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Message Publié : 14 Fév 2013 22:06 
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Philippe de Commines
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Bergerac a écrit :
Sur le sujet, je me permets de signaler un recueil d'actes qui vient de sortir aux éditions Alphil (Neuchâtel -CH) sous la direction de Bertrand Forclaz "L'expérience de la différence religieuse dans l'Europe moderne (XVIe-XVIIIe siècles)".

Je viens de le recevoir et la lecture de l'introduction me semble très prometteuse sur le sujet de ce fil : "on observe une europénaisation de la discussion...Il convient de dépasser la focalisation sur les situations de coexistence pour étudier les contacts supraconfessionnels dans les zones frontière...".


Une excellente lecture :wink:
Le colloque d'origine portait sur la "coexistence confessionnelle", concept assez différent de celui de tolérance.

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Message Publié : 15 Fév 2013 9:54 
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Oui, mais plus adapté au "Grand Siècle" !


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Message Publié : 15 Fév 2013 10:03 
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Philippe de Commines
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Bergerac a écrit :
Oui, mais plus adapté au "Grand Siècle" !


Absolument! La tolérance telle que nous la connaissons n'est pas un concept du Grand Siècle. C'est ce que j'écris depuis le début ;)
L'ouvrage dirigé par B. Forclaz est très intéressant dans la mesure où pour une fois, il réunit des historiens du catholicisme et des historiens du protestantisme, alors que trop souvent les deux champs sont séparés dans les colloques, les réseaux d'édition, etc. C'est donc une excellente initiative et elle est à mon avis à élargir à d'autres sujets que la coexistence.

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Message Publié : 15 Fév 2013 16:17 
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Vous évoquez la tolérance au grand siècle en France ? Parce-qu'outre Rhin, la tolérance a commencé avec la médiation et est déjà bien installée avec le mouvement luthérien.
Pour ce qui est de la France nous avons les écrits de Montesquieu et autres prêchant la tolérance soit dans le cadre religieux, sociologique ou humaniste.

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Message Publié : 15 Fév 2013 16:19 
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Philippe de Commines
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gaete59 a écrit :
Vous évoquez la tolérance au grand siècle en France ? Parce-qu'outre Rhin, la tolérance a commencé avec la médiation et est déjà bien installée avec le mouvement luthérien.


Non. La paix d'Augsbourg de 1555 organise la coexistence, mais ne postule en rien la tolérance telle que nous l'entendons aujourd'hui, et même pas la tolérance civile à la polonaise ou à la française d'après 1598.

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Message Publié : 15 Fév 2013 16:35 
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Et parce que la paix d'Augsbourg ne prévoyait rien pour les Calvinistes, la vallée du Rhin fut changée en poudrière au début du XVIIe siècle.


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Message Publié : 15 Fév 2013 16:38 
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Bergerac a écrit :
Et parce que la paix d'Augsbourg ne prévoyait rien pour les Calvinistes, la vallée du Rhin fut changée en poudrière au début du XVIIe siècle.


Absolument! Certains luthériens détestaient plus les calvinistes que les catholiques!

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Message Publié : 16 Fév 2013 0:43 
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Philippe de Commines
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Que penser alors des catholiques en France face aux Huguenots et ceci même après l'Edit de Nantes, sans parler de ce qui se passera après sa révocation. Vous avez raison, la tolérance est un vain mot déjà à cette époque.
Ce n'est peut être d'ailleurs qu'un concept : si un exemple de cohabitation peut être cité, on en cite dix du contraire. Ceux qui la prône -Voltaire par exemple- disent du contraire dans la même oeuvre.
De fait évoquer la tolérance est écrire pour ne rien dire. ;)

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Message Publié : 16 Fév 2013 11:55 
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Georges Duby
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La Révolution pensera de même, le concept de tolérance, au sens actuel s'entend, lui est étranger. Condorcet par exemple, révolutionnaire modéré, veut remplacer le culte du décadi par des conférences publiques pour inculquer au peuple une morale républicaine. Talleyrand évoquera une instruction qui imprime aux hommes "de nouveaux sentiments, de nouvelles moeurs, de nouvelles habitudes".
Le but de la Convention sera de régénérer le peuple. Robespierre: "conduire le peuple par la raison; les ennemis par la terreur."
Pour revenir au Grand Siècle, l'Angleterre a la même conception de la tolérance pour les religions que la France, pire parfois, chaque camp n'accepte pas que que l'autre puisse étendre son influence. Je ne connais pas assez pour en dire plus sauf que quand Jacques II voudra qu'on accepte le catholicisme d'autrefois, en reconnaissant officiellement les différents cultes, au moins par des "déclarations d'indulgence" valant exception à la règle d'une Eglise nationale, il y aura une révolte. Il suspend les lois pénales pesant sur les catholiques. Il est vrai qu'il était catholique. Commence alors la Glorieuse Révolution.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 16 Fév 2013 12:38 
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Philippe de Commines
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Alain.g a écrit :
La Révolution pensera de même, le concept de tolérance, au sens actuel s'entend, lui est étranger. Condorcet par exemple, révolutionnaire modéré, veut remplacer le culte du décadi par des conférences publiques pour inculquer au peuple une morale républicaine. Talleyrand évoquera une instruction qui imprime aux hommes "de nouveaux sentiments, de nouvelles moeurs, de nouvelles habitudes".


