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Message Publié : 21 Mai 2011 9:03 
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Fustel de Coulanges
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Citer :
Un autre témoignage en sens inverse sur Talleyrand, son successeur au ministère, Chateaubriand qui a vu les archives et notamment les billets écrits de la main du prince qu'il dépeint comme médocres à tous points de vue.


Il convient aussi de rappeler que Chateaubriand détestait copieusement Talleyrand...

Citer :
C'est bien en 1808 que constatant la trahison de Talleyrand, passé au service de l' Autriche, Napoléon lui jette à la figure en plein conseil: " "Vous mériteriez que je vous brisasse comme un verre, j'en ai le pouvoir mais je vous méprise trop pour en prendre la peine. Pourquoi ne vous ai-je pas fait pendre aux grilles du Carrousel ? Mais il en est bien temps encore. Tenez, vous êtes de la merde dans un bas de soie !"


La scène à laquelle vous faites référence ne s’est pas passée en 1808, mais le 29 janvier 1809. De plus, ce qui a provoqué la colère de Napoléon ne fut pas une « trahison de Talleyrand, passé au service de l’Autriche » (bien que ce dernier soit bien à l’époque en contact « privé » avec Metternich), mais les intrigues menées entre le vice-Grand Electeur et Fouché ; celles-ci portant sur une éventuelle succession de l’Empereur en cas de décès lors de la campagne d’Espagne.

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


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Message Publié : 21 Mai 2011 9:26 
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Georges Duby
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Extrait du net:
" Toutefois, malgré l'admiration qu'il porte au génie de Napoléon, Talleyrand sent que l'empereur ne pourra résister bien longtemps à l'Autriche et au reste de l'Europe coalisée. Fin septembre 1808, lors de l'entrevue d'Erfurt entre Napoléon et le Tsar Alexandre Ier, Talleyrand rentre en contact secret avec le Tsar et lui conseille de refuser les propositions d'alliance de Napoléon pour se rapprocher plutôt des Autrichiens de l'empereur François II. Puis, rentré en France, il intrigue avec Fouché et Murat notamment, afin de préparer la succession de Napoléon Ier.
Napoléon, apprenant cette trahison, convoque un Conseil restreint auquel participent le samedi 28 janvier l'archichancelier Cambacérès, l'architrésorier Lebrun, le Ministre de la Marine Decrès, le Ministre de la Police générale Fouché et Talleyrand. Devant les autres, il prend à parti Talleyrand, l'insulte et finit par lui dire, lui reprochant ses trahisons malgré son grand raffinement :
"Vous mériteriez que je vous brisasse comme un verre, j'en ai le pouvoir mais je vous méprise trop pour en prendre la peine. Pourquoi ne vous ai-je pas fait pendre aux grilles du Carrousel ? Mais il en est bien temps encore. Tenez, vous êtes de la merde dans un bas de soie !"

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Message Publié : 21 Mai 2011 10:25 
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Pierre de L'Estoile
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Aigle a écrit :
On sait que Fouché et Talleyrand ont tous deux trahi Napoléon ?


je crois que je ne me lasserai jamais de cette phrase de Chateaubriand :
«Tout à coup une porte s'ouvre : entre silencieusement le vice appuyé sur le bras du crime.»
Quand je les imagine ma tête ressemble à ça : lol
Bien à vous

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Message Publié : 22 Mai 2011 6:57 
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Fustel de Coulanges
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A propos de vice, il y a ce bon mot que l'on prête à Fouché et qui circula suite à la nomination de Talleyrand à la charge de vice Grand Electeur :

"Il ne lui manquait que ce vice là. Dans le nombre, cela ne paraîtra pas"

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Message Publié : 22 Mai 2011 7:37 
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Pierre de L'Estoile
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Drouet Cyril a écrit :
A propos de vice, il y a ce bon mot que l'on prête à Fouché et qui circula suite à la nomination de Talleyrand à la charge de vice Grand Electeur :

"Il ne lui manquait que ce vice là. Dans le nombre, cela ne paraîtra pas"

