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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 12 Fév 2010 17:53 
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Bonjour,

Il n’y avait aucune raison de masquer Fouquet à Pignerol avant que Louvois ne rende sa mort officielle.

En revanche, à partir du 8 avril 1680, alors que toute l’Europe le croyait mort, il aurait été extrêmement fâcheux que quelqu’un décèle sa survie.

D’autant que les soldats et officiers de la Compagnie franche connaissaient bien son visage. Ils l'avaient observé tout au long de l’été et de l’automne 1679, alors que Fouquet se promenait en compagnie de sa famille et sous escorte dans le donjon et les ruelles de la citadelle et que autorisation lui avait même été donnée de bavarder et de jouer aux cartes avec les officiers !

Nul doute que lors de son transfert de Pignerol à Exilles en 1681, et d’Exilles à Sainte-Marguerite en 1687, les mêmes soldats et officiers qui l’avaient côtoyé jadis l’auraient immédiatement reconnu. D’où la nécessité du masque et pas de n’importe quel masque. Il fallait une sorte de heaume dissimulant tout le visage.

Cordialement


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 12 Fév 2010 22:15 
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Hérodote
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Je ne sais pas si on l'a déja dit mais j'ai lu dans une revu qu'il serai probable que ce soit un ambassadeur Italien, et que tout au long de l'histoire de France, il y eu non pas 1 mais 8 ou 9 masques de fer, c'était donc une pratique "courante".


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 12 Fév 2010 23:36 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

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claude : oui, mais alors, il faudrait savoir pour quelle raison on aurait éprouvé le besoin d'annoncer faussement sa mort. Puis, même avec un masque (et d'après les sources que l'on a il ne s'agissait pas du tout d'un "heaume") des gens qui l'ont côtoyé pendant un an l'auraient immanquablement identifié à sa stature, démarche, voix, habitude, etc etc.


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 13 Fév 2010 1:11 
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Polybe
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L'intéréssant est de savoir pourquoi à une époque où le pouvoir n'hésitait pas à tuer pour servir ses interêts, le royaume de France aurait pris le risque de garder en vie, un prisonnier gênant ... à tel point qu'on avait besoin de le masquer ...

_________________
« Nessuna terra italiana andò forse soggetta, attraverso i millenni della civiltà, a vicende tanto svariate e a prove tanto atroci » Monseigneur Pio Paschini


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 13 Fév 2010 7:05 
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Jean Mabillon
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Claude,
j'ai exactement la même question que Cuchlainn : pourquoi le faire passer pour mort s'il a continué à vivre? Ca n'a aucun sens.

Patriarche du Frioul a écrit :
L'intéréssant est de savoir pourquoi à une époque où le pouvoir n'hésitait pas à tuer pour servir ses interêts
Ca, ça m'a tout l'air d'être un jugement à l'emporte-pièce. La réalité est plutôt inverse: le pouvoir royal répugnait à tuer, même les gêneurs.


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 13 Fév 2010 8:46 
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Jean-Pierre Vernant
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En tout cas, à tuer autrement que par le truchement de procédures judiciaires officielles.


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 13 Fév 2010 23:58 
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En l’absence de Mémoires secrets de Louis XIV ou de Confessions de Louvois sur cette mystérieuse affaire, on ne peut que construire des hypothèses, en se fondant sur des faits avérés. J'en vois deux. La première est que le coup a été monté par Louvois, dont le comportement étrange dans cette affaire fut relevé par Petitfils dans son premier ouvrage sur le masque de fer, mais l’hypothèse de l’auteur, à laquelle il a renoncé depuis, était que le ministre avait fait empoisonner Fouquet par Eustache Danger.

Une chose paraît certaine, Louvois ne portait pas Fouquet dans son cœur et le redoutait.

Posons le problème en termes simples ( ?) :

En 1679 le roi s’apprête à libérer Fouquet. Celui-ci n’en doute d'ailleurs pas.

Louvois veut empêcher cette libération (crainte de représailles, les Le Tellier ayant œuvré jadis à la perte du surintendant). Et puis en 1680, Fouquet compte toujours des amis influents à la Cour, et ces amis n’aiment pas Louvois. D’ailleurs qui aime Louvois ?

Saint-Mars est depuis quinze ans à la botte de Louvois qui a fait sa fortune mais Saint-Mars est un soldat, pas un assassin. Louvois doit trouver une autre solution et cette solution il l’entrevoit très vite.

Celle-ci consiste à déjouer les bonnes résolutions du roi en faisant passer son prisonnier pour mort et en le faisant disparaître, lui et son valet La Rivière, dans une oubliette, jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Le coup est risqué et Louvois le sait. Aussi s’y prend-il de façon à ce que, en cas de découverte de l’imposture, la responsabilité en retombe sur Saint-Mars. A bien y réfléchir, la lettre du 8 avril 1680 n’est en effet compromettante que pour Saint-Mars. C’est lui qui, officiellement, a annoncé la mort de Fouquet, et comme il ne l’a pas osé le démentir, il est piégé. Tout au moins ne commet-il pas l’erreur de répondre à la lettre du 8 avril, pas plus qu'a d'autres lettres de Louvois relatives à la mort de Fouquet.

