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 Sujet du message : Re: Le retour d'Egypte
Message Publié : 02 Oct 2012 17:33 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Néanmoins l'information circule tout de même...


D'où la nécessité d'analyser ces informations circulantes pour tenter de se faire un avis.

Citer :
Smith ait au moins pu avoir l'idée de favoriser le retour de Bonaparte.


L'entrevue avec Keith si l'on en croit l'Histoire scientifique et militaire de l'expédition française en Egypte permit de sonder Bonaparte sur l'éventualité d'un retour. De plus, Smith (Cf. correspondance) ne cachait pas (et on peut le comprendre) que le départ de Bonaparte serait une très bonne chose pour les affaires orientales (quid de la politique intérieure française ?).
De là, eut-il l'idée de favoriser le retour de Bonaparte ?... il y a un pas que je ne franchirai pas. Et puis passer de l'idée à la mise en oeuvre, le pas commence à devenir bien large...

Citer :
Il semble qu'on puisse parallèlement imaginer qu'à Londres certains aient pu avoir la même idée


Peut-être. Mais il faudrait déjà le démontrer et puis, ensuite, en établir, dans le cadre du retour d'Egypte, les conséquences concrètes de cette supposée idée.

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difficile d'aller au-delà des hypothèses...


En effet.

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 Sujet du message : Re: Le retour d'Egypte
Message Publié : 02 Oct 2012 17:51 
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Thucydide
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Les Mémoires de Marmont sont intéressantes sur le sujet.
Je fus chargé d’entrer en pourparlers avec Sydney-Smith, commandant la division anglaise unie à la flotte turque. La chose était facile, car Sydney-Smith saisissait comme une bonne fortune l’occasion de parlementer et de faire des phrases. [...] Ce fut donc à Sydney-Smith que je m’adressai. Je lui écrivis une lettre extrêmement polie pour lui donner des nouvelles du pacha prisonnier; je lui proposai d’établir avec les Turcs un cartel d’échange, et, en même temps, d’échanger, homme pour homme, quelques Anglais, prisonniers chez nous, contre les officiers, sous-officiers et soldats pris au fort d’Aboukir. Cette proposition, simple prétexte, masquait le but véritable d’avoir des nouvelles. En conséquence, je choisis, pour porter ma lettre, un officier intelligent, parlant anglais et agréable de conversation, le jeune Descorches, officier de marine, attaché au commandant de la marine, à Alexandrie. Sir Sydney reçut Descorches à merveille, causa longuement avec lui, lui parla de nos revers d’ltalie, et les exagéra encore dans son récit. Il lui remit toutes ses gazettes en ajoutant : « Je suis informé par l’amiral Nelson de l’ordre envoyé parle Directoire au général Bonaparte de revenir en Europe. Chargé d’y mettre obstacle s’il entreprend cette périlleuse traversée, j’espère lui donner de mes nouvelles. »
Là-dessus Descorches revint: il avait rempli sa mission à souhait. Le général Bonaparte s’enferma quatre heures avec Berthier pour lire les gazettes et parler de sa situation. Au bout de ce temps, son parti pris de retourner en France


Ce qui m'a amené à rechercher s'il était vrai que le Directoire ait vraiment cherché à rapatrier Bonaparte en France. Et je suis tombé sur L'expédition d’Égypte par Clément de La Jonquière qui affirme que le Directoire avait chargé l'amiral Bruix de ramener en France à la tête du flotte imposante de 42 vaisseaux, non seulement Bonaparte, mais toute l'armée d’Égypte. La Jonquière cite les éléments suivants

Ordre du Directoire au général Bonaparte du 7 prairial (26 mai 1799)
[...] Le Directoire vient en conséquence d'ordonner à l'amiral Bruix d'employer tous les moyens qui seront en son pouvoir pour se rendre maitre de la Méditéranée et de se porter en Egypte à effet d'en ramener l'armée que vous commandez.[...] Le Driectoire vous verrait avec plaisir ramené à la têtes des armées Républicaines que vous avez jusqu'à présent si glorieusement dirigées

Instruction du Directoire à l'amiral Bruix du 7 prairial (26 mai)
[...] aussitôt que vous aurez mis les anglais hors d'état de s'opposer à vos opérations, vous ferez voile pour l'Egypte à effet d'y embarquer l'armée [...]

Lettre de Talleyrand à Bruix du 9 prairial (28 mai) accompagnant les instructions du Directoire
[...] Voilà votre mission revenue à votre première idée, mon cher Bruix, j'en suis enchanté. Vous voilà hors du vague, vous avez un but, un but prescrit, un but de la plus grande importance. Le Directoire n'écrit qu'un mot à Bonaparte. Je lui envoie une lettre de Barras à laquelle j'ai joint quelques lignes. Le Directoire s'en rapporte à vous pour l'instruire de notre situation intérieure et extérieure. Ramenez-le. On vous recommande le secret le plus absolu sur votre mission. [...]

