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 Sujet du message : La mort de Bara
Message Publié : 06 Mars 2012 18:21 
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Fustel de Coulanges
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gaete59 a écrit :
1) Bara... Un souvenir de la "grande école". J'étais incapable de remettre l'histoire : merci wiki mais le voir en uniforme ne correspond nullement à l'histoire qui nous avait été contée, créant ainsi un véritable traumatisme quant aux méchants vendéens tueurs d'enfants




François-Joseph Bara naquit le 30 juillet 1779 à Palaiseau. Neuvième enfant d’une famille en comptant dix, Bara s’engagea dans l’armée, comme aide-palefrenier au 8e hussards, sous la protection du général Desmarres, frère de la marraine d’une de ses sœurs.

La mort le prit le 7 décembre 1793, à Jallais, au lieu-dit des Revers.
Ce jour-là, les républicains furent fort malmenés par les hommes de Pierre Cathelineau, frère du premier généralissime de la Grande Armée catholique et royale. Ces derniers avaient de quoi être furieux. Revenant de Chemillé, ils avaient trouvé le bourg de la Chapelle-Rousselin en flamme et le petit détachement, laissé là afin de garder quelques captifs, massacré. La contre-attaque fut sévère et l’on se garda bien de faire à nouveaux des prisonniers.

Le lendemain, Desmarres rédigea un rapport aux allures de victoire et mit en avant la mort de Bara :
« Trop jeune pour entrer dans les troupes de la République, mais brûlant de la servir, cet enfant m’accompagnait, depuis l’année dernière, monté et équipé en hussard. Toute l’armée a vu avec étonnement un enfant de treize ans affronter tous les dangers, charger toujours à la tête de la cavalerie. Elle vit une fois ce faible bras terrasser et amener deux brigands qui avaient osé l’attaquer. Ce généreux enfant, entouré hier par les brigands, a mieux aimé périr que de se rendre et leur livrer deux chevaux qu’il conduisait. Aussi vertueux que courageux, se bornant à sa nourriture et à son habillement, il faisait passer à sa mère ce qu’il pouvait se procurer. Il la laisse avec plusieurs filles et son jeune frère infirme, sans aucune espèce de secours.
Elle demeure à Palaiseau, district de Versailles. »

Peu de précisions donc sur les circonstances de la mort, hormis le fait que le jeune palefrenier soit tombé au combat.
A la convention, la lettre de Desmarres fut lue par Barère le 15 décembre et les conventionnels votèrent une pension de mille livres à la mère de Bara.
Pourtant, l’affaire ne s’arrêta pas là et Robespierre, le 28 de même mois proposa les honneurs du Panthéon pour le jeune enfant. Il résuma pour l’occasion la lettre datée du 8 et y ajouta sa version :

« Parmi les belles actions qui se sont passées dans la Vendée, et qui ont honoré la guerre de la liberté contre la tyrannie, la nation entière doit distinguer celle d'un jeune homme dont la mère a déjà occupé la Convention : je veux parler de Barra. Ce jeune homme, âgé de treize ans, a fait des prodiges de valeurs dans la Vendée. Entouré de brigands, qui d'un coté lui présentaient la mort, et de l'autre lui demandaient de crier vive le roi ! il est mort en criant : vive la république ! Ce jeune enfant nourrissait sa mère avec sa paie ; il partageait ses soins entre l'amour filial et l'amour de la patrie. Il n'est pas possible de choisir un plus bel exemple, un plus parfait modèle pour exciter dans les jeunes coeurs l'amour de la gloire, de la patrie et de la vertu, et pour préparer les prodiges qu'opérera la génération naissante. En décernant les honneurs au jeune Barra, vous les décernez à toutes les vertus, à l'héroïsme, au courage, à l'amour filial, à l'amour de la patrie.
Les Français ont seuls des héros de treize ans ; c'est la liberté qui produit des hommes d'un si grand caractère. Vous devez présenter ce modèle de magnanimité, de morale, à tous les Français et à tous les peuples : aux Français, afin qu'ils ambitionnent d'acquérir de semblables vertus, et qu'ils attachent un grand prix au titre de citoyens français : aux autres peuples, afin qu'ils désespèrent de soumettre un peuple qui compte des héros d'un âge si tendre.
Je demande que les honneurs du Panthéon soient décernés à Barra, que cette fête soient promptement célébrée, et avec une pompe analogue à son objet, et digne du héros à qui nous la destinons. Je demande que le génie des arts caractérise dignement cette cérémonie qui doit présenter toutes les vertus ; que David soient spécialement chargé de prêter ses talents à l'embellissement de cette fête. »

La fable était née.
Desmarres en fut averti, et heureux de pouvoir apporté de plus amples renseignements à David qui avait été chargé d’immortaliser le sacrifice de Bara, il écrivit à Couthon, président de la Convention :
« Le citoyen David a été de plus invité à faire son portrait. Comme cet artiste ne pourrait y parvenir, n’ayant aucune notion, je crois devoir t’en donner qui le mettront à même de travailler. Je les joins ici sur une feuille particulière. Je crois que l’attitude où il devrait être représenté est celle qu’il avait lorsqu’il a reçu les derniers coups ; c’est à dire à pied, tenant ses deux chevaux par la bride, entouré de brigands, et répondant à celui s’étant avancé pour les lui faire rendre : « A toi, foutre brigand, les chevaux du commandant et les miens ! Eh bien ! Oui… »

Voilà les dernières et seules informations que l’on détienne. A noter que les royalistes sous les plumes de Mmes de La Rochejaquelein et de La Bouëre ont également apporté les leurs et peignent Bara comme un vulgaire voleur de chevaux pris la main dans le sac.

