prisonnier illustre autrefois et que tout le monde croyait mort. Un supplice pour Saint-Mars. On ne sera pas surpris qu’il ait saisi l’opportunité qui se présentait de faire revivre l’époque révolue où il était le premier geôlier de France. Ceci dit, aucune fanfaronnade dans les propos de Saint-Mars ! Tout ce que l’abbé Mauvans relate dans son Voyage à Gènes, de ce que le gouverneur a pu dire de son prisonnier avant de l’aller chercher à Exilles, s’est révélé strictement exact : les belles prisons jouxtant les appartements du gouverneur (comme à Exilles), la chaise à porteurs, les précautions extraordinaires lors du transport, le fait que le geôlier serait la seule personne à lui parler. Jusqu’à l’allusion aux « gens que le public croit mort et qui ne le sont pas » qui voilait à peine la terrible vérité ! Saint-Mars n’aurait-il pas, lorsqu’il prononça cette phrase, un peu trop bien arrosé son arrivée sur l’île Sainte-Marguerite, confirmant le proverbe : In vino veritas ?

Conclusion


Pour toutes ces raisons réunies, il est difficile d’imaginer que le prisonnier de l’île ait pu être quelqu’un d’autre que Fouquet, lequel est très probablement mort à Sainte-Marguerite en 1693 et a été inhumé (à l’heure de minuit nous dit Papon) dans le petit enclos situé derrière le château.

Il est normal que le pouvoir louis-quatorzien ait fait l’impossible pour éloigner les soupçons de sa survie, mais on n’a plus le droit, sachant ce que l’on sait aujourd’hui, d’en rester dupe.

La véritable énigme, celle qui reste à résoudre, c’est de savoir pourquoi le roi a fait croire à la mort de Fouquet au moment même où tout le monde croyait qu’il s’apprêtait à le libérer. Que venait-il d'apprendre ?

J’ai réuni, à cet égard, quelques indices qui, considérés dans leur ensemble, pourraient orienter les recherches.


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 20 Mars 2010 14:40 
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Hérodote
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Inscription : 09 Mars 2010 11:27
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Bonjour

Claude connaît plus de documents d'archives que moi, j'aimerais bien avoir une référence consultable, en particulier pour la pièce indiquant « Latour et son valet », sans laquelle le misérable Dauger a encore ses chances. Mais j'ai admis sa véracité, sans pour autant conclure formellement en faveur (si c'est le mot!) de La Rivière ; réfléchissons un peu plus en suivant les remarques de Claude.

- 1) Il y a plus de chance pour que le prisonnier mort d’hydropisie à Exilles soit celui qui souffrait de cette maladie à Pignerol. Le seul dans ce cas, c’est La Rivière : « Ne faites appel Eustache Danger, écrivait Louvois le 30 janvier 1675, que lorsque le premier valet, La Rivière, qui souffre souvent d’hydropisie, est indisponible »

Intéressant, je ne connaissais pas cette lettre, mais pas concluant : le prisonnier de 1686 « devient hydropique » et va en mourir bientôt, il a donc un cancer ou une cirrhose du foie, ce n'est pas la même chose qu'une bouffissure chronique depuis douze ans.


- 2) Moins d’un siècle après l’arrivée du masque sur l’île, l’historien de la Provence l’abbé Papon recueillit à Sainte-Marguerite ainsi qu’au monastère de Saint-Honorat, une tradition …

Les témoignages extérieurs tardifs sont entachés d'erreurs, volontaires ou non, je les récuse quand ils contredisent les documents officiels, voir mes deux posts précédents, je suis convaincu que le Masque n'avait pas de valet. J'admets d'ailleurs que, même si c'est Fouquet, il y a une bonne raison pour cela : un nouveau valet serait une personne de plus dans le grand secret, et on sera encore bien embarrassé s'il survit à son vieux maître...


- 3) Lors du transfert du prisonnier d’Exilles à Sainte-Marguerite, Saint-Mars engagea huit porteurs piémontais ne parlant pas un mot de français.

Il n'y en avait pas d'autres! Exilles, comme Pignerol, n'était pas française depuis longtemps et ne devait pas le rester.

- 3 bis) qui interdisait toute communication verbale avec l’occupant de la chaise. Quel raffinement dans le détail dans l’hypothèse d’une simple mise en scène !

Ces précautions attirent plutôt l'attention sur le prisonnier. Si Saint-Mars voulait éveiller des soupçons, il a très bien réussi : l'évêque Louis Fouquet a vu passer le convoi et en a tiré ses conclusions.


- 4) Selon M. du Palteau...

Il savait ce que Saint-Mars avait bien voulu lui dire, et nous sommes d'accord (voir plus bas) sur ce que Saint-Mars souhaitait laisser entendre, que ce soit vrai ou non.


- 5) Au plan psychologique, qu’il ne faut pas omettre de prendre en compte comme le souhaitent à juste titre Pythéas et Enki Ea, comment admettre que le discipliné, le fidèle, le loyal Saint-Mars, après une vie entière consacrée à servir le roi dans l’obéissance et le respect les plus absolus, ait pu se payer sa tête dans les plus grandes largeurs, pour une affaire d’ego ou de conservation d’une pension qu’on ne lui aurait certainement pas rognée.

