Badr a écrit :
Pour en revenir au Topic, l'auteur que vous citez doit donc faire la différence entre les deux concepts. Mais ce qu'on peut supposer c'est que : que ce soit à cause de la noblesse ou de la pureté de sang, la bourgeoisie espagnole a pu peut être voir son évolution sociale ralentie voire empêchée, à cause par exemple des conditions d'accés aux institutions dites avec statut de pureté de sang.
Oui, je pense que Chaunu fait référence implicitement à la "trahison de la bourgeoisie" dont parlait Braudel.
Alors que les autres pays voient l'émergence d'une bourgeoisie commerçante et financière, les élites espagnoles se seraient arc-boutées sur leurs privilèges, et l'Espagne aurait vu le triomphe des rentiers au détriment des innovateurs.
L'absence de mobilité sociale, à laquelle participe la pureté de sang, est donc vue comme l'absence d'innovation, donc comme cause de déclin.
Thèse en vogue dans les années 60-70, qu'il faudrait nuancer.
Selon JP Dedieu, la pureté de sang servirait de masque à la mobilité sociale, l'idéal des sociétés de ce temps étant l'immobilité, l'éternité de l'ordre social ; ainsi, la mobilité sociale existerait, mais se draperait d'une image d'immobilité.
Il faut aussi voir que l'idéologie rentière de la bourgeoisie n'est pas propre à l'Espagne. La France de la même époque connait peu ou prou ce phénomène de "reféodalisation" des élites.