Bonsoir, C'est tout a fait celà. A part les régiments des princes ayant participé à la Fronde (où leurs régiments cassés ont définitivement perdu leur ancienneté même après leur réintégration, ce qui pour l'époque n'était pas un des moindres privilèges de préséance des régiments entre eux) ou certaines insubordinations, comme celle de Monsieur de Troisville (Tréville). Il y a toujours eu une certaine continuité, non sans contestations, dans la hiérarchie des corps de troupes. Donc on ne se débarrasse pas d'un corps ayant appartenu a Richelieu ou un autre gentilhomme comme cela. Si on le faisait on briserait un lien, le respect de la hiérarchie si chèrement acquise par tous les officiers de ce corps.
Le rang et l’ordre de préséance des régiments de l’armée française de l’Ancien Régime sont déterminés par leur ancienneté de création. La chose ainsi énoncée paraît simple, mais dans la réalité l’ancienneté était une question complexe à résoudre. Au cours des règnes de Henri IV, Louis XIII et Louis XIV, de très nombreux corps d’infanterie, de cavalerie ... avaient été sans cesse : levés, réformés ou licenciés, puis rétablis ou encore réduits à une compagnie, rendant très difficile de déterminer l’ancienneté exacte des corps. Les colonels propriétaires ou colonels-lieutenants étaient très sourcilleux sur ce point. Il ne s’agissait pas d’une simple querelle de Cour, les contentieux prenaient corps sur les champs de bataille ou durant les sièges, créant de véritables insubordinations (pour un regard moderne). Et les exemples sont très nombreux, où l’on doit séparer des régiments qui refusent de se céder la préséance d’une montée à la tranchée ou d’une position dans la ligne d’infanterie. Ce qui oblige par exemple sous Louis XIV à ne pas assembler dans un même corps d’armée La Marine avec celui de Rambures ou ceux de Picardie et de Piémont. Afin de régler ces querelles, en décembre 1653, Louis XIV demande que lui soient adressées toutes les pièces justificatives étayant les prétentions de chacun des régiments. Puis il fait paraître le 1er avril 1654, une ordonnance qui règle le définitivement le rang et le roulement des régiments entre eux. Certaines prétentions n’en seront pas pour autant éteintes. En1684, débute la brève guerre des Réunions, Louis XIV qui a besoin de troupes réunis les compagnies de garnison et transforme 26 d’entre elles en de nouveaux régiments. Mais, afin de ne plus avoir de querelle d’ancienneté, il échelonne la signature de leurs ordonnances de création chaque jour du mois de septembre, du 1er au 26 septembre 1684. Ainsi c’est le régiment de Flandre qui est officiellement créé le 1er septembre jusqu’au régiment de Luxembourg le 26 du même mois. Mais tout n'est pas réglé pour autant, ainsi Champagne roule avec les régiments de Navarre et Piémont, c’est-à-dire que ces trois régiments ayant été créés à partir des anciennes bandes armées à la même date, ils ont alternativement la préséance. Les contestations hiérarchiques entre ces trois régiments basées sur l’ancienneté commencent dès cette période. Ces régiments ont des historiques qui remontent bien avant 1558, mais c’est à cette date que leur constitution fut stable. Louis XIV en 1620, par une ordonnance règle un tour de préséance semestriel entre les régiments, mais un semestre s’avère trop bref, en particulier lors d’une campagne, aussi devient-il annuel par une autre ordonnance de 1666. Ce conflit sur la préséance va perdurer jusqu’en 1777. Les trois autres régiments qui suivent : Auvergne, La Tour du Pin et Bourbonnais sont dans le même cas, ils sont à la suite des trois précédents mais roulent ensemble. Las des querelles engendrées par ce problème, Louis XVI rassemble le 19 février 1777 les colonels de ces six régiments. « Sa Majesté fait tirer elle même dans son chapeau, les colonels, chacun suivant l’ancienneté de son rang de colonel, à commencer par les trois premiers régiments. Le nom qui est sorti le premier est celui du régiment de Piémont ; le second s’est trouvé être celui de Navarre ; et le troisième est celui de Champagne. Des trois autres régiments, celui de Bourbonnais est le premier, celui de Béarn est le second ; et le régiment d’Auvergne le troisième. » Le nouvel ordre, tiré du chapeau du roi finit de clore plus de 100 ans de contestations. Et les anecdotes sont encore nombreuses. JL
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