On chercherait même en vain, dans la correspondance de Saint-Mars des dix années suivantes, une seule allusion à la mort de son prisonnier !

Bref, Louvois a bien manœuvré. Quoi qu’il arrive, on ne pourra que lui reprocher d’avoir fait confiance à Saint-Mars qui n’a jamais failli jusque là, et de ne pas avoir envoyé un émissaire à Pignerol. Par ailleurs le roi ne peut qu’approuver la mesure de prudence prise à l’encontre de d’Angers et La Rivière soupçonnés d'avoir appris « la plupart des secrets de feu M. Fouquet ».

Inutile de dire qu’à partir de 1680, lié comme par une chaîne à ses prisonniers de la tour d’en bas, Saint-Mars dut souffrir de cette vie de contrainte, de dissimulation et peut-être même de remord.

Car Saint-Mars éprouvait du respect, voire de la bienveillance à l’égard de son prisonnier. Dans une lettre adressée à Louvois en janvier 1673, lettre inconnue du public, Saint-Mars plaide littéralement en faveur de Fouquet qui souhaite obtenir sa grâce en révélant au roi un secret de la plus haute importance. Un secret dont, relate Saint-Mars, " M. Fouquet prétend que Dieu ne lui pardonnerait pas de le laisser disparaître avec lui ». Intrigué Louvois pria Fouquet de rédiger un mémoire à l’intention du roi, où il expliquerait ses bonnes intentions. Louvois prit connaissance du mémoire et le retourna à Saint-Mars avec ce commentaire : « Montrez-lui en quelques pages puis jetez-le au feu en sa présence, et dites-lui que je n’ai pas jugé bon de le montrer au roi ». Saint-Mars se fit vertement réprimander pour sa complaisance envers Fouquet.

On comprend qu’après avoir accueilli amicalement les Fouquet en 1679, Saint-Mars ait éprouvé quelques scrupules à précipiter dans un obscur cachot l’homme qu’il avait côtoyé 19 ans. Une chose est certaine, Saint-Mars ne supportait plus en 1681 de rester à Pignerol et son séjour de cinq ans à Exilles semble l'avoir rendu encore plus dépressif.

Ce qui pourrait expliquer qu’en arrivant à Sainte-Marguerite, libéré de son exil d’Exilles (sa propre formule) il ait pu prononcer cette phrase incroyable : « Il y a des gens que le public croit mort et qui ne le sont pas. »


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 15 Fév 2010 0:22 
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Jean Mabillon
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J'y vois quand même quelques gros problèmes

Ce n'est pas tant le clan le Tellier que le clan Colbert qui a oeuvré à la perte de Fouquet. Au moment de l'arrestation du surintendant, Louvois n'a que 20 ans. Sa famille n'est pas compromise dans l'affaire. Pourquoi irait-il jusqu'à manigancer ce genre de choses? En poussant plus loin, on pourrait même dire que Louvois et Fouquet avaient tout pour s'entendre: ils étaient tous deux ennemis du clan Colbert!

Ensuite, si mes souvenirs sont bons, certains membres de la famille Fouquet ont vu le corps exposé et personne n'a remis en cause sa mort.

Enfin, Fouquet est né en 1615. S'il était le "Masque de fer" mort à la Bastille en 1703, cela nous donnerait une vie de... 88 ans! Pas mal pour un prisonnier... :wink:

Cordialement


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 15 Fév 2010 20:28 
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Bonjour,

Je vais essayer de vous répondre.

Vous dites : « En poussant plus loin, on pourrait même dire que Fouquet et Louvois avaient tout pour s’entendre, ils étaient tous les deux ennemis du clan Colbert ».

Ce serait pousser trop loin car il est notoire et conforme à l’avis des historiens que Louvois et Colbert ne se sont jamais entendus que pour s’allier contre Fouquet ! Il faut, dans cette affaire, s’en tenir aux faits avérés, aux documents. J’ai cité une lettre de Louvois de février 1673, où le ministre prie, avec sa férocité habituelle, le geôlier Saint-Mars de bruler devant Fouquet un mémoire dans lequel celui-ci plaçait ses derniers espoirs d’être gracié et Louvois conclut : « Vous lui direz que je n’ai pas jugé bon de le montrer au roi » Comment continuer de douter après cela de l’hostilité de Louvois à l’égard de Fouquet, hostilité allant ici jusqu’à la cruauté mentale.

Vous dites : « Si mes souvenirs sont bons, certains membres de la famille Fouquet ont vu le corps de Fouquet exposé ».

Aucun historien ne peut soutenir une telle assertion, qui tordrait le cou à la thèse Fouquet, sans produire des sources historiques fiables. La personne qui soutient cela de nos jours, et qui a fait mouche, puisque vous vous en souvenez, n’a pu m’en fournir aucune justification. C’est purement et simplement du bluff. Faut-il que la thèse Fouquet dérange pour que l’on en arrive à falsifier l’histoire !

