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Message Publié : 07 Juin 2014 20:56 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 13 Jan 2013 13:11
Message(s) : 414
Sans dire que "les médecins tuaient leurs malades" (pas toujours du moins) on a l'impression que les résultats étaient très variables selon les pathologies. Tantôt leur intervention est bénéfique, tantôt inutile, tantôt le mal s'aggrave ou un nouveau mal apparaît. S'y ajoute une part aléatoire de "chance".

Quoi qu'il en soit la méfiance envers les médecins existait bel et bien, et on est en droit de penser qu'elle était en partie fondée.

Voici une gravure allemande du XVII ém siècle représentant un médecin. lol
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Message Publié : 07 Juin 2014 23:18 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
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Je ne retire pas un iota de ce que j'ai dit précédemment. Les médecins au dix-septième siècle étaient plus nuisibles qu'utiles. Bien entendu, quand je dis que le médecin tue, je force un peu le trait.

Merci pour vos liens qui confirment ce dont je ne démords pas.

- http://philosophiascientiae.revues.org/105 : avec l'influence de Descartes sur les médecins on reste dans la philosophie. C'est un progrès parce que cela prépare les esprits à la révolution scientifique, mais cela ne fait pas encore de la médecine une science. Descartes n'apporte rien d'utile aux thérapies. Or l'efficacité de la thérapie est la seule chose qui intéresse le malade.

- http://www.medarus.org/Medecins/Medecin ... 17-18.html
L'édit de 1707 fait un triste constat : "empêcher que des personnes sans titre et sans capacité ne (continuent) d’exercer la médecine sans y apporter souvent d’autre dispositions que l’Art criminel d’abuser de la crédulité des Peuples." La médecine était bien le domaine des charlatans : "La reconnaissance des maladies reste approximative et confuse; la thérapeutique demeure conventionnelle et sommaire. Professeurs d’universités et modestes médecins de village se bornent à appliquer le traitement qu’énonce le Bachelier du Ballet du Malade Imaginaire : “Clysterium donare postea saignare, ensuita purgare…”." En conclusion : "Tout instruit, honnête et convaincu qu’il soit, le médecin de l’époque obtient finalement de bien maigres succès."

- http://www.ralentirtravaux.com/lettres/ ... u-xvii.php : "Au XVIIe siècle, on croit à la théorie des quatre humeurs («liquides») : le sang, la lymphe, la bile jaune et la bile noire. On pense que la santé repose sur l'équilibre de ces quatre humeurs. Tout déséquilibre entraîne des «sautes d'humeur» ou menace la santé. Pour rétablir l'équilibre, c'est-à-dire pour soigner le patient, on pratique des saignées (écoulement du sang), des purges, des lavements ou des régimes. Ces pratiques ont évidemment pour conséquence d'affaiblir le malade."

- http://www.chups.jussieu.fr/polys/histo ... ecine3.htm : On découvre la circulation du sang. Cette idée neuve est mal acceptée : l'université est obscurantiste. La théorie mécaniste commence à remplacer la théorie des humeurs : "Les organes « glanduleux » ou vésiculeux » semblent fonctionner comme de petites machines que les progrès de l’optique (loupes, microscopes) permettent d’observer ou plutôt d’imaginer." Le problème est tout d'abord qu'on imagine plus qu'on n'observe, ensuite que ces observations ne permettent pas encore de faire évoluer les thérapies. Quelques très timides progrès toutefois pour certaines affections comme l'ipéca pour traiter les dysenteries ou le mercure pour des parasitoses.

- http://www.biusante.parisdescartes.fr/s ... rticle.htm : "la médecine que nous avons rencontrée est plus empirique que savante, plus magico-religieuse que scientifique. Elle se caractérise par son insuffisante efficacité thérapeutique avant la révolution pasteurienne, le seul progrès sensible résidant dans une lente amélioration des conditions de vie."

