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Formation des armées nationales à l'époque moderne
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Auteur :  Helios [ 03 Mai 2005 20:50 ]
Sujet du message :  Formation des armées nationales à l'époque moderne

Comment étaient composées les armées nationales à l'époque moderne, par exemple les armées de Louis XIV?

S'agissait-il de mercenaires ou de soldtas véritablement nationaux? Y avait-il une conscription (et si oui, sur quel principe? ce n'était quand-même pas une mobilisation générale?) ou bien était-ce sur la base du volontariat?

Autre chose : en France, en théorie, ce sont les nobles qui combattent. Concrètement, comment se manifeste cette prééminence nobiliaire? J'imagine que la chair à canon n'est pas composée de nobles ; alors, est-ce que ce sont les grades d'officiers qui sont réservés à la noblesse?

Je sais qu'à partir de la Révolution française, il y aura des levées en masse. Les armées deviennent des armées de citoyens. Mais avant elle, si je suis roi et que je veux faire la guerre, comment je m'y prends pour recruter mon armée?

Auteur :  L'aubepine [ 05 Mai 2005 13:42 ]
Sujet du message :  Re: Formation des armées nationales à l'époque moderne

Bonjour Helios,

Helios a écrit :
S'agissait-il de mercenaires ou de soldtas véritablement nationaux? Y avait-il une conscription (et si oui, sur quel principe? ce n'était quand-même pas une mobilisation générale?) ou bien était-ce sur la base du volontariat?


Il y avait des soldats nationaux ainsi que des étrangers (suisses, reîtres, hussards, lansquenets). Les soldats nationaux étaient recrutés par les sergents des différents régiments. Pour ce qui est des moyens de recrutement, il y en avait deux. Celui où le sergent recruteur connaissait ses recrues -au moins par personnes interposées- et puis ce que l'on appelle le racolage. Malgré les ordonnances royales rappelant l'interdiction des engagements forcés, il était courant d'utiliser la tromperie ou la violence pour recruter (racoler) les jeunes paysans venant tenter leur chance à la ville.

Grâce à Le Tellier et à Louvois, Louis XIV possédait la plus puissante armée permanente d'Europe. Pour constituer cette armée régulière, on institua une forme de devoir militaire dans les régions côtières ou les places fortes. Les jeunes gens y étaient soumis par tirage au sort en échange de certains avantages. A partir de 1688, je crois, Louvois organise la milice, une armée de réserve: chaque paroisse devait fournir un certain nombre d'hommes, désignés, une fois de plus, par tirage au sort. A partir de 1702 ce devoir devint un service militaire obligatoire. Cette armée était pour la première fois vêtue d'un uniforme et la baionnette était définitivement adoptée. (Désolée pour le tréma, je ne sais pas comment il se met sur mon clavier)

Citer :
Autre chose : en France, en théorie, ce sont les nobles qui combattent. Concrètement, comment se manifeste cette prééminence nobiliaire? J'imagine que la chair à canon n'est pas composée de nobles ; alors, est-ce que ce sont les grades d'officiers qui sont réservés à la noblesse?


Les régiments étaient confiés à la noblesse, bien entendu. Condé, Turenne, Luxembourg sont sûrement les exemples les plus connus au XVIIème. Je crois qu'effectivement tous les grades d'officier étaient tenus par des princes de haut lignage. C'était leur privilège de commandement en tant que nobles. Mais le Roi avait toujours le dernier mot, cela va de soi... :wink:

En temps de paix, les régiments étaient casernés dans des citadelles fixes. L'âge de retraite était fixé à 50 ans; mais je ne sais pas si cette limite concernait tous les grades.

Voilà tout ce que je puis vous dire là dessus, Helios.

Cordialement,

Auteur :  Jean-Marc Labat [ 05 Mai 2005 14:40 ]
Sujet du message : 

Vaste sujet qui mérite mieux qu'une petite réponse, si complète soit-elle.
Voici un ouvrage qui vous apprendra tout sur l'évolution vers l'armée permanente jusqu'à la Révolution. Le téléchargement est gratuit et ce livre est à lire sans modération.

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?D ... =NUMM-7088

Auteur :  L'aubepine [ 05 Mai 2005 15:02 ]
Sujet du message : 

Jean-Marc Labat a écrit :
Voici un ouvrage qui vous apprendra tout sur l'évolution vers l'armée permanente jusqu'à la Révolution.

