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 Sujet du message : Re: Maximilien de Robespierre.
Message Publié : 17 Juil 2014 12:54 
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Certes Jefferson, mais bien plus que le rôle personnel de Robespierre, c'est l'amplification des opérations militaires et/ou de répression qui exacerbent globalement les violences.
C'est bien connu : la violence engendre la violence et les soulèvements les répressions.
Après, lorsque le problème n'est pas résolu on passe à l'étape suivante, forcément plus radicale.
Même les Girondins auraient dû y venir pour vaincre aux frontières et réduire les soulèvements monarchistes.

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 Sujet du message : Re: Maximilien de Robespierre.
Message Publié : 17 Juil 2014 18:05 
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Eginhard
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Duc de Raguse a écrit :
Certes Jefferson, mais bien plus que le rôle personnel de Robespierre, c'est l'amplification des opérations militaires et/ou de répression qui exacerbent globalement les violences.
C'est bien connu : la violence engendre la violence et les soulèvements les répressions.
Après, lorsque le problème n'est pas résolu on passe à l'étape suivante, forcément plus radicale.
Même les Girondins auraient dû y venir pour vaincre aux frontières et réduire les soulèvements monarchistes.


Oui, je suis bien d'accord. Mais on s'évertue dans ce fil à trouver toutes sortes de responsabilités à l'Incorruptible, et dans les dernières pages sa part, réelle ou fantasmée, dans la violente répression de la Vendée. On peut du moins être certain qu'il exploita le thème de la révolte vendéenne, pour insister sur sa mauvaise gestion, notamment par les administrateurs girondins sur le terrain, dans ses discours les plus incisifs jusqu'en juin 1793. A le lire, la révolte vendéenne n'était pas prise suffisamment au sérieux par la Convention girondine, il poussait à une répression sans merci - ses discours n'ont pas pu être sans incidence sur la suite.

Après, force est de le constater, Robespierre parla beaucoup moins de la Vendée - soit qu'elle n'avait été qu'une arme utilisée contre les Girondins, soit qu'il estimait que le problème était convenablement géré et qu'il n'y avait rien à ajouter à la tribune.

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 Sujet du message : Re: Maximilien de Robespierre.
Message Publié : 17 Juil 2014 20:09 
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Sans aucun doute Jefferson, c'est ce que je pense aussi.

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 Sujet du message : Re: Maximilien de Robespierre.
Message Publié : 17 Juil 2014 23:46 
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Polybe
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Citer :
Je rappelle simplement votre affirmation "mal lue" :
Citer :
A moins que Robespierre ait tracé la sienne au bas des décrets de Barère, et en l'absence de procès-verbal des discussions pendant les séances du comité, il est douteux d'exciper de ces documents pour soutenir la responsabilité de Robespierre.



Disons que j'ai la saine habitude de m'en tenir aux sources. Je maintiens que l'unité des instances dirigeantes révolutionnaires est un mythe, celui du "grand comité de l'an II", et qu'en l'absence de signature d'un membre d'un comité sur un document, il faut être prudent sur son assentiment.

Citer :
Donc, il est irresponsable et hop voilà la fin du débat ! 8-|
Ai-je mal compris ? (cela changera de "lu"... :mrgreen: )


Pourquoi me prêtez-vous cette opinion que Robespierre serait irresponsable ? Entre la responsabilité et l'irresponsabilité, il y a un espace qui est celui du doute, même si les gens ont souvent soif de conclusions sur des sujets aussi brûlants que l'Incorruptible ou la Vendée. En l'absence de document ou de témoignage sur l'action du premier concernant les massacres dont a souffert la deuxième (j'entends par là la phase la plus extrême de la guerre qui ne commence vraiment qu'au tournant de 93-94), la prudence pour moi reste de mise.

Citer :
S'en tenir à la seule absence de signature d'un document officiel pour affirmer qu'un membre d'une oligarchie soit exempt de toute responsabilité



C'est la source du désaccord. Vous semblez concevoir la République de 93 comme un régime fonctionnel, dont Robespierre, en tant que rouage important, serait comptable de toute les actions. Il n'en est rien selon moi, les comités sont en rivalité entre eux, et sont déchirés de rivalité en eux. Ces dissensions vont croissant pendant les huit premiers mois de 1794, or les atrocités qui se déroulent dans la France s'intensifient également au fil de cette période. D'où ma réticence à tenir automatiquement l'ensemble des membres du CSP et du CSG pour responsables de ces événements.