Le contexte intellectuel a radicalement changé, notamment avec la définition de "tolérance" donnée par Pierre Bayle au cours de la "crise de conscience européenne" jadis étudiée par P. Hazard. Le fait de vouloir éduquer les masses ne signifie pas absence de tolérance au sens actuel du mot. Un régime politique est nécessairement engagé idéologiquement, sinon la tolérance totale débouche sur l'anarchie.

Alain.g a écrit :
Pour revenir au Grand Siècle, l'Angleterre a la même conception de la tolérance pour les religions que la France, pire parfois, chaque camp n'accepte pas que que l'autre puisse étendre son influence. Je ne connais pas assez pour en dire plus sauf que quand Jacques II voudra qu'on accepte le catholicisme d'autrefois, en reconnaissant officiellement les différents cultes, au moins par des "déclarations d'indulgence" valant exception à la règle d'une Eglise nationale, il y aura une révolte. Il suspend les lois pénales pesant sur les catholiques. Il est vrai qu'il était catholique. Commence alors la Glorieuse Révolution.


Comme vous le soulignez fort justement, il est catholique. Et s'il avait régné sur un pays majoritairement catholique, il aurait agi comme son cousin germain Louis XIV. Il n'a fait ce qu'il a fait que parce qu'il voulait servir son Eglise, minoritaire, et avait bien conscience qu'il ne pourrait arracher plus qu'une reconnaissance de la sorte. Mais c'était déjà trop.

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Message Publié : 16 Fév 2013 14:34 
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Philippe de Commines
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Inscription : 05 Juil 2011 14:39
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Alain.g a écrit :
La Révolution pensera de même, le concept de tolérance, au sens actuel s'entend, lui est étranger. Condorcet par exemple, révolutionnaire modéré, veut remplacer le culte du décadi par des conférences publiques pour inculquer au peuple une morale républicaine. Talleyrand évoquera une instruction qui imprime aux hommes "de nouveaux sentiments, de nouvelles moeurs, de nouvelles habitudes".

Il est étonnant de constater que la religion semble le point, voire la racine de ce qui pourrait être l'intolérance.
Dans ce sens -et ce presque à chaque révolution- on éradique la notion de religion pour mettre en place une autre forme d'éducation au bien et au mal mais qui souvent complique plus les choses ou pire encore se montre plus intolérante dans sa forme qui ne peut entrainer que la soumission ou une réaction qui sera réprimée alors de manière radicale donc "intolérante".
Comme vous citez souvent Locke, je suis allée lire sur le net. Sa définition de la tolérance me semble plus proche de l'indifférence, nous dirions de nos jours du "lâcher prise". Je préfère la phrase attribuée à Voltaire.

Jean-Claude a écrit :
Un régime politique est nécessairement engagé idéologiquement, sinon la tolérance totale débouche sur l'anarchie.

J'ai du mal à comprendre cette phrase. Avec un point après "idéologiquement", c'est évident. Les mots "régime politique" induisent inévitablement une idéologie sous tendue et une idéologie politique est rarement perçue comme "tolérante" pour une partie de ceux qui la subisse. D'autant que bien souvent, les idéologies politiques pour mieux s'ancrer font table rase du passé et de la religion dans un processus que l'on nomme "Révolution". Cette révolution sensée s'ouvrir sur une ère de tolérance semble in fine bien compliquer les choses (Soljenitsyne).
Pour ce qui concerne l'éducation des masses, elle semble demander au-delà de coupes brutales (la religion) une intolérance qui va jusqu'à la négation de l'autre : tout se doit d'être fait pour la cause (bonne ou mauvaise).
Maintenant la tolérance totale est-elle obligée de déboucher sur l'anarchie ? Dans un contexte politique sans doute quoique je pense que l'on puisse endiguer les courants encore faut-il le vouloir. Il semble que ce processus demande plus de "travail" qu'une mise au pas au nom de la "liberté de l'autre" (bien mise à mal elle aussi lorsqu'évoquée par un tiers).
Nous sommes au grand siècle donc, dans une société on ne peut plus hiérarchisée. On existe par sa naissance et si l'on peut s'élever, on est pas pour autant "reconnu". La tolérance peut-elle exister dans une société hiérarchisée ? Et sachant que toute société est hiérarchisée d'une manière ou d'une autre, comment faire place à la tolérance ?

