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Jerôme a écrit :
Que faut il en penser quant aux mœurs du temps et au comportement de Pascal qu'on n'imaginait pas ainsi ?
Blaise Pascal n'est pas représentatif des mœurs de l'époque trop riche pour se réduire à une personne même si cette personne est BP.
Le XVIIIème est la continuation faite de au XVIIème. Ne serait-ce déjà que le rapport à la science pour mieux tout appréhender. Descartes -très en vogue le siècle suivant- bien qu'élevant le "
rationnel" en raisonnement en dispense la religion et le principe de "royauté" (l'essentiel de l'oeuvre de Descartes est écrit au hasard de l'Europe et essentiellement en Hollande ce qui l'exempte de toute censure sinon la sienne).
Il faut attendre un La Bruyère (repris par Montesquieu dans ses "
Lettres Persannes") pour s'étonner du rapport vertical d'un peuple à une force/pouvoir d'un seul ; de cette force/pouvoir à un dieu/totem. Les libertins -dont les principaux représentants- sont des huguenots convertis pousseront l'analyse plus loin en s'emparant de la méthode cartésienne pour l'appliquer à la religion.
Je vous laisse ces extraits qui montrent combien cette parenthèse légère dans la vie de Pascal a imprégné ses écrits ultérieurs.
[Rien n'est plus insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement … Il sent alors son néant, son abandon … son vide. Incontinent il sortira du fond de son âme l'ennui, … , le chagrin, … , le dépit, le désespoir.]Cet état n'épargne pas les plus "grands". BP fait alors la démonstration de l'impossibilité de
"rester seul avec soi-même". Que faire ? Se tourner vers une misère plus grande encore "
Le divertissement", ceci bien entendu est écrit après l'épisode que vous proposez.
[Les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, ils se sont avisés -pour se rendre heureux- de ne plus y penser.].Le divertissement n'est pas seulement plaisir chez BP, c'est tout ce qui
"… détourne l'homme de découvrir son néant." (di-vertere). Y entrent les métiers et les plus hautes fonctions : éternelles occupations factices de l'esprit afin de se duper sur l'essentiel.
[… Ils s'imaginent que, s'ils avaient obtenu cette charge, ils se reposeraient ensuite avec plaisir … Ils croient chercher sincèrement le repos, et ne cherchent en réalité que l'agitation.]Le divertissement est un leurre
[… car c'est cela qui nous empêche principalement de pensez à nous (en ce qui fait notre essentiel pour BP)
et qui nous fait perdre (qui nous perd)
insensiblement … Il (le divertissement)
nous fait arriver insensiblement à la mort. //
Nous courons sans souci dans le précipice, après que nous avons mis quelque chose devant nous pour nous empêcher de le voir.].
Ici BP a oublié les Stoïciens et se réfugie (maladie, souffrance ?) dans un profond pessimisme. Sa seule analyse sera désormais une balance. Dans un plateau : la misère ; dans l'autre, l'élévation. Pour abonder ce qui va vers le haut, il faut supporter le poids de la misère.
Il se garde cependant de voir en l'homme un condamné en sursis. La rédemption : l'Amour au sens paulien cad l'Amour/Agapè.
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