- http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_d ... 3%A9decine : "Malgré toutes ces découvertes la thérapeutique n'évolue que très peu, les études de médecine étant toujours fondées sur la lecture des textes anciens. Au XVIIe siècle, il existe environ deux cents médecins dans toute la France. Le peuple fait appel au barbier ou au rebouteux avant de finir à l'hôpital. Les médecins n'ont que peu de méthodes de soins ; les plus connues sont le lavement et la saignée. Cependant un médicament va être découvert, la quinine, connue en Amérique du Sud depuis les Incas et qui permet de soigner la malaria ou le paludisme."

- http://acta-diurna.over-blog.com/articl ... 19072.html : "Les médecins n’étaient qu’une engeance parmi tant d’autres que Molière se complaisait à caricaturer… Et n’oublions jamais que la caricature repose toujours sur une réalité !"

- http://www.cosmovisions.com/EmpirismeMedical.htm : définition du terme empirique. Il semblerait que vous ignoriez l'acception donnée couramment au mot empirique dans le domaine scientifique. Un résultat empirique est un résultat auquel on est parvenu par l'observation ou l'expérimentation sans qu'on soit à même de fournir une explication théorique. L'efficacité de la quinine pour le traitement du paludisme étaient, pour les Incas, une connaissance empirique. Ils avaient constaté que c'était efficace sans être en mesure d'expliquer pourquoi. Si la médecine du dix-septième siècle avait été moins dogmatique et plus empirique, il est probable qu'elle aurait mieux tiré parti des possibilités thérapeutiques offertes par les plantes et les minéraux, mais, surtout, elle aurait définitivement abandonné la pratique de la saignée après le constat que cela ne faisait qu'aggraver l'état des malades.

La médecine du dix-septième siècle peut se comparer à l'astrologie. On croit à l'efficacité de la saignée comme on croit à l'influence des planètes. C'est totalement irrationnel. Néanmoins, en médecine comme en astronomie, on progresse. On observe et on observe bien. C'est un début et ce sera utile ultérieurement. Mais on ne sait pas expliquer. On découvre que le sang circule, mais on ignore encore quelles sont les fonctions du sang dans l'organisme. Pour commencer à s'en faire une idée il faudra attendre les débuts de la chimie à la fin du dix-huitième siècle et pour que la médecine devienne véritablement une science il faudra attendre Pasteur. Il y a des progrès certes, mais ils ne servent à peu près à rien aux patients.


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Message Publié : 08 Juin 2014 0:45 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 05 Juil 2011 14:39
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Barbetorte a écrit :
Je ne retire pas un iota de ce que j'ai dit précédemment. Les médecins au dix-septième siècle étaient plus nuisibles qu'utiles. Bien entendu, quand je dis que le médecin tue, je force un peu le trait.

J'ai trouvé honnête de vous faire partager ces liens.
Je savais déjà pour le retard incroyable face à la médecine arabe. Ceci ne va plus me faire apprécier Molière ;) je ne prise pas les grosses farces et le "rationnel" ne sera pas plus pour moi une patente surtout pour ce qui concerne le médical. Nous avons là encore beaucoup de retard face à nos voisins.
Citer :
Et n’oublions jamais que la caricature repose toujours sur une réalité !

Je ne cautionne pas cette assertion égale au fameux : "il n'y a pas de fumée sans feu" qui permet toutes les dérives et amalgames. Si j'ai mentionné le lien évoquant le terme "empirique', c'est pour que vous rebondissiez car le mot "dogme" me gêne un peu. Il y a à creuser du côté "irrationnel" et de tout ce qui n'obéit à aucune mécanique.
Je suis heureuse que ces liens aient consolidé votre démonstration. On apprend toujours et j'ai appris.
Grand merci à vous pour ceci. ;)

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"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


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Message Publié : 09 Juin 2014 19:22 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
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Je suis heureux qu'on puisse poursuivre cette discussion sereinement.

Je ne suis pas non plus un adepte du "Pas de fumée sans feu", formule des condamnations expéditives et sans appel prononcées sur le zinc du café du commerce.