Alain.g a écrit :
Pour revenir au Grand Siècle, l'Angleterre a la même conception de la tolérance pour les religions que la France, pire parfois, chaque camp n'accepte pas que que l'autre puisse étendre son influence.

Peut-il y avoir tolérance dans un monde de pouvoir ? Ceci me semble difficile car il faut alors laisser une partie de son pouvoir (ou appelons le "idées" lorsque ce n'est pas idéologie) au vestiaire. On se met alors en position de faiblesse, à la merci de la tolérance de l'autre, ce qui n'est pas évident car personne n'a vocation de martyr. L'autre va-t-il se montrer "indulgent" ce qui induit une certaine "condescendance" hors le spectre religieux (je veux dire la définition de la tolérance donnée par Jésus) et cette définition entraîne non seulement une soumission mais encore un appel à une humilité sur laquelle on ne peut rien construire de pérenne. Donc pour "construire" on ne peut qu'être dans la force et l'intolérance ce qui me semble étrange. On s'appuie alors sur l'espérance : les fameux lendemains qui chanteront et au nom de ces lendemains l'être humain se doit de se sacrifier (d'abord ses idées -les idéaux ne sont plus de mises- puis ensuite sa propre personne -on peut le voir dans certains procès-).
Pour faire court, ne serait-ce pas justement la tolérance qui entraînerait l'anarchie ? Mais est-il correct de l'énoncer ?
Manifestement le juste équilibre n'a jamais été trouvé, ce juste équilibre ne serait-il pas ce que l'on nomme paix mais sans notion de "donnant/donnant" car il y a toujours un lésé.

Jean-Claude a écrit :
Comme vous le soulignez fort justement, il est catholique. Et s'il avait régné sur un pays majoritairement catholique, il aurait agi comme son cousin germain Louis XIV. Il n'a fait ce qu'il a fait que parce qu'il voulait servir son Eglise, minoritaire, et avait bien conscience qu'il ne pourrait arracher plus qu'une reconnaissance de la sorte. Mais c'était déjà trop.

Pourquoi la révocation de l'Edit de Nantes dans un royaume où la majorité est catholique ? Où personne ne s'indigne de cet acte que l'on pourrait qualifier de profonde intolérance et qui n'apporte guère à l'Eglise mais plus au "politique".
Comment et pourquoi s'est-on retrouvé devant une sorte de régression ? Les Protestants français présentaient-ils une épine dans un pouvoir absolu ? Etait-ce pour enfin tourner la page de la Fronde ? Pourquoi le royaume de France se sent-il toujours obligé d'être plus religieux que la religion ?
Avec la Guerre de Trente ans, on voit un ESERG outre-Rhin qui confisque un pouvoir et un devoir de médiation pour imposer la religion de son royaume. Deux générations plus tôt, je vous accorde que ce n'était pas formidable mais enfin des unions entre catholiques et protestants étaient acceptées etc. et point d'anarchie, des remontrances de Rome de temps en temps. Au nom de la "tolérance" et de l'éducation à la "tolérance", ne fait-on pas passer des intérêts purement politiques et dans l'air du moment ? Sur le religieux mais je puis me tromper, il me semble que le courant catholique -au cours de l'histoire- se montre assez "intolérant" ou alors au nom de ce courant, la tolérance n'est pas de mise bien au contraire. Alors mauvaise interprétation de l'écriture ? Ou volonté de l'autorité à faire plier la "masse" car on peut noter des alliances "contre nature" (les Protestants, les Ottomans) lorsque ceci peut arranger et ceci sous de nombreux rois (François Ier, Louis XIV et autres) ; pourquoi ? Bien souvent pour mettre à mal un autre puissant, de la même religion (Espagne, Autriche). On sait alors se montrer soudainement très "tolérant". Comment alors ne pas voir dans la "tolérance" un concept ? Pire encore que l'on tord et distord selon un bon vouloir émanant d'un politique tout puissant, ce qui est incompréhensible.

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Message Publié : 16 Fév 2013 14:41 
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gaete59 a écrit :
Comment et pourquoi s'est-on retrouvé devant une sorte de régression ? Les Protestants français présentaient-ils une épine dans un pouvoir absolu ? Etait-ce pour enfin tourner la page de la Fronde ? Pourquoi le royaume de France se sent-il toujours obligé d'être plus religieux que la religion ?