Citer :
"Ca se saurait"


"ça ne se saurait pas", si depuis deux cent ans des historiens débattent pour évaluer le rôle de Robespierre dans la Terreur et dans les horreurs commises par les représentants en province, y compris certains acteurs de l'Ouest comme Carrier, c'est précisément parce que ça ne se sait pas.

Citer :
voilà la fin du débat ! 8-|


Non, malgré son slalom entre les références aux années 30, ce débat offre des échanges intéressants.

Citer :
J'ai un faible pour la sentence de Bossuet: «Dieu se rit de ceux qui déplorent des effets dont ils continuent de chérir les causes».


J'aime aussi cette sentence, qui en l'espèce s'applique mal à Robespierre. On peut, comme vous le faîtes, lui imputer d'avoir mis en place des instruments de justice expéditives avec la loi des suspects, alors qu'il devait prévoir (ce point est discutable) qu'ils dégénéreraient inexorablement en moyens de boucherie vu le contexte politique de la France à cet instant. Mais on ne peut certainement pas affirmer que Robespierre a "continu(é) de chérir les causes" des atrocités de 94, puisqu'il est mort au contraire de la main des terroristes qu'il avait fait rappeler de province ou qu'il combattait dans les comités (Tallien, Fouché, Barrère, Vadier, Vouland, etc.)


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 Sujet du message : Re: Maximilien de Robespierre.
Message Publié : 18 Juil 2014 9:43 
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Fustel de Coulanges
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D’autres interventions de Robespierre sur la Vendée. Ici plus précisément sur certains généraux servant sur ce théâtre d’opération. Ca ne fera guère avancer la problématique en cours, mais je ne trouve pas cela dénué d'intérêt.

La première concerna le général Marcé.

Le 23 mars 1793, Barère, au nom des Comités de défense et de sûreté générale, présenta à la Convention un projet de décret relatif aux mesures à prendre en Vendée. Les premier et troisième articles (respectivement portant sur l’envoi de nouvelles troupes et sur la rédaction d’une adresse aux habitants des zones insurgées) furent adoptés sans discussion (un quatrième article invitant le Conseil exécutif a présenter un rapport journalier sur la situation des départements touchés par la rébellion fut ajouté suite aux débats). L’article 2, lui, fut contesté. Ce dernier visait à former à la Rochelle une cour martiale chargée de juger le général Marcé qui venait d’être, quatre jours plus tôt, lourdement battu à la Guérinière. Ce fut à cette occasion, suite à la prise de parole d’Albitte qui, lui aussi rejetait le deuxième article, que Robespierre intervint :
« La trahison du général Marcé doit être jugée par le tribunal révolutionnaire, parce que je suis convaincu que les crimes commis contre la liberté, que les crimes de lèse-nation, ne peuvent être travestis en simples délits militaires. Dans les combats des citoyens, contre les citoyens révoltés dans l'intérieur, il y a autre chose que les relations des républicains avec les ennemis extérieurs ; il y a combat de la liberté contre la tyrannie ; il y a la cause de la révolution ; et un citoyen qui, sous le titre de général, se met à la tête des défenseurs de la liberté, pour les trahir, n'est pas seulement un homme coupable de délits militaires, n'est point simplement un soldat, un général, qui manque aux lois militaires, c'est un scélérat qui commet un attentat envers la patrie, c'est un citoyen qui trahit la cause de la liberté. Je vois là, enfin, un crime de lèse-majesté, un crime de lèse-nation, et j'estime que c'est suivant les principes de la République qu'il faut punir cet espèce de criminel. J'en conclus que ce n'est point par les cours militaires, mais par un tribunal civil, qu'il faut juger ceux qui ont trahi la chose publique dans le combat qui s'est engagé entre les bons citoyens et les ennemis de la liberté.
Je sais que le rapporteur du comité a pu être entraîné par les principes mêmes de la liberté. Il a pensé que la formule qu'il propose était plus expéditive ; et qu'un tribunal révolutionnaire pourrait plutôt absoudre que la cour martiale.
Je réponds que si cela est possible, c'est la faute de l'institution et non de mes principes ; c'est à nous de réformer les abus ; c'est à nous de prendre de grandes mesures. Les principes veulent que le général Marcé soit jugé ; qu'il ne soit pas réputé un soldat infidèle, mais un général coupable du crime de lèse-nation, un citoyen traître envers la patrie, traître envers la liberté. D'après cela, c'est devant le tribunal institué pour punir les crimes de lèse-nation qu'il doit être traduit. Si le tribunal ne le juge pas suivant la loi, suivant les principes de salut public, selon les principes civils, vous êtes là pour le punir : car si ce tribunal ne dirige pas l'autorité qu'on lui confie pour punir les ennemis de la liberté, il sera lui-même coupable, et c'est à vous à en faire justices. S'il n'est pas suffisant, c'est à vous enfin d'établir une autorité capable de réprimer tous les traîtres et punir tous les ennemis de la liberté.
Je m'attache donc aux principes qui sont la base de la liberté et je demande que le général Marcé soit poursuivi comme contre-révolutionnaire, coupable de haute trahison contre la liberté, et qu'il soit renvoyé au tribunal révolutionnaire instituée par vous pour punir les crimes de lèse-nation. »