Je suis convaincu que Louis XIV, comme tous les rois « absolus », n'était pas plus respecté par les nobles qui le servaient qu'un président de la cinquième république par les cadres de son parti... Mais évidemment, dans les deux cas personne ne s'en vante par écrit.
Cela dit, le maintien en prison de Fouquet est selon toute vraisemblance un complot de Louvois, et Colbert sans doute, contre le roi qui était prêt à le libérer ; Saint-Mars fait là bien pire qu'escroquer son souverain, et il est assez au coeur de l'affaire pour s'en apercevoir.
Une escroquerie financière, en revanche, n'est pas un crime de lèse-majesté, et me semble plutôt dans les moeurs du siècle, Mazarin et bien d'autres se sont enrichis scandaleusement sans qu'on leur demande des comptes, quand on accuse un ministre de malversation c'est qu'on veut se débarrasser de lui pour d'autres raisons. Dans l'hypothèse La Rivière, Saint-Mars n'a commis aucun forfait, envers la loi ou sa conscience : il a gardé vingt ans de trop en prison un valet innocent, mais c'était pour la sûreté de l'Etat, personne ne songera à le nier, et il en a profité au passage comme tous les autres.


- 5 bis) Qu’en revanche Saint-Mars ait pris plaisir à suggérer l’importance REELLE de son prisonnier, c’est probable.

Mais il prend un risque énorme! Que des rumeurs parviennent au roi, ou à la famille Fouquet (elle remonte doucement en grâce à la fin du règne), qu'une enquête soit décidée, qu'on identifie le prisonnier comme Fouquet, et c'est la haute trahison avérée, Saint-Mars dans un de ses propres cachots en compagnie de Louvois ou son héritier! Si on ne trouve que La Rivière en revanche, on classera l'affaire avec des excuses.
Même si Saint-Mars est assez idiot pour ne pas comprendre cela, il désobéit aux ordres formels de Louvois et Barbezieux, maniaques du secret.


Ce dernier problème se retrouve dans la question cruciale : pourquoi le masque?
La Bastille n'est pas comme Pignerol ou Ste-Marguerite, on en sort parfois. Il peut toujours passer un Voltaire à l'esprit curieux, ou un grand seigneur qui connait du monde. Si quelqu'un reconnaissait Fouquet? Alors, on le masque? Oui mais... qui va reconnaître, chez ce vieillard de 84 à 89 ans, les traits d'un ministre qui eut son heure de gloire quarante ans plus tôt? Il n'est pas sur les monnaies, les tableaux de Le Nain ne sont pas en vente libre. Le masque, au contraire, attire l'attention, pousse à l'investigation, sans même cacher l'âge du prisonnier, du coup il suffit de quelques déductions pour penser à Fouquet. Voltaire y a certainement pensé, mais curieusement personne parmi ses témoins n'a remarqué que le prisonnier était très vieux ; Fouquet était-il si bien conservé, après quarante de prison où il était tout le temps malade? N'insistons pas, c'est une improbabilité, pas une impossibilité – mais si c'est Fouquet, le masque reste pour le moins une maladresse.

Et donc, pour l'essentiel, nous en sommes revenus à la question clé de la personnalité de Saint-Mars. S'il est le gardien de ce terrible secret qu'est la survie de Fouquet, il se montre pour le moins léger et incompétent, de le chuchoter à tous vents ; ou bien il souhaite, consciemment ou non, que la félonie de Louvois (et autres dont lui-même) soit découverte. S'il ne reste que La Rivière, il s'offre juste un peu de gloriole sans vrai risque.
Saint-Mars fut-il un idiot ou un malin? Comment juger de la mentalité d'un homme qui a vécu trois siècles avant nous? Je me permets simplement de rappeler un fait noté par Arrèse (cet ardent défenseur de la thèse Fouquet n'est pas toujours rigoureux, mais là je le crois) : Saint-Mars, mousquetaire obscur et sans le sou, a fini non seulement gouverneur de la Bastille, mais aussi millionnaire et seigneur du Palteau, de Dimont et d'Erimont ; si c'est un idiot, il a eu beaucoup de chance!
Donc, tout bien considéré, je penche toujours pour La Rivière contre Fouquet, disons dans la proportion 2/3-1/3, en espérant qu'on trouvera un jour de nouveaux documents pour affiner l'estimation.


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 25 Mars 2010 19:05 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 07 Fév 2010 17:26
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Je pourrais mettre aussi en avant le témoignage de Saint-Foix rapportant que Mme de Saint-Mars se procurait à Paris des chemises de soies pour son prisonnier, mais de contestations à contre-contestations, le débat risquerait de s’éterniser.

