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 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 16 Juil 2013 16:51 
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Hérodote
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Inscription : 16 Juil 2013 15:27
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Je vous conseille de vous référer aux ouvrages de Reynald Secher qui est incollable en matière de génocide vendéen.
Le terme "génocide" convient parfaitement à cette période, même si on ne sait pas exactement à combien s'élève le nombre de morts vendéens, sachant qu'il faut garder en tête le nombre de vendéens vivant à cette époque.
Cependant, ces massacres (noyades de Nantes en 1793, etc...) ne sont pas négligeables, il ne faut pas les oublier. Je suis donc d'accord avec Grégoire de Tours.


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 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 16 Juil 2013 17:48 
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Thucydide
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Petiteisabeau a écrit :
Le terme "génocide" convient parfaitement à cette période, même si on ne sait pas exactement à combien s'élève le nombre de morts vendéens, sachant qu'il faut garder en tête le nombre de vendéens vivant à cette époque.

"Parfaitement"... en êtes-vous bien sûre ?!


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 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 16 Juil 2013 17:58 
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Ce cher Gégoire de Tours que n'a-t-il écrit sur la Vendée... :mrgreen:
Au fait, vous êtes vous donné la peine de lire un peu le sujet de discussion avant de sortir Secher comme l'alpha et l'oméga du problème ?

_________________
Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


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 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 16 Juil 2013 19:14 
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Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Petiteisabeau a écrit :
Le terme "génocide" convient parfaitement à cette période
Pas juridiquement pour la définition des NU (intention de détruire un groupe) et encore moins puisqu'on est en France dans la définition de la Cour de Cassation qui exige un plan concerté d'extermination préalable aux évènements. Il n'y en a pas pour la Vendée faute de plan préalable.

_________________
Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 22 Juil 2013 14:58 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
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Petiteisabeau a écrit :
Je vous conseille de vous référer aux ouvrages de Reynald Secher qui est incollable en matière de génocide vendéen.


Même si je pense que le plan de Turreau est de nature génocidaire, je n'orienterais pas en priorité vers Secher dont la prose partisane m'irrite passablement le poil. Les travaux d'Alain Gérard me semblent bien meilleurs pour se faire un avis.

_________________
" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


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 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 24 Juil 2013 9:50 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
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J’avais dans ce post viewtopic.php?f=55&t=2297&p=394347#p394347 parlé assez négativement de la proposition de loi de 2007 relative à la reconnaissance du génocide.





Le 6 mars 2012, une nouvelle proposition portant sur le même objet fut à nouveau enregistrée à la présidence de l’Assemblée nationale :

« PROPOSITION DE LOI visant à reconnaître officiellement le génocide vendéen de 1793-1794,
(Renvoyée à la commission des affaires culturelles et de l’éducation, à défaut de constitution
d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.)

présentée par Mesdames et Messieurs Dominique SOUCHET, Véronique BESSE, Bernard CARAYON, Hervé De CHARETTE, Nicolas DHUICQ, Marc LE FUR, Lionnel LUCA, Jacques REMILLER et Jean UEBERSCHLAG, députés.

EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,
Pourquoi, après avoir légiféré sur les génocides juif et arménien, devons-nous impérativement nous prononcer sur le génocide vendéen ?
Parce que les faits sont désormais clairement établis.

Le travail des historiens

La recherche universitaire a longtemps été verrouillée idéologiquement et quasi muette sur les événements de Vendée. Mais, à partir de 1986, elle commence à leur consacrer des travaux importants, auxquels le colloque de 1993 « La Vendée dans l’histoire » donnera une impulsion décisive. Études monographiques, synthèses démographiques, analyse serrée des correspondances du Comité de salut public avec les représentants en mission, dépouillement minutieux des comptes rendus des opérations militaires menés par les généraux républicains, l’ensemble de ces travaux révèle, sans aucune contestation possible désormais, que les évènements de Vendée de 1793-1794 réunissent toutes les composantes d’un génocide :
– une volonté politique de destruction systématique d’une population stigmatisée ;
– une extermination planifiée et organisée ;
– un bilan humain équivalent, en proportion de population, à celui du génocide cambodgien.
Les chercheurs nous montrent comment la répression d’un soulèvement déclenché pour préserver une liberté fondamentale, la liberté de conscience, va se muer très rapidement en politique d’extermination d’une Vendée érigée en objet idéologique voué à la détestation nationale.
La volonté exterminatrice apparaît très tôt. Dès les premiers jours du soulèvement, Goupilleau, député de la Vendée, refuse l’idée même d’échange de prisonniers, au motif qu’on ne rend pas des esclaves (les Vendéens) contre des hommes libres (les citoyens). Dès lors que l’on déshumanise son adversaire, qu’on lui dénie sa condition humaine, la porte est ouverte à la justification de son extermination.
Le 19 mars 1793, les députés de la Convention créent la catégorie juridique de « hors la loi », qui va s’appliquer aux Vendéens, qui désormais ne sont plus des citoyens. Le 12 juin, les représentants Mazade, député de Haute-Garonne, et Garnier, député de Charente-Inférieure, recommandent au Comité de salut public la déportation de la population.
Par la loi du 1er août, les députés de la Convention décident, pour mieux exterminer les rebelles, de déporter les femmes, les enfants et les vieillards et d’enlever les bestiaux et les récoltes pour affamer le pays.
Très tôt également l’idée est née de tout incendier sur cette « terre maudite ». Dès le 24 mars les représentants Auguis, député des Deux-Sèvres et Carra, député de Saône-et-Loire, proposent de brûler tous les villages insurgés. Plus tard, le représentant Merlin, député de la Moselle, exige la destruction du bocage : « C’est le sol lui-même qu’il faut combattre aujourd’hui ». Le 7 novembre, Fayau, député de la Vendée, réclame l’envoi d’une armée incendiaire.
La machine infernale est lancée. Elle va être alimentée par un véritable délire idéologique. Députés de la Convention, membres du Comité de salut public et députés envoyés sur place comme représentants en mission vont se livrer à une surenchère permanente et c’est à qui inventera les méthodes et les moyens les plus sûrs et les plus effroyables pour que l’extermination soit la plus efficace et la plus totale possible. Non seulement cette rhétorique meurtrière rend possible le crime, mais elle le justifie par avance.
Le 5 septembre, le dispositif législatif s’affine encore. Une nouvelle loi stipule que les « brigands » doivent être exterminés, après avoir précisé que tous les Vendéens de dix à soixante ans sont des « brigands » et que les femmes sont « complices ».
La visée exterminatrice apparaît également dans la conduite même des opérations militaires. Il est acquis très tôt qu’on ne fera pas de prisonniers du côté républicain. Lors des batailles décisives du Mans et de Savenay, on ne distingue pas entre les combattants et la population civile qui les accompagne. Les charniers des Jacobins confirment que les enfants, les adolescents, les femmes et les vieillards ont été sabrés, tout comme les combattants.
Enfin, la phase la plus caractérisée du génocide intervient une fois la Vendée militairement vaincue, alors que le massacre systématique ne peut plus s’abriter derrière la moindre justification militaire.
C’est après l’écrasement complet de ce qui restait des armées vendéennes à Savenay, que Carrier, député du Cantal, procède à Nantes aux grandes noyades et aux fusillades massives de prisonniers vendéens, qui seront qualifiées par Babeuf de « système de dépopulation ». C’est alors qu’il lance sa terrible sentence : « C’est par principe d’humanité que je purge la terre de la liberté de ces monstres ». Ce qui guide la main du bourreau, c’est l’amour pour le genre humain : c’est à un « massacre humanitaire » qu’il procède.
C’est au lendemain de Savenay que Turreau demande au Comité de salut public d’approuver son plan de colonnes incendiaires destinées à « traverser la Vendée pour assurer l’anéantissement total des rebelles ». En janvier 1794, c’est sur une Vendée vaincue, prostrée, désarmée, exsangue que Turreau lance ses douze colonnes vite qualifiées d’« infernales » qui vont inscrire sur le sol vendéen autant de routes de sang et de feu.
Pour stimuler l’ardeur des généraux génocidaires, Carrier intime à Cordelier, celui-là même qui massacrera aux Lucs-sur-Boulogne 110 enfant de moins de sept ans, de « mettre au nom de la loi le feu partout et de n’épargner personne, ni femmes, ni enfants, de tout fusiller. Rien n’est plus beau que de savoir sacrifier tous sentiments humains à la vengeance nationale ».
Les représentants Hentz, député de la Moselle, et Garrau, député de la Gironde, leur rappellent que « la guerre de Vendée ne sera complètement terminée que quand il n’y aura plus un habitant dans la Vendée ». Le député de la Mayenne, Dubois-Crancé, tient un langage clair : « Les révolutionnaires ne pourront se reposer que lorsque ce pays sera désert ».
Les résultats sont au rendez-vous.
« On a vu, rapporte Lequinio, député du Morbihan, des militaires républicains violer des femmes rebelles sur les pierres amoncelées le long des grandes routes et les fusiller ou les poignarder en sortant de leurs bras. On en a vu d’autres porter des enfants à la mamelle au bout de la baïonnette ou de la pique qui avait percé du même coup et la mère et l’enfant ».
Le capitaine Dupuy, du bataillon de la Liberté, témoigne en toute bonne conscience : « Partout où nous passons, nous portons la flamme et la mort. L’âge, le sexe, rien n’est respecté. C’est atroce, mais le salut de la République l’exige impérieusement ».
Les députés Hentz, Garrau, Prieur, député de la Marne, et Francastel, député de l’Eure, rapportent le 4 mars au Comité de salut public : « La Vendée offre le spectacle du carnage et de la désolation ; partout le silence et l’horreur. Cette guerre ne finira que par la mort du dernier Vendéen, et tous auront mérité leur sort ». Toujours la bonne conscience.
Les députés Hentz et Francastel écrivent encore : « Nous les tuons en détail en faisant périr tout ce qui se trouve dans le pays. Quand la guerre de la Vendée sera complètement terminée, il n’y restera point d’habitant, puisqu’on y aura tout détruit ».
Ces correspondances permettent d’approcher l’univers mental des génocidaires, en montrant comment la volonté idéologique de faire le bonheur de l’humanité en général peut conduire à la massacrer en détail, sans pour autant engendrer un quelconque sentiment de culpabilité.

