Bonjour,
Je précise que je n'ai pas lu Montholon dans son "Récit de la captivité de l'Empereur".
J'ai croisé l'homme autant que l'on puisse le faire lorsque l'on lit sur Napoléon, il semble incontournable à Sainte Hélène. Je le crois sincère.
Et pourtant ici, quelque chose m'interpelle :
Drouet Cyril a écrit :
"Il nous parla longuement de la révolution française, de Danton, de Robespierre qui tous deux avaient péri pour avoir voulu maîtriser leur œuvre. Il avait connu Robespierre ; il nous dit ses mœurs austères, sa sévère probité, la recherche de sa toilette, et ses regrets trop tardifs d'avoir fait tomber la tête de Danton."
Bonaparte a-t-il vraiment rencontré l'ainé des Robespierre au point d'échanger -avec profondeur- sur la politique du moment ?
D'après Guillemin, cette rencontre ne se peut. Je sais ce que vous pensez de l'homme, j'en pense la même chose : il y a eu un fil à ce sujet. Cependant il devient désormais "
incontournable" puisque mille fois cité.
Ce qui accréditerait la vision de Guillemin est peut-être le contenu de Montholon : ce qui est évoqué par Napoléon n'est rien d'autre que ce que chacun sait de Robespierre sans l'avoir jamais croisé. C'est du "tout venant".
Citer :
"La canaille, disait Robespierre, est bien difficile à conduire ; quoiqu'on fasse, elle est toujours l'ennemi mortel de ceux qui dînent à deux services. Si les circonstances ne me viennent point en aide, elle me tuera. Je ne vois de force possible pour l'arrêter et pour fermer le gouffre révolutionnaire que le prestige de la victoire et d'une grande gloire militaire.
Pour avoir lu des interventions de Robespierre, cet homme a un "style" dans son écriture. Un style à son image : très propre et très fin de siècle dans les tournures.
Ce n'est pas un style où le mot "la canaille" à sa place. Robespierre ne peut avoir cette idée du peuple ou alors même l'image "d'idéaliste" est à jeter tout autant que les beaux discours sur l'égalité etc. ; a contrario on retrouvera cette expression plusieurs fois sous la plume de NB.
Le reste de l'analyse est celle d'un soldat.
Il est avancé que :
Citer :
Puisqu'on a peu de choses de Robespierre, chacun peut y aller de son interprétation. C'est un miroir - ce qu'untel dit de Robespierre montre plus de choses sur l'historien lui-même que sur Robespierre, le plus souvent. L'homme reste une énigme.
Napoléon songe-t-il que ceci va le dédouaner pour la postérité ? L'interrogation a lieu d'être car chacun sait dans quelle optique sont les écrits de Las Cases, scribe de son maître.
Citer :
Croyez-vous que les hommes qui ont mené la France à 93 aient choisi la terreur par partie de plaisir ? Non, certes ; Robespierre n'aimait pas plus le sang que je ne l'aime. Il a été entraîné par les événements, et, je le répète avec conviction, c'est par humanité, c'est pour arrêter les massacres, pour régulariser le mouvement de rancune populaire, qu'il a créé des tribunaux révolutionnaires, comme un chirurgien qui, pour sauver le corps, coupe les membres.
Ceci est bien amené mais n'abuse personne, le message subliminal est trp gros.
Robespierre n'était pas du genre à dévoiler le fond de sa pensée, de plus le moment ne le permettait guère pas plus que faire "ami/ami" avec le premier venu et glisser quelques avis sur la difficulté d'être perçu comme un monstre. Il s'en défendra d'ailleurs jusqu'au bout, dans son dernier discours.
Citer :
Ni Robespierre, ni Danton, ni Marat, n'avaient d'égaux, quand « Liberté, égalité ou la mort » se lisaient en lettres de sang sur toutes les bannières françaises
Les propos n'ont pas de profondeur -serait-ce du "Montholon" ?-.
Le choix de "liberté, égalité ou la mort" n'a pas été donné à Danton, victime d'une purge -à tort ou à raison, le débat est ailleurs-. Il n'a pas plus été donné à Marat, assassiné.
NB a connu cette période. Pour lui, trois hommes sortent donc "du lot". Ici, c'est l'avis du politique qui va tout de même peser et s'inscrire dans l'Histoire. C'est donc à prendre en compte. NB s'est entouré de Thermidoriens. Le passé de ces hommes ne semble lui poser aucun problème, pas même Fouché quant à Carnot (il faut avoir lu ses échanges concernant la Vendée...), il servira. Pour le refus de l'affectation en Vendée : ce n'est donc pas un problème de conscience.
ou Montholon mythone des souvenirs ou NB ment avec "conviction".
Le problème est que ceci entache la crédibilité de tout ce qui sera évoqué par Montholon. A prendre donc avec autant de pincettes que le "Mémorial".
C'est dommage parce-que l'homme est souvent cité...
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