Vous dites : « Enfin, Fouquet est né en 1615. S’il était le masque de fer mort à la Bastille en 1703, cela nous donnerait une vie de…88 ans. Pas mal pour un prisonnier ! »

Profitons des archives soigneusement reconstituées depuis les derniers siècles et ouvertes au public pour ne pas tomber dans le panneau des artifices élaborés par le pouvoir louis-quatorzien.

Dès que l’on met en parallèles certains textes historiquement fiables, il apparaît que le prisonnier masqué de la Bastille n’était pas le masque de fer.Démonstration :

Le 21 mars 1697, lors de son premier séjour à Sainte-Marguerite, Saint-Mars écrit à Louvois :

« Dès que j’aurai reçu les honneurs de vos commandements, Monseigneur, je me remettrai en marche avec mon prisonnier que je vous promets de conduire ici en toute sûreté sans que personne ne le voit ni lui puisse parler. Je ne lui ferai point entendre la messe depuis son départ d’Exilles jusqu’à ce qu’il soit logé dans la prison qu’on lui prépare ici, où il y aura joignant, une chapelle. » Dès son arrivée sur l’île avec son prisonnier, Saint-Mars confirme qu’il a tenu sa promesse : « Je puis vous assurer, Monseigneur, que personne au monde ne l’a vu ».

Lisons maintenant le Père Griffet, historien et aumônier de la Bastille en 1765 :

« Le souvenir du prisonnier masqué se conservait encore parmi les officiers, les soldats et les domestiques de la Bastille. »

D’un côté, un prisonnier qui ne quitte jamais sa cellule, que personne ne doit voir, à qui l’on dit la messe à travers une porte, alors qu’il y a une chapelle à cent mètres de là.

D’un autre côté, un prisonnier que l’on expose chaque dimanche au regard des soldats, des officiers et des domestiques qui auront pu l’observer plus de 500 fois lors de ses allers retours dominicaux à la chapelle.

Qui osera prétendre sans sourire que ces deux prisonniers sont un seul et même homme ?

Mais alors, quand est mort le vrai masque de fer ? Laissons encore parler les documents d’archives. Le 20 mars 1694, une lettre de Barbezieux, fils et successeur de Louvois, ordonne à Saint-Mars de loger dans les prisons les plus sures quatre prisonniers en provenance de Pignerol.

« Afin que vous ayez de la place où les mettre à leur arrivée et comme vous savez qu’ils sont de plus de conséquence, au moins un que ceux qui sont présentement sur l’île, vous devez préférablement à eux les mettre dans les prisons les plus sures. »

« Les prisons les plus sures » sont celles construites en 1687 pour le masque de fer et son valet. « Au moins un » désigne Ercole Matthioli, les trois autres prisonniers étant du menu fretin. La teneur de la lettre de Barbezieux est donc limpide. Il n’y a plus de prisonniers d’importance sur l’île en 1694, seulement quelques pasteurs protestants. En conséquence Saint-Mars doit affecter en priorité à Matthioli la prison qu’occupait le masque de fer de son vivant.

Matthioli, en toute logique, sera l’homme masqué de la Bastille, utilisé comme leurre en raison de sa jeunesse relative – il est né à Bologne en 1640 – et dont, pour faire bonne mesure, l’âge sera réduit de quinze ans sur l’acte de décès (« Marchioly âgé d’environ quarante cinq ans. »)

Les historiens ont renoncé à expliquer la lettre de Barbezieux qu’ils jugent incompréhensible !

Comme vous le voyez, Enki-ea, Fouquet, seul masque de fer plausible à mon sens, est toujours aussi mal aimé de nos jours que du temps de Louvois et de Barbezieux. Détenait-il un secret d’état qui resterait d’actualité? Ce n’est pas impossible.

Mais j’ai beaucoup parlé. Je serais très intéressé de savoir ce qui, dans le livre de M. Petitfils, vous a convaincue du bien fondé de la thèse du valet Eustache Danger.

Merci de votre attention


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 17 Fév 2010 7:49 
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Jean Mabillon
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Bonjour Claude,

je n'ai pas vos connaissances sur le sujet, et je n'ai même pas le livre de Petitfils sous la main. Encore une fois, votre théorie est intéressante mais sur quoi vous appuyez-vous? Par exemple à propos du fait que la famille de Fouquet n'aurait pas constaté le décès. Je ne peux affirmer que c'est vrai mais je me souviens avoir lu cela quelques fois. Or vous répondez d'un cinglant:
Citer :
Aucun historien ne peut soutenir une telle assertion, qui tordrait le cou à la thèse Fouquet, sans produire des sources historiques fiables. La personne qui soutient cela de nos jours, et qui a fait mouche, puisque vous vous en souvenez, n’a pu m’en fournir aucune justification. C’est purement et simplement du bluff. Faut-il que la thèse Fouquet dérange pour que l’on en arrive à falsifier l’histoire !
D'abord, quelle est cette "personne" qui soutient cela et qu'est-ce qui vous permet d'affirmer que c'est faux, du "bluff" selon vos propres termes?


