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Message Publié : 17 Déc 2010 20:58 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 14 Jan 2007 1:15
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Si après tilsit Alexandre 1er avait combattu l'empire ottoman comme la russie aller le faire durand le 19 eme siècle , il n'aurait pas eut les moyens d'envisager de faire la guerre à la france, et au contraire il aurait soulevé contre la Russie l'angleterre , comme durand la guerre de crimée, sauf que la france aurait été du côté de la russie cette fois ci .
La grande france napoléonienne existerait encore et après avoir exercé un condiminium sur l'europe avec la russie on aurait aujourdhui une grande europe dont les 2 pays seraient les 2 poumons. Pourquoi est ce que cela c'est passé ainsi ?
A qui la faute : à napoléon ou alexandre ?


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Message Publié : 18 Déc 2010 14:46 
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Jean Froissart
Jean Froissart

Inscription : 21 Sep 2008 16:42
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Localisation : Seine et Marne
Un article intéressant issu du site Napoleon.org : http://www.napoleon.org/fr/salle_lectur ... dreIer.asp

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"L'Angleterre attend que chaque homme fasse son devoir" (message de l'amiral Nelson à Trafalgar)


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Message Publié : 18 Déc 2010 18:43 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Citer :
Si après tilsit Alexandre 1er avait combattu l'empire ottoman comme la russie aller le faire durand le 19 eme siècle , il n'aurait pas eut les moyens d'envisager de faire la guerre à la france


Pourquoi ce "si" ?
Un armistice a bien été conclu en août 1807, mais la guerre turco-russe a repris ensuite et ne se termina qu'en mai 1812, avec le traité de Bucarest.

Citer :
alliance brisée Napoléon Alexandre : à qui la faute ?


Pour faire rapide, l’établissement duché de Varsovie et le non règlement de la question ottomane brisait la politique russe d'expansion vers l'ouest et la méditerranée, tout en répondant aux voeux de Napoléon d'écarter la Russie des affaires de l'Europe. Ces points créèrent entre les deux pays des points de tension de plus en plus grands (nourrissant les ressentiments des opposants à Tilsit et ceux des bellicistes ; auxquels Alexandre ne pouvait ne pas avoir une oreille attentive) ; griefs qui s’ajoutaient à ceux nés de l’obligation pour la Russie de fermer ses ports aux exportations britanniques. Les conséquences économiques, malgré une application bien légère du blocus, furent sévères et aboutirent à l’oukase du 31 décembre 1810 ; texte violant le traité de Tilsit et qui mit logiquement en rage Napoléon. Colère qui eut son pendant au même moment à Saint-Pétersbourg quand on apprit que l’Empereur avait par le sénatus-consulte du 13 décembre de la même année opéré, dans le but de mieux cadenasser les côtes de la mer du Nord, toute une série d’annexions dont le duché d’Oldenbourg, lui-même cité dans le traité de Tilsit.
Autant d’éléments qui achevèrent de brûler l’alliance. Début 1811, les Russes avaient déjà établi un plan d’attaque…
Les intérêts des deux pays étaient bien différents et les accords de Tilsit, malgré la constitution de ce qu’il faut appeler une alliance, ne permirent pas de les accorder.

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


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Message Publié : 18 Déc 2010 21:42 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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Dès le congrès d'Erfurt en 1808, l'alliance n'est plus qu'un coquille vide. La faute probablement à l'aventure espagnole.


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Message Publié : 19 Déc 2010 14:04 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
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A Erfurt, le ver était en effet déjà dans le fruit.
Pour ce qui est de l'Espagne, Alexandre n'avait pas notifié une quelconque opposition ; non seulement, il avait salué l'affaire mais avait aussi reconnu le roi Joseph. Une attitude conciliante qui étayait du même coup les demandes de la part de la Russie de régler au plus vite la question orientale.

