PaulRyckier a écrit :
J'ai été interessé à la Prusse et son domination dans le nouveau empire de 1871 il y a quelques années ... Quand le parlement de Frankfurt offrait la couronne à Frederic-Guillaume IV de Prusse il refusait peut-être pour d'autres raisons, mais il disait à peu près: La couronne ne doit pas être offert par une assemblée révolutionaire. Cette couronne doit être sacrée par Dieu (règne par la volonté de Dieu).
Je vous remercie pour ces liens très, trop intéressants et je vous soupçonne de vouloir combler mes lacunes abyssales par des pistes toujours très passionnantes. Je sens qu'il ne tardera guère le moment où je plancherai profondément sur la question de la Prusse, l'échange lu sur le forum indiqué étant des plus porteurs.
Je n'ai évidemment pas votre connaissance sur la question : j'ai bloqué sur la langue... Je le regrette amèrement car ceci ampute bien évidemment la connaissance à la source.
J'acte d'une grosse erreur de ma part notée d'ailleurs par Mike92. Ce qui m'a obligée à des recherches plus poussées. Je remercie Mike92 pour ceci.
Concernant l'attitude de Frédéric-Guillaume face à l'offre, elle me rappelle un peu le refus de Cesar : bluff, sensation que le fruit n'est pas mûr, mise en garde de son chancelier qui souhaite que cette couronne ne soit pas le fruit d'un déchirement interne mais plutôt l'union face à une agression externe ? Je m'interroge.
Le "divin" est souvent invoqué pour un refus poli(tique ?) ; les évènements de 1848 serait plus dans la realpolitik, la Prusse se trouve alors entourée de pays en proie à des convulsions nationalistes pour la plupart, ceci fait son affaire et elle se doit de trouver une assise politique durable.
Bismarck ne souhaite pas que le sang prussien serve à drainer un éventuel renouveau de l'Autriche, ainsi tout ce qui affaiblit les Habsbourg renforce les Hohenzollern. On souhaite une Allemagne sans l'Autriche qui est devenu un poids mort traînant de plus derrière elle des convulsions hongroises qui risquent de s'étendrent en Bohême. La Prusse se veut un état neuf, certes s'appuyant sur les carcasses d'anciens états s'il le faut. La politique de Bismarck me semble incompatible avec une Autriche qui traîne avec elle des brûlots qu'il n'appartient pas à la Prusse de gérer mais plutôt d'amplifier. On se contentera d'accrocher, lorsque le moment viendra, des brimborions d'Etat puis au XXe, une Autriche qui réclamera elle-même la domination d'un nouvel état plus fort et répondant à des aspirations qu'elle découvre dans l'entre-deux guerre. Si la Prusse doit s'allier à l'Autriche pour le conflit du Schleswig, il me paraît évident que la raison en est le double intérêt. La fin d'un double protectorat et aussi celle d'une idée européenne d'un leadership autrichien suranné certes mais l'Europe craint toujours l'émergence d'états forts et de nouvelles idées d'affranchissement : on constate pour la Hongrie, la Bohême trépigne, Venise gronde avec l'Italie. L'aventure du Schleswig est un galop d'essai pour la Prusse qui déjà -à mon sens- souhaite par cet intermède entrer doucement : après tout, il est bon quelquefois de secouer ses amis dans l'Europe sans exporter sa force avec brutalité vers l'Ouest dans un premier temps. La cohabitation austro-prussienne n'apporte plus rien mais il est bon d'entretenir une idéologie -lorsque l'Autriche se réveillera- de grande nation. Rien ne permet alors d'envisager la longévité exceptionnelle de François-Joseph quant à celle de Guillaume Ier, ce sera
"pain béni" pour achever le "grand oeuvre".
Pour l'Autriche, les idées libérales du fils puis du neveu feront le lit de la Prusse -dépassés qu'ils seront par un embrasement des nationalismes- fruit de leur libéralisme. L'Autriche réduite alors à une peau de chagrin, se retournant vers ses fossoyeurs pourrait se reconnaître soudainement plus proche de la Prusse. On aspire toujours à plus grand et quoi de plus tentant que d'intégrer une unité nouvelle qui impulse un réveil de grandeur.
Je ne crois pas à la raison donnée du refus de Frédéric-Guillaume. Il sait que le moment n'est pas venu, à Versailles il aura encore quelque hésitation : l'homme chancelle sans son chancelier, il faut l'admettre.
"L'odeur nauséabonde" d'où qu'elle vienne ne gêne jamais un prédateur (ne voyez là aucun sens péjoratif, c'est de bonne guerre), preuve en est : la couronne sera acceptée après un conflit dont l'exportation est mise en scène, une scène basée sur un manque de reconnaissance que la Prusse saura exploiter comme un affront à la future Allemagne. C'est là toute la différence.
Avant chacun pouvait espérer "rouler" plus ou moins pour soi, la démonstration est faite qu'au final tous les chemins mènent à ce qui n'est plus une chimère pour les uns, un passage en force pour les autres : le moment est venu et les plus réticents hier se retrouvent à ce moment dans la ligne politique prussienne. Le gâteau est nouveau et cette fois il ne sera pas partagé pour être dévoré dans son coin : chacun se voit convié poliment à table. A l'intérieur, le Kronprinz est déjà disqualifié pour ses idées libérales, Bismarck craint certainement que ce libéralisme à l'odeur anglaise ne s'écrase face à la dureté du pouvoir, et le Kronprinz de glisser vers un
"centre" qui n'est pas une position admissible (abondé par les catholiques, de plus). Ceci serait donc un désastre. La force de Bismarck, un pragmatisme à toute épreuve dans un siècle bercé par une culture romantique et chevaleresque outre-Rhin. Deux gros poissons bien ferrés aidèrent à l'Empire : la Bavière (des ministres profondément germanophiles) et le Wurtemberg qui ne se reconnaît plus dans la ligne politique d'Alexandre II.
Maintenant ceci n'est que le fruit de mon "
ressenti" et bien loin d'une analyse de connaisseurs aussi tout bémol sera le bienvenu pour une meilleure compréhension d'une unité incroyable qui fera fi des dissensions (toujours gérables) dans un système de phacocytage doux ou dur. Les états d'âme n'ont pas place dans cette politique qui n'a rien à envier aux modèles de Machiavel. Un seul mot : "Pouvoir", trois est déjà trop : la France n'est-elle pas nostalgique de celui qui a fossoyé
"liberté" et
"égalité" ? Quant à la fraternité : le concept reste plus que discutable et discuté...
Encore un grand merci pour votre lien concernant le "Parlement de Francfort".
Je vais essayer d'approfondir ceci car je dois avouer mon inculture sur l'Histoire prussienne.
Citer :
J'ai eu de la chance d'avoir eu l'occasion de discuter avec des "vieux allemands" (dans les années quatre-vingt) et j'étais surpris combien des nostalgiques encore de l'empire wilhelmienne...et beaucoup mettent le lien encore avec le SERG...le vieux empire (das altes Reich), le premier empire...
Les rêves d'une grandeur passée prennent un relief tout autre avec le temps... On se reprend à vénérer certains moments, les abondant souvent d'un regret qui leur crée des piédestaux mais rien n'est plus laid que les vieilles dorures remises au goût du jour ; cependant, à une époque où l'âme n'a plus sa place, la nostalgie reprend le vide laissé : la nature déteste la vacuité.