Dalgonar a écrit :
a laissé faire et soutenu les sans-culottes en Vendée jusqu'en décembre 93
Il n'existe sur la question pas grand chose de concret fixé sur le papier à se mettre sous la dent.
On peut citer néanmoins quelques discours :
Discours de Robespierre aux Jacobins (8 mai 1793 ; à cette date on n'était cependant pas encore aux grandes mesures législatives et militaires) :
"Afin qu'il ne reste aucun doute sur mon système, je déclare qu'il faut non seulement exterminer tous les rebelles de la Vendée, mais encore tout ce que la France renferme de rebelles contre l'humanité et contre le peuple.
[...]
Il n'y a plus que deux partis en France, le peuple et ses ennemis. Il faut exterminer tous ces êtres vils et scélérats, qui conspireront éternellement contre les droits de l'homme et contre le bonheur de tous les peuples. Voilà l'état où nous sommes.
[...]
J'ai dit ce matin à la Convention que les patriotes de Paris iraient au devant des scélérats de la Vendée, qu'ils entraîneraient sur leur route tous leurs frères des départements, et qu'ils extermineraient tous... oui, tous les rebelles à la fois."
Discours de Robespierre aux Jacobins (12 mai 1793) :
« Exterminez les brigands de la Vendée, et que tous les tyrans disparaissent du sol de la liberté »
Discours de Robespierre à la Convention (16 juin 1793) :
« Sortez de la léthargie où vous êtes. Ecrasons tous nos ennemis. Bientôt nous serons forcés de faire lever la France entière pour détruire les rebelles de la Vendée. »
Discours de Robespierre aux Jacobins (23 juin 1793) :
« II n'y a rien de si mortel pour la patrie que de lui parler de choses inutiles et insignifiantes
[…]
Occupons-nous du soin […] d'écraser les ennemis de la Vendée. »
Proclamation du Comité de salut public aux armées (23 octobre 1793), signée par Robespierre :
« Les défenseurs de la République viennent de détruire les rebelles de la Vendée ; ils ont exterminé leurs cohortes sacrilèges. Cette terre coupable a dévoré elle-même les monstres qu'elle a produits. Le reste va tomber sous la hache populaire. »
A noter que cette proclamation était une réponse au rapport fait au Comité par Bourbotte, Turreau, Choudieu et Francastel, le 21 octobre ; missive où la guerre est dépeinte de manière effroyable et dans la droite ligne des ordres du Comité et de la Convention :
« La Convention nationale a voulu que la guerre de la Vendée fût terminée avant la fin octobre, et nous pouvons lui dire aujourd’hui qu’il n’existe plus de Vendée, encore bien que tous les rebelles ne soient pas entièrement exterminés. Une solitude profonde règne actuellement dans le pays qu’ils occupaient. On ferait beaucoup de chemin dans ces contrées avant de rencontrer un homme et une chaumière, car à l’exception de Cholet, de Saint-Florent et de quelques petits bourgs où le nombre des patriotes excédait de beaucoup les contre-révolutionnaires, nous n’avons laissé derrière nous que des cendres et des monceaux de cadavres. »
Concernant la Vendée, on peut aussi se rappeler des interventions de Robespierre dans les affaires des généraux Macé, Biron et Rossignol :
Le 23 mars 1793, Barère, au nom des Comités de défense et de sûreté générale, présenta à la Convention un projet de décret relatif aux mesures à prendre en Vendée. Les premier et troisième articles (respectivement portant sur l’envoi de nouvelles troupes et sur la rédaction d’une adresse aux habitants des zones insurgées) furent adoptés sans discussion (un quatrième article invitant le Conseil exécutif a présenter un rapport journalier sur la situation des départements touchés par la rébellion fut ajouté suite aux débats). L’article 2, lui, fut contesté. Ce dernier visait à former à la Rochelle une cour martiale chargée de juger le général Marcé qui venait d’être, quatre jours plus tôt, lourdement battu à la Guérinière. Ce fut à cette occasion, suite à la prise de parole d’Albitte qui, lui aussi rejetait le deuxième article, que Robespierre intervint :
« La trahison du général Marcé doit être jugée par le tribunal révolutionnaire, parce que je suis convaincu que les crimes commis contre la liberté, que les crimes de lèse-nation, ne peuvent être travestis en simples délits militaires. Dans les combats des citoyens, contre les citoyens révoltés dans l'intérieur, il y a autre chose que les relations des républicains avec les ennemis extérieurs ; il y a combat de la liberté contre la tyrannie ; il y a la cause de la révolution ; et un citoyen qui, sous le titre de général, se met à la tête des défenseurs de la liberté, pour les trahir, n'est pas seulement un homme coupable de délits militaires, n'est point simplement un soldat, un général, qui manque aux lois militaires, c'est un scélérat qui commet un attentat envers la patrie, c'est un citoyen qui trahit la cause de la liberté. Je vois là, enfin, un crime de lèse-majesté, un crime de lèse-nation, et j'estime que c'est suivant les principes de la République qu'il faut punir cet espèce de criminel. J'en conclus que ce n'est point par les cours militaires, mais par un tribunal civil, qu'il faut juger ceux qui ont trahi la chose publique dans le combat qui s'est engagé entre les bons citoyens et les ennemis de la liberté.