:P :P :P :P :P

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Message Publié : 22 Mai 2011 10:09 
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Georges Duby
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Les Mémoires d'outre-tombe:
" Le soir, vers les neuf heures, j'allai faire ma cour au roi. Sa Majesté était logée dans les bâtiments de l'abbaye; on avait toutes les peines du monde à empêcher les petites filles de la Légion d'honneur de crier : «Vive Napoléon!» J'entrai d'abord dans l'église; un pan de mur, attenant au cloître, était tombé; l'antique abbatiale n'était éclairé que d'une lampe. Je fis ma prière à l'entrée du caveau où j'avais vu descendre Louis XVI, plein de crainte sur l'avenir, je ne sais si j'ai jamais eu le coeur noyé d'une tristesse plus profonde et plus religieuse. Ensuite, je me rendis chez Sa Majesté: introduit dans une des chambres qui précédaient celle du roi, je ne trouvai personne; je m'assis dans un coin et j'attendis. Tout à coup une ports s'ouvre: entre silencieusement le vice appuyé sur le bras du crime, M. de Talleyrand marchant soutenu par M. Fouché; la vision infernale passe lentement devant moi, pénètre dans le cabinet du roi et disparaît. Fouché venait jurer foi et hommage à son seigneur; le féal régicide, à genoux, mit les mains qui firent tomber la tête de Louis XVI entre les mains du frère du roi martyr; l'évêque apostat fut caution du serment. [...]
Avant de quitter Saint-Denis je fus reçu par le roi et j'eus avec lui cette conversation:
«Eh bien? me dit Louis XVIII, ouvrant le dialogue par cette exclamation.
- Eh bien, sire, vous prenez le duc d'Otrante?
- Il l'a bien fallu: depuis mon frère jusqu'au bailli de Crussol (et celui-là n'est pas suspect) tous disaient que nous ne pouvions pas faire autrement: qu'en pensez-vous?
- Sire, la chose est faite: je demande à Votre Majesté la permission de me taire.
- Non, non, dites: vous savez comme j'ai résisté depuis Gand.
- Sire, je ne fais qu'obéir à vos ordres; pardonnez à ma fidélité: je crois la monarchie finie. "
Chateaubriand vient rencontrer Louis XVIII qui revient de Gand et s'arrête à la Basilique de Saint-Denis. Il y voit Talleyrand et Fouché entrer dans le cabinet du roi et décrit la scène.

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Message Publié : 26 Mai 2011 17:18 
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Fustel de Coulanges
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La même scène dépeinte par Beugnot dans ses Mémoires :

" Lorsque ces messieurs arrivèrent, j'étais dans une grande salle qui précédait le cabinet du Roi, et en compagnie de M. de Chateaubriand. Il n'y avait de commun entre cet homme illustre et moi que notre dévouement à Sa Majesté et le regret de voir ce qui se passait sous nos yeux. Ce dernier sentiment ne put se contenir lorsque nous vîmes paraître M. le duc d'Otrante donnant le bras à M. de Talleyrand, et tous deux s'avançant vers le cabinet du Roi avec cet air assuré et tranquille qui blesse au vif ceux dont on vient de triompher.
«Ce que nous voyons, dis-je à M. de Chateaubriand, est digne du pinceau de Tacite, et heureusement vous êtes là.
-Vous me faites, Monsieur, beaucoup d'honneur, mais en vérité, je ne sais où j'en suis. Que veut donc M. de Talleyrand ? il s'agit cependant ici d'une monarchie, de la maison de Bourbon..., du bonheur de la France... »
Et M. de Chateaubriand poursuit dans des termes que je ne me permets pas de rapporter."

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Message Publié : 08 Juin 2011 19:33 
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Thucydide
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Il est bien sévère de considérer que la théorie de l’équilibre des forces comme meilleur garant de la paix comme une idée vaine qui n'a eu aucune portée; il suffit de se rappeler de la guerre froide et de l'arme atomique.


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Message Publié : 09 Juin 2011 11:11 
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Pierre de L'Estoile
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deduvin a écrit :
Il est bien sévère de considérer que la théorie de l’équilibre des forces comme meilleur garant de la paix comme une idée vaine qui n'a eu aucune portée; il suffit de se rappeler de la guerre froide et de l'arme atomique.



pas tout à fait les memes conditions

bien à vous

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Message Publié : 09 Juin 2011 14:35 
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Georges Duby
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On a bien vu que quand l'équilibre a été rompu par la disparition à la fin de la PGM des deux empires ottoman et d' Autriche-Hongrie, la tension internationale est devenue intenable et nous en payons toujours le prix ici et là. Les exemples sont nombreux de conflits dus à cette disparaison.

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Message Publié : 09 Juin 2011 18:39 
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Salluste
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Inscription : 11 Mai 2008 19:00
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Aigle a écrit :
.

Mais je n'ai jamais vraiment compris pourquoi Napoléon a pu faire confiance si longtemps à des personnages qui de façon assez claire lui étaient si peu loyaux -Qu'en pensez vous ?



