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Ne confondons pas tout.
Certainement, d'autant plus qu'il n’est question dans mon message initial que du cas d’un cadet capétien abandonnant ses armes et prenant le nom de la terre de sa femme comme titre principal. Je persiste à dire que je n’en vois pas d’autres exemples, mais il peut en exister, fort rares à coup sûr.
Mais puisque vous voulez généraliser aux princes territoriaux et à la noblesse seconde, allons-y, car les cas sont à peu près semblables.
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Quand Jules de Trifouilly épousait Gerberge, dame de Tataouine, et que par là il devenait seigneur de Tataouine, il portait le titre de "seigneur de Tataouine". Et sa descendance après lui.
Bien évidemment, il ajoute la terre de sa femme aux siennes, mais il n’en prend pas le nom... Quand Jules de Trifouilly avait épousé Gerberge, héritière de Tataouine, il restait Jules de Trifouilly, seigneur de Trifouilly et de Tataouine avec la mention « jure uxoris » (du chef de sa femme) qu’on trouve habituellement dans les textes. A condition d’ailleurs que le contrat ne réserve pas exclusivement à l’épouse l’usufruit de sa terre, voire le douaire si elle survit à son mari, auquel cas l’enfant n’héritera même pas de cette terre maternelle dès la mort de son père. Possiblement aussi, ils (ou elle seule) pouvaient donner de leur vivant à Guillaume, en général leur cadet, cette terre comme titre principal et il devenait alors Guillaume de Tataouine, mais à condition qu’il y ait un aîné qui perpétue le nom de Trifoully.
Prenons un exemple symptomatique concernant justement une branche cadette des Bourbons, celle des Vendôme : en 1487, François Ier, comte de Vendôme, Marle, Soissons, Conversano, etc... épouse Marie de Luxembourg, comtesse de Saint-Pol ; il reste Bourbon, de même que ses enfants, et ajoute le titre de comte de Saint-Pol. C’est son fils cadet François qui hérite du titre de comte de Saint-Pol, mais garde le nom. De même, quand celui-ci épouse Adrienne dame d’Estouteville en 1535, seule héritière de Jean III, cette terre est érigée pour lui en duché, mais il reste encore Bourbon, ainsi que leur seul fils François II, qui devient à la mort de son père en 1545 duc d’Estouteville et comte de Saint-Pol. Comme il meurt sans postérité l’année suivante, on marie sa soeur, Marie de Bourbon, à Jean de Bourbon, comte de Soissons et d’Enghien, son cousin, pour garder Estouteville dans la famille, mais lui non plus ne relève pas le nom d’Estouteville, bien qu’il en soit duc. La seule concession stipulée dans le contrat de mariage était que lui et ses descendants écartèlent leurs armes avec celles d’Estouteville, ce qui fut éphémère puisqu’il n’y eut pas postérité.
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Il arrivait parfois que le nom de Trifouilly soit abandonné, pour ne retenir que celui de Tataouine, qui était celui de la seigneurie possédée. Il y a de nombreuses familles féodales qui ont changé de nom en héritant, par mariage, d'une nouvelle seigneurie.
Il est souvent arrivé que le mari, puis le fils, adoptent en outre les armoiries de ladite terre.
Si par « parfois », vous entendez rarement, nous sommes d’accord, car non, ces cas de relèvement d’armes ne sont pas arrivés souvent. Ils étaient si peu habituels qu’ils donnaient lieu à de longues négociations qui ont laissé d’importantes traces dans les archives et sont aujourd’hui connus de tous les généalogistes. Il fallait vraiment que l’héritage en vaille la peine, pour qu’une famille accepte de renoncer à ce qui était l’essentiel de son identité, son nom, ses armes et j’ajoute aussi son « cri » qui était toujours inclus dans le « paquet ». Un cas célèbre fut la double tentative des Laval en 1220 puis en 1405 :
- en 1220 lorsque la fille unique de Guy VI épousa Matthieu de Montmorency à condition que l’aîné des enfants (et en aucun cas d’ailleurs Matthieu, le mari, lui-même, je vous le fais remarquer) porte le nom et les armes des Laval ; Leur enfant Guy VII releva effectivement le nom des Laval, car Matthieu avait déjà d’autres garçons d’un premier mariage pour perpétuer son nom des Montmorency, mais la clause des armes ne fut pas respectée : les coquilles qui brisent la croix des Montmorency-Laval sont celles de son demi-frère Matthieu seigneur d’Attichy, que Guy VII adopta à la mort de celui-ci en 1250. Il n’est donc rien resté du léopard des Laval.
- En 1405, lorsque Guy XII, dernier seigneur de cette branche des Montmorency-Laval marie Anne, sa fille unique à Jean de Monfort, seigneur de Kergorlay. Là, la clause nomme expréssément le mari Jean lui-même, et les termes seront respectés à la lettre et même davantage, Jean renonçant en plus à son prénom pour prendre le prénom traditionnel des Laval en devenant « Guy XIII ». Il est probable que Guy XII étant encore vivant mais très âgé (né vers 1327, il n'est mort qu'en 1412), il ait voulu s'assurer que le contrat serait respecté sans attendre des héritiers mâles, qu'il n'aurait peut-être jamais vus.
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Ceci explique que des branches de la maison royale se soient nommées : Bourgogne, Courtenay, Bretagne etc.
Aucun duc de Bourgogne issu des capétiens n’est devenu duc par son mariage avec une héritière bourguignonne, comme il a été déjà dit, Courtenay est comme il a été dit un cas particulier ; quant à la Bretagne, je ne comprends pas ce que vous voulez dire :
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Le cas de la Bretagne est caractéristique : n'oublions pas qu'Anne de Bretagne était une capétienne ...
Aucun duc de Bretagne ne le fut par mariage, encore moins un capétien (je vous rappelle que c’est sur ce point précis que j’argumentais). Le seul cas approchant d’un mari d’une héritière de Bretagne avant Anne fut Pierre Ier Mauclerc, qui épouse Alix, la fille d’Arthur Ier en 1213 ; mais il ne fut pas duc à part entière pour autant, son titre était « baillistre de Bretagne», c’est-à-dire qu’il a la tutelle des enfants de son épouse et la garde de leur héritage durant leur minorité. Quand son fils Jean Ier l’atteint, en 1237, c’est lui qui devient duc de Bretagne tandis que son père se retire puis prend le nom de Pierre de Braine. Bien sûr, comme c'était un Dreux, c’était aussi un capétien (arrière petit-fils de Louis VI), de même que l’arrière-arrière grand père d’Anne de Bretagne était Charles V, mais à ce compte-là, les ¾ des princes européens de cette époque sont des Capétiens...
Je suis tout prêt à poursuivre cette discussion, mais je vais être absent dans les jours qui viennent, aussi, ne vous formalisez pas de mon silence...