On peut aussi préciser que, suite à la version de Robespierre, d'autres, toutes aussi imaginaires, virent le jour.

Ici, le discours de Ranxin prononcé en l'an 3 :
"Les brigands, soutenus par des trahisons multipliées, chargeaient souvent nos troupes à l'improviste, et massacraient les pelotons qui leur étaient livrés par la perfidie. Barra ne quittait point son chef : une autre action s'engage : après de grands efforts, un torrent de ces brigands les sépare, entraîne celui-ci, et enveloppe notre enfant monté sur un cheval, tenant un pistolet d'une main, et de l'autre conduisant un des chevaux du colonel : Rends-les, lui disent les rebelles, et crie : Vive le roi ! …
Un Républicain ne se rend pas à des esclaves : Vive la République ! Telle fut sa sublime réponse qui aurait dû exciter leur admiration, si leur âme féroce eut été susceptible de la sentir. Vainement Barra cherche à s'ouvrir un passage à travers les flots de brigands qui l'entouraient, il est accablé par le nombre, ô douleur ! Il succombe, percé de coups assassins : il expire en bégayant encore le nom de République. Le voila donc étendu sur la poussière arrosée de son sang, ce jeune héros de la Révolution !"

Ou encore cette pièce : "La mort du jeune Barra ou une journée en Vendée", jouée pour la première fois le 4 mai 1794 :
"Barra, à ce qu'il m'a raconté, revenait vers cette commune avec le cheval de son colonel qui a péri dans la mêlée ; il rencontre encore des royalistes, qui d'abord lui demandèrent le cheval qu'il montait et celui qu'il conduisait. Barra leur répond à coups de sabre sur la tête : A toi, brigand, leur dit-il, le cheval de mon colonel et le mien ! Il les défait tous. Il revenait triomphant, lorsqu'un taillis, qu'il lui avait caché une embuscade, le met à la merci de quinze autres qui se saisissent des chevaux et le menacent. Il veut se défendre ; mais le nombre l'accablant, il se voit prêt à être massacré. Ces monstres lui proposent la vie, s'il veut être des leurs et crier Vive… ! Ce mot lui rend toutes ses forces, Vive la République ! s'écrie-t-il. Aussitôt il est assailli de coups et laissé pour mort. Ce ne fut qu'un quart d'heure après cette terrible scène, que nous le trouvâmes, et qu'il put encore nous détailler cet évènement. Mais le sang qu'il a perdu, malgré tous nos soins, l'a beaucoup affaibli ; il perd connaissance à chaque instant…"

Eh oui, ici, Barra ne mourrait pas sur le champ de bataille…

Au contraire, dans la lettre écrite par le conseil d'administration du 13e bataillon de la formation d'Orléans (capitaine Larrey, capitaine Lamartinière, capitaine Claveau, lieutenant Masson, quartier-maître Philippart) aux membres du Comité de salut public, le 23 mars 1794, le doute est de mise :

"Notre corps, toujours dispersé, n'a pu, citoyens, vous faire connaître plus tôt un de ces traits d'héroïsme et de bravoure qui caractérisent le Républicain français.
Le 13 frimaire dernier, notre bataillon, alors fort de 300 hommes, reçut de l'adjudant général Desmarres, commandant à Bressuire, l'ordre d'escorter quelques bataillons de Paris, partant de Cholet pour les Ponts-de-Cé et Angers, qui redoutaient le passage de Chemillé où les brigands avaient établi leurs repaires. Malgré toute la ridiculité de cet ordre, il fut exécuté et les bataillons passèrent. Le nôtre coucha à Chemillé la nuit du 12 ai 13 frimaire et reçut l'ordre de se mettre en marche le lendemain pour rejoindre la colonne de Desmarres à Jallais sans qu'il soit spécifié l'heure à laquelle nous devions partir ni celle où nous devions rejoindre la colonne. Chemin faisant, les brigands embusqués dans les genêts au nombre de 15 à 18 cents, nous mirent en déroute. Le citoyen Joseph Toulet, capitaine de la 6ème compagnie de notre corps, qui était le seul à cette malheureuse affaire avec 50 hommes d'un bataillon de la Drôme, après avoir essayé, mais en vain, d'opposer de la résistance aux hordes brigantesques qui nous assaillaient de toutes parts, se voyant pris, a préféré se brûler la cervelle d'un coup de pistolet plutôt que de se rendre. Nous devons observer que ce citoyen qui avait déjà servi dans les troupes républicaines avait été envoyé de l'armée du Nord dans celle de l'Ouest avec le détachement du 2ème bataillon de chasseurs francs incorporé dans notre corps, et qu'au mois de juillet dernier, sous les ordres de Westermann à Châtillon, il fut fait prisonnier par les brigands, et qu'il n'a été délivré qu'à la reprise de cette ville par les troupes républicaines. Sa femme et ses enfants résident à Amiens, département de la Somme, et ont besoin de secours.
Depuis longtemps, nous entendons parler du jeune Barra, à qui les honneurs du Panthéon ont été décernés. Ce jeune homme, dit-on, est mort en combattant auprès de son infâme et traître maître Desmarres. Nous vous prions au nom de la vérité de prendre des informations auprès de tous les corps qui composaient la colonne de ce traître à l'époque de l'affaire de Jallais arrivée le 14 frimaire. Nous avons quelques raisons pour soupçonner la vérité de ce fait qui a été rendu public que par cet imposteur et qui, en en imposant à la Convention, a cherché à faire rejaillir sur lui une prétendue bravoure pour mieux couvrir sa perfidie et sa trahison. Les récompenses nationales n'appartenant qu'à l'héroïsme et au dévouement vraiment républicain, c'est la servir que lui faire connaître la vérité.
Salut et fraternité."