L’article 2 fut finalement adopté dans les termes proposés par Barère.
Ce n’était cependant que partie remise : un mois plus tard, le 24 avril, sur proposition de Garnier de Saintes, la Convention décrétait en effet que Marcé devait jugé par le tribunal révolutionnaire. Le 11 mai, ce dernier était écroué à la prison de l’Abbaye et subit un premier interrogatoire le 26 juillet. Marcé fut finalement condamné à mort 28 janvier 1794 pour avoir « pratiqué des manœuvres tendantes à favoriser la révolte et les progrès des révoltés dans [le département de la Vendée]. »



Robespierre intervint également concernant le général en chef de l’armée des côtes de la Rochelle, Biron, et le subordonné de ce dernier le général sans-culotte Rossignol.

Le véritable début des déboires de Biron remontait à l’affaire qui l’opposa à Rossignol.
Le 29 juin, le général Westermann avait fait arrêter pour insubordination le général Rossignol, commandant de la 35e division de gendarmerie. Transféré ensuite à Niort, ce dernier y était emprisonné dès le lendemain sur ordre de Biron, général en chef de l’armée des côtes de la Rochelle.
Le 9 juillet suivant, la Convention était avertie de cette incarcération. Robespierre monta alors aux créneaux :
« C'est un acte arbitraire, qui ne doit plus exister dès qu'il est connu. Je demande que la Convention prononce la mise en liberté immédiate. »
L’assemblée décréta alors la libération provisoire de Rossignol et, non sans avoir proférer de véritables doutes sur la fidélité de Biron vis-à-vis de la République, renvoya au Comité de salut public l’examen de cette affaire. Celui-ci présenta son rapport, par la voix de Jeanbon Saint-André, deux jours plus tard. L’orateur y peignit un officier supérieur à la santé défaillante, état expliquant les lenteurs dont on accusait Biron relativement à la conduite des opérations. La Convention décréta alors le rappel du général en chef.
En Vendée, le même jour, les choses se compliquaient tragiquement pour le général en chef de l’armée des côtes de la Rochelle. Ainsi, Parrein, commissaire du Conseil exécutif auprès de l’armée des côtes de la Rochelle et Ronsin, adjoint du ministre de la guerre, écrivaient au Comité de salut public pour accuser Biron de trahison. L’initiative était relayée deux jours plus tard par les représentants du peuple qui déléguèrent à Paris leur collègue Choudieu. Biron y était accusé d’avoir désorganisé l’armée, d’avoir incarcéré Rossignol et de n’avoir pas mener une lutte efficace contre les insurgés.
Le décret de rappel connu, Biron quitta son commandement et fila sur Paris. Sur la route, il rencontra Rossignol ; ce dernier, suite au décret ordonnant sa libération, avait été appelé à Paris par le ministre de Guerre afin de s’expliquer ; il en revint blanchi (promu général de brigade le 12 juillet, de division dès le 15). Biron arriva à Paris le 19 juillet et écrivit de suite au Comité de salut public afin de l’avertir qu’il était prêt à rendre compte de sa conduite. Lendemain, il s’expliqua auprès du Conseil exécutif et obtint un délai pour préparer sa défense. Quelques jours plus tard, un mandat d’arrêt était malgré tout lancé contre lui et on l’enfermait à la prison de l’Abbaye.
Près d’un mois plus tard, le 3 septembre, Biron, qui avait rédigé un mémoire justificatif, écrivait à la Convention afin que sa conduite soit promptement examinée et jugée. Il lui fallut attendre encore de longs mois.
