Bien, on accouche finalement de quelque chose. Je reprends le fil des choses : 1) j'ai posé la question en ayant lu que cet engagement avait été une victoire française, mais en m'étonnant que les sources soient muettes ou quasiment sur le sujet. 2) les sources françaises citées par divers contributeurs (incluant des excellents connaisseurs de l'histoire navale, je pense à Marc notamment), y compris des sources a priori fiables, vont dans ce sens. 3) je commence à me faire une idée de la chose, même si cela reste assez flou (engagement qui se conclut par une indécision mais permet à l'armée française, dans le Roussillon, d'achever la campagne victorieusement sans être perturbée par la flotte espagnole). 4) elijah arrive et, à l'aide de sources espagnoles principalement (mais pas seulement), met en doute tout ça en soulignant un succès espagnol qui oblige la flotte française à se réfugier à Barcelone et à y demeurer, sous la menace espagnole. Il prend appui, notamment, sur des pertes espagnoles modérées (deux vaisseaux), sur la lenteur avec laquelle elle va se réapprovisionner et réparer à Port Mahon (une semaine), et sur le fait qu'elle est encore présente sur les côtes catalanes peu après l'engagement, obligeant Maillé-Brézé à l'inaction dans une rade protégée.
A ce point, et puisque les sources des deux bords empêchent qu'on se départage en l'état actuel des choses, il faudrait : a) soit qu'un dévoué contributeur disposant de sources contradictoires s'y plonge pour démêler le vrai du faux. En particulier, il serait utile de lister les pertes françaises par rapport aux espagnoles et le niveau réel d'activité de la flotte de Maillé-Brézé après l'engagement : a-t-il été obligé de rester sous la protection des canons catalans ? b) faire la lumière sur la relation entre ce combat et le succès du siège de Perpignan par l'armée française, obtenu au début de septembre 1642. Même si Perpignan n'est pas un port (le centre-ville actuel est à 6-8km de la côte), une suprématie navale espagnole aurait vraisemblablement pu provoquer de sérieuses entraves au bon déroulement du siège, par le débarquement de ravitaillement mais plus probablement de troupes. A confirmer par un connaisseur de la guerre de la première moitié du XVIIe (je n'ai effectivement que des exemples dans lesquels l'armée de secours débarque bien à l'abri d'une rade ou ne débarque pas s'il n'y en a pas : Saint-Martin-de-Ré en 1627, l'échec anglais à la Rochelle en 1628, à voir pour Fontarrabie en 1638, etc).
Ma conclusion partielle, en attendant d'être plus ample informé, c'est que même si le résultat tactique de ce combat semble disputé (avec peut-être même un léger avantage aux Espagnols s'ils continuent effectivement à rôder autour de Barcelone et Rosas en juillet-août 1642), le maintien à Barcelone d'une "fleet-in-being" (concrètement : le rôle qu'a eu le "Tirpitz" entre 1942 et 1944) qui menace toute action espagnole d'envergure a peut-être constitué un succès stratégique français, notamment relativement au siège de Perpignan. Le fait que Maillé-Brézé refuse le combat suite à cet épisode indique peut-être qu'il ne croit pas en la possibilité d'obtenir un succès décisif mais veut conserver à sa flotte son rôle majeur dans la campagne en cours rien qu'en la faisant exister et menacer les communications espagnoles (avec la Sicile et Naples tout autant qu'en direction des Baléares, de Murcie et de Valence). Il faudrait aussi connaître quels étaient les objectifs assignés aux deux amiraux en début de campagne pour trancher...
Cordialement,
CNE503
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