Stavroguine a écrit :
Mais je préfère me concentrer sur la personne du sieur Capet, l'histoire a retenu de lui le portrait d'un grand timide qui avait du mal à prendre des décisions, et encore plus à les faire appliquer (même si ce n'est pas un mal propre à son règne, un des paradoxe de l'absolutisme est d'offrir un pouvoir absolu à des monarques qui dans l'absolu ne sont pas toujours capables de se faire respecter ou de faire respecter leurs décisions devant les blocages ou les résistances des corps sociaux).
La première partie de votre analyse doit être nuancée, à mon sens,le roi aimerait obtenir un consensus, et chaque prise de décision royale est l’enjeu d’un affrontement entre différents ministres du roi ou entre différentes coteries de la cour. A partir de 1780 on a coutume de dire que la reine est le meilleur homme du roi. (Je me souviens plus de la citation exacte...) C’est souvent elle qui emporte l’ultime décision ou alors l’annulation d’une décision.
La seconde partie est remarquable de pertinence.
Citer :
J'aimerais émettre une nouvelle hypothèse: avec une personnalité plus forte, plus affirmée, voire plus terrible- un genre de Pierre le Grand Français- ou de Buonaparte bourbon (l'horrible oxymore)- aurait-il pu donner un autre visage à cette révolution ? Car au tout début des événements, rien ne semble prédire l'embrasement prochain, le formidable souffle qui va balayer tout un pays et une partie de l'Europe pendant 10 ans.
Difficile d’imaginer un Pierre le Grand dans le contexte français de la fin du XVIII ème. Il ne s’agit pas de moderniser et d’occidentaliser une société un rien archaïque, mais de mettre en adéquation les changements sociaux et le régime politique, tout en résolvant la question financière.
Bonaparte a utilisé les acquis de la révolution (en premier lieu la fin de la société d’ordre) pour imposer son régime autoritaire. Il peut donc justifier son coup de force en indiquant que seul l’ordre peut concrétiser les acquis de la révolution.
Tous les contemporains européens ont été stupéfaits par l’effondrement rapide de la monarchie absolue. Quelques résistances armées auraient-elles changées l’histoire ?
Citer :
Robospierre n'est qu'un isolat au milieu d'une assemblée qui ne souhaite qu'une chose: tempérer les pouvoirs du Roi dans une monarchie à l'Anglaise capable à la fois de satisfaire les aspirations de l'élite éclairée mais aussi de garantir la sécurité civile et politique. Ils sont rares ceux qui en 1789 réclament la tête du Roi, St Just n'est encore qu'un jeune adulte dont le seul fait est d'avoir écrit une nouvelle érotique de mauvais goût.
Et même si rapidement le ver est dans le fruit... Une personnalité plus affirmée, plus énergie et moins enfermé dans sa tour d'ivoire Versaillaise aurait-elle pu donner un autre cours à la Révolution ?
Effectivement, un roi reniant son héritage absolutiste, dédaignant ses convictions religieuses et délaissant le soutien aristocratique naturel en choisissant la monarchie constitutionnelle aurait pu changer le cours des choses. Mais ce n’était pas dans le caractère de Louis XVI. Il faut bien avouer l’énormité de ce programme qui suppose un renoncement important ou une capacité visionnaire incroyable.
De plus, Louis XVI n’est pas un monarque de guerre, il ne se porte pas à la tête de ses troupes pour un affrontement armé. (Comment aurait-il pu d’ailleurs organiser une lutte armée efficace ?)
En conclusion, Louis XVI choisit la voie médiane. Il feint. Il ment. Il ne reconnaît pas le changement et ses serments (fête de la fédération) ne sont d’aucune valeur pour lui. Le parti monarchique qui aurait pu être à l’intérieur de l’assemblée constituante un contrepoids idéal au parti national est mort-né. L’Assemblée se méfie du roi et la première constitution résulte de ce fait. La lutte entre les deux représentants de la souveraineté, ancienne et nouvelle, ne pouvait que s’accentuer.
Citer :
Résultat provoqué par l'émotion des nuits de la Grande Peur, on a tendance parfois à oublier cet événement mais il reste l'élément le plus significatif de la haine anti- féodale qui existait dans ce pays, avec tous ses châteaux et leurs terriers qui brûlent, il est difficile à croire que l'aristocratie pouvait rester ce qu'elle était avant 1789.
La Grande Peur est sûrement l’événement révolutionnaire le moins bien étudié. La Grande Peur résulte à la fois de la haine anti-féodale, mais aussi des émeutes de la faim et des mouvements locaux de foules qui imaginent des représailles du pouvoir. Une partie de l’aristocratie comprends parfaitement la fin de la société d’Ordre, (Noailles, Aiguillon premier président des Jacobins) , l’autre partie choisit l’exil… ( et un futur affrontement ?)