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Message Publié : 25 Déc 2010 16:08 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 07 Sep 2008 15:55
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Les réponses de Cyril Drouet sont intéressantes. Je les compléterais si vous voulez bien par une remarque plus générale. L'alliance de Tilssit est fondée sur un malentendu. Alexandre a pensé définir avec Napoélon une entente quasiment égalitaire visant à établir un quasi-condominium sur l'Europe fondé sur le rejet de l'influence anglaise et la "neutralisation" de l'Autriche et de la Prusse. Cette analyse reposait sur le constat que la démographie russe équilibrait celle de la France, que sa géographie la rendait invulnérable, que l'absence de frontière avec la France éliminait tout contentieux direct entre les deux empires.

Je pense que Napoléon lui voyait les choses différement : il se considérait (à juste titre du moins à court terme) comme le vainqueur magnanime qui évitait une paix humiliante au vaincu de Friedland et lui proposait une place de "brillant second" dans une Europe centrée sur Paris. Bref le programme que Guilaume II proposera à François Joseph (ou Hitler à Mussolini). Cela ne pouvait pas durer pour les raisons géographiques et démographiques dont Alexandre avait parfaitement conscience.

Sans oublier que si Napoléon a cru voir sa légitimité reconnue par les souverains européens, ceux-ci et leur Cour n'ont toujours vue en lui qu'un dictateur militaire isssu de la Révolution. Bref un personnage violent et dangereux avec lequel toute alliance durable était impossible.


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Message Publié : 26 Déc 2010 9:56 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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Je suis plutôt d'accord avec vous.

Je précise ce que je voulais dire par la référence espagnole à 1808.

Quand une grande puissance vient d'être vaincue par une autre, il faut du temps et de la stabilité pour que la nouvelle alliance entre elles prenne corps, pour que l'alliance devienne autre chose qu'un bout de papier.

Or, en envahissant l'Espagne, Napoléon sapait tout espoir déjà mince chez les autres grandes puissances européennes, que la France accepte de stabiliser les rapports de force en Europe. Elles n'avaient pas envie d'entrer dans une alliance à sens unique, visant à permettre que seul leur partenaire français en tire bénéfice pour déséquilibrer davantage le rapport de forces à son seul avantage.

En outre, à partir de 1808 et de l'invasion de l'Espagne, pour la 1ère fois, Napoléon et la France font une guerre offensive, sans raison, et renversent une monarchie qui était pourtant leur alliée. Tandis que, jusqu'alors, c'était de la propagande que de décrire Napoléon comme un ogre, celui-ci n'ayant mené que des guerres défensives et cherché à prendre des gages supplémentaires en vue d'une paix durable avec l'Angleterre, là Napoléon donne raison à ladite propagande qui devient un fait. Face à un partenaire légitimement considéré comme non fiable et destabilisant, on fait le gros dos en attendant que les circonstances deviennent favorables et permettent un rééquilibrage, pacifique ou belliqueux.

Enfin, et dans ces conditions, la Russie comme l'Autriche arrivaient très logiquement à la conclusion que Napoléon avait ouvert un front de trop en Espagne, que ce serait un tel guêpier que les engagements militaires excessifs de Napoléon affaiblissaient la France. Le fait que, dès 1809, l'Autriche prend le risque de se lancer seule dans la guerre contre la France, me paraît découler de cette analyse.


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Message Publié : 26 Déc 2010 10:45 
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Fustel de Coulanges
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Citer :
Le fait que, dès 1809, l'Autriche prend le risque de se lancer seule dans la guerre contre la France, me paraît découler de cette analyse.


L'affaire espagnole (tant du point de vue militaire que politique et géopolitique) donna en effet bien du grain à moudre pour les bellicistes et revanchards autrichiens qui rongeaient leur frein depuis l'humiliation Presbourg. Pour ce qui est du Tsar (même si on resta pas en Russie indifférent à ce nouveau coup d'écalt de Napoléon), l'appétit de la France dans la péninsule ibérique pouvait rappeler que celui de Saint-Petersboug vis à vis de l'Empire ottoman était toujours aussi grand ; d'où les félicitations et la reconnaissance du nouveau roi de la part de l'allié de Tilsit, alors que Vienne, qui n'était pas dans la configuration d'une Russie pensant encore sortir de grands bénéfices des accords de 1807, fourbissait ses armes.

