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Message Publié : 13 Avr 2007 7:23 
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Sujet restitué (mars 2007)
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Prince de Condé
Bonjour, j'aurais aimé connaître la vie quotidienne des étrangers à Paris ou dans n'importe quelle autre ville de France sous la Révolution, j'entends par étranger les "ressortissants" des autres pays européens qui ont décidé de rester en France (bien que la plupart se soient sauvés). A-t-on vu des assassinats, des pillages envers ces personnes? Comment étaient-ils considérés par les Français? Leur pays d'origine exercaient-ils une sorte de contrôle sur ces derniers? Merci.

Châtillon
La révolution française est la période de la grande xénophobie. La haine des Autrichiens est archi connue, prenons plutôt l'exemple des patriotes hollandais qui par milliers se sont réfugiés en France en 1786 et qui souhaitaient que la France révolutionnaire envahisse les Provinces-Unies pour établir la République batave. Robespierre - pour une raison que j'ignore- n'aimait pas ces hollandais et à partir de 1793, les réfugiés hollandais sont devenus des parias –du moins dans des lieux comme Paris, très révolutionnaire. On s'est mis à les arrêter en très grand nombre.
Si la France comptait envahir la Hollande c'était plus par avidité que par solidarité envers les réfugiés.
Sous la Révolution, la xénophobie est un sentiment obligé pour un révolutionnaire. Ce n’était pas très joli.
En 1793, les Anglais qui habitaient en France étaient priés de quitter les zones sensibles comme les ports, les villes frontières et les places fortes. On a peur des trahisons et on se méfiait. C'est pour cette raison qu'on a arrêté les Clarisses anglaises. Leur statut d'étrangère les avait épargné de la confiscation des biens du clergé et de la dissolution des communautés monastiques. Mais en 1793, après que Toulon s’était livré aux Anglais, les révolutionnaires ont décidées de les arrêter et de les enfermer dans leur couvent, leur biens confisqués. Parmi elles il y avait des américaines.

Romulus
Il me semble que cette attitude vis à vis des étrangers a quelquechose à voir avec la peur du complot contre-révolutionnaire au moins en partie.
Ca s'explique donc très bien pour l'Angleterre et l'Autriche, ennemis de la France révolutionnaire. En revanche c'est vrai que pour les Pays-Bas c'est moins évident.
Mais j'ajouterai que cette méfiance vis à vis de l'étranger n'est peut être pas tellement nationale.
Si on regarde au niveau locale il y a une forte méfiance envers toute personne qui vient d'ailleurs, française ou pas, surtout dès qu'elle n'a pas de justification de sa présence comme une activité professionnelle ou un certificat si il est en mission pour l'administration. Un curé qui débarque dans une commune où personne ne le connait il va être soupçonné de vouloir propager des idées contre-révolutionnaires. Surtout après le début de la guerre Vendéenne les autorités on peur que des agitateurs manipulent les masses jugées crédules et raniment une guerre civile dans d'autres régions. Bref cette méfiance là a à voir avec la hantise du complot contre-révolutionnaire.
Alors est-ce que la peur des étrangers d'un autre pays est de la même nature? Je serai tenté de le croire car un étranger qu'on ne connait pas qui vient en plus d'un pays ennemi de la France a encore deux fois plus de "raisons" d'être soupçonné.
Cela dit il est possible que cette méfiance pragmatique de l'étranger (de celui dont on ne connait pas l'identité plus généralement) c'est progressivement transformée en une forme de nationalisme, enfin je ne voudrais pas trop m'avancer non plus.

Châtillon
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Il me semble que cette attitude vis à vis des étrangers a quelque chose à voir avec la peur du complot contre-révolutionnaire au moins en partie.