Plus généralement, vous semblez voir un sombre complot anti-Fouquet dans tout cela :
Citer :
Comme vous le voyez, Enki-ea, Fouquet, seul masque de fer plausible à mon sens, est toujours aussi mal aimé de nos jours que du temps de Louvois et de Barbezieux. Détenait-il un secret d’état qui resterait d’actualité? Ce n’est pas impossible.
Nous ne faisons que discuter des possiblités ici, il n'y ni haine ni amour du surintendant (personnellement, je m'en tape un peu d'ailleurs. Je suis curieux de savoir qui était ce fameux masque mais ça ne va pas plus loin).


Citer :
Ce serait pousser trop loin car il est notoire et conforme à l’avis des historiens que Louvois et Colbert ne se sont jamais entendus que pour s’allier contre Fouquet ! Il faut, dans cette affaire, s’en tenir aux faits avérés, aux documents. J’ai cité une lettre de Louvois de février 1673, où le ministre prie, avec sa férocité habituelle, le geôlier Saint-Mars de bruler devant Fouquet un mémoire dans lequel celui-ci plaçait ses derniers espoirs d’être gracié et Louvois conclut : « Vous lui direz que je n’ai pas jugé bon de le montrer au roi » Comment continuer de douter après cela de l’hostilité de Louvois à l’égard de Fouquet, hostilité allant ici jusqu’à la cruauté mentale.
Vous marquez un point. Il faudrait que je vérifie mais cette lettre semble en effet indiquer une dent de louvois contre Fouquet. Puis-je vous demander dans quelles archives se trouve cette lettre?



Citer :
Profitons des archives soigneusement reconstituées depuis les derniers siècles et ouvertes au public pour ne pas tomber dans le panneau des artifices élaborés par le pouvoir louis-quatorzien.
Dès que l’on met en parallèles certains textes historiquement fiables, il apparaît que le prisonnier masqué de la Bastille n’était pas le masque de fer.Démonstration :
Le 21 mars 1697, lors de son premier séjour à Sainte-Marguerite, Saint-Mars écrit à Louvois :
« Dès que j’aurai reçu les honneurs de vos commandements, Monseigneur, je me remettrai en marche avec mon prisonnier que je vous promets de conduire ici en toute sûreté sans que personne ne le voit ni lui puisse parler. Je ne lui ferai point entendre la messe depuis son départ d’Exilles jusqu’à ce qu’il soit logé dans la prison qu’on lui prépare ici, où il y aura joignant, une chapelle. » Dès son arrivée sur l’île avec son prisonnier, Saint-Mars confirme qu’il a tenu sa promesse : « Je puis vous assurer, Monseigneur, que personne au monde ne l’a vu ».
Lisons maintenant le Père Griffet, historien et aumônier de la Bastille en 1765:
« Le souvenir du prisonnier masqué se conservait encore parmi les officiers, les soldats et les domestiques de la Bastille. »
D’un côté, un prisonnier qui ne quitte jamais sa cellule, que personne ne doit voir, à qui l’on dit la messe à travers une porte, alors qu’il y a une chapelle à cent mètres de là.
D’un autre côté, un prisonnier que l’on expose chaque dimanche au regard des soldats, des officiers et des domestiques qui auront pu l’observer plus de 500 fois lors de ses allers retours dominicaux à la chapelle.
Qui osera prétendre sans sourire que ces deux prisonniers sont un seul et même homme ?
Là, je trouve votre démonstration tirée par les cheveux.
D'abord, vous citez un aumonier qui a vécu un siècle après les événements!
Ensuite, celui-ci dit que le "souvenir du prisonnier masqué se conservait...", ce qui ne veut pas dire que celui-ci jouait au bridge chaque vendredi avec le personnel de la Bastille.
Enfin, je ne vois pas trop ce que ça prouve. le prisonnier pouvait très bien être mis au secret à telle période et être moins caché à telle autre. Dailleurs, il est plus facile de cacher au regard des curieux un prisonnier à Sainte-Marguerite qu'à la Bastille.

Citer :
...En conséquence Saint-Mars doit affecter en priorité à Matthioli la prison qu’occupait le masque de fer de son vivant.
Matthioli, en toute logique, sera l’homme masqué de la Bastille...
Je n'ai pas compris votre démonstration. En quoi l'affectation supposée à Matthioli de la cellule du Masque après coup prouve que celui-ci est le Masque?

Cordialement!