Mais c'est vous qui voyez ça comme une régression! C'est un anachronisme. Dans la pensée du temps, chez les catholiques comme chez les protestants, l'unité religieuse et confessionnelle est très importante et tout le monde la souhaite!

De plus, une nouvelle fois, les protestants ne sont pas plus "tolérants" que les catholiques. Là où ils sont majoritaires voire hégémoniques (voir Genève par exemple), ils sont impitoyables avec les catholiques ou les hétérodoxes. Les Provinces-Unies sont peut-être une exception, mais les catholiques n'ont pas de réelle existence légale, ne peuvent accéder aux charges, et le sort réservé aux arminiens n'est guère enviable.

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Message Publié : 16 Fév 2013 16:45 
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Georges Duby
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On voit bien que pouvoir et religion forment un couple exerçant au 17è siècle des forces antagonistes. Un pouvoir royal ne peut accepter une religion autre que la religion du pouvoir et encore il la soumet, sauf à prendre le risque de laisser se développer un pouvoir concurrent sous une forme ou sous une autre.
La tolérance consiste alors à tolérer que la religion existe en tant minorité, rien de plus, en prenant des précautions et faute de mieux.
S'il s'avère que cette minorité se renforce, qu'elle tente de se constituer des bastions régionaux comme le protestantisme de l'ouest et du midi au 17è siècle et qu'elle ne se courbe pas, alors le pouvoir change d'attitude et revient sur son acceptation d'un régime minoritaire.
En terme de pouvoir, jusqu'au 17è siècle, tout est pouvoir et la tolérance est un risque.
C'est la philosophie politique des Lumières qui a changé le rapport de forces en imposant au 18è siècle une nouvelle approche. La tolérance au sens actuel est devenue une qualité démocratique, un signe positif pour qualifier un régime, une liberté, un plus, cependant que se mettait en place progressivement un dessaisissement du pouvoir temporel des religions qui a réglé le problème en facilitant la mise au point de la laÏcité.

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Message Publié : 16 Fév 2013 16:58 
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Jean-Claude a écrit :
Mais c'est vous qui voyez ça comme une régression! C'est un anachronisme. Dans la pensée du temps, chez les catholiques comme chez les protestants, l'unité religieuse et confessionnelle est très importante et tout le monde la souhaite!

J'ai eu l'impression trompeuse qu'il semblait plus facile de vivre sa religion outre-Rhin et que la cohabitation semblait plus harmonieuse, ceci sans doute dû aussi au choix qui me semblait massif des micro états vers la Réforme. Manifestement je me suis trompée.
Maintenant je reste sur l'idée que la "tolérance" ne peut avoir sa place sur certains sujets comme la religion et c'est justement la religion qui est mise en exergue lors de débat sur la tolérance.
La tolérance ne semble pas exister. Il existe des personnages historiques qui en firent le choix mais ce sont des exceptions sur lesquelles on bâtit un mot-concept. Voyons plutôt ces personnages comme des humanistes mais la tolérance au grand siècle, je ne la trouve pas, pas plus chez ceux qui détiennent un pouvoir quel qu'il soit que chez les écrivains bien qu'ils s'en défendent à longueur de pages. Voilà, la tolérance existe sur papier agréable à lire : de là à s'y essayer...
Concernant la laïcité, elle semble aussi couvrir de par un amalgame, des actes d'intolérance qui pourraient se parer étrangement du manteau "compréhension" ou "respect de l'autre" et pour certains "laxisme". On peut le constater chaque jour.
Difficile de trouver des exemples au XVIIème...

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Message Publié : 16 Fév 2013 19:38 
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Je suis entièrement d'accord avec Jean-Claude : voir la révocation comme une régression est anachronique.

Je travaille actuellement sur un personnage du Sud-Ouest de la France, converti et j'ai à cette occasion creusé un peu la personnalité du Procureur général de la Chambre de l'édit à Castres (Fabry) : catholique, il fréquente l'académie locale fondée par les protestants et dont la majorité des memebres était calviniste. Il a une relation trés apaisée avec ses collègues huguenots, mais il se considère comme en "mission" (comme un missionnaire) et qualifie le mi-partisme de "malheur du temps". Cela se passait en 1638, un peu moins d'un demi-siècle plus tard, la "confessionnalisation" de la société locale se sera radicalisée et la coexistence rendue impossible par les entreprises de "recatholisation" de la monarchie absolue (qui y voit un vecteur de pénétration dans des zones où le lien royal était faible jusque vers 1660).


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