Le 25 décembre, Robespierre ; au nom du Comité de salut public, tenait ces mots :
« Le comité a remarqué que la loi n'était point assez prompte pour punir les grands coupables. Des étrangers, agents connus des rois coalisés, des généraux teints du sang des Français, d'anciens complices de Dumouriez, de Custine et de Lamarlière, sont depuis longtemps en état d'arrestation, et ne sont point jugés.
Les conspirateurs sont nombreux ; ils semblent se multiplier, et les exemples de ce genre sont rares. La punition de cent coupables obscurs et subalternes est moins utile à la liberté que le supplice d'un chef de conspiration.
Les membres du tribunal révolutionnaire, dont en général on peut louer le patriotisme et l'équité, ont eux-mêmes indiqué au comité de salut public les causes qui quelquefois entravent sa marche sans la rendre plus sûre, et nous ont demandé la réforme d'une loi qui se ressent des temps malheureux où elle a été portée. Nous vous proposerons d'autoriser le comité à vous présenter quelques changements à cet égard, qui tendront également à rendre l'action de la justice plus propice encore à l'innocence, et en même temps plus inévitable pour le crime et pour l'intrigue. Vous l'avez même déjà chargé de ce soin par un décret précédent.
Nous vous proposerons dès ce moment de faire hâter le jugement des étrangers et des généraux prévenus de conspiration avec les tyrans qui nous font la guerre. »

La Convention, en conformité avec le projet de décret présenté par Robespierre, décréta de suite la mise en jugement de Biron. Le 27 décembre, le procès s’ouvrait et, le 30, Biron était condamné à mort. Convaincu de conspiration contre la sûreté intérieure et extérieure de la République, il était accusé d’avoir favorisé les rebelles en s’illustrant par une inaction coupable, en contrecarrant les plans des patriotes, en ne secourant pas des unités isolées et en divisant les forces de son armée dans le dessein de les voir périr. Biron fut exécuté le 31 décembre.


Mais revenons à Rossignol. Le 24 juillet, il avait remplacé Biron suite à la destitution de ce dernier. Ce prestigieux poste ne le protégea pas et, le 22 août, les représentants Goupilleau et Bourdon suspendaient Rossignol pour incompétence, pillages et ivrognerie.
Les affaires allèrent cependant bon train pour Rossignol. Trois jours après la suspension, les représentants Richard, Choudieu, Moulin et Reubell désignaient leur collègue Bourbotte pour se rendre auprès du Comité de salut public afin de défendre la cause de Rossignol.
Le 28 août, deux jours après l'annonce de la suspension, Bourbotte, Rossignol à ses côtés, était à la Convention. Il y accusa Goupilleau d'avoir destituer le général en chef dans le seul but de protéger des intérêts familiaux menacés par l'exécution prochaine du décret incendiaire du 1er août. Le représentant fut secondé dans son discours par Tallien qui défendit Rossignol avec véhémence. La suspension fut alors annulée et Rossignol appelé à la barre. Au terme du court discours de ce dernier, Robespierre, président, tint ces mots :
« Rossignol, on connaît ton courage, on t'a vu au feu de la Bastille ; depuis ce temps, tu as marché ferme dans le sentier étroit du patriotisme. La Convention s'est empressée de te rendre justice, elle t'invite aux honneurs de la séance. »