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Message Publié : 16 Mai 2012 12:41 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 05 Juil 2011 14:39
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Bonjour,

Drouet Cyril a écrit :
L'affaire espagnole (tant du point de vue militaire que politique et géopolitique) donna en effet bien du grain à moudre pour les bellicistes et revanchards autrichiens qui rongeaient leur frein depuis l'humiliation Presbourg. Pour ce qui est du Tsar (même si on resta pas en Russie indifférent à ce nouveau coup d'écalt de Napoléon), l'appétit de la France dans la péninsule ibérique pouvait rappeler que celui de Saint-Petersboug vis à vis de l'Empire ottoman était toujours aussi grand ; d'où les félicitations et la reconnaissance du nouveau roi de la part de l'allié de Tilsit, alors que Vienne, qui n'était pas dans la configuration d'une Russie pensant encore sortir de grands bénéfices des accords de 1807, fourbissait ses armes.

Telle une estafette essoufflée, j'arrive au grand galop, porteuse de nouvelles oubliées après la Bérézina.
Je reprends votre interrogation, terminée par un magnifique ;) qui allait bien entendu me donner du fil à retordre.
A qui donc la faute : aux deux mon capitaine, chacun essayant de son côté de plomber l'autre... J'en suis la première et émerveillée par tant de cautèle félonie des deux côtés.
Napoléon de retour à Paris :
- Histoire du Consulat à l'Empire - Eclaircissements inédits de Cambacérès d'après Thiers.
"Nous fumes seuls pendant plusieurs heures. L'Empereur l'avait voulu ainsi afin de m'entretenir à loisir d'une foule d'objets... Pendant cet entretien, Napoléon me parut préoccupé de sa grandeur ; il avait l'air de se promener au milieu de sa gloire. Ce qu'il dit avec un caractère de hauteur qui me fit craindre de ne plus obtenir de lui aucun de ces ménagements délicats dont il avait lui-même reconnu la nécessité pour conduire un peuple libre ou qui veut paraitre tel..."