Bara ne sauva pas la tête de Desmarres. Mandé dix jours après son échec de Jallais par Turreau afin de s’expliquer sur sa conduite, il partit pour Angers le 28 décembre. Il dut y attendre son supérieur (prise de Noirmoutier oblige) et ne le rencontra que le 11 janvier.
L’entrevue signa son arrêt de mort. Ce jour là, après l’avoir entendu, Turreau ordonna en effet son emprisonnement. Le 30 du même mois, la Commission militaire Félix (plus coutumière d'exécutions massives de Vendéens) le condamnait à mort. Desmarres était finalement guillotiné le lendemain, à Angers, place du Ralliement.


Pour Bara, la cérémonie de transfert au Panthéon avait été prévue à l’origine pour le 18 juin 1794. Elle fut remise au 18 juillet (par le décret du 5 juin) puis au 28 juillet (par le décret du 11 juillet) avant d’être définitivement décommandée suite aux évènements du 9 thermidor.

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 Sujet du message : Re: La mort de Bara
Message Publié : 07 Mars 2012 0:24 
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Philippe de Commines
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Bonsoir,

Merci de cette nouvelle leçon, 45 ans après la première.
Vous avez su rendre une dimension à cette "grande petite âme" bien mieux que Wiki. et la Révolution au travers de certaines plumes nous devient passionnante.

Bien à vous.

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 Sujet du message : Re: La mort de Bara
Message Publié : 07 Mars 2012 10:07 
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Fustel de Coulanges
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Merci. :wink:

Comme dit plus haut, le transfert des cendres de Bara au Panthéon devait avoir lieu le 28 juillet 1794. Le 11 de même mois, David, pour revenir à lui, présenta à la Convention la cérémonie prévue :