Je sais que le rapporteur du comité a pu être entraîné par les principes mêmes de la liberté. Il a pensé que la formule qu'il propose était plus expéditive ; et qu'un tribunal révolutionnaire pourrait plutôt absoudre que la cour martiale.
Je réponds que si cela est possible, c'est la faute de l'institution et non de mes principes ; c'est à nous de réformer les abus ; c'est à nous de prendre de grandes mesures. Les principes veulent que le général Marcé soit jugé ; qu'il ne soit pas réputé un soldat infidèle, mais un général coupable du crime de lèse-nation, un citoyen traître envers la patrie, traître envers la liberté. D'après cela, c'est devant le tribunal institué pour punir les crimes de lèse-nation qu'il doit être traduit. Si le tribunal ne le juge pas suivant la loi, suivant les principes de salut public, selon les principes civils, vous êtes là pour le punir : car si ce tribunal ne dirige pas l'autorité qu'on lui confie pour punir les ennemis de la liberté, il sera lui-même coupable, et c'est à vous à en faire justices. S'il n'est pas suffisant, c'est à vous enfin d'établir une autorité capable de réprimer tous les traîtres et punir tous les ennemis de la liberté.
Je m'attache donc aux principes qui sont la base de la liberté et je demande que le général Marcé soit poursuivi comme contre-révolutionnaire, coupable de haute trahison contre la liberté, et qu'il soit renvoyé au tribunal révolutionnaire instituée par vous pour punir les crimes de lèse-nation. »
L’article 2 fut finalement adopté dans les termes proposés par Barère.
Ce n’était cependant que partie remise : un mois plus tard, le 24 avril, sur proposition de Garnier de Saintes, la Convention décrétait en effet que Marcé devait jugé par le tribunal révolutionnaire. Le 11 mai, ce dernier était écroué à la prison de l’Abbaye et subit un premier interrogatoire le 26 juillet. Marcé fut finalement condamné à mort 28 janvier 1794 pour avoir « pratiqué des manœuvres tendantes à favoriser la révolte et les progrès des révoltés dans [le département de la Vendée]. »
Comme dit plus haut, Robespierre intervint également concernant le général en chef de l’armée des côtes de la Rochelle, Biron, et le subordonné de ce dernier le général sans-culotte Rossignol.
Le véritable début des déboires de Biron remontait à l’affaire qui l’opposa à Rossignol.
Le 29 juin, le général Westermann avait fait arrêter pour insubordination le général Rossignol, commandant de la 35e division de gendarmerie. Transféré ensuite à Niort, ce dernier y était emprisonné dès le lendemain sur ordre de Biron, général en chef de l’armée des côtes de la Rochelle.
Le 9 juillet suivant, la Convention était avertie de cette incarcération. Robespierre monta alors aux créneaux :
« C'est un acte arbitraire, qui ne doit plus exister dès qu'il est connu. Je demande que la Convention prononce la mise en liberté immédiate. »
L’assemblée décréta alors la libération provisoire de Rossignol et, non sans avoir proférer de véritables doutes sur la fidélité de Biron vis-à-vis de la République, renvoya au Comité de salut public l’examen de cette affaire. Celui-ci présenta son rapport, par la voix de Jeanbon Saint-André, deux jours plus tard. L’orateur y peignit un officier supérieur à la santé défaillante, état expliquant les lenteurs dont on accusait Biron relativement à la conduite des opérations. La Convention décréta alors le rappel du général en chef.
En Vendée, le même jour, les choses se compliquaient tragiquement pour le général en chef de l’armée des côtes de la Rochelle. Ainsi, Parrein, commissaire du Conseil exécutif auprès de l’armée des côtes de la Rochelle et Ronsin, adjoint du ministre de la guerre, écrivaient au Comité de salut public pour accuser Biron de trahison. L’initiative était relayée deux jours plus tard par les représentants du peuple qui déléguèrent à Paris leur collègue Choudieu. Biron y était accusé d’avoir désorganisé l’armée, d’avoir incarcéré Rossignol et de n’avoir pas mener une lutte efficace contre les insurgés.