J'en pense qu'on pourrait inverser la question : pourquoi des hommes aussi cyniques que Fouché et talleyrand ont ils pu marcher aux côtés de napoléon dont ils devaient bien se douter qu'il allait mal finir ...


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Message Publié : 09 Juin 2011 19:09 
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Georges Duby
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Talleyrand et Fouché en aidant à la carrière du jeune Bonaparte, notamment le 18 Brumaire, ont survécu à des moments très difficiles et ils ont ainsi pu faire avancer leurs affaires dans des connditions inespérées.
C'est un classique des périodes de crise, des hommes proposent à une personnalité " en situation " un plan de prise du pouvoir qui servira en même temps leur carrière. Parfois, d'ailleurs, complices, ils rencontrent ensuite la fameuse ingratitude des souverains.

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Message Publié : 09 Juin 2011 19:36 
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Thucydide
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Inscription : 25 Mai 2011 17:28
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Yongle a écrit :
deduvin a écrit :
Il est bien sévère de considérer que la théorie de l’équilibre des forces comme meilleur garant de la paix comme une idée vaine qui n'a eu aucune portée; il suffit de se rappeler de la guerre froide et de l'arme atomique.



pas tout à fait les memes conditions

bien à vous
Non mais la ressemblance est flagrante et l'on pourraient glosé à l'infini sur les liens entre l'idée de Talleyrand et la guerre froide. En effet, l'idée étais que comme les deux puissances ont tous les deux le pouvoir de gagner,ainsi la paix est la seul solution pour garder leurs puissance. Ça ressemble assez à la guerre froide même si évidemment les circonstances ne sont pas les mêmes.


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Message Publié : 10 Juin 2011 6:48 
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Salluste
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Alain.g a écrit :
Talleyrand et Fouché en aidant à la carrière du jeune Bonaparte, notamment le 18 Brumaire, ont survécu à des moments très difficiles et ils ont ainsi pu faire avancer leurs affaires dans des connditions inespérées.
C'est un classique des périodes de crise, des hommes proposent à une personnalité " en situation " un plan de prise du pouvoir qui servira en même temps leur carrière. Parfois, d'ailleurs, complices, ils rencontrent ensuite la fameuse ingratitude des souverains.



La réponse donnée par alain G est intéressante mais s'appliquerait plus à des arrivistes de bas étage. Il me semble que la position de Fouché comme celle de Talleyrand est paradoxale car malgré leur indéniable intelligence ils sont insensibles au génie de l'empereur : son energie, la variété de ses centres d'intérêts, sa volonté de construire un Etat moderne et efficace, etc ...tout cela ne semble pas les intéresser. En même temps leur grande lucidité devait les conduire à se poser des questions sur la pérennité du régime - tout en sachant qu'une trahison ouverte risquait d'entrainer des représailles considérables ? Pourtant ils ont souvent été "border-line" : Talleyrand à Erfurt, Fouché par ses liens avec les royalistes (et avec talleyrand à partir de 1807).

Napoléon a-t-il été ingrant : il a couvert ces deux hommes de titres (avec une souveraineté en prime pour Talleyrand) et d'or....je ne le crois pas.


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Message Publié : 10 Juin 2011 8:19 
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Georges Duby
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La remarque sur l'ingratitude des princes était générale, elle ne concernait pas T et F. Ces deux révolutionnaires ont du être ravis du coiup d' état de Brumaire, qu'ils ont contribué activement à réussir et ils ont embarqué sur le bateau de Napoléon.
Puis, une fois à bord et comblés d'honneurs, ils ont vu de l'intérieur les faiblesses de l'empire et les fautes, préparant la suite comme ils avaient fait à Brumaire.
Archi-classique. C'est le B-A-BA de la politique et a toujours fonctionné ainsi. C' est ce qui faisait enrager un récent président de la République, il avait reçu l'aide d'hommes de qualité, puis les avait promus dans les plus hauts postes ( PM, Pt de l' AN, Ministres ... ) et pour finir ils le trahissaient - modernes T et F - arguant de ses défauts et de ses difficultés à réussir.
Il faut donc se garder de mythifier les trahisons de Talleyrand de Fouché et les trouver étonnantes, elles traduisent une réalité banale.
Comme on sait, les collaborateurs des grands hommes voient de près leurs défauts et les petits côtés, leur jugement est souvent sévère. La lucidité de T et F est normale, ils ne devaient pas voir Napoléon comme un grand homme. Ils l'avaient fait pensaient-ils par ailleurs.
Ils devaient se considérer eux-mêmes comme les grands hommes, pensant ne rien devoir, s'attribuant leur ascension. C'est toujours ainsi.

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