Jefferson a écrit :
Robespierre a toujours tendu à une politique d'équilibre, et s'est toujours montré très reticent à la guerre, en particulier quand les Girondins poussaient au conflit. Il percevait trop bien les risques d'un coup d'Etat par un général ambitieux. Pour ce qui est des frontières naturelles, il ne me semble pas que Robespierre ait jamais adhéré à cette vieille théorie - qui traînait déjà du temps de Louis XVI, avait été reprise par les Girondins - et Danton un moment - et qui justifiait les annexions. Pour ce qui est de la "guerre à outrance", et bien, la guerre étant là, il fallait bien la mener, mais Robespierre n'était en aucune manière un belliciste.
Quant à Genêt, qui a finalement appliqué les instructions données par les Girondins, qui voulaient que l'Amerique entre en guerre aux côtés de la France, avec zèle, certes, il a en effet été désavoué par la Convention montagnarde. Robespierre tenait à faire respecter la neutralité américaine (qu'on espérait active, évidemment). Il a d'ailleurs poussé pour que le respect des Neutres soit inscrit dans la loi française, ce qui a grandement satisfait Washington - on a eu droit à Monroe à la place de Gouverneur Morris comme plénipotentiaire ! On y gagnait au change.
Robespierre était en effet centriste ... parmi les extrémistes. Il est le théoricien de la terreur comme d'un principe visant à enraciner la révolution.
Alors certes, il etait moins extrémiste que les Carrier, Fouché, Collot et compagnie de la mouvance hébertiste antireligieuse, qui eux, contrairement à Robespierre, étaient en outre des prévaricateurs et ont passé les bornes du crime et de l'horreur.
Mais bon, mis à part reconnaître le fait que Robespierre n'a pas été le pire des salauds et qu'il a en effet servi de bouc-émissaire aux terroristes extrémistes qui ne l'ont renversé que pour sauver leur propre tête (et qui ont eux-mêmes été dépassés par l'ampleur de la réaction thermidorienne), celui-ci n'en reste pas moins l'un des principaux responsables et initiateurs de la terreur révolutionnaire, d'une guerre civile sanglante qui a mis la France sens dessus dessous.