Je reviendrai un instant sur l’enquête menée par l abbé Papon à Sainte-Marguerite, sur le fameux prisonnier « dont l’on ne connaîtra sans doute jamais le nom ». Ce témoignage n’est pas si tardif que çà puisque l’historien recueillit au Fort Royal le témoignage d’un vieux soldat qui était le fils d’un soldat de Saint-Mars. Quant au souvenir laissé sur les deux îles par la dame de Mougins épouvantée à l’idée de ne plus quitter son prisonnier, où pourrait bien se loger l’erreur ? Cette anecdote nous rappelle les difficultés que Saint-Mars a connues à Pignerol lorsqu’il voulait trouver un nouveau valet pour Fouquet : « Tous mes valets n’y entreraient pas pour un million. Ils ont vu que ceux que j’ai mis au service de Monsieur Fouquet n’en sont jamais sortis ». Puis pour Lauzun, « Il est malaisé de pouvoir trouver des valets qui se veuillent laisser enfermer avec mes prisonniers ».

Mais rien ne vaut, pour en revenir au débat en cours, la lecture de la correspondance officielle elle-même. Je citerai des extraits de lettres de la fameuse année 1687 qui vit aborder le prisonnier masqué sur Sainte-Marguerite. D’abord la réponse de Saint-Mars apprenant sa nomination de gouverneur à Sainte-Marguerite :


« Je donnerai si bien mes ordres pour la garde de mon prisonnier que je puis bien vous en répondre, Monseigneur, pour son entière sûreté et même pour l’entretien que j’ai toujours empêché d’avoir avec mon lieutenant à qui j’ai défendu de lui jamais parler, ce qui s’exécute ponctuellement. Si je le mène aux îles, je crois que la plus sûre voiture serait une chaise couverte de toile cirée, de manière qu’il aurait assez d’air sans que personne le pût voir, ni lui parler pendant la route, pas même les soldats que je choisirai pour être proches de la chaise, qui serait moins embarrassante qu’une litière qui peut souvent se rompre. »

Puis la lettre que Saint-Mars adresse le 23 mars à Louvois depuis l’île où il vient de faire entreprendre la construction de la future prison :

« J’ai envoyé prendre ma litière à Toulon pour partir d’ici le 26 du courant et j’espère d’être à Exiles en huit jours, par la route d’Embrun et de Briançon : dès que j’aurai reçu les honneurs de vos commandements, Monseigneur, je me remettrai en marche avec mon prisonnier que je vous promets de conduire ici en toute sûreté, sans que personne ne le voie ni lui puisse parler. Je ne lui ferai point entendre la messe depuis son départ d’Exiles jusqu’à ce qu’il soit logé dans la prison qu’on lui préparera ici, où il y aura joignant, une chapelle. Je vous réponds sur mon honneur de sa sûreté entière. »

Le 30 avril, Saint-Mars a rempli sa mission, il a réussi à conduire son prisonnier à destination sans incident fâcheux. Le 3 mai, il écrit :

« Je suis arrivé ici le 30 du mois passé. Je n’ai resté que douze jours en chemin à cause que mon prisonnier était malade, à ce qu’il disait n’avoir pas autant d’air qu’il l’aurait souhaité ; je puis vous assurer, Monseigneur, que personne au monde ne l’a vu, et que la manière dont je l’ai gardé et conduit pendant toute la route fait que chacun cherche à deviner qui peut être mon prisonnier. (...) J’ai donné à huit porteurs qui m’ont apporté une chaise de Turin et mon prisonnier jusqu’ici, comptant ladite chaise, deux cent trois livres que j’ai déboursées. »

Lorsque Saint-Mars dit que chacun cherchait à deviner qui était son prisonnier, veut-il rassurer Louvois sur le fait que personne n’a découvert qui il était ? C’est la version qui me semble la plus naturelle. Comment d’ailleurs un transfert effectué dans de telles conditions n’aurait-il pas attiré l’attention sur l’identité du mystérieux occupant de la litière ?

Voici enfin ce qu’écrit Saint-Mars lorsqu’en janvier 1688 il vient de loger son prisonnier dans l’une des deux prisons récemment achevées (à noter que la seconde des prisons construites en 1687 est appelée aujourd’hui : prison du valet) :

« Je me donnerai l’honneur de vous dire comment j’ai mis mon prisonnier, qui est toujours valétudinaire à son ordinaire, dans l’une des deux nouvelles prisons que j’ai fait faire suivant vos commandements. Elles sont grandes, belles et claires et pour leur bonté je ne crois pas qu’il y en ait de plus fortes et de plus assurées dans l’Europe (...) et mêmement pour tout ce qui peut regarder les nouvelles de vive voix de près et de loin, ce qui ne se peut trouver dans tous les lieux où j’ai été à la garde de M. Fouquet depuis le moment qu’il fût arrêté. Dans toute cette province, l’on dit que le mien est M. de Beaufort et d’autres disent que c’est le fils de feu Cromwell. Voici ci-joint un petit mémoire de la dépense que j’ai faite pour lui l’année dernière. Je ne le mets pas en détail pour que personne par qui il passe ne puisse pénétrer autre chose que ce qu’ils croient. »

Chacun interprétera comme il le l’entendra ces propos parfois sibyllins. Une chose est certaine, ces belles prisons n’étaient pas nécessaires pour un valet, le cachot où vécut le masque de fer de mai 1687 à 1688 aurait pu servir de prison définitive pour le modeste La Rivière.