1809 : Napoléon sent que les rapports avec la Russie se refroidissent. Le tsar n'est en rien satisfait du traité de Vienne et s'en ouvre à Caulaincourt, s'avouant mal remercié de sa loyauté et d'avoir secondé l'Empereur pendant les négociations (rapports de Caulaincourt - Octobre 1809).
Romanzof à Caulaincourt explique que le tsar n'a pas la pleine indépendance de ses décisions :
"... L'Empereur Napoléon et en général tout le monde chez vous se trompe sur ce pays-ci... Il croit qu'un signe du souverain peut tout faire... L'Impératrice Catherine connaissait si bien ce pays qu'elle cajolait toutes les opinions..." (Caulaincourt - Novembre 1809)
Romanzof demande un traité propre à rallier les esprits, à "nationaliser l'alliance". Caulaincourt perd un temps précieux en attente d'instructions de son Empereur.
Après la victoire de Wagram, Napoléon s'accroche à l'alliance russe car isolé et dans une perspective d'alliance "plus profonde", une union russe après un divorce déjà décidé.
Kourakine demande l'autorisation de contracter un emprunt pour la Russie : accepté !
A contrario l'attitude de l'Empereur vis à vis de la Prusse est bien plus ferme (menées de Schill et surtout entrées en masse de marchandises anglaises). Hauterive se doit d'abonder l'Empereur en analyses écrites.
On est dans une logique de paix.
Chaptal écrit dans ses "Souvenirs" : "...Quoique la France payât ses conquêtes de son sang et de ses trésors, elle était loin d'être insensible à ces succès. L'orgueil national était flatté, la nouvelle de chaque victoire reçue avec enthousiasme... Napoléon au retour des camps se retrouvait réconcilié avec l'opinion publique."
Talleyrand et Fouché goûtent du banc de touche...
Pendant qu'Alexandre tergiverse sur la possibilité d'un mariage russe (sa mère y est totalement opposée), Metternich confirme à Laborde l'éventualité d'un mariage autrichien.
La Prusse porte son armée à 42 000 hommes tout en protestant de sa bienveillance, Napoléon ne se laisse pas abuser.
Kellermann et Berthier avancent les difficultés de la guerre d'Espagne.
Caulaincourt est invité à presser le Tsar pour une réponse.
L'Espagne semble calmée après la victoire d'Ocana et la balance équilibrée entre la Russie et l'Autriche.
Paris se montre hostile à un mariage autrichien et le Tsar continue sa politique ambigüe. Pendant ce temps, balade d'Oudinot en Hollande. Napoléon se tourne vers l'Autriche et Scharwenberg se dit prêt à signer le contrat de mariage.
Napoléon fait expédier un courrier en Russie pour expliquer son choix tout en rassurant au sujet de la Pologne. Alexandre pense alors que Napoléon a changé d'alliance. Caulaincourt est consterné de voir l'effet produit par l'annonce du mariage autrichien et Napoléon se montre irrité des plaintes russes. Retour de bâton, Labouchère envoyé à Londres pour une tentative de paix se voit montrer le chemin du retour prestement. La Russie commence à revoir sa position vis à vis de l'Angleterre.
Les négociations reprennent pour la Pologne. L'emprunt russe est un échec et l'Espagne redevient mouvante.
Joseph souhaite abandonner le trône d'Espagne pendant que Bernadotte est élu par la diète suédoise. La marine d'Empire s'accroit et le tsar lutte ouvertement contre la diplomatie française. Napoléon songe alors à se servir de la Pologne.
Alexandre laisse entrer des marchandises anglaises en Russie alors que Napoléon s'évertue à faire chauffer le blocus.
La Russie intrigue à Vienne, Metternich y met un point qu'il croit final mais elle intrigue aussi à Paris, l'Empereur échange avec le tsar mais Caulaincourt demande son rappel en France.
Napoléon est empêtré en Espagne et Bernadotte accueillit en Suède où d'emblée il se montre très ambigü vis à vis de la France.
Ukase de 1810 qui frappe de droits élevés les produits français. Alexandre se prépare pour une guerre.
Il est à noter que Napoléon avec le mariage autrichien signe là la fin de l'alliance avec la Russie mais déjà bien en amont, le traité de Tilsit sitôt ratifié on peut voir les deux hommes mener des politiques diplomatiques parallèles et loin d'être convergentes.
A la question de Drouet Cyril qui demandait "Qui fut dupe de qui ?" je ne puis répondre que là encore ce sont les évènements si simples soient-ils dont personne n'est le maître qui fossoie cette alliance avec peut être un attachement trop profond d'Alexandre aux avis de sa mère et la même chose pour Napoléon aux avis de Metternich.
La guerre d'Espagne n'est qu'une toile de fond, bien rouge certes mais tout se joue entre les deux hommes chacun se croyant dupe de l'autre car chacun mesurant l'autre à son aulne, ce qui était ma foi dans la mesure des choses et des hommes.
Un plus pour Napoléon et son union que le tsar ne verra pas venir... C'est l'Empire triomphant, le haut du capitole qui est atteint, la chute tarpéienne suivra...

Bien à vous et merci de votre interrogation qui m'a fait faire des recherches. Je ne suis pas encore bien certaine de mon jugement et j'espère de votre analyse ainsi que de celle des autres intervenants.
En espérant ne pas avoir trop plombé le lien par la longueur du post sinon je m'en excuse auprès des modérateurs.