« A trois heures après midi, une décharge générale d'artillerie partira de la pointe occidentale de l'île de Paris ; elle annonce la cérémonie.
Aussitôt le peuple se rassemble au Jardin National : sur l'amphithéâtre paraît la Convention, dans le costume de représentants du peuple ; chacun de ses membres tient à la main le symbole de sa mission : elle est précédée d'une musique guerrière ; les artistes musiciens chantent une strophe analogue à la fête.
Après ce chant, le président de la Convention monte à la tribune et prononce un discours où sont développés aux yeux du peuple les traits héroïques de Barra et d’Agricole Viala, leur piété filiale, en un mot tous les titres qui leur ont mérité les honneurs du Panthéon ; puis il remet l'urne de Viala entre les mains d'une députation d'enfants choisis dans chaque section, du même âge que nos jeunes républicains, savoir, depuis onze ans jusqu'à treize inclusivement.
Les restes mortels de Barra, enfermés dans une urne, seront déposés entre les mains des mères dont les enfants sont morts glorieusement pour la défense de notre liberté ; c'est à ces respectables citoyennes, également envoyées par les différentes sections, à porter ces restes précieux, gage immortel de la tendresse filiale dont cet héroïque enfant a donné des preuves si touchantes.
A cinq heures très précises, une seconde salve d'artillerie se fait entendre.
Les députations des mères et des enfants se mettent en marche sur deux colonnes ; le cortège est précédé d'un grand nombre de tambours dont les sons lugubres et majestueux expriment la marche et les sentiments d'un grand peuple rassemblé pour la cérémonie la plus auguste.
Chaque colonne aura en tête les images de Barra et de Viala, dont les actions seront représentées sur la toile.
A la colonne de droite seront les députations des enfants; à celle de gauche, les députations des mères.
Le milieu des deux colonnes sera occupé par les artistes des théâtres formant six groupes qui marcheront ainsi qu'il suit :
Le premier groupe sera composé de la musique instrumentale ;
Le second, des chanteurs ;
Le troisième, des danseurs ;
Le quatrième, des chanteuses ;
Le cinquième, des danseuses ;
Le sixième, des poètes, qui réciteront les vers qu'ils auront composés en l'honneur de nos jeunes héros.
Viennent ensuite les représentants du peuple, entourés de braves militaires blessés pour la défense de la patrie; le président de la Convention donne la main droite à l'un d'entre eux désigné par le sort, et la gauche à la mère de Barra et à ses filles.
Le peuple ferme la marche.
De distance en distance, les tambours feront entendre leurs roulements funèbres, et la musique ses sons déchirants.
Les chanteurs exprimeront nos regrets par des accents plaintifs, et les danseurs dans des pantomimes lugubres et militaires.
On s'arrête ; tout se tait; tout à coup le peuple élève la voix et par trois fois s'écrie : Ils sont morts pour la patrie ! Ils sont morts pour la patrie ! Ils sont morts pour la patrie !
Arrivées dans cet ordre devant le Panthéon, les deux colonnes se rangent chacune en demi-cercle, pour laisser libre le milieu de l'enceinte, et donner passage à la Convention, qui va se placer sur les degrés du temple. Toujours les jeunes enfants, les musiciens, les chanteurs, les danseurs et les poètes seront placés du côté de Viala; les mères, les musiciennes et les danseuses du côté de Barra.
Cependant les urnes sont déposées sur un autel élevé au milieu de la place : autour de cet autel, les jeunes danseuses forment des danses funèbres qui retracent la plus profonde tristesse ; elles répandent des cyprès sur les urnes. Au même instant, les musiciens et les chanteurs déplorent les ravages du fanatisme qui nous a privés de ces jeunes républicains.
Un nouveau silence succède aux cris de la douleur ; le président de la Convention s'avance, embrasse les urnes, et, les yeux élevés vers le ciel, proclame, en présence de l'Etre suprême et du peuple, les honneurs de l'immortalité pour Barra et Agricole Viala. Au nom de la patrie reconnaissante, il les place au Panthéon, dont les portes s'ouvrent au même instant.
Tout change ; la douleur disparaît, l'allégresse publique la remplace, et le peuple par trois fois fait entendre ce cri: Ils sont immortels ! ils sont immortels ! Ils sont immortels!
L'airain tonne, et les jeux commencent.
Les tambours font retentir les airs d'un roulement guerrier : les danseuses, d'un pas joyeux, répandent des fleurs sur les urnes, en font disparaître les cyprès ; les danseurs, par des attitudes martiales qu'accompagne la musique, célèbrent la gloire des deux héros; les poètes récitent des vers en leur honneur, et les jeunes soldats font des évolutions militaires.
Le président de la Convention nationale s'avance au milieu du peuple ; il prononce un discours après lequel les mères portent l'urne de Barra dans le Panthéon, et les jeunes enfants celle de Viala.
Le président ferme les portes du temple, et donne le signal du départ. On observe pour le retour le même ordre qu'en allant
Arrivée au Jardin National, la Convention reprend sa place sur l'amphithéâtre; le président fait un nouveau discours, dans lequel il retrace aux mères les leçons de vertu qu'elles doivent inspirer de bonne heure à leurs enfants, afin qu'ils se rendent dignes un jour des honneurs éclatants que la patrie vient de décerner à Barra et à Viala : il exhorte les jeunes soldats à venger bientôt leur mort, à se montrer toujours prêts, comme eux, à se dévouer glorieusement pour la défense de la patrie.
Le peuple termine cette mémorable et touchante cérémonie par les cris réitérés de Vive la république !
La commission de l'instruction publique est chargée de l'exécution de la fête. »


Image

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 Sujet du message : Re: La mort de Bara
Message Publié : 07 Mars 2012 12:34 
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Philippe de Commines
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Bonjour,

De nos jours la mise en scène paraît presque cocasse... Mais j'imagine que pour l'époque quoiqu'un peu chargée, elle a dû être un moment marquant ; il est vrai que tout avait été fait pour...

Je me souviens des accents de Malraux pour l'entrée des cendres de Jean Moulin au Panthéon. Au début, il est vrai que là encore, c'est beaucoup et certaines fois je me suis demandée comme de Gaulle arrivait à rester sérieux mais il arrive un moment où l'on est vraiment emporté... et là on sent le souffle de l'Histoire.

Pour Barra ou Bara : les danseuses étaient peut être superflues... Ceci dit je les remets dans le contexte. Une sorte de cérémonie à l'antique.

Je dois vous avouer que je suis toujours époustouflée de vous lire : vous possédez -à chaque intervention- le livre, les pages, les extraits qui font que quand bien même on voudrait émettre un bémol ; c'est comme pour Malraux... On est emporté... 8-|

Je vous remercie pour ce récit. Cdt.
g.

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 Sujet du message : Re: La mort de Bara
Message Publié : 13 Mars 2012 18:35 
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L'histoire de Bara peut aussi faire penser à un autre Bleu de Vendée ayant été un temps associé au Panthéon : le général Moulin.

