Citer :
Certes ! Elle servait le roi, c'est à dire qu'elle occupait des offices, militaires , de cour, ou dans la magistrature. Mais ceci signifie qu'elle dépendait du trésor royal pour ses revenus.
Mais ceci n'est pas propre à la noblesse française: la noblesse anglaise servait aussi le roi et le pays dans l'armée, la justice, l'administration royale et au Parlement, et donc dépendait des finances royales, la différence étant que c'était-elle même en fin finale qui décidait des recettes. Et les nobles anglais aussi quémandaient et recevaient des faveurs et des subsides de leurs rois, les monarques les plus généreux, semble t'il, ayant été les Stuart, sans doute désireux d'affermir un trône chancelant et de se faire pardonner leur catholicisme en chouchoutant leur noblesse.
Ces histoires de l'abime existant entre la moderne noblesse anglais et la mauvaise et rétrograde noblesse française ne sont que des stéréotypes historiques idéfiniment recyclés et remis en cause par l'historiographie récente, qui est beaucoup plus nuancée. J'ai mentionné l'historien britannique L. Stone qui démonte un certain un nombre de ces mythes:
la noblesse anglaise n'était pas plus ouverte que la noblesse française, en fait moins--selon lui il était plus facile à un riche négociant ou financier français d'accéder à la noblesse à cause de l'existence de l'anoblissement par charge, qui n'existait pas en GB.
Je le cite: "la théorie d'une élite anglaise ouverte aux hommes d'affaires, théorie qui remonte à plusieurs siècles et sert encore aux historiens pour expliquer certaines idiosyncrasies anglaises, n'est qu'un mythe. Il n'est pas vrai que les mariages entre la terre et l'argent soient fréquents et acceptés, ni qu'il soit commun pour les cadets de l'élite foncière de faire un apprentissage dans le commerce et d'y faire fortune."
in "L'Angleterre de 1540 1880: pays de noblesse ouverte?"
Et pour ce qui est de la propriété foncière, c'était au XVIIIe pour la noblesse anglaise comme pour la noblesse française la base tant de sa fortune que de son statut nobiliaire. D'ailleurs, la noblesse anglaise possède encore des propriétés de surface considérable et une partie encore impressionnante du territoire national de nos jours.