Dans les premiers temps, la peur de l'étranger apparaît dans les villages et s'explique par l'ignorance des populations. Dans le Nord, les gens ont cru durant la grande peur que des brigands bretons s'apprêtaient à envahir le Nord et à tout détruire. Les plus écervelés imaginèrent qu'une armée bretonne avait été monté pour punir les gentils habitants du Nord.
Ensuite, la peur contre les étrangers s'explique effectivement par la peur de la Contre-révolution. Pardonnez moi de reprendre l'exemple du Nord, les habitants avaient été traumatisé par la fuite du roi. Ils étaient persuadés que les autrichiens allaient débarquer. Ce n'était pas qu'une simple rumeur. La panique fut quasi totale.
Cependant, je crois que peu à peu, la peur de l'étranger s'explique non plus par la peur de la Contre-révolution seulement mais par le chauvinisme exacerbé. Les Français considéraient la France comme le phare du monde et se considéraient eux même comme le peuple suprême qui a le devoir de dominer les autres peuples d'Europe. Les français sont supérieurs, le reste de l'humanité ce sont des inférieurs. Voilà en gros ce qu'on pensait sous la Révolution.
Il y a qu'à voir avec quel acharnement, les révolutionnaires se sont attachés à combattre le patois et les langues régionales. Ceux qui parlent le flamand le breton ou le provençal ne sont que des "idiots", idiots certes mais dangereux parce qu'ils ne savent pas ce que veut dire liberté, égalité, etc. .. et ne comprennent le charabia de la Révolution, bref des agents du fanatisme potentiel ...

Jean-Claude
Cloots a quand même eu un rôle important et est resté étranger. Marat, Suisse, était adulé. Un étranger a même été élu un temps président de la Convention (d'Averhoult). Bref, l'attitude de la Révolution envers les étrangers (à qui la Révolution, bien que de façon très hypocrite a déclaré la paix dans une déclaration au monde) est loin d'être aussi monolithique que ce que vous dites, cher Châtillon. Même si je ne conteste pas le fond de l'analyse. Disons juste qu'elle mérite d'être nuancée.

Prince de Condé
Merci beaucoup pour vos réponses. Les aristocrates ou les grands bourgeois étrangers qui étaient resté en France, étaient-ils favorisés par la population qui voyaient en eux du fait de la fuite de capitaux déjà immense dès 1789 une classe de "consommateurs" qu'il fallait protéger?


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Message Publié : 15 Août 2007 10:37 
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Polybe
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Citons les officiers américains dans l'armée de Dumouriez (mais la Terreur provoque leur rappel), l'américain Thomas Paine, conventionnel élu en 1792, Mary Wollstonecraft (anglaise) et d'autres autour de Lafayette. Un groupe d'agioteur internationaux - hollandais, autrichiens, espagnols et d'autres nationalités encore (je crois) corrompus et corrupteurs, fut guillotiné sous la Terreur.

Mentionnons la proposition du gouvernement américain de recueillir le roi et sa famille.

Voir aussi Yvon Bizardel "Les américains à Paris pendant la Révolution".

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Message Publié : 15 Août 2007 12:33 
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Salluste
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Claire Rochon a écrit :
Mentionnons la proposition du gouvernement américain de recueillir le roi et sa famille.


Pourriez-vous être plus précise SVP ? :D

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Sébastien


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 Sujet du message : Louis XVI en Amérique...
Message Publié : 15 Août 2007 15:29 
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Polybe
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Lettre de Gouverneur Morris (délégué du Gouvernement américain à Paris) à Georges Washington (citée S.D. par Yvon Bizardel - livre cité plus haut) :

"Je n'ai pas encore vu M. Genet (Délégué du Gouvernement français aux Etats-Unis) mais M. Paine doit me le présenter. En ce qui concerne le roi (Louis XVI, emprisonné, attendait que son sort soit fixé), la majorité (il parle de l'Assemblée) envisage non seulement un appel au peuple mais encore son départ avec sa famille pour les Etats-Unis, projet que Paine doit appuyer, il me l'a dit en confidence..."

Projet effectivement discuté à l'Assemblée. Malheureusement les girondins eurent le dessous et les extrémistes demandèrent et obtinrent la mort.