Cordialement.
g
C

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"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


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Message Publié : 19 Mai 2012 1:22 
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Thucydide
Thucydide

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la création de la pologne fut un cracha à la figure des russes...napoléon pour moi brisa dés le debut l'alliance


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Message Publié : 19 Mai 2012 7:22 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Citer :
la création de la pologne fut un cracha à la figure des russes...napoléon pour moi brisa dés le debut l'alliance


C’est sans doute aller un peu vite, mais, c’est vrai, la question polonaise a une importance évidente dans la marche progressive vers le conflit franco-russe.
Elle prit sa véritable dimension avec le traité de Vienne qui permit au duché d’augmenter sa superficie de 20 % et de gagner 1,5 millions d’habitants. Là se situe véritablement le point de « rupture », où tout du moins l’acte qui fit de la Pologne une question essentielle.
Champagny eut beau tenter de rassurer le tsar (lettre du 20 octobre 1809 à Romiantsof, ci-dessous), la colère et l’inquiétude des Russes étaient grandes :
« L'empereur veut non seulement ne point faire naître l'idée de la renaissance de la Pologne, si éloignée de sa pensée, mais il est disposé à concourir avec l'empereur Alexandre à tout ce qui pourra en effacer à jamais le souvenir dans le cœur de ses anciens habitants. Sa Majesté approuve que les noms de Pologne et de Polonais disparaissent non seulement de toutes les transactions politiques, mais même de l'histoire. Elle engagera le roi de Saxe à se prêter à tout ce qui paraîtra tendre à ce but. Tout ce qui pourra servir à maintenir dans la soumission les habitants de la Lituanie sera approuvé par l'empereur et exécuté par le roi de Saxe. Les inconvénients qui se sont montrés depuis le traité de Tilsit ne se reproduiront plus ; on fera tout ce qui sera propre à les prévenir. Il y a donc tout lieu de penser que l’évènement qui accroît la puissance du roi de Saxe, loin d’entretenir dans le cœur des anciens Polonais une espérance chimérique, leur prouvera le peu de réalité de celle qu’ils auraient pu conserver : elle mettra un terme à une illusion plus dangereuse pour eux qu’elle n’était inquiétante pour les gouvernements auxquels ils appartiennent. L’Autriche conserve encore les trois cinquième de la Galicie, et précisément cette partie qui est le plus accoutumée à sa domination. La partie qui en est détachée pour appartenir au roi de Saxe en est un peu plus que le quart de sa population totale, et ferait à peine le dixième partie de ce qu’a été autrefois la Pologne. Est-ce par une disposition d’une si faible partie qu’un grand royaume peut renaître de ses cendres ? Mais encore une fois, l’Empereur concourra de tous ses moyens à tout ce qui pourra assurer la tranquillité et la soumission des anciens Polonais, et il croira les bien servir en leur épargnant de nouveaux malheurs et en les attachant de plus en plus au gouvernement sage et paternel d’un empereur, son allié et son ami. »

C’est de là que naquit la volonté de la part de Saint-Pétersbourg d’obtenir une convention sur la Pologne.
Je viens juste d’en parler ici :
viewtopic.php?f=55&t=30250&p=406539#p406539

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Message Publié : 19 Mai 2012 12:17 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 05 Juil 2011 14:39
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Bonjour,

