J'aurais une petite question pour les historiens
Je travaille à une reconstituion de la ville de Lyon en 1700.
Pour ce faire, j'utilise des "cartes terristes" (aussi appelés "plans terriers") des 17ème et 18ème siècle. Ces plans comportent pour chaque immeuble au minimum le nom du propriétaire.
Ils sont organisés par abbaye ou église, qui chacune avait semble t'il une compétence géographique dans la ville.
Je trouve donc la rente de Saint Nizier, la rente d'Ainay, la rente de Saint-Pierre, etc...
J'aurais voulu avoir une explication sur l'origine de ces plans. J'imagine que l'explication est de nature fiscale mais ce n'est qu'une supposition. Quelqu'un peut-il m'éclairer ?

Bonjour, Sur presque toute la presqu'île, les abbayes possédaient les terres. Sur la Place Saint-Nizier existait une abbaye qui prenaient sa source sur l'actuel emplacement de la boutique "Côté Maison" .... Ces rentes devaient pouvoir s'expliquer par des revenus financiers retirés de l'exploitation des terrains et éventuellement des immeubles. Sachez par exemple que nombre de caves de la rue de Brest sont anciennes ... Voutées et plus anciennes que les immeubles qui se trouvent au-dessus

Très intéresssant ! Je ne suis pas surpris par l'ancienneté des caves car le parcellaire a été conservé à de nombreux endroits.
Ceci étant, beaucoup de cartes terristes ont été dressées ou réactualisées au 18ème siècle. A cette époque, les terrains sont quasiment tous construits. Forcément, si les religieux ont payé des géomètres pour faire ces plans, c'est qu'ils y avaient un intérêt financier. Ma question est de savoir plus exactement ce qu'il en était, était-ce le propriétaire de l'immeuble qui était taxé, à supposer que ce soit une taxe qui explique cela, et sur quelle base. S'il s'agit bel et bien d'un impôt, quel était son nom et était-il applicable sur l'ensemble du territoire français.

Bonjour,

Un terrier est généralement un relevé des droits d'un seigneur. Pour savoir exactement la nature des "rentes", il faudrait un peu plus d'informations. Sommes-nous dans un cadre de droit féodal et ces rentes sont elles assimilables à un cens ? Mais alors pourquoi ne portent-elles pas le titre de cens, dont certains juristes prétendaient qu'il portait en lui reconnaissance de vassalité ? Les baux sont peut-être devenus emphytéotiques (ce qui se produisait après quarante années de paiement régulier du cens) et sortent donc du systéme "censuel". La dernière possibilité (mais peut-être en existe-t-il d'autres)est que les propriétaires que vous citez ne soient que les propriétaires "utiles" (cela expliquerait-il le terme "carte terriste" au lieu de terrier ?) et qu'ils aient baillé à rente leurs biens. La question mérite d'être creusée car elle détermine la nature de la propriété sur la presqu'ile de Lyon à l'époque que vous étudiez.
Sur le point de la réfection des documents au XVIIIe siècle, il y a eu des historiens qui ont parlé de "réaction féodale" à cette époque car de très nombreux documents ont été refaits alors. L'explication la plus probable reste celle donnée par l'auteur de "Seigneurs et paysans" (je n'ai plus son nom en tête !) : les documents plus anciens n'étaient tout simplement plus lisibles pour les générations d'alors. De plus les mutations successives avaient rendu les archives obsolètes (faire un terrier c'est particulièrement cher ! il faut que cela serve à quelque chose, généralement à mieux collecter les droits).
Pour ces questions pointues, je vous conseille une incursion dans les quatre tomes in-folio des Oeuvres de Claude Henrys qui a le bon goût de prendre beaucoup d'exemples sur Lyon et le Lyonnais (enfin son commentateur surtout).

Bonjour Bergerac,

Je ne pensais pas que ma question était aussi épineuse.
En l'espèce, les rentes dont il s'agit appartiennent à des abbayes (Ainay, des Jacobins, etc...) et non à des seigneurs.
Ces abbayes prélevaient donc certainement des impôts sur les immeubles construits dans la ville où elles sont installées, soit parce qu'elle avait un droit sur le sol, soit sur les immeubles. Cela reste très flou pour moi, mais je ne pense pas avoir le temps de me plonger dans les oeuvres de Claude Henrys, mais merci tout de même pour le tuyau.
Si je trouve à l'avenir une réponse précise, je ne manquerai pas de vous la communiquer sur le forum.

Bonjour,

le fait que les propriétaires soient des abbayes ne change pas le fait qu'elles puissent être les seigneurs. Si nous parlons de "rente", on peut parler "d'impôt" dans le cas du cens (somme payée pour la mise à disposition de la propriété utile par le seigneur ), mais dans les autres cas, il s'agit plus d'un loyer.