Johannus a écrit :
Quant aux adoubements de roturiers sur un champ de bataille la question demeure. Elle m'est inspirée par "L'armure de vengeance" un thriller de S. Brussolo.Etait-ce seulement possible ?
Tout dépend de l'époque. Jusqu'en 1200, l'adoubement est une formalité assez rudimentaire, une remise des armes selon la tradition germanique. Avec les années qui passent, le protocole s'étoffe et l'Eglise s'en mêle, donnant un tour de plus en plus religieux à la cérémonie.
Il n'y a pas d'étude des annales des adoubements pour la France. En revanche, pour l'Allemagne, les adoubements mentionnés dans les sources ont été répertoriés et l'on peut faire des statistiques.
On voit ainsi que la possibilité pour un roturier de se voir adoubé se réduit dans le même temps que le protocole se complexifie. Une sorte de double phénomène de "gentrification" et de "sacramentalisation" est en route, rendant la chevalerie de plus en plus exclusive (désolé pour les barbarismes, j'espère que je suis clair tout de même). Les empereurs Frédéric Ier et Frédéric II interdisent les adoubements de roturiers. Dans la pratique et en Allemagne, on voit les derniers adoubements de paysans au milieu du XIIè s., d'artisans et de bourgeois au XIIIè s.
Pour ce qui est du lieu, tout existe, sanctuaire d'un pèlerinage, tombe d'un saint, cour du château du suzerain... le champ de bataille apparaît en bonne place. Là aussi, cela dépend de l'époque. A mesure que la cérémonie se codifie, elle devient logiquement de mieux en mieux planifiée. La moitié des cas après le XIIIè siècle se déroulent à la Pentecôte. Donc, par définition, pas liés à une bataille, sauf coïncidence.
Tout cela est très bien expliqué, et bien plus encore, dans
l'Essor de la chevalerie, XIè-XIIè siècles, Jean Flori, 1986
Il y a aussi des explications sur le lien entre adoubement (dans sa version finale élaborée), noblesse, fortune dans
L'armée du roi de France: La guerre de Saint Louis à Philippe le Bel, Xavier Hélary, pages 1276 et suivantes.