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 Sujet du message : Re: Maximilien de Robespierre.
Message Publié : 18 Juil 2014 9:57 
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Georges Duby
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Dralastor a écrit :
Mais on ne peut certainement pas affirmer que Robespierre a "continu(é) de chérir les causes" des atrocités de 94, puisqu'il est mort au contraire de la main des terroristes qu'il avait fait rappeler de province ou qu'il combattait dans les comités (Tallien, Fouché, Barrère, Vadier, Vouland, etc.)
Robespierre chérissait la terreur, il la croyait nécessaire, c'est ce qu'il dit, on n'invente rien. La terreur cause des atrocités que l'on sait, partout en France.
A titre général, on sait qu'au dessus de ceux qui signent ou ordonnent des crimes contre l'humanité il y a les inspirateurs qui comme Staline ou Mao n'ont pas toujours eu une fonction précise de commandement. Les écrits et les paroles comptent, ils engagent. Beaucoup de grand criminels du 20è siècle ne signaient jamais rien qui puisse leur être imputé mais cela ne trompait personne.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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 Sujet du message : Re: Maximilien de Robespierre.
Message Publié : 19 Juil 2014 13:21 
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Eginhard
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Alain.g a écrit :
Dralastor a écrit :
Mais on ne peut certainement pas affirmer que Robespierre a "continu(é) de chérir les causes" des atrocités de 94, puisqu'il est mort au contraire de la main des terroristes qu'il avait fait rappeler de province ou qu'il combattait dans les comités (Tallien, Fouché, Barrère, Vadier, Vouland, etc.)
Robespierre chérissait la terreur, il la croyait nécessaire, c'est ce qu'il dit, on n'invente rien. La terreur cause des atrocités que l'on sait, partout en France.
A titre général, on sait qu'au dessus de ceux qui signent ou ordonnent des crimes contre l'humanité il y a les inspirateurs qui comme Staline ou Mao n'ont pas toujours eu une fonction précise de commandement. Les écrits et les paroles comptent, ils engagent. Beaucoup de grand criminels du 20è siècle ne signaient jamais rien qui puisse leur être imputé mais cela ne trompait personne.


Donc pour vous, Robespierre = Mao = Staline = Grand criminel du XXe siècle = Crimes contre l'humanité. Je suppose que dans la ligne de Furet, vous pensez également que les révolutionnaires montagnards préfiguraient les totalitarismes contemporains, voire les ont rendus possibles ?

Robespierre, roi sans couronne d'une nation à ses pieds, organisant les purges en s'appuyant sur son petit bréviaire du parfait terroriste, hein ? Oublions tous les engagements de Robespierre, sur l'égalité, sur la justice sociale, sur les femmes, sur l'esclavage, sur la Vertu, sur la corruption, sur les petites gens, sur les enfants naturels - ce n'est qu'un hypocrite, il n'en pensait pas un mot - conservons les cadavres, c'est tellement plus vendeur.

La Révolution française était une Révolution violente, Alain - les français n'ont pas attendu les ordres de Robespierre pour couper les têtes et violenter les corps.

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 Sujet du message : Re: Maximilien de Robespierre.
Message Publié : 20 Juil 2014 13:02 
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Georges Duby
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Jefferson a écrit :
Donc pour vous, Robespierre = Mao = Staline = Grand criminel du XXe siècle = Crimes contre l'humanité. Je suppose que dans la ligne de Furet, vous pensez également que les révolutionnaires montagnards préfiguraient les totalitarismes contemporains, voire les ont rendus possibles ?
Pas du tout, je voulais simplement montrer que ce n'est pas parce qu'on ne trouve pas d'écrit ordonnant des massacres, que l' un de ses inspirateurs ne porte pas une lourde part de responsabilité. Ce serait trop facile de s' exonérer. Les rapprochements concernent le problème de la preuve des crimes collectifs et pas les palmarès des uns et des autres.

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 Sujet du message : Re: Maximilien de Robespierre.
Message Publié : 18 Août 2014 18:32 
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Polybe
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je lis dans "Histoire de la diplomatie française - I. Du Moyen-âge à l'empire", ces lignes :

Citer :
Il (Robespierre) s'employa d'abord à rappeler que les buts de la guerre restaient, sur le plan territorial, de conquérir les limites naturelles, et, sur le plan philosophique, d'apporter au monde la "liberté universelle.