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 17 Fév 2010 10:15 
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Jean Mabillon
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D'ailleurs, imaginons que votre hypothèse Fouquet soit véridique, quel est l'intérêt de faire porter le masque à Matthioli après la mort de Fouquet? Pour quelle raison ferait-on porter le masque à une deuxième personne? :?:


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 20 Fév 2010 19:32 
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Bonjour Inke Ea,

Je reprends vos questions :

Citer :
« Vous marquez un point. Il faudrait que je vérifie mais cette lettre semble en effet indiquer une dent de Louvois contre Fouquet. Puis-je vous demander dans quelles archives se trouve cette lettre? "


Elle se trouve aux Archives nationales, (K120 N°132) :
A St Germain ce 29 mars 1673
J’ai reçu votre lettre du 15 de ce mois et j’ai lu fort exactement les papiers écrits de la main de Monsieur Fouquet. Après avoir considéré qu’il n’y marquait pas ce qu’il dit être si important au service du roi, ce qui pourrait lui procurer quelque soulagement dans sa peine, je n’ai pas jugé à propos de présenter son (ses rayé) mémoire (s rayé) à sa Majesté, vous le lui direz et aussitôt que vous lui en aurez fait voir quelques feuilles, vous les jetterez au feu en sa présence. M. Louvois

Citer :
« Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer que l’assertion selon laquelle la famille Fouquet a assisté à sa mort est du « bluff » ?


Si je vous réponds : « La famille Fouquet n’a pas assisté à sa mort», j’élude la réponse, j'impose une vérité que je ne suis pas en mesure d’établir, d’une certaine façon je bluffe. Eh bien, c’est justement ce qu’a fait M. Petitfils quand je lui ai posé la question : « Quel écrit, d’une autre source que Louvois, permet d’affirmer que la famille Fouquet a assisté à sa mort ? » Sa réponse a été : « Une partie de la famille était présente, dont Louis Nicolas, comte de Vaux, fils aîné du surintendant. Seule l'épouse du prisonnier, qui avait quitté Pignerol un peu plus tôt pour signer - je crois -, un acte notarié, n'était pas présente. » M. Petitfils impose ici sa version des faits, il ne la justifie pas. S’il disposait de la moindre preuve de ce qu’il avance, il serait trop heureux de la mettre en avant, car il éliminerait d’un seul coup la thèse Fouquet et consoliderait la sienne. Il ne le fait pas. Donc, jusqu’à preuve du contraire, il bluffe. Cela me gène quand je pense qu’il s’adresse à un large public qui ne dispose pas des connaissances nécessaires pour exercer son esprit critique.

[/quote]« Là, je trouve votre démonstration tirée par les cheveux. D’abord, vous citez un aumônier qui a vécu un siècle après les événements ! Ensuite, celui-ci dit que le « souvenir du prisonnier masqué se conservait… », ce qui ne veut pas dire que celui-ci jouait au bridge chaque vendredi avec le personnel de la Bastille. Enfin, je ne vois pas trop ce que ça prouve. Le prisonnier pouvait très bien être mis au secret à telle période et être moins caché à telle autre. D’ailleurs, il est plus facile de cacher au regard des curieux un prisonnier à Sainte-Marguerite qu’à la Bastille. »

Tous les historiens sont d’accord sur un point, le personnel de la Bastille pouvait voir l’homme au masque de velours noir chaque dimanche, lorsqu’il traversait la cour pour se rendre à la chapelle et cela pendant cinq ans. En 1698, lors de son transfert de Cannes à La Bastille, les paysans du domaine du Palteau, propriété de Saint-Mars, ont pu l’observer tout à loisir. Quant au roi, il ordonna que le prisonnier ne passe pas par les châteaux royaux, comme le demandait Saint-Mars, mais par les auberges et autres lieux publics ! Entre le masque de fer et le masque de velours le seul point commun c’est le masque, accessoire indispensable à la bonne réussite de cette mise en scène.

[/quote] « Je n'ai pas compris votre démonstration. En quoi l'affectation supposée à Matthioli de la cellule du Masque après coup prouve que celui-ci est le Masque? D'ailleurs, imaginons que votre hypothèse Fouquet soit véridique, quel est l'intérêt de faire porter le masque à Matthioli après la mort de Fouquet? Pour quelle raison ferait-on porter le masque à une deuxième personne?

Pour quelle raison ? Pour que M. Petitfils, et tant d'autres avant lui, s'exclament : « Si Fouquet était le masque de fer, il aurait eu 88 ans et on ne s’expliquerait pas les témoignages présentant le prisonnier de la Bastille comme un homme dans la force de l’âge. » Après la mort subite et mystérieuse de Fouquet en 1680 et les confidences de Saint-Mars en 1687 sur les « gens que le public croit morts ne le sont pas», certains pouvaient commencer à se poser des questions. Il est plausible qu’après l’arrivée de Matthioli sur l’île, l’idée ait germé d’utiliser ce dernier comme leurre, en raison de sa grande différence d’âge avec Fouquet. En faisant passer l’Italien pour le masque de fer, on éloignait les soupçons d’une survie de Fouquet sur l’île Sainte-Marguerite. Il fallut attendre la mort du vieux gouverneur de la Bastille. Saint-Mars fut alors chargé d’y conduire son « ancien prisonnier ». Du Junca lieutenant du roi nota le 18 septembre 1698 dans son registre d’entrées : « Mr de Saint-Mars est arrivé ce jour ayant avec lui en litière un ancien prisonnier qu’il avait à Pignerol lequel il fait tenir toujours masqué et dont le nom ne se dit pas» ! Plus de trois siècles plus tard, les historiens continuent d’être reconnaissants à Du Junca de leur avoir offert un aussi précieux « tuyau » !