Le Misanthrope est certainement de plus haute volée que Le Médecin Volant mais, d'Aristophane à Michel Audiart, voire même à Coluche, il y a une place pour le rire et l'impertinence. Même écrit par Rabelais et imprimé dans la collection de La Pléiade, "Femme folle à la messe et femme molle à la fesse" n'est pas l'expression d'une quintessence de la pensée. Mais cela fait partie du tout et l'on ne peut éditer Rabelais en expurgeant son oeuvre des plaisanteries de corps de garde.

Sur la question de savoir comment les patients du dix-septième siècle pouvaient accepter les traitements qu'on leur faisait subir, je pense tout simplement qu'ils y croyaient tout autant qu'y croyaient les médecins. Cela peut nous sembler difficile à admettre, mais c'est ainsi. Les modèles de pensée du dix-septième siècle étaient à certains égards différents de ceux d'aujourd'hui. On s'en rend mieux compte en prenant pour exemple Kepler et Newton. Képler découvre que les planètes tournent autour du soleil selon une orbite elliptique. Il observe le fait mais ne peut l'expliquer scientifiquement. Un chercheur contemporain admettrait modestement ne pas savoir pourquoi. Képler, lui, imagine des angelus rector guidant les planètes sur leur trajectoire. Newton, après avoir établi la loi de la gravitation universelle, se lance dans des travaux d'alchimie dont il n'est rien résulté. La rigueur scientifique ne s'est imposée que très progressivement. Sur les thérapies, on en restait à des idées reçues qui résistaient d'autant mieux qu'il n'était pas dans l'esprit du temps de les combattre. Harvey publia ses travaux sur la circulation du sang en 1628 mais au temps de Louis XIV de nombreux professeurs de médecine résistaient encore à cette théorie révolutionnaire bien qu'elle fût parfaitement démontrée. Il ne faut donc pas s'étonner qu'on ait cru dur comme fer à l'efficacité de la saignée. François Broussais, dans la première moitié du dix-neuvième siècle, la pratique encore. C'est ainsi que Louis XIII, bien qu'il lui paraisse que les soins prodigués par son médecin lui fassent plus de mal que de bien, finit par s'incliner. Car en matière de médecine, l'autorité appartient au médecin. Elle ne se conteste pas et même le roi s'y soumet.


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Message Publié : 09 Juin 2014 22:25 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 05 Juil 2011 14:39
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Localisation : Armorique
Barbetorte a écrit :
Je suis heureux qu'on puisse poursuivre cette discussion sereinement.

J'étais très sereine. Avez-vous déjà croisé une personne ayant l'ignorance triste ? ;)
Citer :
Mais cela fait partie du tout et l'on ne peut éditer Rabelais en expurgeant son oeuvre des plaisanteries de corps de garde....Sur la question de savoir comment les patients du dix-septième siècle pouvaient accepter les traitements qu'on leur faisait subir, je pense tout simplement qu'ils y croyaient tout autant qu'y croyaient les médecins.

J'ai en détestation tout style qui vise à faire rire grassement en se basant sur les cordes que nous connaissons et où il est de bon ton d'y voir un certain côté "potache" ou "viril".
Pour la foi en la médecine, ceci part toujours d'un rapport difficile à la mort. La médecine a su prendre ce créneau et s'y installer durablement. Nous continuons à entretenir le terreau d'une éthique fluctuante et prompte à toute dérive.
C'est pour ceci que le "rationnel" me semble avoir des limites. Beaucoup de ses apôtres seraient près à le jeter aux orties pour "un peu plus de temps" ou un éventuel "arrangement" avec les pouvoirs en place quels qu'ils soient.

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"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


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Message Publié : 09 Juin 2014 23:06 
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Inscription : 15 Avr 2004 22:26
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Localisation : Alsace, Zillisheim
Barbetorte a écrit :
Gaete, je ne parviens pas à discerner où vous voulez en venir , mais une chose est sûre : vous n'avez pas du tout saisi le sens de mes propos.