L'auteur décrit le ralliement de Robespierre, non seulement à la guerre à outrance, mais aussi à la théorie des "frontières naturelles". J'ai cherché un discours de l'intéressé pour illustrer son opinion, et j'ai bien trouvé ceci sur le Rhin :


Citer :
Il faut borner nos entreprises militaires, et leur prescrire les bords du Rhin pour limite (quatrième lettre de Robespierre à ses commettants, 1793).


Sur la naturalité des frontières, j'ai trouvé ceci, qui ne concerne cependant pas le Rhin :
Citer :
A l'Est et au midi, la nature, qui nous a donné pour remparts les Alpes et les Pyrénées, semble nous défendre elle-même de les franchir, pour tenter des expéditions lointaines et imprudentes.(Septième lettre de Robespierre à ses commettants).


J'ignore cependant ci une déclaration de l'Incorruptible existe, qui illustre son adhésion à la doctrine des frontières naturelles de manière aussi nette et indubitable que la fameuse proclamation de Danton le 31 janvier 1793 :

Citer :
les limites de la France sont marquées par la nature, nous les atteindrons des quatre coins de l'horizon, du côté du Rhin, du côté de l'Océan, du côté des Pyrénées, du côté des Alpes. Là doivent finir les bornes de notre République.


J'en profite pour reproduire un passage du livre sur Robespierre :

Citer :
... après l'exécution de Danton, le dictateur de salut public apparut comme un espoir de paix à certains de ses adversaires. Lui-même commença à amender la politique révolutionnaire. Derrière le doctrinaire se cachait un pragmatique : son action en matière religieuse l'atteste et il n'en fut pas autrement en matière diplomatique. Sous son impulsion, le CSP devint plus "civil" dans les apparences de sa politique extérieure : les biens confisqués aux ambassadeurs des pays belligérants leur furent rendus, des cadeaux diplomatiques furent envoyés en Turquie, etc. L'agent double Montgaillard se présenta au quartier général des autrichiens puis fut transféré à Londres en prétendant avoir été envoyé par Robespierre pour entamer d'informels pourparlers. Pitt parvint semble-t-il à contacter celui qu'il considérait comme le chef de l'Etat français. Le 9 Thermidor interrompit ces conciliabules secrets, au grand désappointement des protagonistes de cette affaire encore mal éclaircie.


Difficile d'imaginer les négociations qui ont pu se dérouler entre Robespierre et les dirigeants adverses. Ce résumé a cependant le mérite de souligner les efforts du révolutionnaire pour rétablir une diplomatie digne de ce nom, aspect très méconnu de son oeuvre. Voir notamment son discours du 27 Brumaire sur la situation politique de la République. Quelques extraits, qui montrent ses préoccupations quant à la qualité et à la loyauté du personnel diplomatique :

Citer :
Par une fatalité bizarre, la république se trouve encore représentée auprès d'eux par les agents des traîtres qu'elle a punis. Le beau-frère de Brissot est le consul général de la France près les États-Unis. Un autre homme, nommé Genest, envoyé par Lebrun et par Brissot à Philadelphie en qualité d'agent plénipotentiaire, a rempli fidèlement les vues et les instructions de la faction qui l'a choisi. Il a employé les moyens les plus extraordinaires pour irriter le gouvernement américain contre nous; il a affecté de lui parler, sans aucun prétexte, avec le ton de la menace, et de lui faire des propositions également contraires aux intérêts des deux nations; il s'est efforcé de rendre nos principes suspects ou redoutables, en les outrant par des applications ridicules. Par un contraste bien remarquable, tandis qu'à Paris ceux qui l'avaient envoyé persécutaient les sociétés populaires, dénonçaient comme des anarchistes les républicains luttant avec courage contre la tyrannie, Genest, à Philadelphie, se faisait chef de club, ne cessait de faire et de provoquer des motions aussi injurieuses qu'inquiétantes pour le gouvernement.