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 23 Fév 2010 9:38 
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Jean Mabillon
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Bonjour Claude,

claude a écrit :
Elle se trouve aux Archives nationales, (K120 N°132) :
A St Germain ce 29 mars 1673
J’ai reçu votre lettre du 15 de ce mois et j’ai lu fort exactement les papiers écrits de la main de Monsieur Fouquet. Après avoir considéré qu’il n’y marquait pas ce qu’il dit être si important au service du roi, ce qui pourrait lui procurer quelque soulagement dans sa peine, je n’ai pas jugé à propos de présenter son (ses rayé) mémoire (s rayé) à sa Majesté, vous le lui direz et aussitôt que vous lui en aurez fait voir quelques feuilles, vous les jetterez au feu en sa présence. M. Louvois
Merci!


Citer :
Si je vous réponds : « La famille Fouquet n’a pas assisté à sa mort», j’élude la réponse, j'impose une vérité que je ne suis pas en mesure d’établir, d’une certaine façon je bluffe. Eh bien, c’est justement ce qu’a fait M. Petitfils quand je lui ai posé la question : « Quel écrit, d’une autre source que Louvois, permet d’affirmer que la famille Fouquet a assisté à sa mort ? » Sa réponse a été : « Une partie de la famille était présente, dont Louis Nicolas, comte de Vaux, fils aîné du surintendant. Seule l'épouse du prisonnier, qui avait quitté Pignerol un peu plus tôt pour signer - je crois -, un acte notarié, n'était pas présente. » M. Petitfils impose ici sa version des faits, il ne la justifie pas. S’il disposait de la moindre preuve de ce qu’il avance, il serait trop heureux de la mettre en avant, car il éliminerait d’un seul coup la thèse Fouquet et consoliderait la sienne. Il ne le fait pas. Donc, jusqu’à preuve du contraire, il bluffe. Cela me gène quand je pense qu’il s’adresse à un large public qui ne dispose pas des connaissances nécessaires pour exercer son esprit critique.
Mais quelle est votre preuve que la famille de Fouquet n'était pas présente? C'est trop facile de dire "les sources venant de Louvois sont sûrement falsifiées, donc n'en tenons pas compte. La vérité est à l'opposé". Sur quels éléments vous appuyez-vous pour dire que la famille du surintendant n'était pas présente?


Citer :
Tous les historiens sont d’accord sur un point, le personnel de la Bastille pouvait voir l’homme au masque de velours noir chaque dimanche, lorsqu’il traversait la cour pour se rendre à la chapelle et cela pendant cinq ans. En 1698, lors de son transfert de Cannes à La Bastille, les paysans du domaine du Palteau, propriété de Saint-Mars, ont pu l’observer tout à loisir.
OK, mais le prisonnier pouvait être mis caché à telle période et non à telle autre. Si mes souvenirs sont bons, Petitfils l'explique assez logiquement par le fait que l'affaire pour laquelle avait été fait prisonnier le Masque était d'actualité au moment de Pignerol mais avait complètement perdu son intérêt après la "Révolution glorieuse".


Citer :
Quant au roi, il ordonna que le prisonnier ne passe pas par les châteaux royaux, comme le demandait Saint-Mars, mais par les auberges et autres lieux publics ! Entre le masque de fer et le masque de velours le seul point commun c’est le masque, accessoire indispensable à la bonne réussite de cette mise en scène.
Je vois une contradiction dans votre thèse. D'une part, vous dites que cette histoire de masque est une manipulation de Louvois pour tromper le roi (afin que ce dernier ne gracie pas Fouquet). D'autre part, vous affirmez que le roi était au courant...


Citer :
Pour quelle raison ? Pour que M. Petitfils, et tant d'autres avant lui, s'exclament : « Si Fouquet était le masque de fer, il aurait eu 88 ans et on ne s’expliquerait pas les témoignages présentant le prisonnier de la Bastille comme un homme dans la force de l’âge. »
Trop facile, ça n'est pas un argument... Vous n'expliquez toujours pas pourquoi on a continué à faire porter le masque à Matthioli (si c'est lui) après la mort réelle (s'il n'est pas mort à la date officielle) de Fouquet. Suivons votre hypothèse et imaginons que Fouquet soit mort, par exemple, en 1690. Même s'il n'est pas prouvable, j'ai compris votre argument d'une falsification de la part de Louvois pour accréditer l'idée de la mort de Fouquet en 1680, afin que le Roi ne le graciât point. Mais ensuite? Si Fouquet meurt réellement en 1690 par exemple, quel intérêt il y a à faire porter un masque à un autre prisonnier jusqu'en 1703? A part, bien sûr, pour faire s'exclamer Petitifils quelques siècles plus tard... ;)


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 27 Fév 2010 16:44 
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Bonjour Anki-ea

Pour ne pas répondre de façon sommaire à votre question, : Sur quels éléments vous appuyez-vous pour dire que la famille du surintendant n'était pas présente (autour de Fouquet au moment de sa mort), je m’en tiendrai à elle pour commencer.