***

Le devoir des parlementaires

À partir de ces faits, désormais solidement établis, pourquoi la représentation nationale doit-elle aujourd’hui prendre position ?
Parce que l’injustice de l’histoire officielle s’est nourrie du silence entretenu par tous les pouvoirs et régimes successifs, qui semblent s’être conjurés pour cacher à la France le prix qu’elle a payé à la Terreur, particulièrement en Vendée. La quasi-totalité des bourreaux de la Vendée a été blanchie et l’État n’a engagé aucune réflexion de fond sur sa responsabilité dans le déclenchement du processus d’extermination. Jamais encore, pourtant, un État n’avait entrepris une telle exécution collective en la justifiant au nom du bonheur du peuple. Ce long silence officiel doit être rompu. Ce déni doit cesser, car qu’est-il d’autre que la poursuite dans le présent de l’acte génocidaire ?
Parce que l’ampleur des recherches effectuées depuis le début des années 1980 sur les évènements de Vendée a permis d’établir clairement l’intention exterminatrice et permet aujourd’hui de regarder en face cette page majeure de notre histoire et de mettre fin à une longue période de déni officiel.
Parce que ces recherches font apparaître l’écrasante responsabilité de la représentation nationale dans la conception et la mise en œuvre du génocide vendéen. Notre Parlement doit aux victimes et à leurs descendants une réparation morale qui doit se traduire par la reconnaissance de l’épreuve atroce qui leur fut infligée par les autorités légales de notre pays, dans le cadre d’un corpus législatif élaboré et voté par les députés de la Convention. Le fait d’opérer dans un cadre législatif a donné bonne conscience aux bourreaux. Le terrorisme d’État et la politique d’extermination dont les Vendéens ont été l’objet doivent être à la fois clairement reconnus et profondément regrettés.
Parce que malgré l’ampleur de leurs recherches, les historiens constatent que leurs travaux n’ont pas suffi à rompre le silence et à briser le déni. L’un d’eux déclarait en janvier 2012 : « Le sacrifice des Vendéens n’a jamais été vraiment intégré dans l’histoire globale de la nation. Pour combien de temps encore ? » Ce constat appelle une démarche proprement politique de la part de la représentation nationale.
Parce que le pays de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ne peut plus garder le silence et persister dans la non-reconnaissance officielle. Il ne peut plus taire que, quelques années seulement après sa proclamation, cette déclaration a été outrageusement violée en Vendée par ceux là même qui s’en prévalaient.
Parce qu’aucune revendication fractionnelle n’a jamais animé les rescapés de l’extermination et leurs descendants. La reconnaissance par la nation de l’épreuve inouïe qu’elle a infligé à la Vendée est d’autant plus justifiée que celle-ci n’a pas basculé dans le séparatisme. Alors qu’ils avaient été désignés comme objet de la « vengeance nationale », les Vendéens ont résisté à la tentation de nourrir des aspirations anti-nationales. La Vendée n’a pas retourné contre la nation « l’élection de haine » dont elle a été l’objet. Non seulement il n’y a pas eu d’attentats contre les fonctionnaires, mais 120 ans après les massacres de masse dont ils ont été les victimes, les Vendéens ont versé leur sang pour la patrie, au cours de la guerre 1914-1918, comme aucun autre département ne l’a fait. La Vendée a donné à la France les héros de deux guerres mondiales : Georges Clemenceau et Jean de Lattre de Tassigny. La présente démarche n’a donc strictement rien à voir avec l’exaltation identitaire d’un groupe mémoriel qui chercherait à se faire reconnaître au détriment de l’unité nationale.
Parce qu’il nous appartient de mettre en lumière non seulement le processus d’extermination dont furent victimes les Vendéens, mais aussi la volonté de ces derniers de surmonter le ressentiment qu’engendre naturellement toute entreprise génocidaire. Il nous appartient d’inclure dans le récit national cette page de notre histoire politique avec sa part d’ombre et sa part de lumière.
La réception de leur propre génocide par les Vendéens contient l’antidote au poison que tout processus d’extermination suscite naturellement. Au lieu de s’enfermer dans le ressassement morbide et sans fin du malheur, le « Souvenir vendéen » préféra exalter les exemples d’humanité que les Vendéens surent opposer à la logique déshumanisante des grands massacres. Ainsi des libérations massives de prisonniers que leur inspirèrent leurs convictions religieuses et que le « Grâce aux prisonniers ! » de Bonchamps, immortalisé par David d’Angers, résume. Face à l’emballement idéologique qui a nourri le processus génocidaire et l’a emporté vers toujours plus de radicalité, nous devons mettre en évidence la recherche réaliste par les Vendéens d’une canalisation de la violence.

***

« Depuis deux-cents ans, déclarait en 1994 François Furet, la République a laissé la Vendée seule avec son malheur ». Le temps ne serait-il pas venu de répondre à l’appel en faveur de « l’union sacrée de la mémoire » lancé par Alain Decaux depuis le village martyr des Lucs-sur-Boulogne le 25 septembre 1993 ?
« Reconnaître ce qui a été et le regretter publiquement, voilà qui doit contribuer à apaiser une douleur qui, deux siècles après, vit toujours ici derrière toutes les haies et sous les pierres de tous les chemins ». Alain Decaux, qui regrettait que dans le manuel scolaire de son enfance, les massacres de Vendée n’aient droit qu’à deux lignes, avait aussi déclaré : « J’ai cru que la République se grandirait dès lors qu’un historien républicain viendrait publiquement affirmer que les droits de l’homme ont été bafoués en Vendée ».
C’est dans cette perspective tracée par notre grand historien que s’inscrit la présente proposition de loi. Elle n’a pas pour objectif de diviser, mais au contraire de réconcilier la France avec elle-même, en intégrant pleinement dans sa mémoire officielle cette page à la fois obscure et lumineuse : celle d’une extermination qui n’a pas débouché sur un désir inextinguible de vengeance. Mais aux victimes et à leurs descendants, dépourvus de haine, il faut rendre justice.
C’est pourquoi la proposition de loi prévoit une reconnaissance, qui témoigne d’un regret profond, mais non la pénalisation d’un négationnisme qui n’a plus de raison d’être.
En reconnaissant officiellement le génocide vendéen, « premier génocide contemporain » comme l’a souligné Gilles-William Goldnadel, notre pays réaffirmera sa condamnation de tous les génocides, et contribuera à éviter que de tels processus barbares ne se reproduisent à l’avenir.

PROPOSITION DE LOI

Article unique
La République Française reconnaît le génocide vendéen de 1793-1794.
»
http://www.assemblee-nationale.fr/13/pr ... on4441.asp




La dernière proposition sur le sujet date du le 16 janvier 2013. La voici :

« PROPOSITION DE LOI relative à la reconnaissance du génocide vendéen de 1793-1794,
(Renvoyée à la commission des affaires culturelles et de l’éducation, à défaut de constitution
d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.)

présentée par Mesdames et Messieurs Lionnel LUCA, Véronique BESSE, Jacques BOMPARD, Alain LEBOEUF, Marion MARÉCHAL-LE PEN, Alain MARLEIX et Yannick MOREAU,
députés.

EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,
Le 23 janvier 2012 dernier le Parlement français adoptait une proposition de loi portant transposition du droit communautaire sur la lutte contre le racisme et réprimant la contestation de l’existence du génocide arménien.
La définition du terme « génocide » établie par le tribunal international de Nuremberg est la suivante : « On appelle crime de génocide la conception ou la réalisation partielle ou totale, ou la complicité dans la conception ou la réalisation de l’extermination d’un groupe humain de type ethnique, racial ou religieux ».
La préoccupation du génocide d’une communauté importante qui vit en France justifie s’il en était besoin de se préoccuper des génocides que la France a connus et de reconnaître enfin le génocide vendéen commis sous la période révolutionnaire de la Terreur.
Notre code pénal (art. L. 211-1) en donne quant à lui la définition suivante : « constitue un génocide le fait, en exécution d’un plan concerté tendant à la destruction totale ou partielle d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux, ou d’un groupe déterminé à partir de tout autre critère arbitraire, de commettre ou de faire commettre, à l’encontre de membres de ce groupe, l’un des actes suivants : atteinte volontaire à la vie ; atteinte grave à l’intégrité physique ou psychique ; soumission à des conditions d’existence de nature à entraîner la destruction totale ou partielle du groupe ; mesures visant à entraver les naissances ; transfert forcé d’enfants. »
Ces définitions correspondent parfaitement aux actions menées par la Convention à partir du 1er août 1793 et doivent donc, au regard de la loi de 2012, être reconnues.
À ceux qui ne manqueront pas de rétorquer que la population de la Vendée militaire ne constituait pas à proprement parler un groupe ethnique, signalons que l’adjudant général Hector Legros considérait en l’an III que « le pays que nous appelons Vendée est formé de la presque totalité de la Vendée, de la moitié des Deux-Sèvres et du Maine-et-Loire et d’une grande partie de la Loire-Inférieure » (1).
Deux lois furent votées par la Convention en préparation du « génocide vendéen » : celle du 1er août 1793 : « Anéantissement de tous les biens… » et celle du 1er octobre 1793 : « Il faut que tous les brigands de la Vendée soient exterminés avant la fin du mois d’octobre : le salut de la Patrie l’exige ; l’impatience du peuple français le commande ; mon courage doit l’accomplir ».
Le point de départ du génocide est le décret du 1er août 1793 voté sur proposition de Barrère de Vieuzac après un discours incendiaire : « Ici, le Comité, d’après votre autorisation, a préparé des mesures qui tendent à exterminer cette race rebelle, à faire disparaître leurs repaires, à incendier leurs forêts, à couper leurs récoltes et à les combattre autant par des ouvriers et des pionniers que par des soldats. C’est dans les plaies gangreneuses que la médecine porte le fer et le feu, c’est à Mortagne, à Cholet, à Chemillé que la médecine politique doit employer les mêmes moyens et les mêmes remèdes. L’humanité ne se plaindra pas ; les vieillards, les femmes et les enfants seront traités avec les égards exigés par la nature. L’humanité ne se plaindra pas ; c’est faire son bien que d’extirper le mal ; c’est être bienfaisant pour la patrie que de punir les rebelles. Qui pourrait demander grâce pour des parricides… Nous vous proposons de décréter les mesures que le comité a prises contre les rebelles de la Vendée ; et c’est ainsi que l’autorité nationale, sanctionnant de violentes mesures militaires portera l’effroi dans les repaires de brigands et dans les demeures des royalistes. » (2)
Le décret du 1er août 1793 relatif aux mesures à prendre contre les rebelles de la Vendée stipulait dans son article 1er que : « Le ministre de la guerre donnera sur le champ les ordres nécessaires pour que la garnison de Mayence soit transportée en poste dans la Vendée… » Article VI : « Il sera envoyé par le ministre de la guerre des matières combustibles de toute espèce pour incendier les bois, les taillis et les genêts. » Article VII : « Les forêts seront abattues ; les repaires des rebelles seront détruits ; les récoltes seront coupées par les compagnies d’ouvriers, pour être portées sur les derrières de l’armée et les bestiaux seront saisis. » Article VIII : « Les femmes, les enfants et les vieillards seront conduits dans l’intérieur. Il sera pourvu à leur subsistance et à leur sûreté, avec tous les égards dus à l’humanité. » Article XIV : « Les biens des rebelles de la Vendée sont déclarés appartenir à la République ; il en sera distrait une portion pour indemniser les citoyens qui seront demeurés fidèles à la patrie, des pertes qu’ils auraient souffertes. » (3)
Ce décret, malgré une déclaration de bonne conduite (« avec tous les égards dus à l’humanité »), était un véritable appel au meurtre, au vol institutionnalisé et à la déportation des non-combattants, ce que l’on pourrait qualifier de nos jours d’« épuration ethnique ».
Ce décret sera suivi par celui du 1er octobre 1793 – décliné sur le mode du discours de Caton auprès du Sénat romain (« delenda est Carthago ») : « Détruisez la Vendée, Valenciennes et Condé ne sont plus au pouvoir de l’Autrichien. […] Enfin chaque coup que vous porterez à la Vendée retentira dans les villes rebelles, dans les départements fédéralistes. La Vendée et encore la Vendée, voilà le charbon politique qui dévore le cœur de la République française ; c’est là qu’il faut frapper. » (4)
Après la prise de Laval le 23 octobre, et la défaite républicaine d’Entrammes, le 26 octobre 1793, un nouveau décret daté du onzième jour du deuxième mois, portera que « toute ville de la République qui recevra dans son sein les brigands ou qui leur donnera des secours sera punie comme ville rebelle. En conséquence, elle sera rasée et les biens des habitants seront confisqués au profit de la république. » (5)
Les mesures préconisées furent appliquées à la lettre par les représentants en mission auprès des armées et dans les départements.
Le 9 frimaire an II (29 novembre 1793), le représentant Fayau écrit aux administrateurs du département de la Vendée : « Vous savez comme moi citoyens que les brigands appelés de la Vendée existent encore quoique on les aie tués plusieurs fois à la tribune de la Convention. […] Je vous engage à prendre les mesures les plus promptes et les plus énergiques pour que les armées catholiques et royales dans le cas où elles rentreraient dans la Vendée n’y trouvent plus qu’un désert. […] Il serait bon, citoyens, que des commissaires nommés par vous se transportassent de suite dans toutes les parties de votre département pour en faire retirer toutes les subsistances et pour faire arrêter tous les citoyens qui ont pris part directement ou indirectement aux troubles de la Vendée. Il faut purger la Patrie… » (6)
Le représentant Francastel n’est pas en reste. Le 25 décembre 1793, il écrit au Comité de salut public : « Je fais débarrasser les prisons de tous les infâmes fanatiques qui s’étaient échappés de l’armée catholique. Pas de mollesse, que le torrent révolutionnaire entraîne tout ce qui lui résiste scandaleusement. Purgeons, saignons jusqu’au blanc. Il ne faut pas qu’il reste aucun germe de rébellion… » (7)
En novembre 1793, le général Turreau est nommé commandant en chef de l’armée de l’Ouest avec la charge de faire appliquer le décret du 1er août. L’ordre de départ est donné le 21 janvier 1794, cette première phase sera appelée « la promenade militaire » alors qu’à cette date la Grande Armée catholique et royale n’est plus qu’un nom. Turreau divise l’armée en six divisions de deux colonnes chacune, qui ont pour mission de ratisser le territoire et d’exterminer la population. Ce sont les « colonnes infernales » qui vont se livrer au génocide des Vendéens. L’ordre du jour du général Grignon, commandant la 2e division est très clair : « Je vous donne l’ordre de livrer aux flammes tout ce qui est susceptible d’être brûlé et de passer au fil de l’épée tout ce que vous rencontrerez d’habitants. » Les rapports des généraux républicains commandant les Colonnes sont aussi particulièrement explicites : « Nous en tuons près de 2 000 par jour. […] J’ai fais tué (sic) ce matin 53 femmes, autant d’enfants. […] J’ai brûlé toutes les maisons et égorgé tous les habitants que j’ai trouvés. Je préfère égorger pour économiser mes munitions… »
Le général Westermann, dans sa lettre à la Convention du 23 décembre 1793, suite à l’extermination des Vendéens ayant survécu à la virée de galerne à Savenay, précisait que : « Il n’y a plus de Vendée, citoyens républicains, elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les bois et les marais de Savenay. Suivant les ordres que vous m’avez donnés, j’ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux, et massacré les femmes qui, au moins pour celles-là, n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé. »
Lequinio, représentant du peuple dans la Charente et la Charente-Inférieure, est encore plus explicite dans sa lettre du 8 ventôse an II (26 février 1794) : « Je crois que par séduction, argent, violence ou autrement, on avait pu s’emparer des chefs, il serait possible de n’exterminer que les étrangers, car quoique l’on puisse en croire, ce sont les hommes du pays même qui sont le moins dangereux ; ils seraient réduits à l’instant s’ils s’étaient laissés à eux-mêmes; mais ce sont les prêtres, les nobles, les étrangers et les déserteurs mêlés au milieu de nous qui rendent leur réduction impossible. Il faut donc nécessairement les égorger tous. C’est le parti que facilite l’arrêté que mes collègues Garrau, Hentz et Francastel viennent de prendre, en faisant retirer dans l’intérieur de la république tous les réfugiés de ce pays, réduits au désespoir, ainsi que le sont les habitants de se pays pervertis par les scélérats étrangers qui sont au milieu d’eux et qu’il n’eut pas été possible d’en séparer. Il est impossible maintenant qu’on use envers eux des moyens que l’on pouvait employer autrefois de concert avec la poursuite des étrangers. Il faut donc se décider à tout massacrer. » (8)
Le décret du 2 ventôse an II (20 février 1794) ordonnait la déportation des innocents et des bons citoyens de manière à ne plus laisser dans les pays révoltés que « les rebelles que l’on pourra plus aisément détruire ». (9)