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?D ... =NUMM-7088


Alors là, merci J.-M. Labat! Cela faisait quelque temps déjà que je recherchais un ouvrage aussi complet sur le sujet! Encore une fois, merci!

Cordialement,

Auteur :  C.Douville [ 05 Mai 2005 15:59 ]
Sujet du message : 

Bonjour,

Les début du fantassin national Français furent difficiles. A partir du 16eme siècle, la nouvelle tactique militaire ayant démontré l'efficacité du fantassin vis-à-vis de la cavalerie lourde, notamment dans les armées Suisses et Espagnoles, certains rois de France (Louis XI, François 1er) souhaitèrent introduire une infanterie nationale et efficace pour l'armée de France. Pourquoi national ? Déjà, en premier lieu, moins coûteux que le mercenaire étranger. En second lieu, probablement plus sur! Enfin, par fierté nationale. Malheureusement, la fin du 15eme et une bonne partie du 16eme siècle ne souriront pas encore au fantassin national Français. La demande de fantassins Français par le Roi dérangea constamment les nobles. En effet, se comportant souvent assez mal avec le peuple, les nobles avaient tout intérêt à ne pas enseigner l'art du combat à des paysans pouvant ensuite profiter de leur savoir militaire pour se venger des maux que ces mêmes nobles leurs avaient fait subir. Devant néanmoins obéir au Roi, les nobles recrutèrent et amenèrent des fantassins Français aux armées de France. Cependant, les nobles ayant fait en sorte de mal entraîner les fantassins nationaux, ces derniers déçurent constamment par le Roi par des prestations plus que médiocres sur les champ de bataille de la fin du 15eme siècle jusqu'à la fin du 16eme. Désespérés, les Rois de France de cet époque recrutèrent des mercenaires étrangers pour former leur infanterie.

Du fait de la ténacité des Rois et, en autres, de Richelieu, les mentalités évoluèrent un peu et la formation militaire des fantassins Français évolua peu à peu. Au début du 17eme siècle, nous réussissons à obtenir une bonne infanterie nationale composée des cinq "vieux" régiments (Marine, Normandie, Picardie, Champagne, Piémont) mais aussi de plusieurs "petits vieux" (Bretagne, de Limousin et Roussillon). Ces régiments Français représenteront la majorité de l'infanterie à Rocroi et certains s'illustreront dans cette bataille, ainsi que dans toutes celles du 17eme siècle. Cependant, la milice Française restant médiocre et les bons régiments Français étant encore peu nombreux, le recrutement étranger continua au 17eme siècle. A la fin du 17eme siècle, Louis XIV disposait d'une armée impressionnante de 300 000 hommes mobilisables en peu de temps, trois quart de Français et un quart d'étrangers, parmi lesquels l'on trouvait des Suisses, des Italiens, des Croates, des Allemands, des Belges, des Irlandais. Des mercenaires étrangers, il y en avait dans toutes les armées de l'Europe, l'armée Suédoise de la guerre de trente ans recruta des Irlandais et des Ecossais, mais les fantassins Suédois étaient très bons. Pour l'armée Espagnole, même si les fantassins nationaux étaient aussi très bons, l'armée de Rocroi présenta un nombre impressionnant de mercenaires, Italiens, Allemands, Belges, Lorrains.

Sous Louis XV et sous Louis XVI, l'armée baissa ses effectifs et mêmes s'ils étaient toujours présents, les étrangers furent un petit peu moins nombreux en proportion. Un peu plus des trois quart des soldats de l'infanterie étaient Français, le reste était étranger, avec surtout des Suisses, des Allemands et des Irlandais. Il est cependant important de préciser qu'un bon nombre d'Alsaciens et de Lorrains combattaient dans ces régiments "Allemands", c'est notamment le cas du Royal Deux-Ponts et du sois-disant "Royal Suédois". De 1700 à 1789, 1 700 000 Français et 300 000 étrangers servirent comme soldats en France. J'ai évoqué le cas des armées Espagnoles et Suédoises du 17eme siècle, l'armée Anglaise du 18eme siècle présenta un exemple impressionnant en matière de recrutement de mercenaires étrangers. A titre d'exemple, pour combattre dans les actuels États-Unis, en plein guerre d'indépendance Américaine, l'armée Britannique recruta, en outre de ses sujets Britanniques, trente milles mercenaires Allemands, en majorité des Hessois et des Hanovriens.