Etant très dubitative quant à la philanthropie dans les hautes sphères (comme dans les basses), je ne vois pas ce qui motive Napoléon à se montrer si intransigeant sur un article. J'ai du mal à croire "à la dignité entamée".
En sous-main, n'y aurait-il pas eu -dans le fait de ménager la Pologne- un embryon d'idée d'en faire un premier rempart, quelque chose qui "serve" d'une manière ou d'une autre d'autres plans, déjà l'éventualité de la rupture de cette alliance et envisager une seconde avec l'Autriche voire la Prusse par la médiation de l'Autriche.
La médiation du Tsar avec l'Angleterre n'a rien donné et il est temps de se rendre compte que l'Angleterre est dans un processus qui n'a pour seule issue que l'écrasement ferme et définitif de l'Empereur.
Avec le retournement du Tsar, Napoléon n'a-t-il donc pas considéré qu'à ce moment il se trouve devant une autre puissance qui partage le même dénominateur que l'Angleterre ?
N'analyse-t-il pas la situation en Espagne ? Ceci ne lui donne donc aucune base de réflexion sur le genre humain ? En est-il rendu à ne savoir que faire parler les canons ?
Que pouvait-il bien mijoter en se montrant soudain si amène vis à vis des Polonais ? Je n'y vois la que calculs mais lesquels et pourquoi exactement ?

Bien à vous.
g

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Message Publié : 19 Mai 2012 15:33 
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Fustel de Coulanges
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Citer :
Que pouvait-il bien mijoter en se montrant soudain si amène vis à vis des Polonais ? Je n'y vois la que calculs mais lesquels et pourquoi exactement ?


Comme dit dans le fil dont je donnais le lien plus haut, Napoléon n’entendait pas jouer définitivement l’importante carte polonaise au nom d’exigence d’un allié dont l’aide avait été bien faible dans la dernière campagne d’Autriche.
Le duché de Varsovie apparaissait (Alexandre en était parfaitement conscient) comme l’ébauche d’un glacis pour l’Europe napoléonienne face au géant russe dont il convenait de limiter l’appétit en direction de l’ouest. Néanmoins, dans le cadre de l’alliance franco-russe et de la guerre contre l’Angleterre (sans compter les relations avec l’Autriche qui elle aussi avait son mot à dire sur ce point), il convenait de ne pas brusquer les choses de manière définitive : d’où la nécessité de ne pas rétablir la Pologne, acte qui transformerait de facto la Russie en un irréconciliable ennemi. Mais d’un autre côté, il ne pouvait pas balayer, par la convention que Saint-Pétersbourg comptait établir, l’éventualité de la restauration du royaume de Pologne ; restauration sur laquelle l’Empereur pouvait jouer politiquement en amont d’une hypothétique guerre contre les Russes et qui pourrait à terme parachever (par l’édification effective du glacis polonais) la victoire impériale dans ladite guerre.

On peut à ce sujet se référer aux Mémoires de Rapp (lors de la première campagne de Pologne) :
« Je le voudrais bien [la proclamation de l’indépendance de la Pologne], me dit Napoléon; mais la mèche une fois allumée, qui sait où s'arrêtera l'incendie ? Mon premier devoir est envers la France; je ne dois pas la sacrifier à la Pologne : il faut s'en remettre au souverain qui régit tout, au temps; lui seul nous apprendra ce que nous aurons à faire. »

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Message Publié : 19 Mai 2012 21:52 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 17 Mars 2004 23:16
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Je pense surtout que cette alliance n'était soit qu'un malentendu, soit qu'une simple trêve. Et j'ajouterai qu'elle a probablement été les deux à la fois.

Il faut rappeler que dès 1809 et la guerre contre l'Autriche, l'attitude de la Russie a été plus qu'ambigüe : l'armée russe était à la limite de basculer dans le soutien ouvert aux autrichiens contre les forces franco-polonaises du duché de Varsovie (la partie de la Pologne enlevée à la Prusse suite à Tilsitt).

En réalité, tout semblant de commencement de restauration d'un bout de Pologne indépendante était un casus belli pour la Russie.

Je ne conclus pas pour autant que la responsabilité du conflit incomberait à Alexandre 1er. Il me semble pkutôt évident qu'on était d'avoirns le choc d'intérêts objectivement contradictoires. À compter du moment où Napoléon ne pouvait plus affronter l'Angleterre ailleurs que sur le continent européen et où il était contraint à une stratégie indirecte, il générait forcément des mécontentements sur le continent, et cela poussait objectivement la Russie à s'allier à l'Angleterre à laquelle ses intérêts économiques la liaient déjà fortement.