*

La République française reconnaît, à travers plusieurs lois, les différents événements qui ont marqué l’histoire internationale : Shoah, esclavage, génocide arménien... Ces lois mémorielles permettent de mettre en exergue les souffrances subies par des peuples.
Les exemples cités supra montrent la volonté incontestable de la Convention d’anéantir une population ; ce qu’explique en 1794 Gracchus Babeuf dans un pamphlet, Du système de dépopulation ou La vie et les crimes de Carrier, dans lequel il dénonce les exactions commises par Jean-Baptiste Carrier lors de sa mission à Nantes, dont il affirme qu’elles renvoient à un système de dépopulation qu’il nomme « populicide ».
Comme le mot « génocide », forgé par Lemkin en 1944, il est employé pour désigner une forme de crime dont l’appréhension est inédite, le meurtre de masse visant un peuple dont le seul tort est son origine ethnique, raciale, religieuse ou politique. Pierre Chaunu, historien et membre de l’Académie des sciences morales et politiques depuis 1982, n’a pas hésité à parler de génocide franco-français dans l’avant-propos du livre de Reynald Secher (10) qu’il a signé : « Nous n’avons jamais eu l’ordre écrit de Hitler concernant le génocide juif, nous possédons ceux de Barrère et de Carnot relatifs à la Vendée. »
Les moyens utilisés pour ce faire, rapportés notamment par Reynald Secher (cf. ouvrage cité supra), ou par Michel Ragon (1793, L’insurrection vendéenne et les malentendus de la liberté, Albin Michel, Paris, 1992), ont été nombreux : épuration par mutilation sexuelle, création du premier camp d’extermination de l’histoire moderne à Noirmoutier, premiers essais de gazage de masse (insuccès, dû au gaz employé et à l’absence de confinement), premières crémations avec les fours à pain et les églises (exemple de l’église des Lucs-sur-Boulogne où furent brûlés vifs 563 villageois), noyades collectives avec les « noyades des galiotes » ou en couples avec les « mariages républicains dans la Loire, création au Ponts-de-Cé d’ateliers de tannage de peau humaine – peau dont se vêtissent les officiers républicains – et d’extraction de graisse par carbonisation des corps des villageois massacrés à Clisson. À force de tueries, des municipalités, pourtant républicaines, et des représentants du Comité de salut public finissent par s’émouvoir. Turreau est relevé de ses fonctions en mai 1794, puis décrété d’arrestation en septembre. Jugé en décembre 1795, il est acquitté à l’unanimité.
La République sera d’autant plus forte qu’elle saura reconnaître ses faiblesses, ses erreurs et ses fautes. Elle ne peut continuer de taire ce qui est une tâche dans son histoire. Elle doit pour cela reconnaître le génocide vendéen de 1793-1794, et témoigner à cette région – qui dépasse l’actuel département de la Vendée – dont la population a été victime de cette extermination, sa compassion et sa reconnaissance pour avoir surmonté sa douleur et sa vengeance en lui donnant des hommes aussi prestigieux que Georges Clemenceau ou Jean de Lattre de Tassigny qui servirent la Patrie et défendirent la République.

PROPOSITION DE LOI

Article unique
La République française reconnaît le génocide vendéen de 1793-1794.


1 () Mes rêves dans mon exil, BM de la Rochelle, cote 27628 C/13.
2 () Gazette nationale ou le Moniteur universel du vendredi 9 août 1793.
3 () L 28-AD85.
4 () Moniteur universel du 16 du premier mois de l’an II, n° 280.
5 () L 31-AD85.
6 () L 380-AD85.
7 () Fonds Uzureau, 2F14 37-AD49.
8 () Archives nationales AA 53.
9 () Lettre de Hentz et Francastel du 7 ventôse an II, L 475-AD35.
10 () Le génocide franco-français : la Vendée Vengée, Réédition Perrin 2006. »
http://www.assemblee-nationale.fr/14/pr ... on0607.asp






Dans le même ordre d’idée, on peut aussi cité la proposition de loi déposée au Sénat le 23 février 2012 tendant à abroger les décrets du 1er août et du 1er octobre 1793 :

« PROPOSITION DE LOI tendant à abroger les décrets du 1er août et du 1er octobre 1793,

PRÉSENTÉE Par MM. Bruno RETAILLEAU, René BEAUMONT, Michel BÉCOT, Claude BELOT, Jean BIZET, François-Noël BUFFET, Christian CAMBON, Jean-Noël CARDOUX, Marcel-Pierre CLÉACH, Raymond COUDERC, Francis DELATTRE, Robert del PICCHIA, Mmes Catherine DEROCHE, Marie-Hélène DES ESGAULX, MM. Éric DOLIGÉ, Michel DOUBLET, André DULAIT, André FERRAND, Bernard FOURNIER, Christophe-André FRASSA, Francis GRIGNON, François GROSDIDIER, Michel HOUEL, Alain HOUPERT, Mme Christiane HUMMEL, MM. Benoît HURÉ, Jean-Jacques HYEST, Marc LAMÉNIE, Daniel LAURENT, Jean-René LECERF, Jacques LEGENDRE, Dominique de LEGGE, Jean-Pierre LELEUX, Claude LÉONARD, Philippe LEROY, Jean-Louis LORRAIN, Roland du LUART, Michel MAGRAS, Philippe MARINI, Pierre MARTIN, Alain MILON, Albéric de MONTGOLFIER, Jackie PIERRE, Hugues PORTELLI, Charles REVET, André TRILLARD, François TRUCY, Pierre BERNARD-REYMOND, Philippe DARNICHE, Jean-Paul AMOUDRY, Joël GUERRIAU et Jean-Claude MERCERON,
Sénateurs
(Envoyée à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le Règlement.)

EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,
Les guerres de Vendée constituent un épisode dramatique de notre Histoire nationale.
Alors que les Vendéens accueillent favorablement les idéaux de 1789, ils sont heurtés par la constitution civile du clergé, la conscription de 1793 et l'arrogance d'une certaine bourgeoisie de la ville qui s'approprie de nouveaux privilèges. Commencée comme une révolte spontanée en mars 1793 contre la levée en masse, elle tourne vite à l'insurrection sur un territoire qui déborde largement du département et que l'on définira du nom de « Vendée militaire ».
Ne comprenant pas qu'une insurrection populaire se dresse contre la révolution du peuple, la Convention y verra un complot aristocratique, symbole de la contre-révolution. Cette lecture idéologique du conflit, à laquelle viendront s'ajouter les premiers succès remportés par l'armée vendéenne vont radicaliser rapidement la nature même des affrontements.
C'est alors qu'une logique d'escalade, puis une « rhétorique d'extermination » pour reprendre l'expression de François Furet, s'installent. Elles déboucheront sur une issue tragique.
La Convention vote le 1er août 1793 un premier décret dit d'anéantissement de la Vendée qui prévoit l'exécution des hommes « pris les armes à la main » mais surtout la déportation des femmes, des enfants et des vieillards. Deux mois plus tard, la Convention adopte le 1er octobre 1793 un décret modificateur qui ajoute à l'anéantissement matériel de la Vendée, l'extermination de ses habitants.
Sur le terrain, la guerre de Vendée s'achève avec la défaite de Cholet le 17 octobre 1793, la Virée de Galerne et l'écrasement de ce qui reste de l'armée vendéenne dans les marais de Savenay juste avant Noël de la même année.
La Vendée est vaincue. Une oeuvre de pacification aurait pu consolider la paix civile et préparer la réconciliation. Pourtant, la violence va atteindre son paroxysme dans les premiers mois de l'année 1794 avec l'application rigoureuse des deux décrets d'anéantissement et d'extermination des 1er août et 1er octobre.
Les historiens ont désormais établi les faits. Le territoire de la Vendée militaire est alors soumis à une entreprise systématique d'extermination de masse. Carrier à Nantes trouve la guillotine trop lente et lui substitue les noyades expéditives dans la Loire de milliers de suspects, tandis que Turreau déchaîne ses colonnes infernales sur ce qui reste de population civile, blanche et bleue confondues.
Ce déchainement de violence est d'autant plus inexcusable comme le dit François Furet qu'il s'agit « d'une violence révolutionnaire, la plus inexcusable au regard même du « salut public » qui lui sert d'excuse, puisque c'est une violence de vainqueurs, exercée punitivement après la liquidation de l'armée vendéenne ».
Ce massacre collectif trouve son fondement légal dans les deux décrets du 1er août et du 1er octobre 1793. Deux armistices furent signés après Thermidor mais, depuis lors, ces deux textes n'ont fait l'objet d'aucune abrogation. Ainsi, bien qu'ils ne portent plus aujourd'hui et depuis longtemps aucun effet juridique, ils font toujours partie de notre corpus de loi.
La présente proposition de loi a donc pour objet d'abroger ces deux décrets qui ont servi de base légale à de nombreuses atrocités et à l'extermination des vendéens aujourd'hui avérées.
Cette proposition de loi n'a pas pour objet d'inciter la représentation nationale à faire acte de repentance. Elle entend simplement rompre symboliquement avec cette législation contraire aux principes initiaux de la Révolution française contenus dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, au premier rang desquels figure le respect de la dignité humaine.

PROPOSITION DE LOI

Article unique
Le décret du 1er août 1793 relatif aux mesures à prendre contre les rebelles de la Vendée et le décret du 1er octobre 1793 contenant une nouvelle organisation de l'armée destinée à combattre les rebelles de la Vendée, sous le nom d'Armée de l'Ouest, sont abrogés. »

http://www.senat.fr/leg/ppl11-426.html

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 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 24 Juil 2013 10:38 
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Georges Duby
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Peu de députés ont co-signé, ce qui est légal d'ailleurs, une seule députée de Vendée sur cinq : Véronique Besse, l'ancienne assistante parlementaire de Philippe de Villiers, ce qui sera relevé au palais Bourbon. Il y a peu de chances que la proposition soit inscrite à un ordre du jour, à mon avis.

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 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 25 Juil 2013 0:10 
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Thucydide
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Alain.g a écrit :
une seule députée de Vendée sur cinq : Véronique Besse, l'ancienne assistante parlementaire de Philippe de Villiers, ce qui sera relevé au palais Bourbon.


Leboeuf et Moreau sont également députés de Vendée.
Pour ceux qui ne suivent pas la politique française, 6 des 7 députés ayant signé cette proposition de loi 2012 sont des proches de Philippe de Villiers, célèbre figure du régionalisme vendéen et fondateur du MPF classé à "la droite de la droite". Tous ces députés se sont prononcé ou ont voté contre les lois mémorielles lorsqu'elles portaient sur l'esclavage ou sur le génocide arménien.