Voilà, L’histoire est une science approximative, elle permet une infinité d’hypothèses dès lors que l’on entre dans le domaine des intentions sous-jacentes aux actes. Que chacun puisse trouver, dans les citations dont j’ai émaillé l’ensemble de mes interventions, matière à se forger sa propre opinion.


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 Sujet du message : Re: Le masque de Fer
Message Publié : 27 Sep 2010 23:47 
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Polybe
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Inscription : 22 Sep 2010 10:23
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De Rygel a écrit :
En tant que candidats éventuels, y compris le frère jumeau de Louis XIV (comme le suppose Voltaire), ont été "supposé" : le duc de Monmouth, Richard Cromwell (le fils d'Oliver Cromwell), Moliere (mort vers 1675), Nicholas Fouquet (idem), un archevêque arménien (?), un astrologue italien (idem) et un mystérieux Eustache Dauger. C'est le dernier qui fût identifié comme le prisonnier de la Bastille.
J'ai des élèments sur ce archevêque arménien : c'était le Patriarche arménien de Constantinople qui avait été kidnappé par Fériol, ambassadeur de France dans la caspitale ottomane. En effet le patriarche Avédik Evtokiatsi contrait fermement la politique catholico-catholicisante du Royaume de France parmi les chrétiens d'Orient et en particulier chez les Arméniens de l'Église apostolique.

Voir : J. Mathorez, Les Arméniens en France du XII siècle au XVIII siècle , pp.9-10
http://armenie.net.free.fr/arm1.pdf

Cet archevêque arménien fut détenu au Mont Saint-Michel 1706-1709. Guide du Mont-Saint Michel (Avranches 1856) p.17 : http://www.normannia.info/cgi-bin/aurwe ... e1856.html

On a pas mal écrit sur le patriarche Avétik : http://www.google.com/search?hl=fr&tbo= ... =&gs_rfai=

Cette hypothèse fut même signalée dans l'Encyclopedia arabica, Red. F. Boustany, I, Beyrouth 1956, pp.271-273 . Ça été signalé dans une monographie arabo-arménisante publiée en Arménie après 1956 : http://www.globalarmenianheritage-adic. ... holars.htm

Adic (Paris)
#7458


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 18 Fév 2011 11:05 
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Plutarque
Plutarque

Inscription : 17 Fév 2011 11:59
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Bonjour à vous tous,
l'histoire du masque de fer me passionne énormément, et j'ai pu discuter avec Claude sur un autre histoire. Claude a su m'apporter pas mal d'élément sur ce mystère, mais bien évidemment le doute demeure toujours, et je voulais vous remettre mes messages, et ceux de Claude pour tenter d'avancer, car je trouve que cela permet déjà de faire une présentation sur les trois livres que j'ai pu lire en la matière, et comme toujours la réponse de Claude toujours à l'écoute, et toujours prêt à nous apporter les éléments manquants :

Bonjour à tous,
je viens de lire avec attention les commentaires de Claude, et je les trouve très pertinents. Je me posais une question à propos de cette thèse de Mr Fouquet, Claude n'auriez vous pas exposé cette théorie dans un magasine nommé ''Top secret n°3 sur le masque de fer''.

Bref, alors pour ma part, je peux vous donner un avis sur trois thèses exposées, car j'ai pu lire trois romans ou magasines ayant pu étoffer de très intéressantes idées, car en dehors de la thèse Dauger et Fouquet, il en est une nouvelle qui vaut la peine d'être étudiée :

- Le masque de fer selon christian Petitfils ==> étude sincèrement très sérieuse, on se laisse réellement entraîner par ses arguments, et il étudie dans le détail l'arrivée du masque de fer jusqu'à sa mort. Et comme tout le monde le dit, ce serait sûremment une farce faite par Saint Mars pour se mettre en valeur et ainsi redorer son image de géolier.

- le masque est Nicolas Fouquet du magasine Top secret n°3 sur le masque de fer (et donc sûrement thèse soutenue par Claude) ==> C'est la première thèse que j'ai pu lire, et pour dire vrai, j'ai été réellement troublé des explications données par l'auteur. Ce dernier mettant en avant une finesse qui je ne sais si elle est vraie ou pas permettrait d'expliquer plusieurs incohérences dans les autres thèses mises en avant, c'est l'existence de deux masques de fer pour brouiller les pistes, le vrai masque de fer étant bien mort avant son arrivée à la bastille.

-le masque de fer de Michel Vergé-Franschesci ==> Il est dans la continuité de Petitfils, car il considère que le masque de fer n'est autre qu'Eustache Dauger, mais que son vrai nom ne serait en fait que Giafer, jeune maure ayant été sous les ordres du duc Beaufort, et ayant vu quelque chose qu'il n'aurait jamais du voir (la mort du duc de Beaufort orchestré par Louvois/louis XIV - ou Buckingham).
(je n'ai pas encore terminé de le lire, mais je vous avouerai que la première partie a présenté la situation géopolitique de l'époque par rapport à la prise de Candie, des relations anti turcs des dévôts de Beaufort, de la place de la Corse comme position stratégique et j'en passe).

