Quelques mots sur les peaux tannées de Vendée :
Poitevin, agent national aux Ponts-de-Cé nous dit : « Il y en a une trentaine que le nommé Péquel, officier de santé, fit écorcher et en a envoyé les peaux chez les tanneurs, qui refusèrent de les travailler. Un seul, nommé Langlais, menacé, a laissé travailler les peaux chez lui par les soldats. Les peaux ont été envoyées à Angers. »
Ce témoignage est corroboré par le juge de paix Humeau qui déclara avoir vu le citoyen Péquel, chirurgien au 4e bataillon des Ardennes, à l'aide de soldats, en écorcher trente-deux. Ce dernier voulut contraindre Alexis Lemonnier, chamoiseur aux Ponts-Libres (Ponts-de-Cé),de les tanner. Devant son refus, ces peaux furent transportées chez un nommé Langlais, tanneur, où un soldat les travailla. Humeau croyait pouvoir retrouver ces peaux chez le manchonnier angevin Prudhomme.
Dans le même sens, Rontard, officier municipal aux Ponts-de-Cé affirma avoir vu le dit chirurgien Péquel, malgré ses vifs reproches, écorcher plusieurs cadavres sur les bords de la Loire.
D’autres encore témoignèrent pareillement : Gatînes, officier municipal, Monnier, officier municipal, Pelletier, notable, Molon, notable, Onillon, notable.
De plus, près de soixante ans après les faits, Robin, enfant à l’époque, affirmait de la même façon à Godard-Faultrier que des écorchages avait bien eu lieu et qu’il avait vu de ses yeux plusieurs cadavres en cet état gisants au bord de l’eau, sur la grève. Il précisa même que les victimes « étaient écorchées à mi-corps, parce qu'on coupait la peau au-dessous de la ceinture, puis le long de chacune des cuisses jusqu'à la cheville des pieds, de sorte qu'après son enlèvement le pantalon se trouvait en partie formé, il ne restait plus qu'à tanner et à coudre. »
De tels procédés, selon la comtesse de La Bouëre, auraient également été employés à Nantes. Elle aurait rencontré en effet un de ces « tanneurs » qui se vanta d’avoir vendu douze pantalons de peau humaine à la Flèche.
Témoignage cependant fort douteux…
Une photographie de peau ; document montée en épingle (une peau de Chouans) sur certains sites pour mieux cracher sur la Révolution
http://www.midiassurancesconseils.com/i ... ntanee.jpgCes restes humains furent exposés Muséum d’Histoire naturelle de Nantes (j'ignore si c'est toujours le cas). Quoiqu'en disent certains autonomistes bretons, il s’agit d’une peau de soldat républicain tué à la bataille de Nantes (29 juin 1793). La peau fut ensuite récupérée par Dubuisson, premier conservateur au Muséum de Nantes.
Il existe également une tradition orale sur le sujet.
On dit en effet que le soldat dont il est question avait souhaité qu’en cas de mort, sa peau soit tannée afin d’en faire un tambour. L’opération aurait été réalisée dans un établissement du bord de la Sèvre nantaise.
Cependant, la peau, en raison de sa mauvaise résonance, fut finalement offerte au pharmacien Dubuisson.
Au chapitre des mythes et toujours sur le même thème, on peut se souvenir de celui des tanneries de peaux humaines de Meudon. En voici un petit aperçu :
Par arrêté du 20 octobre 1793, le Comité de salut public décida de clore et barricader le petit Parc de Meudon afin de le transformer, sous sa surveillance, en « Etablissement National pour différentes épreuves ».
On y fit dès lors de multiples expériences sur les explosifs et les obus incendiaires, sans compter la fabrique d’aérostats et les ateliers de remplissage d’obus envoyés du Creusot ou de Châtillon (Albert,Bulletin de la Société des Amis de Meudon).
Face aux mesures sécurité les plus sévères et aux mystères planant sur les activités de l’établissement, les rumeurs les plus folles sur de supposées tanneries de peaux humaines coururent au sein de la population locale. Rumeurs reprises par bien des mémorialistes.
Outre Duval, on peut citer également d’Yanville, ci-devant commandant de la Vénerie du Roi, précisant que la tannerie était installée dans l’ancien appartement frais de Monseigneur (« Histoire de France »de Montgaillard), ou encore, Robert rajoutant relativement à l’utilisation des peaux qu’« Il existe encore des livres qu’on a reliés avec la même matière, le papier est imprégné de la graisse qui ne cesse de s’en échapper » (« Histoire et description naturelle de la commune de Meudon »).
Le mythe fut pareillement alimenté par un fait, celui-ci, bien réel : l’existence, à une époque postérieure à la Terreur, d’une grande tannerie sur les lieux même.
Cet établissement fut installé, suite à un rapport de Fourcroy et par décret de la Convention, sur l’île de Sèvre et dans la Maison Brancas (Cabanès dans « Les indiscrétions de l’histoire », t. IV).
Elle fut placée sous la direction de Séguin, soutenu par Bertholet auprès du Comité de salut public, et avait pour but de fournir, grâce à de nouveaux procédés, le cuir nécessaire à la confection de souliers destinés aux soldats de la République.