De là à penser que cette proposition de loi ne serait qu'une manœuvre politicienne, il n'y a qu'un pas que je m'empresse de franchir.
Quoi qu'on pense sur le "génocide vendéen", ce genre d'initiative politique ne peut que nuire au débat. Cyril Drouet, partisan de la thèse génocidaire et s'appuyant sur de solides arguments avancés sur ce forum, reconnait la légèreté et la pauvreté des arguments avancés par ces projets de lois.


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 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 25 Juil 2013 11:10 
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Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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McDonald a écrit :
1/ Leboeuf et Moreau sont également députés de Vendée.
2/ Pour ceux qui ne suivent pas la politique française, 6 des 7 députés ayant signé cette proposition de loi 2012 sont des proches de Philippe de Villiers, célèbre figure du régionalisme vendéen et fondateur du MPF classé à "la droite de la droite". Tous ces députés se sont prononcé ou ont voté contre les lois mémorielles lorsqu'elles portaient sur l'esclavage ou sur le génocide arménien.
De là à penser que cette proposition de loi ne serait qu'une manœuvre politicienne, il n'y a qu'un pas que je m'empresse de franchir.
Quoi qu'on pense sur le "génocide vendéen", ce genre d'initiative politique ne peut que nuire au débat. Cyril Drouet, partisan de la thèse génocidaire et s'appuyant sur de solides arguments avancés sur ce forum, reconnait la légèreté et la pauvreté des arguments avancés par ces projets de lois.
Sur le 1/, vous avez raison pour la proposition de 2013, il y a trois députés de Vendée; j'avais traité la proposition de 2012
2/ Merci d'avoir montré que la proposition de loi de 2013, à une exception près, a un sens politique et qu'elle émane en fait de l'homme fort de la Vendée qui a fait des massacres vendéens, que personne n'approuve d'alilleurs, une cause emblématique de son action apparemment.
Ce qui ne doit pas gêner la dénonciation des massacres, même si on peut penser qu'ils ne sont pas constitutifs juridiquement d'un génocide.

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 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 25 Juil 2013 12:56 
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Fustel de Coulanges
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Citer :
l'homme fort de la Vendée qui a fait des massacres vendéens, que personne n'approuve d'alilleurs, une cause emblématique de son action apparemment.


Si De Villiers lance aujourd’hui à tous les vents (en France, comme à l’étranger) le mot « génocide », il n’en a pas été toujours de même. Ainsi, dans son ouvrage de 1989 « Lettre ouverte aux coupeurs de têtes et aux menteurs du Bicentenaire », on peut lire :

« Il faut bien comprendre que la charge affective du mot « génocide » est, pour tous les hommes de notre temps, un mode de transmission autant qu’un mode de désignation de l’horreur absolue. Afin de marquer que le régime nazi est unique, que la brûlure de la mémoire de l’humanité est indélébile ; afin que rien ne soit perdu de ce qui, dans le souvenir de l’holocauste, donne la force du témoignage ; bref, afin d’éviter le pire, c'est-à-dire l’entropie de la mémoire, l’évènement unique, pris dans son historicité, n’autorise pas l’échange, le transfert ou le glissement des mots.
Il y a des « mots symboles », qui ont mission de tenir le crime comme une tunique de Nessus. Des mots qui appartiennent à l’Histoire.
Partant, même si le contenu sémantique du mot « génocide » correspond à ce qui s’est passé en Vendée, je n’utiliserai pas ce terme.
J’utiliserai le mot POPULICIDE. Non pour le seul effet de l’échange d’une étymologie grecque contre l’étymologie latine du même concept, mais parce que ce terme-là est irrécusable, unique lui aussi, et nullement entaché d’une quelconque rétroactivité. »


Cette même année 1989, De Villiers écrivit également une lettre ouverte au président Mitterrand, « Cahier de doléances de la Vendée à Monsieur le Président de la République », par laquelle il demandait que le nom du général Turreau soit effacé de l’Arc de triomphe ; initiative à laquelle s’associa au même moment la municipalité des Herbiers.
De Villiers a renouvelé cette démarche cette année auprès de Hollande, à qui il a demandé également de présenter des excuses au nom de la République… :rool:

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 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 25 Juil 2013 21:56 
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A noter que l'association Vérité pour la Vendée a repris l'idée de De Villiers et a pondu le texte suivant destiné à être distribué sous l'Arc le 14 juillet 2006 :

« Parisiens, Touristes du monde entier,
Savez-vous que l’Arc de Triomphe de Paris porte les noms de deux des pires criminels que l’Humanité ait pu engendrer, ceux des généraux TURREAU et AMEY, qui ont été parmi les principaux instigateurs du Génocide Vendéen de l’hiver 1794 qui a fait entre 150 000 et 200 000 morts.
Savez-vous qu’avec le Génocide Vendéen, nous avons eu le seul cas dans l’histoire où un état (la jeune République Française, en pleine démence révolutionnaire) a signé par décret l’extermination d’une partie de son peuple (décret du 1er octobre 1793).
Il n’est plus tolérable que la flamme du Sacrifice et du Souvenir soit abritée par ces deux bourreaux de la Vendée.
Cet énorme scandale doit cesser.
-Turreau était le général en chef des « colonnes infernales » qui avaient mission de tout exterminer. Hommes, femmes, enfants, et vieillards, âmes du peuple de France, furent impitoyablement massacrés en Haine de leur Foi et des Traditions Terriennes de notre pays.
-Amey était l’un des généraux de ces 12 colonnes qui ont ré pandu le feu et le sang sur leur passage en Vendée. Ce fut un psychopathe sanguinaire qui s’amusait à jeter les femmes et les enfants vivants dans les fours à pains. Témoignages de commissaires républicains du 24 mars 1794 : « Aux Epesses et dans plusieurs autres lieux, le général Amey fait allumer les fours et lorsqu’ils sont bien chauffés, il y jette les femmes et les enfants…A qui ose le lui reprocher, il répond que c’est ainsi que la République veut cuire son pain » !
Effacer ces noms des piliers de l’Arc de Triomphe apportera le plus grand soulagement pour la mémoire de tous ceux qui sont morts en défendant la plus noble des causes : la Liberté.
Cette vérité historique doit enfin être connue. Le mémoricide n’a que trop duré. Notre Association Vérité pour la Vendée a besoin de votre soutien pour que ces noms odieux aux descendants des rescapés de ce Génocide soient enfin effacés de l’Arc de Triomphe. Depuis 15 ans, de nombreuses personnalités, notamment le député vendéen Philippe de Villiers, a effectué des démarches dans ce sens, en vain. Nous reprenons cette noble cause.
Aidez-nous en signant notre pétition.
»



Après un texte aussi minable, un peu de bon sens : la réponse de François Goven, sous-directeur des Monuments historiques :

« Monsieur,
Vous avez appelé l’attention de Monsieur le ministre de la culture, qui m’a chargé de vous répondre, sur votre souhait de voir effacés de l’Arc de triomphe de l’Etoile les noms des généraux Turreau et Amey, en raison des exactions commises sur leurs ordres pendant les guerres de Vendée, en 1794.
L’Arc de triomphe de l’Etoile a été classé parmi les monuments historiques par arrêté du 6 février 1896. Sa décoration et ses inscriptions forment partie intégrante de cet édifice, et rappellent les conceptions qui ont présidé à sa réalisation et son évolution.
Ainsi, c’est en raison des fonctions de commandement qu’ils ont exercées et des nombreuses victoires qu’ils ont remportées sous le Consulat et le Premier Empire, et non du fait de leurs activités pendant les guerres de Vendée, que les généraux Turreau et Amey ont été sélectionnés pour être inscrits sur l’Arc de triomphe. L’effacement de ces noms constituerait une falsification historique, préjudiciable à la perception de ce monument dans son intégrité.
Cette inscription n’exonère bien évidemment en rien ces généraux de leurs responsabilités dans les atrocités commises en Vendée ; mais c’est aux historiens et à l’appareil critique et pédagogique mis à la disposition des visiteurs de l’Arc de triomphe, par les guides conférenciers ou par les publications disponibles, qu’il revient de présenter et de replacer dans leur contexte historique la vie et les actes des personnalités dont les noms sont gravés sur ce monument.
Le fait que leurs noms aient été gravés sur l’Arc de triomphe (sous Louis-Philippe, et en raison de leur activité sous le Consulat et l’Empire), ne saurait en tout état de cause constituer une quelconque sacralisation de ces personnalités pour l’Etat républicain. Il s’agit d’une donnée historique, qu’il convient de considérer et d’étudier comme telle, et qui ne préjuge en rien du jugement qui peut être porté sur les généraux Turreau et Amey. »




Pour info, l'opération du 14 juillet 2006 près de l'Arc fut un véritable fiasco. En tout et pour tout, deux tracts seulement furent distribués avant que la police n'intervienne. lol

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 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 26 Juil 2013 12:34 
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McDonald a écrit :
Alain.g a écrit :
une seule députée de Vendée sur cinq : Véronique Besse, l'ancienne assistante parlementaire de Philippe de Villiers, ce qui sera relevé au palais Bourbon.


Leboeuf et Moreau sont également députés de Vendée.
Pour ceux qui ne suivent pas la politique française, 6 des 7 députés ayant signé cette proposition de loi 2012 sont des proches de Philippe de Villiers, célèbre figure du régionalisme vendéen et fondateur du MPF classé à "la droite de la droite".


