Bonjour,

Pour ceux qui se souviennent de moi, je fais mon come back avec quelques mois de plus, des intérêts quelques peu divergents et peut être un peu plus de plomb dans la tête.

Ma question porte sur les notions de "Réforme catholique" et "Contre-Réforme" ; j'ai su grâce à certains topics (et à Universalis d'ailleurs) que c'étaient un peu les deux pendants d'une même médaille. Seulement j'ai dans mon manuel d'art (Temps Modernes, chez Hachettes) la phrase suivante :

"De 1580 à 1640, Rome est la capitale des arts. Siège de la papauté, qui retrouve son prestige après le concile de Trente, elle est le centre d'une réforme interne de l'Eglise - la Réforme catholique à la fin du XVIe siècle- et du triomphe du catholiscisme, dans sa volonté d'universalité au XVIIe siècle - la Contre-Réforme."

Le rapport entre les deux termes serait donc chronologique? Qui pourrait éclairer ma lanterne?

Merci à tous,

Maialen

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"Le signe le plus flagrant qu'une vie intelligente existe quelque part dans l'univers, c'est que personne n'a essayé de nous contacter" Bill Watterson, Calvin & Hobbes

Réforme catholique et Contre-Réforme ne sont pas liées par un rapport chronologique. Les deux mouvements sont simultanés. Le grand moment de leur émergence est le Concile de Trente, même si l’on peut en voir des prodromes bien avant.
Ce concile prend principalement deux types de mesures :
-des mesures de type disciplinaire pour améliorer la vie du clergé, le rendre plus conforme aux attentes et aux angoisses des fidèles. C’est ainsi que, par exemple, des séminaires sont créés dans chaque diocèse (même si ces créations se font très lentement). C’est ce type de mesure qui donne naissance à ce que l’on appelle la « Réforme catholique ».
-des précisions sur le dogme, qui vont presque toujours dans le sens d’une radicalisation des éléments contestés par les protestants (culte des saints, transsubstantiation, place de la Tradition, etc.) Ce sont ces précisions qui marquent un tournant dans le processus de confessionnalisation et que l’on peut légitimement considérer comme étant le fondement de la « Contre-Réforme ».

Généralement, les deux aspects allaient ensemble et ne sont en réalité séparées que sous la plume des historiens. Ce sont surtout les historiens des vingt dernières années (notamment Schilling) qui ont élaboré le concept de confessionnalisation et la distinction entre Réforme catholique et Contre-Réforme.
Pendant longtemps, la vision de l’histoire du protestantisme et du temps des Réformes était celle des historiens luthériens allemands, voyant une phase de pré-Réforme, la Réforme protestante et la Contre-Réforme. Cette vision était bien évidemment trop centrée sur le protestantisme et devenait même tautologique. C’est pourquoi, dans la lignée de Pierre Chaunu notamment, les historiens ont désormais fait émerger le concept de « Temps des Réformes », montrant que le bouillonnement intellectuel de la fin de Moyen Age a donné naissance à diverses formes de Réforme, dont la catholique fait pleinement partie.

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«L'humanité est comme un paysan ivre à cheval: quand on la relève d'un côté, elle tombe de l'autre.»
(Martin Luther)

Cette distinction a été largement débattue ici, merci de vous y reporter:
http://passion-histoire.net/phpBB3_Fr/v ... =r%E9forme

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Tous les désespoirs sont permis

Mille excuses, Jean-Claude, nos posts sont simultanés...

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Tous les désespoirs sont permis

Pardon . J'ai répondu par instinct, sans avoir pris soin de me souvenir que le sujet avait déjà été traité...

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«L'humanité est comme un paysan ivre à cheval: quand on la relève d'un côté, elle tombe de l'autre.»
(Martin Luther)

Oui, je l'avais lu, mais dans le bête culte estudiantin rendu à mon manuel je voulais quand même être sûre de mon coup . J'espère donc qu'on me pardonnera ce "doublon".

Maialen

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Pas de problème, ce fut l'occasion d'une brillante synthèse qui n'existait pas sur l'autre sujet.

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Tous les désespoirs sont permis

Puisque l'interrogation de départ provient d'un manuel d'histoire de l'art, je voudrais juste ajouter qu'on distingue effectivement 2 moments dans l'art qui accompagne et soutient la réaction catholique....

Un premier moment qui encourage le retour à plus de sobriété, voir d'austérité, autour des églises des Oratoriens nottament la Chiesa Nuova à Rome, et dont l'Escorial est par ailleurs un des plus parfaits exemples...

Un deuxième moment, celui de l'Eglise Triomphante, que l'on fait démarrer avec le pontificat d'Urbain VIII en 1623, et qu'illustrent les oeuvres de Rubens, Bernin, Borromini, Pierre de Cortone pour la première génération, puis Baccicio et le père Pozzo pour les décors...

D'où probablement la distinction précisée dans le manuel (s'agit-il de celui dirigé par Daniel Rabreau et Claude Mignot?)

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"Bienheureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière" (Michel Audiard)

Effectivement, dit comme cela, c'est beaucoup plus clair. Il s'agit bien du manuel de Rabreau et Mignot, chez Flammarion et non chez Hachette comme je l'ai écrit plus haut.

Merci à tous!

Maialen

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