Le décret de rappel connu, Biron quitta son commandement et fila sur Paris. Sur la route, il rencontra Rossignol ; ce dernier, suite au décret ordonnant sa libération, avait été appelé à Paris par le ministre de Guerre afin de s’expliquer ; il en revint blanchi (promu général de brigade le 12 juillet, de division dès le 15). Biron arriva à Paris le 19 juillet et écrivit de suite au Comité de salut public afin de l’avertir qu’il était prêt à rendre compte de sa conduite. Lendemain, il s’expliqua auprès du Conseil exécutif et obtint un délai pour préparer sa défense. Quelques jours plus tard, un mandat d’arrêt était malgré tout lancé contre lui et on l’enfermait à la prison de l’Abbaye.
Près d’un mois plus tard, le 3 septembre, Biron, qui avait rédigé un mémoire justificatif, écrivait à la Convention afin que sa conduite soit promptement examinée et jugée. Il lui fallut attendre encore de longs mois.
Le 25 décembre, Robespierre ; au nom du Comité de salut public, tenait ces mots :
« Le comité a remarqué que la loi n'était point assez prompte pour punir les grands coupables. Des étrangers, agents connus des rois coalisés, des généraux teints du sang des Français, d'anciens complices de Dumouriez, de Custine et de Lamarlière, sont depuis longtemps en état d'arrestation, et ne sont point jugés.
Les conspirateurs sont nombreux ; ils semblent se multiplier, et les exemples de ce genre sont rares. La punition de cent coupables obscurs et subalternes est moins utile à la liberté que le supplice d'un chef de conspiration.
Les membres du tribunal révolutionnaire, dont en général on peut louer le patriotisme et l'équité, ont eux-mêmes indiqué au comité de salut public les causes qui quelquefois entravent sa marche sans la rendre plus sûre, et nous ont demandé la réforme d'une loi qui se ressent des temps malheureux où elle a été portée. Nous vous proposerons d'autoriser le comité à vous présenter quelques changements à cet égard, qui tendront également à rendre l'action de la justice plus propice encore à l'innocence, et en même temps plus inévitable pour le crime et pour l'intrigue. Vous l'avez même déjà chargé de ce soin par un décret précédent.
Nous vous proposerons dès ce moment de faire hâter le jugement des étrangers et des généraux prévenus de conspiration avec les tyrans qui nous font la guerre. »
La Convention, en conformité avec le projet de décret présenté par Robespierre, décréta de suite la mise en jugement de Biron. Le 27 décembre, le procès s’ouvrait et, le 30, Biron était condamné à mort. Convaincu de conspiration contre la sûreté intérieure et extérieure de la République, il était accusé d’avoir favorisé les rebelles en s’illustrant par une inaction coupable, en contrecarrant les plans des patriotes, en ne secourant pas des unités isolées et en divisant les forces de son armée dans le dessein de les voir périr. Biron fut exécuté le 31 décembre.
Mais revenons à Rossignol. Le 24 juillet, il avait remplacé Biron suite à la destitution de ce dernier. Ce prestigieux poste ne le protégea pas et, le 22 août, les représentants Goupilleau et Bourdon suspendaient Rossignol pour incompétence, pillages et ivrognerie.
Les affaires allèrent cependant bon train pour Rossignol. Trois jours après la suspension, les représentants Richard, Choudieu, Moulin et Reubell désignaient leur collègue Bourbotte pour se rendre auprès du Comité de salut public afin de défendre la cause de Rossignol.
Le 28 août, deux jours après l'annonce de la suspension, Bourbotte, Rossignol à ses côtés, était à la Convention. Il y accusa Goupilleau d'avoir destituer le général en chef dans le seul but de protéger des intérêts familiaux menacés par l'exécution prochaine du décret incendiaire du 1er août. Le représentant fut secondé dans son discours par Tallien qui défendit Rossignol avec véhémence. La suspension fut alors annulée et Rossignol appelé à la barre. Au terme du court discours de ce dernier, Robespierre, président, tint ces mots :
« Rossignol, on connaît ton courage, on t'a vu au feu de la Bastille ; depuis ce temps, tu as marché ferme dans le sentier étroit du patriotisme. La Convention s'est empressée de te rendre justice, elle t'invite aux honneurs de la séance. »
En outre, un fil sur Robespierre et Carrier existe ici :
viewtopic.php?f=55&t=34226