La plupart des députés liés aux trois propositions de lois sont en effet marqués politiquement et/ou géographiquement :

Proposition de loi de 2007
-Lionnel Luca (UMP, futur membre (2010) de la Droite populaire)
-Hervé de Charette (UMP, député du Maine-et-Loire, maire de Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire), descendant de Louis-Marin de Charette (mort au combat en 1796), frère du célèbre général)
-Véronique Besse (MPF (vice-présidente), députée de la Vendée, vice-présidente du Conseil général de la Vendée)
-Louis Guédon (UMP, député de la Vendée, maire des Sables-d’Olonne (Vendée))
-Joël Sarlot (UMP, ancien membre du MPF, député de la Vendée, vice-président du Conseil général de la Vendée)
-Hélène Tanguy (UMP)
-Bernard Carayon (UMP, ancien du GUD et futur membre (2010) de la Droite populaire)
-Jacques Remiller (UMP)
-Jérôme Rivière (UMP, apportera son soutien de Philippe de Villiers lors des élections présidentielles de 2007)



Proposition de loi de 2012
-Dominique Souchet (MPF (vice-président), député de la Vendée, vice-président du Conseil général de la Vendée)
-Véronique Besse (MPF (vice-présidente), députée de la Vendée, vice-présidente du Conseil général de la Vendée)
-Bernard Carayon (UMP, ancien du GUD et membre de la Droite populaire)
-Hervé de Charette (UMP, député du Maine-et-Loire, maire de Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire), descendant de Louis-Marin de Charette (mort au combat en 1796), frère du célèbre général)
-Nicolas Dhuicq (UMP, membre de la Droite populaire)
-Marc Le Fur (UMP)
-Lionnel Luca (UMP, membre de la Droite populaire)
-Jacques Remiller (UMP)
-Jean Ueberschlag (DVD)



Proposition de loi de 2013
-Lionnel Luca (UMP, membre de la Droite populaire)
-Véronique Besse (MPF (vice-présidente), députée de la Vendée, vice-présidente du Conseil général de la Vendée)
-Jacques Bompard (LS, ancien du MPF et du FN)
-Alain Leboeuf (UMP, député de la Vendée, conseiller général de la Vendée)
-Marion Maréchal-Le Pen (FN)
-Alain Marleix (UMP)
-Yannick Moreau (DVD, ancien du MPF et futur membre de l’UMP et de la Droite forte, député de la Vendée, conseiller régional des Pays de la Loire, maire d’Olonne-sur-mer (Vendée))

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 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 26 Juil 2013 12:42 
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STOP. Passion-Histoire n'est pas une tribune pour discuter des projets de lois quand bien même ceux-ci reposeraient sur un évènement historique inscrit dans les limites chronologiques du forum.

Dans le même temps, je constate qu'après 35 pages certains afficionados cherchent par tous les moyens à entretenir un sujet qui s'épuise de lui-même.

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 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 01 Sep 2013 8:12 
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Quelques réflexions et précisions sur la proposition de loi du 6 mars 2012 :





Citer :
« un bilan humain équivalent, en proportion de population, à celui du génocide cambodgien. »


D’après les dernières recherches, on estime la dépopulation sur le territoire insurgé à 22,5 %. Si on s’en tient aux recherches de l’université de Yale (Cambodian Genocide Program), 21 % de la population du pays a disparu au cours du génocide cambodgien. Les deux chiffres sont proches, mais (je ne m’en tiendrai qu’au théâtre vendéen), les 170 000 morts estimés de la population vendéenne (1793-1796) sont bien loin d’être tous tombés dans le cadre du plan génocidaire. En somme, comme très souvent, on mélange tout…



Citer :
« La volonté exterminatrice apparaît très tôt. Dès les premiers jours du soulèvement, Goupilleau, député de la Vendée, refuse l’idée même d’échange de prisonniers, au motif qu’on ne rend pas des esclaves (les Vendéens) contre des hommes libres (les citoyens). »


Il est fait ici référence à lettre que le représentant Goupilleau de Montaigu écrivit au général Boulard le 27 avril 1793 :
« Il n’y aucune réponse à faire à la proposition d’échanges de prisonniers, ceux que nous avons faits sont des scélérats, ceux que l’on nous a faits sont de braves gens, il ne peut là y avoir de compensation. Traiter avec des brigands, ce serait reconnaître leur puissance ; nous devons nous attacher à les exterminer »

Mais la phrase se poursuit ainsi : « et ne rien écouter d’eux qu’ils ne mettent bas les armes et qu’ils nous livrent leurs chefs. » ; ce qui permet de relativiser l’entame : « La volonté exterminatrice apparaît très tôt »



Citer :
« Le 19 mars 1793, les députés de la Convention créent la catégorie juridique de « hors la loi », qui va s’appliquer aux Vendéens, qui désormais ne sont plus des citoyens. »


Le terme « Vendéen » ici me gêne. Dans le texte de la proposition de loi, ce mot est aussi utilisé pour désigner l’ensemble de la population de zone insurgée connue sous le vocable de « Vendée ».
Or la loi du 19 mars, ne désigne en aucun cas les Vendéens comme une population (à cette date, l’on n’est pas encore à l’heure des généralisations). La catégorie visée est celle des rebelles contre-révolutionnaires (de Vendée ou d’ailleurs) :
« Ceux qui sont ou seront prévenus d'avoir pris part aux révoltes ou émeutes contre-révolutionnaires qui ont éclaté ou qui éclateraient à l'époque du recrutement dans les différents départements de la République et ceux qui auraient pris ou prendraient la cocarde blanche ou tout autre signe de rébellion sont hors la loi ; en conséquence ils ne peuvent disposer des décrets concernant la procédure criminelle et l'institution des jurés. » (art. 1er)



Citer :
« Le 12 juin, les représentants Mazade, député de Haute-Garonne, et Garnier, député de Charente-Inférieure, recommandent au Comité de salut public la déportation de la population. »


Il s’agit ici de la lettre que ces deux représentants écrivirent au Comité de salut public :
« Pour que nos succès soient fructueux, surtout il faut, à mesure que nous avancerons dans le pays insurgé, brûler les moulins, enlever les hommes, femmes et enfants, et les placer dans l’intérieur de la République. »

On est loin ici d’une politique génocidaire.



Citer :
« Par la loi du 1er août, les députés de la Convention décident, pour mieux exterminer les rebelles, de déporter les femmes, les enfants et les vieillards et d’enlever les bestiaux et les récoltes pour affamer le pays. »


Les articles 7 et 8 :
« Les forêts seront abattues; les repaires des rebelles seront détruits; les récoltes seront coupées par les compagnies d'ouvriers, pour être portées sur les derrières de l'armée, et les bestiaux seront saisis. »
« Les femmes, les enfants et les vieillards seront conduits dans l'intérieur. Il sera pourvu à leur subsistance et à leur sûreté, avec tous les égards dus à l'humanité. »


Comme dit plus haut, il ne s’agit pas ici d’exterminer la population. Il est illusoire de chercher un cadre législatif à la planification du génocide vendéen.



Citer :
« Très tôt également l’idée est née de tout incendier sur cette « terre maudite ». Dès le 24 mars les représentants Auguis, député des Deux-Sèvres et Carra, député de Saône-et-Loire, proposent de brûler tous les villages insurgés. »


Les représentants Carra et Auguis, au Comité de défense générale :
« Le meilleur plan, suivant nous, est de brûler les villages des insurgés et les bois où ils se retirent, à mesure que nous avancerons vers les côtes. C'est la seule manière de purger la terre de la liberté de ces féroces brigands qui jettent des cris affreux dès le commencement du combat, en criant vive le roi ! vive la reine ! »



Citer :
« Plus tard, le représentant Merlin, député de la Moselle, exige la destruction du bocage : « C’est le sol lui-même qu’il faut combattre aujourd’hui ». »


Nous étions le 7 novembre 1793, à la Convention. Merlin de Thionville présenta à la suite de son discours un projet de décret où il était dit dans l’article 2 :
« Toutes les séparations d’héritages, soit fossés ou haies, seront détruites par les anciens ou nouveaux propriétaires, dans l’espace de six mois, et seront remplacés par de simples bornes. »

Contrairement à Carra et Auguis, Merlin considère la guerre comme terminée en Vendée : « La Vendée n’est plus dans la Vendée » (on est à l’époque en pleine campagne d’Outre-Loire). Il ne faut pas voir ici la mesure préconisée par Merlin comme une option guerrière (c’était le cas en mars) mais comme une mesure (certes bien loin de la réalité du terrain) de prévention dans le cadre de la pacification.



Citer :
« Le 7 novembre, Fayau, député de la Vendée, réclame l’envoi d’une armée incendiaire. »


Fayau répond ici au projet de décret de Merlin de Thionville ; projet qu’il rejette :
« Si les brigands de la Vendée n'existaient plus, comme on se plait depuis longtemps à le dire, je voterais pour l'adoption des articles présentés par Merlin. Mais, il ne faut pas se le dissimuler, les brigands existent encore. La colonne de Charette occupe encore Challans, l'île de Noirmoutier,une partie des Sables, du district de Montaigu, de Clisson. Le projet de Merlin est beau ; mais, pour l'exécuter, il faut que les représentants du peuple soient accompagnés par des armées. On n'a point assez incendié dans la Vendée : la première mesure à prendre est d'y envoyer une armée incendiaire ; il faut que, pendant un an nul homme, nul animal, ne trouve de subsistance sur ce sol. Les colonies que vous enverriez seraient peut-être de nouveaux sacrifices que vous feriez. »

Le projet de Merlin fut de suite renvoyé au Comité de salut public et fut oublié.