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 Sujet du message : références
Message Publié : 15 Août 2007 15:33 
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Polybe
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Références en fin du livre de Bizardel:

Ministère des Affaires Etrangères - Etats-Unis Vol.39
Procès-verbaux de la Convention, 15 et 19 janvier et 1er février 1793.

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 Sujet du message : le livre de Bizardel
Message Publié : 15 Août 2007 15:43 
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Polybe
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Après un petit tour sur Internet (:8:) il me semble que le livre cité pouurait ètre vendu par quelque site ad hoc pour environ 10 euros... :) Il traite des américains mais parle aussi de quelques anglais à Paris (j'y ai retrouvé Mary Wollstonecraft, en particulier). :wink:

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 Sujet du message :
Message Publié : 15 Août 2007 15:52 
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Polybe
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Localisation : Lucques Italie
En vente chez : Librairie la Ciguë - Saint Etienne - 04 77 38 47 31
BIZARDEL (yvon).
Les américains à Paris pendant la Révolution. Editions Calmann Lévy, 1972, broché, couverture souple d'édition illustrée couleurs, 291 pages (23x15). Cahier central documents en noir et blanc. Bon exemplaire. - Prix : 10.00 € - Commander
On découvre les intrigues diplomatiques du ministère plénipotentiaire Thomas Jefferson et du gouverneur Morris, l'influence politique du pamphlétaire Thomas Paine, l'activité des négociants et celle plus clandestine des corsaires qui profitent de la guerre navale.

(je n'ai pas de relation avec le vendeur ni d'interets dans cette vente) J'espère que le site consent ce type d'infos.

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 Sujet du message : ps d'interets...
Message Publié : 15 Août 2007 17:21 
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Polybe
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et je ne connais pas l'auteur...

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 Sujet du message :
Message Publié : 28 Août 2007 22:20 
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Hérodote
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Je voudrais juste compléter un peu ce qui a été dit, histoire de nuancer un peu les affirmations de xénophobies, qui sont vrais sont essentiellement rurales et liées aux attitudes contre-révolutionnaires de certains pays (Autriche, Prusse...).

Pour donner une autre vision, j'aimerai évoquer l'un des moments les plus intéressants de la révolution: la 1ère république et son projet très avancé.
La constitution de 1793, qui n'est jamais entrée en vigueur car elle a été suspendue pour cause de terreur et suprimée par la réaction thermidorienne est la constitution la plus démocratique que la France ait jamais connue (sans doute est-ce pour ça qu'elle n'est jamais entrée en vigueur).
Elle est entièrement consultable:

http://fr.wikisource.org/wiki/Constitution_du_24_juin_1793

Elle comprend une disposition qui va tout de même à l'encontre de cette idée de xénophobie de la révolution française :

Article 120. - Il (le peuple français) donne asile aux étrangers bannis de leur patrie pour la cause de la liberté. - Il le refuse aux tyrans.

Article 4. - Tout homme né et domicilié en France, âgé de vingt et un ans accomplis ; - Tout étranger âgé de vingt et un ans accomplis, qui, domicilié en France depuis une année - Y vit de son travail - Ou acquiert une propriété - Ou épouse une Française - Ou adopte un enfant - Ou nourrit un vieillard ; - Tout étranger enfin, qui sera jugé par le Corps législatif avoir bien mérité de l'humanité - Est admis à l'exercice des Droits de citoyen français.

Si on lit bien, ces lois sont bien moins inégalitaires (entre français et étrangers) que les lois actuelles.

Il y a bien sûr beaucoup à dire sur les personnes qui ont écrit ce texte, leur représentativité du peuple français, etc. mais ce sont des questions valable pour tout ce qui se passe à cette période ! Or ces gens là ont été des acteurs essentiels de la révolution, et cela suffit à démontrer que la révolution française n'est pas un phénomène xénophobe, même si des épisodes xénophobes ont pu être observés.


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