1) Les thèses

La théorie de Petitfils est agréable, bien ficelée et très sérieuse. Mais comme pour beaucoup, je ne pense pas que le masque de fer était un simple valet sans importance qui servit les intérêts de Saint Mars pour redorer son blason, du moins qu'il n'a pas été une personne sans intérêt utilisée par Saint Mars pour se valoriser. Le livre de Franschesci met justement en avant les relations proches qu'il y avait entre Louvois et Saint Mars (L'un parrain de son fils, l'autre amant de la soeur de sa femme). Il expliquait d'une part, qu'à cette époque, les noms d'emprunts étaient courants, ils visaient à cacher la personne emprisonnée, et cela était un jeu entre personnes se connaissant et pouvant se permettre de le faire, or et c'est là la grosse différence, sur les ordres d'arrestation d'Eustache Dauger, les lettres de cachet signéees par le roi sont restées vides, d'une part parce que l'on ne mettait pas les noms d'emprunt fait en forme de jeu de mots pour le roi, et d'autre part, le vrai nom de ce personnage devait rester caché.

Premier mystère, Eustache Dauger n'est pas qu'un simple valet. D'autre part, à l'arrivée de ce dernier à la prison de Pignerol, Nicolas Fouquet prend peur et décide de s'évader alors que pendant les premières années il était resté sage comme une image.
Donc double mystère : Qui est Eustache Dauger pour la couronne ? Qui est Eustache Dauger pour Nicolas Fouquet? De cette double question, on pourrait bien évidemment mettre en avant qu'eustache pouvait être un homme de main de Louvois qui a empoisonné Nicolas fouquet (une référence dans un courrier de Louvois fait mention de fioles qu'auraient utilisé le dit Dauger, juste après la mention de la mort de Fouquet), peut être tout simplement que fouquet sans que quelque chose se trame contre lui, et qu'il a peur de se voir enfermé dans le secret.

Donc de ce que j'en retire à l'heure actuelle, c'est qu'Eustache Dauger devait savoir quelque chose, il a dû être impliquécontre son gré dans un évènement troublant (de nombreuses lettres font état ''de qu'il a vu'', et de ''ce qu'il sait''). Le traité de Douvres signé entre Charles II d'Angleterre et Louis XIV entraînant la vente de dunkerque et le changement de religion de Charles II, révéler son existence pouvait entraîner de gros troubles européens, et donc de remettre en danger la couronne anglaise encore fragile (on se souvient que le père de Charles II fût guillotonné en 1651, avec par la suite un régime tyrannique mené par Cromwell). De plus, selon la thèse de Vergé Franceschi, un certains D'auger était un valet d'henriette ou un espion à la solde d'Anne d'Autriche (suppositions vérifiables mais n'apportant peut être pas de solutions viables pour notre mystère. Toujours est-il qu'une fois le traité de douvres signé et découvert par toutes les cours européennes, le secret qu'aurait gardé le masque de Fer aurait perdu tout son sens, et il aurait dû être libéré pour éviter tout polémique supplémentaire. Donc la trace anglaise me paraît quelque peu compromise au vu de ces éléments.

Par contre, Eustache Dauger aurait vu quelque chose, et je pense que Vergé Franceschi met justement le point sur un évènement assez troublant, celle de la disparition du duc de Beaufort le 25 juin 1669 a Candie. De ce que l'on sait du duc de Beaufort, c'est qu'il étit un prince de sang royal, petit fils d'Henri IV et donc cousin germain du roi Louis XIV, il était en plus grand amiral de France (il dirigeait la politique militaire de la marine), il était dévôt et proche de Fouquet, il participa notamment à la Fronde (ayant porté le nom de roi des halles), et organisa une expédition navale pour aider Venise contre les Turque. De tout cela, Beaufort apparaissait aux yeux du roi comme un danger pour l'alliance diplomatique qui existait entre la France et les Ottomans, il ne pouvait disposer à sa guise des décisions navales, et étant un proche de fouquet, il préparait aux dires de certains l'évasion de Fouquet. Ce qui entraînera un second mystère la disparition du Duc, suremment assassiné par le clan anglais (pour ces derniers cela devait annihiler la marine française d'un chef) ou par le clan Louis XIV / Louvois (car trop gênant).
Et de cette disparition, l'auteur explique qu'Eustache Dauger aurait tout vu (Témoin gênant), il aurait été un des valets maures du Duc de Beaufort, et aurait été présent lors de la mort de ce dernier. Cette théorie peut être très alléchante, et expliquer le pourquoi du masque, et le mobile de son incarcération de façon très nette, et de plus un livre est venu corroboré cette histoire dans les années 1750, les mémoires de perses racontant l'hsitoire de Giafer (troublant car raconterait la disparition de Beaufort et de l'incarcération de son valet).