Citer :
Les mêmes manœuvres furent employées à la Porte par Choiseul-Gouffier et par son successeur. Qui croirait que l'on a établi des clubs français à Constantinople, que l'on y a tenu des assemblées primaires?
On sent que cette opération ne pouvait être utile ni à notre cause, ni à nos principes; mais elle était faite pour alarmer ou pour irriter la cour ottomane. Le Turc, l'ennemi nécessaire de nos ennemis, l'utile et fidèle allié de la France, négligé par le gouvernement français, circonvenu par les intrigues du cabinet britannique, a gardé jusqu'ici une neutralité plus funeste à ses propres intérêts qu'à ceux de la République française. Il paraît néanmoins qu'il est prêt à se réveiller; mais si, comme on l'a dit, le Divan est dirigé par le cabinet de Saint-James, il ne portera point ses forces contre l'Autriche, notre commun ennemi, qu'il lui serait si facile d'accabler, mais contre la Russie, dont la puissance intacte peut devenir encore une fois l'écueil des années ottomanes.


Robespierre entend maintenir les alliances traditionnelles de la France, et ne pas les brusquer par une propagande intrusive. Il touchait juste en fustigeant les rodomontades douteuses de Genêt, qui causèrent un grand tort aux relations franco-américaines : http://fr.wikipedia.org/wiki/Edmond-Charles_Gen%C3%AAt


Plus loin, Robespierre reprend à son compte la traditionnelle défense des libertés germaniques et italiennes

Citer :
Vous avez sous les yeux le bilan de l'Europe et le vôtre, et vous pouvez déjà en tirer un grand résultat: c'est que l'univers est intéressé à notre conservation. Supposons la France anéantie ou démembrée, le monde politique s'écroule. Ôtez cet allié puissant et nécessaire, qui garantissait l'indépendance des médiocres États contre les grands despotes, l'Europe entière est asservie. Les petits princes germaniques, les villes réputées libres de l'Allemagne sont englouties par les maisons ambitieuses d'Autriche et de Brandebourg; la Suède et le Danemark deviennent tôt ou tard la proie de leurs puissants voisins; le Turc est repoussé au delà du Bosphore et rayé de la liste des puissances européennes; Venise perd ses richesses, son commerce et sa considération; la Toscane, son existence; Gênes est effacée; l'Italie n'est plus que le jouet des despotes qui l'entourent; la Suisse est réduite à la misère, et ne recouvre plus l'énergie que son antique pauvreté lui avait donnée; les descendants de Guillaume Tell succomberaient sous les efforts des tyrans humiliés et vaincus par leurs aïeux. Comment oseraient-ils invoquer seulement les vertus de leurs pères et le nom sacré de la liberté, si la République française avait été détruite sous leurs yeux? Que serait-ce s'ils avaient contribué à sa ruine? Et vous, braves Américains, dont la liberté, cimentée par notre sang, fut encore garantie par notre alliance, quelle serait votre destinée, si nous n'existions plus? Vous retomberiez sous le joug honteux de vos anciens maîtres: la gloire de nos communs exploits serait flétrie; les titres de liberté, la déclaration des droits de l'humanité serait anéantie dans les deux mondes.


L'intégralité du discours est consultable ici : http://books.google.fr/books?id=DktEHs8 ... &q&f=false


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 Sujet du message : Re: Maximilien de Robespierre.
Message Publié : 26 Août 2014 16:22 
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Eginhard
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Robespierre a toujours tendu à une politique d'équilibre, et s'est toujours montré très reticent à la guerre, en particulier quand les Girondins poussaient au conflit. Il percevait trop bien les risques d'un coup d'Etat par un général ambitieux. Pour ce qui est des frontières naturelles, il ne me semble pas que Robespierre ait jamais adhéré à cette vieille théorie - qui traînait déjà du temps de Louis XVI, avait été reprise par les Girondins - et Danton un moment - et qui justifiait les annexions. Pour ce qui est de la "guerre à outrance", et bien, la guerre étant là, il fallait bien la mener, mais Robespierre n'était en aucune manière un belliciste.