Citer :
« Le 5 septembre, le dispositif législatif s’affine encore. Une nouvelle loi stipule que les « brigands » doivent être exterminés, après avoir précisé que tous les Vendéens de dix à soixante ans sont des « brigands » et que les femmes sont « complices » »


Tout d’abord, il ne s’agit pas du 5 septembre mais du 1er octobre. A cette date, Barère, au nom du Comité de salut public, présenta effectivement un rapport très virulent sur la situation en Vendée :
« Les brigands, depuis dix ans jusqu'à soixante-six, sont mis en réquisition par la proclamation des chefs ; les femmes sont en vedette. La population entière du pays révolté est en rébellion et en armée. Nous aurions une juste idée de la consistance de cette année de révoltés, en énumérant les différents districts qu'elle occupe, à quelques réfugiés près. »
Au terme de ce discours, un décret fut adopté dont voici l’article 3 :
« La Convention compte sur le courage de l'armée de l'Ouest et des généraux qui la commandent pour terminer d'ici au 20 octobre l'exécrable guerre de la Vendée.
La reconnaissance nationale attend l’époque du 1er novembre prochain pour décerner des honneurs et des récompenses aux armées et aux généraux qui dans cette campagne auront exterminé les brigands de l'intérieur, et chassé sans retour les hordes étrangères des tyrans de l'Europe. »


Contrairement à ce que la proposition de loi dit, le dispositif législatif ne s’affine pas. Le décret du 1er octobre (même si le discours de Barère est annonciateur du plan que Turreau prendra début 1794 de sa propre initiative) ne met pas à bas le projet incendiaire du 1er août par lequel les femmes, enfants et vieillards doivent être épargnés ; mais établit une échéance tout en réaffirmant avec force les objectifs visés. Si le décret du 1er août était devenu à la date du 1er octobre sans valeur, la lettre de Turreau aux représentants, en date du 15 janvier 1794, serait incompressible :
« Vous devez également prononcer d’avance sur le sort des femmes et des enfants que je rencontrerai dans ce pays révolté. S’il faut les passer au fil de l’épée, je ne puis exécuter une pareille mesure, sans un arrêté qui mette à couvert ma responsabilité. »



Citer :
« le massacre systématique ne peut plus s’abriter derrière la moindre justification militaire. »


C’est oublier ici que Charette n’a pas quitté la Vendée et que des bandes se grossissants des quelques survivants ayant réussi à repasser la Loire existent encore dans la Haut-Bocage, les Mauges et la Gâtine.




Citer :
« C’est au lendemain de Savenay que Turreau demande au Comité de salut public d’approuver son plan de colonnes incendiaires destinées à « traverser la Vendée pour assurer l’anéantissement total des rebelles ». »


Il est fait ici référence à la lettre de Turreau en date du 25 décembre 1793. Ce document ne nous est malheureusement pas parvenu. Nous ne le connaissons que par l’analyse qui en a été faite au Comité de salut public :
« Turreau demande que la Comité approuve le plan qu’il a conçu de traverser la Vendée en 12 colonnes pour assurer l’anéantissement total des rebelles. »



Citer :
« Pour stimuler l’ardeur des généraux génocidaires, Carrier intime à Cordelier, celui-là même qui massacrera aux Lucs-sur-Boulogne 110 enfant de moins de sept ans, de « mettre au nom de la loi le feu partout et de n’épargner personne, ni femmes, ni enfants, de tout fusiller. Rien n’est plus beau que de savoir sacrifier tous sentiments humains à la vengeance nationale ».»


Il s’agit d’une harangue dont il ne reste aucune trace, hormis le témoignage fort douteux du capitaine de gendarmerie Poulet, lors du procès Carrier.
Il aurait été plus judicieux de retranscrire la lettre de ce même Carrier à Haxo (13 décembre) :
« Il entre dans mes projets, et ce sont les ordres de la Convention nationale, d'enlever toutes les subsistances, les denrées, les fourrages, tout, en un mot, de ce maudit pays ; de livrer aux flammes tous les bâtiments, d'en exterminer tous les habitants, car je vais incessamment t'en faire passer l'ordre »

A ce sujet, on peut citer la défense laborieuse de Carrier à propos de cette lettre lors de son procès :
« Cette lettre, dans le passage même qui semble m'inculper, est conforme aux décrets de la Convention nationale. En effet, pouvions-nous laisser à la disposition des brigands les grains et les fourrages ? Un autre décret porte de livrer aux flammes les bois et les maisons, et d'exterminer les habitants de la Vendée, c'est-à-dire les brigands; ce sont les propres expressions de la proclamation de la Convention ; elle porte que les brigands de la Vendée doivent être exterminés avant le 1er d'octobre. J'entends dire, à mes côtés, qu'il y a de la différence entre les brigands et les habitants delà Vendée ; cette différence, je l'ai faite moi-même; je n'ai jamais poursuivi, de concert avec le général Haxo, que les brigands qui avaient pris les armes contre la république; et je cite Goupil leau pour garant du fait que j'avance. Si je me suis servi, dans ma lettre au général Haxo, du mot habitants, c'est une mauvaise expression, car je n'ai pu entendre, et je n'ai entendu, en effet, que les brigands pris les armes à la main. D'ailleurs, citoyens, dans la Vendée, où je me suis constamment battu contre Charette, aucune commune ne s'est soumise ; je n'ai donc pu exercer d'actes de rigueur contre les brigands qui se seraient rendus. Plusieurs sont venus se réfugiera Nantes, et j'ai fait la défense expresse qu'on les inquiétât en aucune manière. J'ai fait la guerre de la Vendée avec le général Haxo, dont le nom est honorablement inscrit sur la colonne du Panthéon ; aucun reproche n'a été fait à ce général ; comme je ne l'ai jamais quitté, on ne peut donc me faire aucun crime pour mes opérations militaires. »



Citer :
« Les représentants Hentz, député de la Moselle, et Garrau, député de la Gironde, leur rappellent que « la guerre de Vendée ne sera complètement terminée que quand il n’y aura plus un habitant dans la Vendée ». »


Cette lettre du 19 février (signée également de Francastel) n’était pas destinée aux « généraux génocidaires » mais au Comité de salut public. Cette missive est intéressante et il aurait été souhaitable d’en donner de plus amples passages :
« Le général en chef [Turreau] nous a promis de les détruire tous mais il faut se faire une autre idée des rebelles que celle que l'on a eue jusqu'ici ; c'est que tous les habitants qui sont à présent dans la Vendée sont des rebelles très acharnés ; c'est que les femmes, les filles, les garçons au-dessus de douze ans sont les plus cruels; ils exercent des cruautés inouïes sur nos volontaires les uns sont coupés par morceaux et les autres brûlés, et ce sont des femmes qui commettent ces atrocités.
Il n'y a d'habitants dans la Vendée que ces féroces ; les uns prétendent qu'ils sont encore au nombre de quinze mille ; d'autres, au nombre de vingt-cinq mille en tout et épars dans les forêts, où ils ont amassé vivres, bestiaux et où ils se font des cabanes.
Sur ce pied-là, la guerre de la Vendée ne sera complètement terminée que quand il n'y aura plus un habitant dans la Vendée »




Citer :
« Le député de la Mayenne, Dubois-Crancé, tient un langage clair : « Les révolutionnaires ne pourront se reposer que lorsque ce pays sera désert ». »


Il ne s’agit pas des mots de Dubois-Crancé mais de la note apposée à sa lettre (2 février 1794) par le ministre de la Guerre, Bouchotte ; note qui donne plus exactement ceci :
« Il est politique et utile de dire à nos ennemis que la Vendée n'est plus qu'un fantôme, mais les patriotes ne doivent cesser de s'en occuper que lorsque ce pays sera désert, et il y a encore trente mille brigands à détruire. »



Citer :
Le capitaine Dupuy, du bataillon de la Liberté, témoigne en toute bonne conscience : « Partout où nous passons, nous portons la flamme et la mort. L’âge, le sexe, rien n’est respecté. C’est atroce, mais le salut de la République l’exige impérieusement ».


« En toute bonne conscience » ? Henri Dupuy (capitaine arrivé en Vendée en mars 93 à la tête de la compagnie franche de Jarnac, Plaisac, Chassors, Triac et Foussignac, et qui écrit ici à sa sœur Judith Barbier) écrivit quand même au terme de la campagne des colonnes infernales :
« Puisse un traitement plus doux nous ramener enfin les paysans égarés ! »



Citer :
« Les députés Hentz, Garrau, Prieur, député de la Marne, et Francastel, député de l’Eure, rapportent le 4 mars au Comité de salut public : « La Vendée offre le spectacle du carnage et de la désolation ; partout le silence et l’horreur. Cette guerre ne finira que par la mort du dernier Vendéen, et tous auront mérité leur sort ». Toujours la bonne conscience. »


Trois jours plus tôt, les mêmes écrivaient pourtant au Comité de salut public :
« Tous rapports nous annoncent encore qu'il existe d'autres rassemblements de brigands, et que les habitants du pays sont dans un état de guerre perpétuel avec les soldats de la République, qu'ils égorgent partout où ils peuvent les surprendre. Les femmes et les enfants ne sont pas dans de meilleures dispositions. Ils servent les uns et les autres d'espions aux brigands, qu'ils avertissent de tous les mouvements de nos armées. Aussi pensons-nous que, pour terminer cette guerre désastreuse, et qui, sans de grandes mesures, pourrait se prolonger encore longtemps. il n'y a d'autre parti à prendre que de faire exécuter le décret du 1er août, qui veut que les brigands soient détruits, et que les femmes, les enfants, et les subsistances soient portés sur les derrières des armées. »



Citer :
« Les députés Hentz et Francastel écrivent encore : « Nous les tuons en détail en faisant périr tout ce qui se trouve dans le pays. Quand la guerre de la Vendée sera complètement terminée, il n’y restera point d’habitant, puisqu’on y aura tout détruit ». »


Quelques autres extraits de cette lettre du 9 mars :
« Ce pays affreux, où l'on ne voit que des ruines et des morts, où règne le silence le plus lugubre.
[…]
Comme nous avons fait évacuer de Cholet et de l'intérieur plus de six mille femmes et enfants qui étaient leurs espions, ils ne savent plus nos affaires, et ils sont désorientés à chaque point.
[…]
Ils perdent peu de monde dans les combats, parce qu’ils se sauvent comme des lapins; mais nous les tuons en détail, en faisant périr tout ce qui se trouve dans le pays, et puis ils périront de misère ; plus de fours, plus de moulins, plus de villages ; on les chasse, il faudra qu'ils succombent.
[…]
La bonne preuve que la Vendée ne sera jamais redoutable, c’est qu elle ne contient plus d'habitants, qu'une quinzaine ou une vingtaine de mille habitants de l'ancienne population, qui devait être de plus de 160 000 habitants.
Nous sommes surs d'avoir fait évacuer tout ce qui n'est point criminel dans ce pays ; tous les jours on en tue, et, à la fin, leur destruction est inévitable, mais ce sont les plus scélérats et les plus des hommes.