2) Morphologie du masque de fer

Quand aux témoignages sur l'identité du masque de fer, on sait :
- il aurait dit avoir 60 ans à son confesseur
- sur le registre de sépulture de Saint Paul, il est inscrit qu'il serait mort à 45 ans à peu près.
- Son médecin de 1703 disait qu'il était bien fait et avait la peau Brune (Docteur Fresquières).
- Renneville en 1703 disait qu'il avait les cheveux crêpés, noirs fort épais, qu'il n'étaient pas mêlés de blanc,

A première vue, le mystère peut paraître étrange, mais d'après ce que j'ai pu lire, tout ceci s'expliquerait de la manière suivante selon les deux théories que j'ai trouvé fort justes mais qui malheuresement ne suivent pas le même chemin (la théorie de Ch Petitfils ne mettant en avant que le nom du masque fer, sans réellement s'attarder sur sa morphologie, ou de façon très succinte) :
- Théorie sur Nicolas fouquet, Nicolas Fouquet ne serait pas mort en 1680, ce serait en fait Eustache Dauger qui aurait succombé. Nicolas Fouquet aurait survécu jusqu'à Sainte marguerite, et serait mort en 1694. De là, une personne que l'on disait morte en 1694 aurait alors prit sa place pour porter un masque de velours. Cette personne d'après ce que j'avais pu lire aurait été le comte Matthioli, à peu près 60 ans, la peau sûremment un peu brûlé au vu des séjours passés à Exilles et Sainte Marguerites (peut être des brûlures liées à la dureté du temps).
Mais dans cette théorie qui apporte pas mal d'explications, se pose le problème des dires de Renneville qui dit avoir vu le masque de Fer de dos, ce dernier ayant dit du masque de fer qu'il avait les cheveux crêpés noir et épais sans un seul cheveux blanc. Par conséquent, et cela peut paraitre tout à fait logique, mais je ne pense pas que Matthioli avait les cheveux crêpés (Italien avec une peau plutôt à l'européenne assez claire, concernant les cheveux de Matthioli, je n'ai pas vu d'éléments les concernant). Donc soit Renneville n'a pas vu le masque de fer, soit il s'est trompé de personne, soit il dit la vérité, et Matthioli ne serait pas la personne ayant remplacée Nicolas Fouquet.

Par contre, une hypothèse pourrait nous amener à porter notre attention sur le valet survivant de Fouquet (La rivière) qui serait mort à Sainte Marguerite, car on savait déjà qu'un de ses valets, Laforêt, qui tenta de délivrer son maître était noire avec des cheveux crêpés, peut être l'était-il aussi, ce qui expliquerait ce qu'a vu Renneville (Et Franceschi a trouvé des éléments corroborant cette version, La rivière a recu un nom d'emprunt, et comme la Forêt a du avoir comme marraine la femme de Fouquet).


A mon sens, il aurait pu exister plusieurs masques de fers, peut être Fouquet qui ne mourrut qu'en 1694, ce dernier ayant été caché aux yeux de tous et peut être même du roi, pour révéler un secret que devait convoiter Louvois. Et pour que cette situation soit possible, il fallait déjà un autre personnage dangereux pour la couronne, comme Eustache Dauger qui savait quelque chose de compromettant afin justement de ne pas éveiller les soupcons lors du transfert de personnalité lors de la mort présumée du Fouquet.


Et lors de la mort de Fouquet en 1694, ou peut être même en 1699, car quoiqu'on en dise, la possibilité que Mathioli aie remplacé Fouquet en 1694 me paraît peu vraisemblable vu le peu de considération qu'il représentait aux yeux de tous. De plus, le roi donnat un avis de décès de ce dernier pour les fils de matthioli afin qu'il puisse jouir de son patrimoine. Donc à mon avis, Matthioli serait peut etre mort à Sainte Marguerite en 1699, à la place du dit La Rivière, alors que Fouquet se serait éteint en 1694, et La Rivière serait mort en 1703, sachant qu'eustache Dauger serait mort en 1680, ayant sûrement laissé ses secrets à Fouquet et La rivière (toujours lui).
C'est une manière fourbe de cacher la vérité et de perdre les gens dans un amas de mystère.

- Théorie de Franceschi, Pour lui, la réponse est simple, Eustache Dauger est bien le masque de fer, et il se nommerait giafer, jeune maure de 14-15ans ans quand il est emprisonné à Pignerol en 1669. Il a vu quelque chose de tragique et de dangereux pour la couronne (la disparition du duc de Beaufort). Il a pas loin de 45 ans quand il meurt, il a la peau brune, les cheveux crêpés, et fort épais, et pas un cheveux blanc. Ce qui ne colle pas, c'est ce qu'il se serait confié sur son âge, et qu'il aurait dit avoir à peu près 60 ans.

En définitive, il est bien difficile de dire si Nicolas Fouquet fut le masque de fer, ou si ce serait eustache Dauger. Mais à mon sens, les deux ont été compromis dans ce mystère, chacun ayant appris les secrets de l'un et de l'autre.
Car quoiqu'on en dise, Eustache Dauger a été enfermé pour ce qu'il a vu, et Louvois le mentionne dans plusieurs de ses lettres (donc il n'a pas été emprisonné pour ce qu'il a fait, erreur commise dans le courrier de Barbezieux, fils de louvois).

