Pour revenir au sujet :
« Nous nous bâtâmes encore devant Heilsberg et à Friedland. Un ce dernier lieu, quel spectacle ! Nous chargions des cavaliers russes de la Sibérie qui tiraient des flèches. Une centaine furent sabrés, les autres se rendirent. Beaucoup s'étaient peint le visage en bleu pour nous effrayer. » (Bro, Mémoires)
« Au centre cheminait un fort convoi de vivres et de munitions qu'il était très important de conserver, et sur les flancs, des tirailleurs, des masses et une artillerie bien servie répondaient victorieusement aux nombreuses tentatives faites pour nous entamer. C'est surtout par leur cavalerie légère que les assaillants cherchaient à nous intimider. Les hourras se succédaient coup sur coup; l'air retentissait incessamment de cris sauvages et baroques ; des flèches sans nombre sifflaient sur nos têtes ou venaient tomber dans nos rangs. Tout cela était l'œuvre de quelques milliers de Baskirs (Tartares mahométans) et de ces hideux Kalmouks à grosse tête que l'autocrate montre à ses ennemis comme pour les épouvanter. Rien ne m'a paru étrange comme l'aspect de pareilles races aux prises avec les enfants de la France. L'Europe et l'Asie, le Christ et Mahomet, le moyen âge et le XIXe siècle luttant ensemble au centre de l'Allemagne ! Vit-on jamais macédoine plus étrange? Mais les flèches répondent mal à une grêle de balles et de boulets. Baskirs et Kalmouks se sont bientôt lassés d'un combat inégal, et alors c'est avec leur artillerie que les Russes ont voulu mettre du désordre dans nos colonnes. Ceci était plus sérieux. […] Nous étions là encore le 22 au matin, toujours débarrassés du voisinage de l'ennemi et ne songeant guère à lui, lorsqu'ayant voulu manœuvrer en retraite pour nous rapprocher de Dresde, point essentiellement commis à notre garde, cet ennemi s'est rencontré tout à coup comme si la terre l'eût recélé dans ses entrailles. C'était encore à ces honnêtes Baskirs, les meilleures gens du monde, que nous avions affaire. Malgré leurs cris aigus, leurs charges prudentes, leurs flèches, voire même malgré le feu de quelques pièces d'artillerie légère qui formaient la basse de leur diabolique concert, notre mouvement a continué avec le plus grand ordre. Parvenus ainsi à Lochwitz, point intermédiaire entre Dresde et Pirna, nous avons pris une bonne position où les Baskirs n'ont plus songé à nous inquiéter. Les Cosaques ne sont redoutables qu'à ceux qui les craignent et leur montrent le dos ; mais ceci est bien autrement vrai des Baskirs et des Kalmouks. Je crois qu'avec un bon bataillon de voltigeurs bien pourvu de cartouches, on peut affronter toute cette canaille en quelque nombre qu'elle se montre. Notre cavalerie n'en aurait pas aussi bon marché, car les flèches effraient les chevaux par leur, sifflement, et leurs piqûres jettent du désordre dans les escadrons. » (Fantin des Odoards, Journal)
« Le 18 [juin 1807], l'avant-garde rencontra des. Kalmoucks armés de leurs arcs et de leurs flèches; on s'en amusa beaucoup. » (Girod de l’Ain, Dix ans de mes souvenirs militaires de 1805 à 1815)
Et dans les sables d’Egypte :
« Arrivée près de [Samanhout], l'avant-garde française, composée de hussards commandés par le capitaine Desvernois, ne fut pas plus tôt aperçue que près d'un millier de cavaliers, dont plusieurs n'étaient armés que de lances, d'arcs et de flèches, s'élancèrent à leur rencontre en poussant d'effroyables hurlements. Les hussards rétrogradèrent au pas : mais dès que les ennemis se trouvèrent assez loin des leurs pour ne pouvoir en être soutenus, ils se retournèrent vivement, les chargèrent avec impétuosité, en sabrèrent une cinquantaine qui restèrent sur le terrain et en blessèrent près de deux cents. Leurs compagnons épouvantés s'enfuirent en poussant des cris lamentables. Dans cet engagement, brillant prélude de la bataille qui allait être livrée, il n'y eut qu'un hussard tué et deux blessés. » (Desvernois, Souvenirs militaires)
_________________ " Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)
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