L'armée Française de la révolution fut la panoplie pratiquement complète de la première armée Européenne véritablement nationale. Elle le fut à 97 %. Après les désertions, l'infanterie de l'ancien régime présenta en 1792 soixante-dix régiments Français et seulement onze étrangers (Irlandais et Allemands seulement, les Suisses ayant disparus entièrement après le licenciement de 1792). Quand aux volontaires Français des départements, ils représentèrent la majorité des combattants (levée de 300 000 Français en 1793 suite à Neerwinden). La révolution Française fut d'ailleurs une période où les Français collectionnèrent un garnd nombre de victoires militaires et de conquêtes, même si cela est superbement ignoré par les historiens Français. Il faut reconnaître que les volontaires Français furent souvent assez bien formés au combat par les vétérans de l'ancien régime.

Sous l'Empire et sous les autres régimes suivants, l'armée Française ne recruta pratiquement que des soldats nationaux Français (mis à part les contingents Alliés de Napoléon, les Français annexés du 1er Empire et sous les autres régimes avec les tirailleurs indigènes et les légionnaires).

Auteur :  Invité [ 12 Mai 2005 14:30 ]
Sujet du message : 

Au XIVème siècle, les armées étaient généralement constituées de nobles et de milices. Les nobles étaient complètement entraînés à la guerre à leurs frais, cet entrainement étant considéré comme le juste retour des avantages en nature dont ils bénéficiaient dans la société. Les milices étaient constituées de paysants armés le temps d'une campagne et médiocrement entrainés, parce que l'essentiel de leur temps était consacré aux travaux des champs. Ni les nobles ni les milices n'étaient salariés. Les nobles combataient à cheval.
Au XVIIème siècle, les armées étaient constituées principalement de fantassins professionels salariés ("soldés"...), qui n'étaient pas astreints au travaux des champs et qui étaient complètement entrainés. Ces fantassins étaient commandés par des nobles et pouvaient être complètés par des troupes de milice, considérées comme nettement moins efficaces.
Pour passer d'une organisation a l'autre, il y a eu des barrages socio-culturels, dont la crainte d'enseigner complètement le métier des armes à des non-nobles, et des barrages économiques/organisationnel : mettre en place une fiscalité permettant de payer les soldes, y compris en temps de paix.
Les Français ont généralement eu un train de retard dans cette évolution. Par exemple, la bataille de Crécy s'explique en grande partie par l'affrontement d'une armée organisée "à l'ancienne" (chevaliers + milice) avec une armée plus moderne ("soldats"...).
Les mercenaires joueront un rôle précurseur dans le nouveau type d'organisation en montrant l'efficacité des troupes de fantassins professionels. On en trouve des exemples dés le XIIIème siècle ("Amulgavars....").

Auteur :  Jean-Marc Labat [ 12 Mai 2005 15:36 ]
Sujet du message : 

Le problème de l'armée royale française à la fin du Moyen-Age est de passer de l'individuel au collectif. Le temps des grands coups d'épée et des exploits purement individuels se termine et les nobles ne comprennent pas que l'armée est un tout qui doit savoir manoeuvrer ensemble.

Il est vrai que le fait d'être soldé favorise l'obéissance aux ordres, et que l'armée de Charles VII gagnera en efficacité de ce fait. On obeit à celui qui paye !!!

Mais c'est surtout la technique de l'infanterie suisse qui mettra fin à des siècles de suprématie de la cavalerie "blindée".

Auteur :  Invité [ 12 Mai 2005 17:39 ]
Sujet du message : 

Jean-Marc Labat a écrit :
Mais c'est surtout la technique de l'infanterie suisse qui mettra fin à des siècles de suprématie de la cavalerie "blindée".


...avec cette remarque que la technique de l'infanterie Amulgavar avait déja démontrée sa suprématie évidente sur la cavalerie...du XIIIème siècle, indépendamment des succès des archers Anglais à Crécy et des bons résultats des troupes d'infanterie permanente dépendant des ordres religieux en Palestines.


on peut donc croire qu'indépendamment du point technique, qui a été démontré par les Suisses, mais déja par beaucoup d'autres bien avant eux, il fallait dabord et surtout des structures permettant la collecte de l'impot et le paiement régulier de la solde des troupes.
C'est ce point là surtout qui a été difficile à mettre en place, et probablement plus difficile en France que dans d'autre pays.

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