Enfin pour finir, et c'est ce qui laissera plâner le doute. Le mystère de Fouquet a été rapproché d'un autre mystère auquel son frère Louis fouquet a participé. C'est le fameux mystère de Rennes le Château.
Plusieurs éléments nous permettent de présenter cette théorie :
- D'où Nicolas Fouquet à tiré son énorme richesse,
- Louis Fouquet a mis en relation Nicolas Fouquet avec Nicolas Poussin (ce dernier ayant peint une oeuvre faisant référence à une tombe près de Rennes le Château avec une maxime troublante)
- Durant le séjour du masque de Fer, Louvois est allé près de Rennes le château, soit disant pour une cure.
Après pour vous informer, un site en faisait référence. Et cela permettrait de trouver un nouveau mobile pour avoir décider de garder Fouquet en vie mais à l'abri de tous.

______________________________

Réponse de claude :

Bonjour, Bravo d’avoir tenté de faire la synthèse de trois ouvrages aussi différents que ceux que vous avez évoqués (dont le mien). Voilà plus d’un siècle qu’Eustache Danger est au cœur de toutes les théories sur le masque de fer. Ce pseudonyme a donné libre cours à l’inspiration des auteurs. En 1904 Edith Carey crut y déceler un bâtard de Charles II d’Angleterre. En 1919, l’écrivain anglais Andrew Lang entrevit le valet du conspirateur Roux de Marsilly. Depuis théories et ouvrages les exposant n’ont cessé de se succéder. Le valet a connu des hauts et des bas, du personnage peu recommandable d’Eustache de Cavoy au très médiatique frère jumeau ou frère ainé du Roi Soleil, en passant par Molière et bien d’autres. Tous ces ouvrages sont intéressants, certains passionnants. Lisez Pagnol, vous ne serez pas déçu. L’hypothèse qui me paraît la plus probable, sur l’identité d’Eustache, est celle de Dijol. Eustache Danger était très probablement Nabo, le petit page de race noire offert à la reine au moment de son mariage et qui disparut subitement lorsque celle-ci accoucha d’une princesse au teint fâcheusement noiraud. La petite princesse, déclarée morte peu après (ce procédé ne vous dit rien ?) fut envoyée au couvent de Morêt où elle vécut jusqu’à sa mort sur un train de princesse, recevant régulièrement la visite de la reine et de Mme de Maintenon. Ainsi l’histoire du masque de fer est faite de la conjontion de plusieurs énigmes interférant entre elles (la « Mauresse de Moret », Eustache Danger, le prisonnier de Sainte-Marguerite, le Masque de velours et pour finir l’énigme de Rennes le Château, dont Louvois passa à quelques kilomètres en compagnie du beau-frère de Lauzun quelques semaines après la mort officielle de Fouquet). L’identification d’Eustache Danger peut faire l’objet d’une thèse, mais il faut absolument la dissocier de celle du masque de fer, puisque Eustache est mort à Pignerol entre septembre 1679 et mars 1680. Assertion légitimée par ces documents d’une indiscutable authenticité : – Le 13 septembre 1679 Louvois, averti par messager, demande à Saint-Mars de lui donner des nouvelles de la santé d’Eustache Danger, victime d’un mystérieux événement survenu le mois précédent. – Le 12 mars 1680 Louvois répondant à un courrier de Saint-Mars du mois précédent, nous apprend la mort de l’un des valets de Fouquet. – Le 8 avril 1680 Louvois nous apprend que le valet La Rivière est encore en vie. – Le valet mort serait donc Eustache Danger. – Dans cette lettre Louvois dénomme les deux hommes qui vont disparaître dans la tour d’en bas : « d’Angers et La Rivière ». Tous les historiens se sont précipité sur ce leurre sans s’étonner que le ministre communique aussi facilement leur nom et sans remarquer que cette orthographe nouvelle pouvait évoquer Fouquet dans l’esprit de Saint-Mars, qui ne peut avoir oublié que c’est à Angers qu’il est devenu le geôlier de Fouquet). – Les deux messieurs de la tour d’en bas seraient donc Fouquet et La Rivière et non pas deux valets. – La justesse de cette déduction est confirmée par plusieurs pièces comptables du trésor royal, ultérieures à la mort officielle de Fouquet, qui précisent que les prisonniers de la tour d’en bas sont un maître et son valet (« La tour et son valet ») Avec un tel faisceau d’éléments qui se corroborent les uns les autres, peut-on continuer de soutenir la thèse Eustache Danger/masque de fer ? Pour le pouvoir, il faudrait être capable de réfuter leur valeur démonstrative. Je défie quiconque d’y parvenir, y compris M. Petitfils, dont les réponses sont loin de m’avoir convaincu. On ne peut se contenter d’assertions dogmatiques alors qu’on attend des objections fondées sur des références historiques. Cordialement

_______________________________

Bonjour claude,

Je vous remercie du compliment que vous me faites, je suis un passionné d'histoire, j'essaie comme toute personne intéressée d'apporter quelque chose de nouveau qui rendra certain un mystère qui perdure. A l'heure actuelle, et je peux maintenant donner un avis sur les trois thèses soutenues :