Je vous l’ai déjà dit : « Aucun historien ne peut soutenir une telle assertion, qui tordrait le cou à la thèse Fouquet, sans produire des sources historiques fiables » J’ai produit pour ma part un texte de M. Petitfils qui éludait purement et simplement la question que je lui avais posée : « Qu’est-ce qui permet d’affirmer que la famille Fouquet se trouvait à Pignerol en mars 1680 ?

Comme vous revenez sur ce sujet, je vais montrer comment j’en suis arrivé à soupçonner que cet événement est un pure invention et comment j’en ai acquis ensuite la certitude.

Ouvrons pour commencer le « Fouquet » de M. Petitfils, Edition Perrin. 1998 au chapitre consacré aux Mystères de Pignerol, aux page 496-497 :

« Aucun acte officiel ne vint constater le décès, aucune épitaphe laudative ne vint sceller sa sépulture (on ne l’a pas retrouvée !) Ces silences gênants sont lourds de mystère. Où le surintendant a-t-il rendu le dernier soupir ? Où fut-il réellement inhumé ? » Puis page 500 : »Tant d’incertitudes conduisent à s’interroger sur la réalité de la mort de Fouquet en mars 1680 ». L’auteur réfute l’hypothèse d’un Fouquet devenu masque de fer et glisse page 505 : « Le bruit courut qu’il succomba dans les bras de M. de Vaux, ce qui est possible puisque celui-ci se trouvait alors à Pignerol ».


Jusque là, M. Petitfils réfute, mais il ne cache pas le mystère qui entoure la mort de Fouquet et conduit à s’interroger sur la réalité de celle-ci.


Ouvrons maintenant « Le masque de fer, entre histoire et légende » Editions Perrin 2003.


On s’attend à ce que M. Petitfils réfute la thèse Fouquet comme il l’a fait précédemment. Coup de théâtre, il n’en parle pas. Il s’abstient de toute allusion aux « incertitudes qui conduisent à s’interroger sur la réalité de la mort de Fouquet en mars 1680. » Celui est tout bonnement mort d’émotion, au moment de la découverte par Saint-Mars d’un passage secret reliant sa prison à celle de Lauzun, son voisin du dessus : « Ce fut pour lui un choc émotionnel intense, alors que le ministre lui avait fait entière confiance ? Après pareille faute, pourrait-il jamais sortir de prison ? Bref une crise cardiaque le terrassa. Il est possible, comme le bruit en courut, qu’il ait succombé dans les bras de son fils, M. de Vaux, qui se trouvait à Pignerol. » (page 129 ).


En gommant cet élément essentiel du dossier de l’énigme, l’auteur élimine du même coup Fouquet de la liste des candidats possibles, et peut déclarer : « Notre homme (le masque de fer) a donc été incarcéré à Pignerol entre 1665 et 1681. Il n’est pas indispensable de suivre la trace de tous les prisonniers arrivés entre ces deux dates dans la forteresse alpine, il suffit de connaître ceux qui s’y trouvaient en 1681, au moment du départ définitif de son geôlier. L’un d’eux est nécessairement celui que nous cherchons. »

Fouquet est passé à la trappe. C’est sa destinée. Ce qui permet de ne pas le mentionner dans le chapitre consacré aux Hypothèses, et de limiter celles-ci aux diverses identités attribuées jusqu'ici à Eustache Danger, candidat de l’auteur.


Revenons à la présence d’un ou plusieurs témoins de la mort du surintendant. Historiquement parlant, il n’y en a pas. Aussi M. Petitfils se contente-t-il de mentionner prudemment, comme il le fait dans son ouvrage précédent, "le bruit qui aurait couru qu’il ait succombé dans les bras de son fils, M. de Vaux, qui se trouvait à Pignerol. » Comme Petitfils sait-il que M. de Vaux était alors à Pignerol ? Il ne le dit pas. M. de Vaux n’en a jamais parlé, jusqu’à preuve du contraire.


Le livre de M. Petitfils ne convainquit pas tout le monde. En 2005 un article publié dans les Annales de la Société historique de Pignerol reprit la thèse Fouquet, conforme à celle du spécialiste italien de l’énigme, M. Mauro Maria Perrot. En 2007, un numéro hors série d’un magazine consacré aux énigmes de la science et de l’histoire reprenait la thèse Fouquet.