Quant à Genêt, qui a finalement appliqué les instructions données par les Girondins, qui voulaient que l'Amerique entre en guerre aux côtés de la France, avec zèle, certes, il a en effet été désavoué par la Convention montagnarde. Robespierre tenait à faire respecter la neutralité américaine (qu'on espérait active, évidemment). Il a d'ailleurs poussé pour que le respect des Neutres soit inscrit dans la loi française, ce qui a grandement satisfait Washington - on a eu droit à Monroe à la place de Gouverneur Morris comme plénipotentiaire ! On y gagnait au change.

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 Sujet du message : Re: Maximilien de Robespierre.
Message Publié : 02 Sep 2014 13:55 
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Polybe
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Jefferson, j'ai trouvé ce passage dans une conférence de Mathiez, qui va dans votre sens :

Citer :
Robespierre ne voulait pas de la paix de défaite, de la paix royaliste des Dantonistes, et il ne voulait pas davantage de la guerre impérialiste des Hébertistes. Il a écrit dans ses notes intimes cette phrase révélatrice que Jaurès a soulignée, et qui n'a rien perdu de son actualité : « Il faut armer non pour aller au Rhin, c'est la guerre éternelle, mais afin de dicter la paix, paix sans conquêtes ». Cela n'a pas cessé d'être la sagesse.


C'est peut-être sur cette base qu'il avait entamé des négociations secrètes avec les puissances européennes, et on comprend alors pourquoi celles-ci auraient accepté de s'entretenir avec ses émissaires. Reste que d'autres historiens disent l'inverse, comme je l'ai dit plus haut. Il faudrait trouver une déclaration de Robespierre qui soit sans appel sur la teneur de ses projets de paix. Il est possible qu'il se contentât d'un glacis de républiques soeurs le long du Rhin plutôt que d'une annexion.


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 Sujet du message : Re: Maximilien de Robespierre.
Message Publié : 26 Déc 2014 20:34 
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Eginhard
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Pour ceux qui ne connaissent pas Henri Guillemin (il doit y en avoir) ou connaissent peu Robespierre en dehors des saloperies répandues par les Thermidoriens, deux heures de pur bonheur. La fougue de Guillemin pour raconter l'une des grandes figures de la Révolution. Qu'on apprécie ou pas l'Incorruptible, impossible de rester de marbre en écoutant Guillemin. De vous à moi, certains passages m'ont ému à m'en piquer les yeux. Quelle éloquence ! Quelle manière de raconter l'histoire ! J'ai découvert cette conférence il y a quelques jours à peine. Je partage sans hésiter !

http://m.youtube.com/v/XiM74n8I2Gc

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 Sujet du message : Re: Maximilien de Robespierre.
Message Publié : 27 Déc 2014 10:37 
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Fustel de Coulanges
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Jefferson a écrit :
Pour ceux qui ne connaissent pas Henri Guillemin (il doit y en avoir)


On avait parlé ici de Guillemin, notamment au travers des émissions télévisées qu'il avait consacrées à Napoléon :
viewtopic.php?f=55&t=32527

Affligeant, nauséabond et ridicule...

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 Sujet du message : Re: Maximilien de Robespierre.
Message Publié : 27 Déc 2014 14:04 
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Eginhard
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Drouet Cyril a écrit :

Affligeant, nauséabond et ridicule...


Ma foi, je ne prendrai pas les armes pour vous répondre. Guillemin se trompe, évidemment, parfois. Il n'est pas historien, mais érudit. Je trouve sa démarche inspirante et son portrait de Robespierre pertinent et émouvant, bien qu'on puisse trouver à redire à certains points. Ce n'est pas le propos. Pour le reste, je vous laisse votre "nauséabond", que je trouve tout à fait déplacé parlant d'un homme indéniablement honnête, quoiqu'il vous semble, sans doute à raison, dans l'erreur sur certains aspects. De l'eau a coulé sous les ponts de l'historiographie de la Révolution depuis 1970.

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 Sujet du message : Re: Maximilien de Robespierre.
Message Publié : 27 Déc 2014 14:19 
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Fustel de Coulanges
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Jefferson a écrit :
Pour le reste, je vous laisse votre "nauséabond", que je trouve tout à fait déplacé parlant d'un homme indéniablement honnête


Concernant les méthodes usitées dans le cadre de ses émissions sur Napoléon, "honnête" n'est pas du tout le terme que j'emploierais.

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