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Message Publié : 20 Mai 2012 0:44 
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Philippe de Commines
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Inscription : 05 Juil 2011 14:39
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Bonsoir,

Drouet Cyril a écrit :
Comme dit dans le fil dont je donnais le lien plus haut, Napoléon n’entendait pas jouer définitivement l’importante carte polonaise au nom d’exigence d’un allié dont l’aide avait été bien faible dans la dernière campagne d’Autriche.

Il va falloir que je me replonge dans la campagne d'Autriche afin d'avoir une idée du rôle de tous et des faiblesses de certains.

Citer :
Le duché de Varsovie apparaissait (Alexandre en était parfaitement conscient) comme l’ébauche d’un glacis pour l’Europe napoléonienne face au géant russe dont il convenait de limiter l’appétit en direction de l’ouest.

Là toutes mes excuses mais je ne comprends guère les termes tactiques, c'est le moins des filles... :oops:
Pour moi, un glacis est une sorte de rempart entre deux blocs. N'appartenant pas plus à l'un qu'à l'autre et au mieux au deux. Une sorte de ligne (je parle évidemment d'un pays) pas d'un checkpoint mais un état tampon (la Samarie entre le royaume de Judée et la Galilée par exemple, toute politique ôtée) mais j'ai l'impression que je suis loin de votre définition... :oops: donc comme ceci semble être le pivot de tout et bien je ne puis avoir une vue synoptique du conflit, sans compter bien sûr avec la tactique mais déjà le mot "glacis" m'échappe un peu et les définitions données ne correspondent manifestement pas à ce que vous démontrez... :oops:

Citer :
Néanmoins, dans le cadre de l’alliance franco-russe et de la guerre contre l’Angleterre (sans compter les relations avec l’Autriche qui elle aussi avait son mot à dire sur ce point), il convenait de ne pas brusquer les choses de manière définitive : d’où la nécessité de ne pas rétablir la Pologne, acte qui transformerait de facto la Russie en un irréconciliable ennemi.

Ce sera pourtant assez vite fait. Qu'est-ce qui va faire que soudain Napoléon jette ce brûlot ? Une alliance certaine avec l'Autriche basée sur une simple union ? Le fait de découvrir en Alexandre un alter ego dans le fait de se ménager des portes de sortie ?

Citer :
l’éventualité de la restauration du royaume de Pologne ; restauration sur laquelle l’Empereur pouvait jouer politiquement en amont d’une hypothétique guerre contre les Russes

Se prémunir de cette façon montre que déjà quelque part le conflit passe d'hypothétique à incontournable.
[...Je ne puis dire que le royaume de Pologne ne sera jamais rétabli car ce serait dire que si un jour les Lithuaniens ou toute autre circonstance allaient le rétablir, je serais obligé d'envoyer mes troupes pour m'y opposer. Cela est contraire à ma dignité. Mon but est de tranquiliser la Russie et pour l'atteindre il suffit d'un article rédigé dans les termes suivant : "L'Empereur Napoléon s'engage à ne donner aucun secours ni assistance à quelque puissance ou à quelque soulèvement intérieur que ce puisse être qui tendrait à rétablir le royaume de Pologne"...]
(A M. de Champagny, duc de Cadore)
Ceci est la mouture napoléonienne de la convention jamais ratifiée. Il est à noter que déjà -l'union avec Marie-Louise étant entérinée- l'Empereur envisage un net rapprochement avec l'Autriche. "Tranquilliser la Russie", ceci tient du mot d'Orleton pour "tranquilliser" les geôliers d'Edouard II et assoir le pouvoir du Lord Protecteur...