[…]
Il résulte de tout ce que nous venons de vous dire que, quand la guerre de la Vendée sera complètement terminée, il n' y restera point d'habitants puisqu on y aura tout détruit. Ainsi il est impossible que vous vous occupiez d'aucune loi sur son gouvernement. Il faudra déclarer tout le pays confisqué à la République, sauf l'indemnité aux réfugiés et le nombre de ces réfugiés est très faible, relativement au reste qui est coupable, qui a péri et qui périra.
[…]
C'est une chose bien terrible que de faire la guerre dans un désert que de marcher sur des cadavres, que de ne pas trouver un asile.
Ne faites des reproches aux généraux qui sont dans la Vendée. A coup sûr, ils ne s'amollissent pas. »

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 Sujet du message : Re: Autour de la Vendée
Message Publié : 21 Oct 2013 10:35 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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J’en viens à présent à la proposition de loi de 2013.
http://www.assemblee-nationale.fr/14/pr ... on0607.asp



Citer :
Ces définitions correspondent parfaitement aux actions menées par la Convention à partir du 1er août 1793


Il est illusoire de voir dans un texte législatif préconisant d’épargner les femmes, les enfants et les vieillards une quelconque volonté génocidaire.



Citer :
À ceux qui ne manqueront pas de rétorquer que la population de la Vendée militaire ne constituait pas à proprement parler un groupe ethnique, signalons que l’adjudant général Hector Legros considérait en l’an III que « le pays que nous appelons Vendée est formé de la presque totalité de la Vendée, de la moitié des Deux-Sèvres et du Maine-et-Loire et d’une grande partie de la Loire-Inférieure »


En quoi les propos de Legros impliqueraient que la population du territoire insurgé constituait un groupe ethnique ? Franchement, je ne vois pas. D’ailleurs, plus globalament, je ne vois pas (avec ou sans Legros) en quoi la Vendée constituait un groupe ethnique.



Citer :
un nouveau décret daté du onzième jour du deuxième mois, portera que « toute ville de la République qui recevra dans son sein les brigands ou qui leur donnera des secours sera punie comme ville rebelle. En conséquence, elle sera rasée et les biens des habitants seront confisqués au profit de la république. » (5)
Les mesures préconisées furent appliquées à la lettre par les représentants en mission auprès des armées et dans les départements.


A lettre ? Le décret du 1er août ne fut appliqué, avant le colonnes de Turreau, guerre oblige, que de manière très incomplète. De plus concernant le décret du 1er novembre (qu’il serait bon de retranscrire plus fidèlement) concernant les villes rebelles à raser, j’aimerais bien apprendre quelles furent les localités qui furent punis en vertu de ce texte…



Citer :
L’ordre du jour du général Grignon, commandant la 2e division est très clair : « Je vous donne l’ordre de livrer aux flammes tout ce qui est susceptible d’être brûlé et de passer au fil de l’épée tout ce que vous rencontrerez d’habitants. »


Cet ordre du jour apparaît si je ne m’abuse pour la première fois chez Lequinio (Guerre de la Vendée et des Chouans). On peut rappeler que Lequinio n’était pas présent. Méfiance donc, mais on peut quand même se souvenir de cette lettre de ce même Grignon écrite à Turreau au commencement de la campagne, et rapportée par Savary :
« Demain je commencerai les feux de joie, en brûlant et passant au fil de la baïonnette tout ce qui pourra se trouver au pouvoir de ma colonne. »



Citer :
Les rapports des généraux républicains commandant les Colonnes sont aussi particulièrement explicites : « Nous en tuons près de 2 000 par jour. […] J’ai fais tué (sic) ce matin 53 femmes, autant d’enfants. […] J’ai brûlé toutes les maisons et égorgé tous les habitants que j’ai trouvés. Je préfère égorger pour économiser mes munitions… »


Il est regrettable de ne pas avoir donné quelques renseignements supplémentaires sur la provenance de ces citations. Les troisième et quatrième semblent provenir de Caffin et Duquesnoy :
« J’ai tués ce matin cinquante trois femmes autan d’enfants »
(Caffin à Turreau, cité par Loidreau, Les colonnes infernales)
« J’y ai brûlé et incendié toutes les maisons, et égorgé tous les habitants que j’y ai trouvés. »
(Duquesnoy à Turreau, 9 février 1793)

La dernière rappelle Huché :
« Tout a passé par le fer, car j’avais défendu que, les trouvant ainsi, on consommât ses munitions. »
(Huché à Turreau, 28 février)

En revanche, j’ignore d’où peut venir la première. Deux mille victimes par jour pour une colonne me parait énorme.
Turreau à Bouchotte (24 janvier 1793) :
« Il n’y a pas de jour qu’on en tue 200. »



Citer :
Le général Westermann, dans sa lettre à la Convention du 23 décembre 1793, suite à l’extermination des Vendéens ayant survécu à la virée de galerne à Savenay, précisait que : « Il n’y a plus de Vendée, citoyens républicains, elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les bois et les marais de Savenay. Suivant les ordres que vous m’avez donnés, j’ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux, et massacré les femmes qui, au moins pour celles-là, n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé. »


Cette lettre est sortie du grand chapeau de l’historien légitimiste Crétineau-Joly. Méfiance donc avec cet écrit dont on n’a retrouvé aucune trace et qui est depuis le milieu du 19e quasi systématiquement repris.


Citer :
épuration par mutilation sexuelle, création du premier camp d’extermination de l’histoire moderne à Noirmoutier, premiers essais de gazage de masse (insuccès, dû au gaz employé et à l’absence de confinement), premières crémations avec les fours à pain et les églises (exemple de l’église des Lucs-sur-Boulogne où furent brûlés vifs 563 villageois), noyades collectives avec les « noyades des galiotes » ou en couples avec les « mariages républicains dans la Loire, création au Ponts-de-Cé d’ateliers de tannage de peau humaine – peau dont se vêtissent les officiers républicains – et d’extraction de graisse par carbonisation des corps des villageois massacrés à Clisson.


Il s’agit là d’une reprise d’un paragraphe de la proposition de loi de 2007.
Voici ce que j’avais écris à cette occasion :

Citer :
épuration par mutilation sexuelle


Je suppose que les députés veulent ici faire référence au Code pénal français qui parle de « mesures visant à entraver les naissances »
Or ici, il n'en est bien évidemment rien. Les émasculations ou les cartouches enfoncées dans le vagins des femmes parfois rapportées ne sont en rien des mutilations sexuelles visant à une supposée entrave aux naissances mais, plus simplement, de sinistres pratiques toujours suivies de la mise à mort de la victime.


Citer :
création du premier camp d’extermination de l’histoire moderne à Noirmoutier


N'importe quoi.


Citer :
premiers essais de gazage de masse


Le caractère expérimental et très local de la pratique, et l'absence de documents concernant son supposé emploi ultérieur ne peut qu'inviter à la plus grande prudence.


Citer :
premières crémations avec les fours à pain et les églises


Une référence aux fours crématoires des camps d'extermination nazis ? Je me suis déjà exprimé auprès d’Alain G. sur ce genre de comparaison et sur l'imbécillité de ce type de rapprochement.


Citer :
l’église des Lucs-sur-Boulogne où furent brûlés vifs 563 villageois


Non seulement des doutes pèsent sur le nombre total de victimes et sur les circonstances de leur mort, mais il faut encore et surtout ajouter qu’il n'a jamais été dit que toutes avaient trouvé la mort dans l'incendie de l'église.


Citer :
noyades collectives avec les « noyades des galiotes » ou en couples avec les « mariages républicains dans la Loire


Envolés les doutes sur les fameux « mariages républicains » qui deviennent ici une certitude


Citer :
création au Ponts-de-Cé d’ateliers de tannage de peau humaine


Comme déjà dit, on se situe ici dans le cadre d’une expérience ponctuelle et locale, et non dans ce celui d’une activité industrielle.


Citer :
peau dont se vêtissent les officiers républicains


Légende…


Citer :
d’extraction de graisse par carbonisation des corps des villageois massacrés à Clisson.


Comme je l’ai déjà dit dans le fil sur le puits de Clisson, de gros doutes pèsent sur cette sordide histoire.

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