Tout remontait au 8 février 1794.
Ce jour là, à Cholet, rue du Pont-Joly, le général de brigade, Jean-Baptiste Moulin, alors que la bataille faisait rage, blessé et cerné de toutes parts par les soldats de Stofflet, se brûlait la cervelle.

http://www.vendee-chouannerie.com/photo ... 1328714456

Averti le soir même en son quartier général de Nantes, par Poché-Durocher, commandant de la place de Cholet, Turreau, commandant en chef de l’armée de l’ouest, s’empressait de prévenir le Comité de salut public en ces termes :
« Cette victoire [Cordellier à partir de Tiffauges avait en effet, par une brillante contre attaque, repris Cholet], on ne peut plus importante, a cependant coûté bien cher à la République, par la perte du général de brigade Moulin le jeune. Je le pleure bien moins comme mon ami que comme un des plus braves soldats, des plus habiles officiers et des plus purs républicains qui existent. Indigné de la lâcheté de ses troupes, Moulin fait de vains efforts pour les rallier, se précipite au-devant de l’ennemi pour les encourager par son exemple ; il est atteint d’une balle, et, prêt à tomber entre les mains des brigands, se fait sauter la cervelle du dernier coup de pistolet qui lui restait à tirer…Je ne doute point que la Convention nationale ne sache apprécier cet acte d’héroïsme. »

Le vœu de Turreau ne tarda pas à être exaucé :
Trois jours plus tard et deux jours après que l’on est enterré Moulin en habit de général, enveloppé du drapeau tricolore, au pied de l’arbre de la liberté de Cholet, la Convention rendait, suite au rapport de Barère, le décret suivant :« La Convention décrète que la mémoire du général Moulin est chère à la patrie. Il sera élevé à Tiffauges, aux frais de la République, un tombeau, simple, et sur la pierre sera placée l’inscription suivante : Républicain, il se donna la mort pour ne pas tomber vivant au pouvoir des brigands royalistes ».

En réponse, le conseil général de la commune de Cholet demanda que le dit tombeau fut placé non à Tiffauges mais, plus logiquement, en son sein. La requête ne fut jamais honorée et pas plus à Tiffauges qu'à Cholet un monument honora la mémoire de Moulin.

Cependant, à Paris, d'autres projets germaient.
Ainsi, le 12 avril, Barère rendait le rapport suivant :
« Ce n'est pas en vain que le Panthéon domine tous les édifices de cette ville ; le temple de la gloire est aperçu des frontières ; le comité a pensé que vous deviez centralisé la gloire comme vous dessiminiez le bonheur. Deux généraux ont donné des exemples de bravoure républicaine ; l’un est Moulin, vous avez décrété qu’il lui serait fait un obélisque dans la Vendée ; l’autre est Haxo, il a imité son exemple, blessé et prêt à tomber entre les mains des brigands, il s’est donné la mort.
Le Comité vous propose d’ordonner qu’il sera élevé une colonne de marbre dans le Panthéon, sur laquelle seront inscrits les noms des républicains qui auront fait des actions héroïques, et que les noms d’Haxo et de Moulin y seront gravés les premiers, avec cette inscription : Ils se donnèrent la mort pour ne pas tomber entre les mains des Brigands .»
Après applaudissements, les conventionnels adoptèrent la proposition.

Or Moulin n’était pas un simple général parmi d’autres : il dirigeait en Vendée la sixième division de Turreau.
Voici les états de service de Moulin depuis son entrée en campagne :

Il quitta les Ponts-de-Cé le 24 janvier au matin, brûla Mozé puis bivouaqua à Rochefort. Le lendemain, c’était le bourg de Saint-Aubin-de-Luigné qui était désigné pour être ravagé par les flammes, mais Moulin, apprenant la déroute d’un bataillon à Sainte-Christine, préféra retraiter prudemment sur Chalonnes. Le 26, il s’installa à Saint-Laurent-de-la-Plaine avant de s’établir le lendemain au château du Planti, à proximité de Sainte-Christine. Le 29, il partit pour Cholet. Sur son trajet, il fit brûler le bourg du Pin et massacrer de nombreuses femmes et enfants dans cette localité puis à la Poitevinière.
Stationnés à Cholet, de nombreux détachements sous ses ordres ravagèrent les environs : Vezin, Trémentines…
S’alarmant depuis le 6 février d’inquiétants rassemblements rebelles dans les Mauges et autour de la Gaubretière, Moulin, renforcé des brigades Caffin et Amey, vit irrémédiablement l’étau se resserrer autour de sa position qui, finalement, tombait (provisoirement) le 8.

On peut comprendre dès lors peut-être en partie pourquoi Moulin tenait tant à ne pas tomber vivant aux mains des Vendéens.



La colonne du Panthéon ne fut cependant jamais dressée. Comme pour le jeune Bara, le 9 thermidor était passé par là.