Mais voilà qu’en 2008, une émission de Secrets d’histoire est consacrée au prisonnier masqué de Sainte-Marguerite. M. Petitfils en est l’invité principal. Lorsqu’il entre sur le plateau, les thèses qui s’opposent à la sienne viennent d’être promptement éradiquées. Pour la thèse Fouquet, trois ou quatre minutes ont suffi, avec le concours musclé d’un invité de choc, M. de Voguë, propriétaire du château de Vaux le Vicomte. Ecoutons-le : « Le masque de fer, le voilà. » Et l’on découvre, stupéfait, une salle de son château de Vaux le Vicomte représentant Fouquet masque de fer dans sa cellule. « Oui, dit M. de Voguë, j’ai fait ça parce qu’il y tant de gens qui disent que Fouquet fut le masque de fer… En ce qui me concerne, Fouquet masque de fer ? Je n’y crois pas. D’ailleurs, il est mort à Pignerol entouré de sa famille. » Voilà l’argument suprême énoncé. Bien entendu, M. de Voguë ne précise pas ce qui l’autorise à affirmer cela.


Ainsi, d’un simple bruit sans fondement sur la présence de M. de Vaux au chevet de son père moribond en 1680, on en est venu à affirmer avec l’autorité de la chose établie que toute la famille de Fouquet a assisté à sa mort.


Pour une nouvelle, c’en était une ! Une question m’intriguait. Que M. Petitfils pensait-il lui-même de l’argument asséné par de M. de Voguë ?

J’ai écrit à M. Stéphane Bern. Il ne m’a pas répondu. La chance m’ayant fait découvrir un forum d’histoire dont la webmaster connaissait M. Petitfils, j’ai pu, par l’intermédiaire de cette sympathique intermédiaire, lui soumettre trois questions dont celle-ci : « Qu’est-ce qui permet d’affirmer que la famille du surintendant a assisté à sa mort ? »

Je reçus, toujours par l’entremise du webmaster, cette réponse : «Une partie de la famille était présente, dont Louis Nicolas, comte de Vaux, fils aîné du surintendant. Seule l'épouse du prisonnier, qui avait quitté Pignerol un peu plus tôt pour signer - je crois -, un acte notarié, n'était pas présente. »


Faisons le point. En 2003 Mr Petitfils écrit : « Il est possible, comme le bruit en courut, qu’il ait succombé dans les bras de son fils, M. de Vaux, qui se trouvait à Pignerol. »

En 2009 il affirme : Seule l’épouse du prisonnier n’était pas présente. »

On peut donc dire au sujet de cette dernière position de M. Petitfils :


1) Qu’elle a singulièrement évolué depuis la parution de ses précédents ouvrages
2) Que, dûment démontrée, elle porterait un méchant coup à la thèse Fouquet
3) Mais que M. Petitfils est, selon toute apparence, dans l’incapacité de la justifier.


Je suis encore plus sceptique quant à la bonne foi de M. Petitfils, depuis que j’ai rouvert son "Masque de fer, entre histoire et légende" au chapitre "Masque et bergamasque". L’auteur y affirme (sans preuve comme à l’accoutumée) que Saint-Mars a fait courir de faux bruits sur l’importance de son prisonnier de l’île Sainte-Marguerite. Et conclut, page 192 :

« C’est peut-être lui aussi (Saint-Mars) qui véhicula la rumeur de la survie de Nicolas Fouquet dont tout le monde avait appris la mort à Pignerol huit ans plus tôt. Il est vraisemblable que l’auteur des Nouvelles ecclésiastiques, Mgr Louis Fouquet, exilé pour cause de jansénisme, s’est demandé si Saint-Mars ne transportait pas ainsi son malheureux frère dont on aurait simulé le décès. »


Cette dernière phrase est révélatrice. Réfléchissons. L’évêque Louis Fouquet est devenu, en 1682 le chef du clan Fouquet. Il en est resté très proche. C’est lui qui éveilla la vocation religieuse de Charles Armand Fouquet, frère cadet de M. de Vaux. C’est chez lui, à Villefranche de Rouergue qu’en mai 1683 fut signé le contrat de mariage de la jeune Marie-Madeleine qui avait séjourné, comme on le sait, au donjon de Pignerol, auprès de son père le surintendant.

Si Marie-Madeleine, le comte de Vaux et d’autres membres de la famille Fouquet s’étaient penchés sur le lit de mort de Nicolas Fouquet, l’évêque Louis Fouquet le saurait. Et si M. Petitfils croyait, quant à lui, à cette présence des Fouquet autour de Nicolas mort ou moribond, il ne lui viendrait pas à l’esprit que le prélat ait pu s’interroger en 1687 sur « la survie de son malheureux frère » !


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 Sujet du message : Re: Le masque de fer
Message Publié : 02 Mars 2010 12:18 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon
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Inscription : 26 Juin 2008 8:11
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Bonjour Claude!

Je pense que vous vous focalisez trop sur Petitfils et le peu d'estime que vous lui portez; les évolutions certes un peu erratiques de cet auteur ne prouvent pas grand chose (sauf que Petitfils est une girouette). Ceci dit, votre argument sur l'ignorance de Louis Fouquet à propos de la mort de son frère a effectivement un certain poids. Est-ce qu'on a des sources qui en parlent?

Toutefois, vous n'avez pas répondu à ma question centrale:
Quel est l'intérêt d'avoir continué à faire porter le masque à un autre prisonnier après la mort réelle - si tant est qu'il ne soit pas mort en 1680 - de Fouquet?

Cordialement.


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