1) Ch Petitfils ==> Sa thèse est très bien amenée, et on apprend énormément de choses sur les protaganistes présents dans chaque présent au cours du voyage du masque de fer. Mais je reste dubitatif quant à la solution donnée par Petitfils qui dit oui le masque de fer ne fût qu'Eustache Dauger, un valet qui servit l'orgueil démesuré de Saint Mars. Comment, le roi aurait pu accepter une telle situation, sachant qu'avec ses contes jaunes il avait déjà embarrassé la couronne, que d'autre part, il ne s'attarde pas à savoir réellement ce qu'a fait ou vu le masque de fer. C'est juste dommage qu'il ne soit pas allé plus loin.

2) Vergé Franceschi ==> Une thèse qui remet en place la géopolitique de l'époque, il recherche au contraire le pourquoi de l'existence du masque fer, entre les secrets du traité de douvres, et la mort de Beaufort à Candie, et la question de la souveraineté française ou vénitienne de la Corse. On se laisse entraîner, tout en remarquant les relations qu'il met en avant entre les différents protaganistes. Le seul bémol que j'apporterai à cette thèse, c'est une part de subjectivité trop importante sur qui est le masque de fer, car affirmer que c'est giafer le masque parce qu'il est maure et qu'il fût peut être le valet de Beaufort, et qu'il a vu sa mort, et qu'il voulut peut etre se venger de l'évêque d'Agde en tuant Fouquet pour venger l'endettement de son aIeul, tout en affirmant que le masque de fer avait été lacéré au visage pour cacher son visage avec les jambes brisées, c'est intéressant mais ce n'est pas soutenu par des arguments solides, et c'est dommage même si l'explication vaut la peine d'être étudiée. Je suis resté sur ma fin, même si cette thèse tient la route en comparant les éléments de l'enquête, mais ce giafer est pour nous qu'un nom tiré d'un livre d'antoine pecquet, dont le père fut un proche de fouquet.

3) Claude Dubos ==> Votre thèse fut la première à laquelle j'ai adhéré, elle avait un sens logique et pour le coup était soutenu par énormément d'arguments irréfutables. Mais dans votre première ébauche, le remplacement du masque de fer (Fouquet) par matthioli en 1694 ne tenait plus la route, si on se réferrait aux dires du docteur Fresquières et de Rennevilles, car Matthioli était Italien (hors selon Franceschi et ce n'est pas faux, les porteurs avait été choisi exprès de Turin pour que le masque de fer ne puisse pas discuter avec eux lors de ses transferts), sûrement blanc de peau et avec des cheveux plutôt lisse et non crêpés noirs comme l'a mentionné Rennevilles. C'est pour ca que j'ai abordé cette idée plutôt surprenante mais peut être pas possible si cela se trouve : Et si le remplacant du masque de fer à la bastille n'était tout simplement pas le dit La rivière. Sans oublier qu'Eustache Dauger aurait bien pû être le Nain maure Nabo mort en 1680 (J'en aie entendu parlé de la petite maure, il y a même une peinture d'elle, et il est vrai qu'elle fût toujours visitée par des personnes proches du roi, mais est-ce cela qui serait le déclencheur de l'énigme du masque de fer, je ne pourrai pas dire), mais la question serait de savoir ce que l'on sait du masque de fer à Pignerol, était-il de taille petite ou non ?

Donc je reste assez ouvert, même si ma préférence reste sur la votre, mais j'aimerai savoir si vous avez fait un livre sur le masque de fer, et pas que sur votre superbe article de top secret. En tout cas, c'est grâce à vous que je me suis pris de passion pour ce sujet qu'est le masque de fer, alors si jamais vous avez étudié d'autres thèmes, je serai ravi de vous lire.


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 26 Nov 2012 19:30 
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Inscription : 19 Nov 2011 9:57
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Une hypothèse.
En lisant un épisode assez peu connu de l'année 1707 ( Mémoires de Saint Simon), j'ai découvert la valeur des agents impliqués et la complexité de la guerre secrète à cette époque déjà.
.
Pourquoi un masque de fer?
Ça fait plus de trois siècle que tous se posent la question.
Et si c'était ça le but? Faire se poser des questions.
Un leurre , un attrape couillon, un grand blond avec une chaussure noire.
Louis XIV et ses services du cabinet noir ( avec le grandissime Rossignol) étaient fort capables de monter un tel piège. De quoi mettre en émoi tous les agents européens et de quoi les faire se découvrir.
*******
Hors sujet. Mais dans la catégorie Mystère non élucidé bien plus important que le masque de fer
J'ai beau chercher sur le forum , je ne trouve nulle part , une évocation du faux enlèvement du Grand Dauphin, ni de la vie du James Bond de l'époque son supposé ravisseur Pierre de Guethem.
J'ai choisi le sujet du masque de fer , pour donner un peu d'exposition à ma question car je ne trouve nulle part une rubrique = Questions , où je pourrais le faire.
Mémoires de Saint Simon _ Mars 1707


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