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 Sujet du message : Re: La mort de Bara
Message Publié : 13 Mars 2012 23:01 
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Bonsoir,

Donc, il commandait une des fameuses "colonnes infernales"... Je pense à Madame Rolland et à sa phrase fameuse : "Liberté, que de crimes on commet en ton nom !".
Merci à vous pour cette Histoire de notre histoire.
Un des intervenants de P-H, malheureusement j'ai oublié qui a eu cette phrase magnifique mais là encore elle demande à être revue, "L'Histoire est autant violée par le silence que par les mensonges".
Il faut reconnaitre que la Vendée fut bien occultée ou présentée de manière biaisée. Tout ceux de ma génération étaient loin de faire des études supérieures et ont donc toujours cette image de la Vendée et j'ai remarqué que la génération des 20/30 ans, pas spécialisés en Histoire aussi ; ça fait beaucoup...

Cdt.
g.

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 Sujet du message : Re: La mort de Bara
Message Publié : 14 Mars 2012 13:37 
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Citer :
Il faut reconnaitre que la Vendée fut bien occultée ou présentée de manière biaisée.


Même s'il existe encore bon nombre d'agités du bonnet phrygien et de toqués de la cocarde blanche qui, par ignorance et/ou volonté politique, racontent n'importe quoi sur la Vendée, l'image de ces guerres à quand même grandement évolué dans le bon sens depuis une poignée de decennies.

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 Sujet du message : Re: La mort de Bara
Message Publié : 14 Mars 2012 15:12 
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gaete59 a écrit :
Il faut reconnaitre que la Vendée fut bien occultée ou présentée de manière biaisée.


Vous avez raison, l'image romantique qu'on en a dans les médias fait qu'on ne voit généralement cette guerre que du coté des "gentils" vendéens. Or, comme toute guerre civile, il y a des massacres des 2 cotés.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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 Sujet du message : Re: La mort de Bara
Message Publié : 14 Mars 2012 15:42 
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Citer :
Or, comme toute guerre civile, il y a des massacres des 2 cotés.



Personne ne le nie, mais attention tout de même de ne pas tout mélanger et d’amener à faire croire que les atrocités commises par les colonnes de Turreau ont leurs pendants du côté de l’ennemi vendéen.
Certains historiens au 19e s’y sont essayés et ne sont pas loin d’avoir singé la prose mensongère et hallucinante de Carrier devant ses juges. Pour mémoire, voici ce que le Noyeur de Nantes disait :

« Ne sait-on pas que dans les guerres civiles les représailles les plus violentes sont exercées ? Or, exista-t-il jamais une guerre civile où le parti révolté ait exercé autant d'horreur, de cruautés, de meurtres et de massacres que dans la Vendée ? On semble les avoir oubliés aujourd'hui; et peut-on s'en retracer l'effrayant tableau sans sentir tous les frémissements de la nature et de l'humanité ? Il faut pourtant en présenter une esquisse.
Les brigands ont donné les premiers le signal et l'exemple des meurtres et des massacres : Machecoul a été le premier théâtre où se sont exercées ces scènes d'horreur. Là, les brigands hachèrent et mirent en pièces huit cents patriotes ; on les enterra demi vivants, on ne fit que couvrir leurs corps, on laissa hors de terre et à découvert leurs Iras et leurs jambes, on lia leurs femmes, on les fit assister au supplice de leurs maris, on les cloua ensuite toutes vivantes, ainsi que leurs enfants, par tous leurs membres, aux portes de leurs maisons, et on les fit périr ainsi en les perçant de mille coups. Le curé constitutionnel fut embroché et promené dans les rues de Machecoul, après qu'on lui eut mutilé les parties les plus sensibles de son corps ; il fut cloué encore vivant à l'arbre de la liberté. Un prêtre vendéen célébra la messe au milieu du sang et sur les cadavres mutilés.
Dans les marais de Niort, on massacra, on mutila dans la suite un bataillon composé de six cents enfants de Nantes.
Les brigands renouvelèrent à Cholet les scènes affreuses de Machecoul : ils livrèrent les patriotes aux tourments les plus affreux; avant de leur arracher la vie, ils clouèrent les femmes et les enfants tout vivants aux portes de leurs maisons, et les percèrent ensuite de leurs coups ; ils ont exercé ces supplices inouïs partout ailleurs où ils ont trouvé des patriotes ou de paisibles habitants qui ne voulaient point porter les armes avec eux.
Lorsqu'ils se sont emparés de Saumur, tout ce qui jouissait de la réputation de patriote a péri dans les tortures les plus effroyables : les femmes, leurs enfants dans les bras, se jetaient par les fenêtres; les tigres les traînaient, les poignardaient dans les rues.
Les supplices qu'ils destinaient à nos braves défenseurs n'étaient pas moins cruels; le moins barbare était de les fusiller ou de les tuer à coups de baïonnettes; mais le plus commun était de les suspendre à des arbres par les pieds, en allumant un brasier sons leurs têtes, ou de les clouer tout vivants à des arbres, de leur mettre des cartouches au nez et à la bouche, d'y mettre le feu, et de les faire périr dans ces épouvantables tourments. Nous ne pouvions pas faire un seul pas dans la Vendée sans avoir ces perspectives affreuses, déchirantes, sous les yeux. Là, en entrant dans un village, s'offraient à nos regards des braves défenseurs taillés en lambeaux ou cloués aux portes des bâtiments; ici les arbres des bois, des haies, nous représentaient les images défigurées de nos braves frères d'armes suspendus à leurs branches, dont les corps étaient à demi ou presque tout brûlés ; plus loin, nous trouvions leurs restes inanimés attachés, cloués à des arbres, à des poteaux, mutilés, percés de coups, le visage brûlé, calciné.
Les brigands ne se bornaient point à ces tortures inhumaines, ils emplissaient leurs fours de nos braves défenseurs, y mettaient le feu et les faisaient consumer de cette manière atroce.
Aujourd'hui les cannibales ont inventé un nouveau genre de supplice : on coupe aux défenseurs de la République qu'on fait prisonniers tenez, les mains, les pieds, et puis on les précipite dans de noirs cachots.
Qu'on ne s'étonne donc point si, à l'aspect de tant d'atrocités, on a usé de quelques représailles un peu violentes »