Au cours de ce fil de discussion, on s'est effrayé des traitement redoutables qu'on faisait subir à Louis XIV et on a posé la question : Pourquoi une telle confiance des malades envers la médecine ? Je me suis contenté dans mes deux premières interventions d'apporter l'avis que cette confiance n'était pas absolue, avis étayé par deux faits historiques. Le premier est relaté par des historiens, dont Michel Antoine : Mme de Ventadour, gouvernante du duc d'Anjou futur Louis XV, fit en sorte que les médecins n'approchassent pas de l'enfant tombé malade. Le second est le succès remporté par les comédies de Molière tournant les médecins en ridicule.

L'opinion exprimée par ces comédies est que les médecins ne savent rien, que ce qu'ils prétendent savoir n'est qu'un ramassis de stupidités proférés dans un galimatias dépourvu de sens mais censé faire illusion.

A posteriori un regard scientifique ne peut que confirmer cette opinion. Les dogmes admis par les médecins du dix-septième siècle ne reposaient sur rien, pas même sur des résultats empiriques.

En quelques mots :
- Les médecins tuaient leurs malades.
- On était parfois sceptiques vis à vis des médecins.

En ce qui concerne la rationalité des comportements, il est évident que l'apparition des méthodes scientifiques a profondément modifié le contexte, ce qui rend Molière caduc. En littérature, mais aussi dans la vie des gens, le docteur Knock a remplacé Diafoirus.


En fait, une bonne partie du savoir des médecins de l'époque repose sur l'empirisme. Mais, comme on ne comprend pas vraiment ce qui cause les maladies, on reste sur des postulats anciens comme la théorie des humeurs. Il s'avère que certains remèdes fonctionnent bien face à certains symptômes. Car il ne faut pas oublier que la médecine empirique ne peut qu'être symptomatique. Et cela va durer quelques temps. Par exemple, pour la fièvre, on a découvert de manière empirique plusieurs antipyrétiques. L'un des plus anciens est l'aspirine, ou plutôt diverses plantes qui possèdent à l'état naturel le même principe actif : l'acide acétylsalicylique. Il est très efficace. Mais, on pensait qu'il fallait lutter contre la fièvre. De nos jours, on a compris que la fièvre est une méthode de défense de notre organisme et qu'il faut seulement la contrôler pour éviter que la machine ne s'emballe.

Il faut attendre les découvertes de Pasteur pour qu'on commence à chercher les microbes responsables des diverses maladies. C'est ce qui va totalement changer l'approche médicale des occidentaux. Et ils vont passer de l'empirisme symptomatique à une vraie lutte contre la cause des maladies. Mais, pour cela, il faut identifier la cause des maladies.

Au passage, la découverte que les maladies sont causées par des organismes étrangers va modifier pas mal de choses sur le plan philosophique et religieux. Depuis longtemps des hommes ont pensé que si Dieu ou les dieux les rendaient malades, c'est qu'il avaient du leur déplaire d'une manière ou d'une autre. Après la découverte que les maladies avaient une cause, ce n'est plus Dieu qui est responsable, mais la Nature. Et cela change pas mal de choses.

_________________
Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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Message Publié : 16 Juin 2014 8:49 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 04 Mai 2010 14:51
Message(s) : 603
200 médecins pour tout le royaume me semble tres faible.Les facultés d'alors forment bcp d'étudiants (Montpellier/Paris/lyon).sans compter les médecins /chirurgiens de marine qui par leurs voyages autour du monde rapportent des pharmacopées.
Sinon pas de clichés .Vous citez la tuberculose osseuse,la rougeole ,la variole ,le charbon que la médecine de l'époque ne peut soigner;c'est encore le cas aujourd'hui :une rougeole chez l'adulte peut etre mortelle.
On ne soigne pas de maladie mais des symptomes.On ne peut donc écrire que le médecin "tue" à chaque fois.On soigne aussi les animaux de la meme maniére (médical= véterinaire ).


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