gamelin a écrit :
Cependant, d'après vous, quels ont été les arguments principaux avancés par les adversaires de la tolérance, de l'édit de Nantes en 1598 à la révolution, en 1789?
Pour comprendre le concept de tolérance au 17è siècle, il est impératif de rappeler que règne alors sur les esprits un corps de principes moraux et politiques intégrés à la culture de l'époque en France notamment.
Défendre ces principes a pu par conséquent sembler essentiel, plus que de défendre la liberté ou la tolérance, cette dernière étant même probablement perçue comme une faiblesse devant le danger de corrompre la société. Liberté et tolérance étaient alors à mon avis du moins, au 17è siècle encore, des idées dangereuses susceptibles de miner une société.
Parmi ces principes, la priorité donnée à la stabilité de la société, sa cohésion, le respect du principe un royaume une religion, l' importance d'éviter à tous prix les luttes religieuses du siècle passé, la croyance naïve que le catholicisme est la seule religion concevable en France, le principe d'ordre, la certitude d'être dans le vrai, un peu comme Saint-Just s'écriant: "pas de liberté pour les ennemis de la liberté" si paradoxal dans un mouvement qui a promu les droits de l'homme.
A cette époque du 17è siècle, être tolérant, c'est pour la majorité, en dehors d'une partie de l'élite, accepter pour la société de l'époque de prendre le risque du désordre et de la remise en cause de l'ordre ancien.
La tolérance était - elle d'ailleurs le principe des protestants dans les pays acquis à cette religion ? J'ai cru comprendre que non dans plusieurs cas, dans mes souvenirs et me rappelle Calvin à Genève au siècle précédent. Mais je connais mal et ne demande qu'à être éclairé sur ce point de la tolérance de ceux qui se réclament de la tolérance quand ils sont dominants au 16è et 17è siècle.
Le pouvoir change tout. Il corrompt dans tous les camps selon la formule anglaise: "le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument" de lord Acton qui est également attribuée à Machiavel.
Henri Pirenne: « Si l’inquisition [catholique] fut aussi facilement accueillie, c’est qu’elle apparut aux classes possédantes, au moment où l’Europe venait de connaître les folies de l’anabaptisme communiste, comme le moyen suprême de défendre l’ordre, non seulement contre l’hérésie, mais surtout peut-être contre les théories sociales subversives ».