Bon, faut dire que Carrier jouait ici sa tête…

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 Sujet du message : Re: La mort de Bara
Message Publié : 14 Mars 2012 16:17 
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Drouet Cyril a écrit :
Citer :
Or, comme toute guerre civile, il y a des massacres des 2 cotés.


Personne ne le nie, mais attention tout de même de ne pas tout mélanger et d’amener à faire croire que les atrocités commises par les colonnes de Turreau ont leurs pendants du côté de l’ennemi vendéen.


Je le sais bien et si je ne le savais pas, rien qu'en lisant vos excellentes interventions je l'aurait appris.

Non, mon message visait quelque chose que l'on voit revenir régulièrement dans ce sujet et dans tous les sujets qui portent sur la Vendée ou sur les révoltes de la Bretagne sous l'époque révolutionnaire : il s'agit d'un génocide caché et de toutes façons personne n'en parle et quand on en parle on nie la réalité.

Mais, il suffit de faire une simple recherche pour trouver :
- de nombreux romans et œuvres littéraires qui parlent de cette période et, à la louche, 90% sont favorables à la cause des Chouans ou des vendéens.
- de nombreuses œuvres de fictions, films, vidéos, feuilletons qui évoquent ces évènements. Et bien entendu, la majorité est favorable à la chouannerie et aux royalistes. Ou du moins, les montre sous un jour très favorables.
- de nombreux documentaires, dont la plupart ont été diffusés sur des chaines de plus ou moins grandes écoutes. Et on y voit plus l'histoire du coté des blancs que du coté des bleus.
- de nombreux ouvrages plus ou moins historiques qui présentent ces combats en insistant sur les crimes des bleus et en survolant ceux des blancs. Ou qui présentent ceux des blancs comme étant quelque chose de normal. Suis-je le seul a penser qu'une guerre civile n'est pas quelque chose de normal ?

Donc dire : "Il faut reconnaitre que la Vendée fut bien occultée ou présentée de manière biaisée." est vrai, mais pas dans le sens que le disent ceux qui interviennent en disant de telles choses. Dans la réalité, les médias en général ont tendance à mettre en avant une vision manichéenne de cette affaire, où en face des "gentils" blancs ou a les "méchants" bleus.

Nous sommes sur un forum de passionnés d'histoire, je vous suis reconnaissant, Drouet Cyril de vos apports historiques qui nous font toucher à la réalité de ce drame. Je déplore que de nombreuses autres personnes ont une approche très partisane de cette affaire et qu'elles ne sachent se débarrasser de cette vision complotiste qui est très à la mode, mais qui ne correspond à aucune réalité.

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 Sujet du message : Re: La mort de Bara
Message Publié : 14 Mars 2012 19:53 
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Philippe de Commines
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Narduccio a écrit :
Vous avez raison, l'image romantique qu'on en a dans les médias fait qu'on ne voit généralement cette guerre que du coté des "gentils" vendéens. Or, comme toute guerre civile, il y a des massacres des 2 cotés.


Vous avez tout à fait raison mais ma génération, je suis née en 59, celle de mes parents et celles d'avant n'avait que l'image au contraire de Vendéens qui défendaient leurs prêtres au détriment d'une République aux idéaux très chouettes et ceci jusqu'en 1976 au moins (terminale).
A noter que ma mère étant PEGC (français, histoire-géo, dessin) elle recevait des "spécimen" de livres d'Histoire et autres que j'ai gardé : même version.
Mon fils a eu aussi droit à cette version... en 1999 pour sa 3ème donc le revirement est encore chaud... Normal me direz-vous, se battre pour la "calotte", c'est pas payant pour le marquage politique de certains profs, donc on peut occulter ou biaiser (je connais le truc et la manière de faire, j'ai eu le temps au moins d'étudier et d'observer cela... ;) )

Je suis HS mais je tiens tout de même à le dire : à noter que l'épisode de La Commune était aussi très survolé pour ma génération et encore celle de mon fils...

Est-ce le spectre de la guerre civile qui "coince". Je me souviens de la réaction à mon niveau, en province, des évènements de Mai 68 : c'était la psychose... Les gens faisaient des provisions etc.