Napoléon temporise avec la Russie car il se défie de la Prusse, l'Espagne est un bourbier, le Vatican crie haut et fort, la Hollande une passoire ce qui n'empêche pas Napoléon d'envoyer Labouchère à Londres car il désire un arrangement sur les arrêts du conseil de 1807 et il déclare que le jour où ces arrêts seraient levés, les troupes françaises évacueront la Hollande et les villes hanséatiques. Il faut dire que le blocus est renforcé et pas que le blocus :
Au général Clarke : "Les fortifications sont surtout appropriées contre l'Angleterre parce-que cette puissance ne pouvant tenter que des coups de main pour profiter de l'éloignement de l'Armée, des dépôts, des arsenaux renfermés dans les places -Anvers, Boulogne, Le Havre, Cherbourg- peuvent lui résister suffisamment longtemps. Il est donc vrai de dire que les fortifications sont beaucoup plus importantes contre les Anglais que sur le Rhin contre de fortes armées continentales qui, remportant de grandes victoires, auraient le temps de prendre des fortifications qui seraient ensuite des obstacles contre nous." (09/03/10)
Là encore le désir de paix de l'Empereur se montre manifeste et sincère mais on verra la suite.
Après l'échec de l'emprunt russe, Napoléon continue à ménager Alexandre en faisant dire par Champigny à Kourakine que le mariage retarde l'expédition des affaires. Champigny en est réduit à écrire à Caulaincourt :
"...Si le Tsar arrivait à l'idée de ne pas faire de convention, l'Empereur le verrait avec plaisir : cependant Sa Majesté ne voudrait pas que le mécontentement de la Russie fût le résultat de cette négociation..." (20/04/10)
Napoléon sent donc l'alliance russe lui échapper. Il va jusqu'à envisager une éventuelle alliance entre Varsovie, la Suède et le Danemark. Champagny se montre plus que lucide : (Cadore à Didelot - Copenhague - 02/05/10)
"Aucune alliance ne peut être plus durable que celle qui nous unit à la Russie parce-qu'elle est fondée sur des intérêts réciproques. Elle n'a à craindre que cette influence des passions des hommes qui trop souvent leur fait négliger le calcul de leurs véritables intérêts."


Citer :
...Mon premier devoir est envers la France; je ne dois pas la sacrifier à la Pologne : il faut s'en remettre au souverain qui régit tout, au temps; lui seul nous apprendra ce que nous aurons à faire.

"...J'aime Napoléon comme mon frère, je pense lui avoir inspiré les mêmes sentiments et l'on doit compter sur un accord contant entre nos deux cabinets..." (12/09/10)
Les deux géants songent déjà à la guerre, le 20 septembre, Napoléon dit à Metternich :
"Le jour où je me verrai forcé de faire la guerre à la Russie, j'aurais un allié puissant et considérable dans un roi de Pologne."
Il est à noter que par Metternich, le tsar se voit renseigné d'une certaine bonne volonté de Bernadotte.
Fin 1810, il paraît donc évident que les deux souverains sont loin l'un de l'autre : doute et duplicité chez l'un et un manque d'égard flagrant chez l'autre ?
[...Le Tsar souhaitait dès cette époque jeter sur Varsovie 100 000 Russes, renforcés par 100 000 autres, reconstituer la Pologne et s'en déclarer roi. (Czartoryski "Mémoires" - Lettre d'Alexandre 25/12/10)... Il dépasserait ainsi la Vistule, tournerait Danzig et pénétrerait en Allemagne. Renforcé de 100 000 soldats prussiens et aidé de l'Autriche qui entrerait en jeu contre avantages, il pouvait disposer de 500 000 hommes, soulever l'Allemagne et renverser le pouvoir usurpé... L'adhésion des Polonais était nécessaire et Alexandre voulait donner le change à l'Empereur, procurer à Caulaincourt une sécurité trompeuse et me laisser le temps d'offrir au Polonais "non la probabilité mais la certitude de leur régénération".

Pitt et George III n'ont plus qu'à faire une patience... Pourquoi le Tsar changera-t-il ses plans ?

Bien à vous.
g

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"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


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