Pour en revenir à la Vendée, certes il y a eu des morts des deux côtés comme dans toutes guerres. Je ne vais pas dire que ce n'est pas le plus important mais des deux côtés aussi, il y a eu des hommes qui se sont comportés de manière différente comme dans tout conflit et c'est ce qui fait la différence. Il n'y a pas de bons, de méchants, de héros, de lâches mais des comportements de certains qui sont tout de même à relever. La masse suit, obéissante et si on lâche la bride il est évident que dans ces moments ce ne sont pas les meilleurs sentiments de l'être humain qui dominent en général...

Pour moi, c'est presque nouveau et j'en reviens toujours à ceci : personne n'est obligé d'obéir aveuglément à des ordres voire d'anticiper pour l'obtention d'un éventuel satisfecit.
Je dirais même que l'attitude de Robespierre est -pour moi- moins choquante que celle de Turreau... L'âge apporte un certain recul en rapport à la vie et je sais que sur le terrain, c'est comme sur un bateau : on est seul maître après Dieu, alors il est difficile de faire des choix (il suffit de voir comment se comporteront certains maréchaux d'Empire...) mais il est aussi difficile de vivre avec ensuite.

Il suffit de voir le revirement de Barère. L'effarement de certains "bons républicains"... Je ne juge personne mais je m'accorde le droit d'être plus proches de certains que d'autres... Bretagne a toujours eu beaucoup de mal avec les ordres de la capitale...

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 Sujet du message : Re: La mort de Bara
Message Publié : 14 Mars 2012 22:02 
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Fustel de Coulanges
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Citer :
Donc dire : "Il faut reconnaitre que la Vendée fut bien occultée ou présentée de manière biaisée." est vrai, mais pas dans le sens que le disent ceux qui interviennent en disant de telles choses.



Tout dépend où l’on se situe dans l’échelle du passé.
Si aujourd’hui, la sortie du dernier livre de Sécher, couplée à la loi sur le génocide arménien, aidant, il est rare de parler du conflit vendéen sans évoquer Turreau et les colonnes, il n’en a pas été toujours de même.
Sans remonter aux Chassin, Michelet ou Port ; au début des années 80, je lisais, gamin, une collection qui eut un grand succès à l’époque : « Histoire de France en bandes dessinées ».
Sur Turreau, juste ceci :
« Seul Charette, qui a refusé de passer la Loire, poursuit la lutte dans le bocage… et les « colonnes infernales » ravagent la Vendée. »
Un peu juste pour apprécier la teneur véritable de la répression…

De l’autre côté, on a le droit à ceci :
« On capture un frère de Cathelineau, qui passe aux aveux…
-Notre armée grossit de jour en jour. Nous entraînons les habitants de chaque village, menaçons les indécis…
-Que faites-vous des prisonniers ?
-Quand nous montons à l’assaut, ils marchent par devant… Ils essuient la première décharge.
-Qu’on le fusille ! »


ou encore :

« L’héroïsme et l’horreur voisinent. En Vendée, Joseph Barra, 13 ans, sommé par l’ennemi de crier : « Vive le roi ! » a préféré mourir pour la cause des patriotes ! »
Dans la bulle :
« Vive la république ! Vive la… Aaaaaah… »

"L'héroïsme" bleu face à "l'horreur" blanche... Robespierre avec Bara a finalement fait du bon boulot...

A titre personnel, j’ai quand même réussi par me faire virer d’un cours de 4ème où je m’étais élevé avec véhémence contre les dires de mon professeur qui affirmait que les Vendéens s’étaient insurgés parce que, abrutis qu’ils étaient, ne comprenant rien à rien à tous les apports de la Révolution, ils avaient été entraînés dans un vaste complot fomenté par le clergé et la noblesse.
Déjà, cela devait être mon côté « fouine » (sic) :wink: ou alors un reste d’atavisme. lol



Citer :
se débarrasser de cette vision complotiste qui est très à la mode, mais qui ne correspond à aucune réalité.


Ne lisez pas le dernier ouvrage de Sécher, il voit des mémoricides partout… :-$

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 Sujet du message : Re: La mort de Bara
Message Publié : 14 Mars 2012 22:14 
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Jean Froissart
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Je ne sais pourquoi, mais le mythe du jeune Bara me fait penser à celui de Pavel Morozov, assassiné à 14 ans et devenu héros national de l'URSS. :rool:
Vlad

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Adieu à toutes les femmes...."
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 Sujet du message : Re: La mort de Bara
Message Publié : 14 Mars 2012 22:57 
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Philippe de Commines
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Localisation : Armorique
Narduccio a écrit :
Je déplore que de nombreuses autres personnes ont une approche très partisane de cette affaire et qu'elles ne sachent se débarrasser de cette vision complotiste qui est très à la mode, mais qui ne correspond à aucune réalité.

Bonsoir,

Qu'appelez-vous une "vision complotiste" ? :-|
Merci de votre réponse.
Cdt.
G.

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 Sujet du message : Re: La mort de Bara
Message Publié : 15 Mars 2012 7:44 
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Je suis né aussi en 1959. C'est étonnant, il semblerait que je n'ai pas le même vécu que vous.

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