Lettre de Bruix à Bonaparte du 5 messidor (23 juin)
[...] Le Directoire exécutif m'a ordonné d'opérer ma jonction avec l'escadre espagnole, d'attaquer ensuite l'ennemi et, après l'avoir battu, d'aller en Egypte pour y prendre et porter en France l'armée que vous commandez[...]
L'auteur précise que cette dernière lettre ne serait pas parvenue en Egypte avant le départ de Bonaparte et qu'il ait possible que le message ait été intercepté, ce qui expliquerait que Smith connaissait les intentions du Directoire

Si tout cela est avéré (l'auteur précise que l’authenticité de ces documents a été contestée, à torts selon lui), il me semble qu'on peut raisonnablement écarter la thèse d'une négociation secrète entre Talleyrand et Smith pour ramener Bonaparte en France.
Et de toute façon, Smith avait-il vraiment les moyens d’empêcher un départ de Bonaparte à bord d'un vaisseau léger ? A ma connaissance son escouade est limitée à 3 vaisseaux et quelques bâtiments plus légers et, comme toute escouade, il était limité par la nécessité de la faire ravitailler. Et en effet, Bonaparte a profité du départ de Smith pour se ravitailler à Chypre pour s'enfuir d'Egypte. Marmont précise également dans ses Mémoires que la présence de la flotte de Bruix en Méditerranée (qui n'a d'ailleurs jamais quitté les environs de Toulon) avait contraint les anglais à se regrouper et donc à couvrir une étendue plus faible.
La preuve que le blocus était perméable (quel blocus naval ne l'était pas à l'époque ?) est que la nouvelle de la bataille d'Aboukir a pu parvenir en France avant le retour de Bonaparte.


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 Sujet du message : Re: Le retour d'Egypte
Message Publié : 02 Oct 2012 20:20 
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Fustel de Coulanges
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Marmont précise également dans ses Mémoires que la présence de la flotte de Bruix en Méditerranée (qui n'a d'ailleurs jamais quitté les environs de Toulon)


Bruix a bien quitté Toulon : le 27 mai. Après une mission près de Savone, il fila à Carthagène avant de quitter la Méditerranée. Il arriva à Brest le 8 août suivant.

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 Sujet du message : Re: Le retour d'Egypte
Message Publié : 17 Oct 2015 9:12 
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Fustel de Coulanges
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Drouet Cyril a écrit :
il me semble qu'on peut raisonnablement écarter la thèse d'une négociation secrète entre Talleyrand et Smith pour ramener Bonaparte en France.


C'est aussi mon avis.
Au sujet du retour de l'armée d'Egypte et de Talleyrand, on peut se rappeler du rapport que ce dernier présenta au Directoire le 3 septembre. A cette date, Bonaparte, en Méditerranée orientale, voguait en direction de la France depuis douze jours :

« Le gouvernement français ne peut plus se flatter de voir réaliser les vues grandes et sublimes qui avaient fait entreprendre l'expédition d'Egypte.
Ce beau projet est évanoui.
Repoussé de Syrie, privé de forces navales imposantes, renfermé en Egypte où il sera attaqué par les Turcs, les Russes, les Arabes, les Anglais et peut-être les peuples de la Barbarie, privé de communications avec la mère-patrie qui ne peut lui envoyer des secours, ayant à combattre sans cesse le climat et les maladies, le général Bonaparte ne peut que succomber tôt ou tard sous tant d'ennemis, qui d'ailleurs ont la faculté de réparer sans obstacles leurs pertes.
Il serait donc digne de la sagesse du Directoire exécutif, de tenter tous les moyens possibles de tirer d'Egypte ce général et ses illustres compagnons, et de les ramener dans leur patrie, à laquelle ils peuvent encore être utiles dans les circonstances où elle se trouve.
Vers l'an 462 avant l’ère vulgaire, les Athéniens firent une pareille expédition contre les Perses, dans la même contrée. Dans cet intervalle, la guerre du Péloponnèse s'alluma ; la République ne put envoyer des secours à ses citoyens en Egypte, et ils y périrent presque tous.
Évitons, s'il est possible, un sort aussi déplorable à nos concitoyens.
C'est dans cette vue que je présente ce rapport au Directoire exécutif.
La mer est la seule route qui soit propice au retour de nos compatriotes. Toute autre serait d'une longueur extrême et sujette aux plus graves inconvénients.
Mais la mer Méditerranée n'est pas libre pour le pavillon tricolore. Elle est couverte d'une multitude d'ennemis, auxquels nous n'avons rien à opposer.
Si le Directoire exécutif veut donc tenter d'obtenir le retour de l'armée d'Egypte, il doit recourir à autrui, c'est-à-dire aux ennemis mêmes de la République.
Parmi eux, les Turcs et les Anglais sont les seuls qu'on doive juger disposés à se prêter aux vues du Directoire exécutif. Les uns et les autres ont tout intérêt de voir les Français évacuer l'Egypte : les Turcs, pour délivrer leur territoire d'un ennemi; les Anglais, parce que cette évacuation les rassurera sur leurs établissements dans l'Inde.
Mais la négociation doit-elle être entamée avec les deux puissances à la fois, ou faut-il seulement s'adresser à la Porte ?
Si cette dernière était redoutable sur mer, je n'hésiterais pas à engager le Directoire exécutif de ne faire des propositions qu'à elle. Outre qu'elle serait plus disposée à les écouter, puisqu'il s'agirait d'anéantir ce qui a été le sujet de la guerre, je me sentirais moins de répugnance à proposer cette démarche envers une puissance, qui a été si longtemps l’amie de la France, et que je dois supposer susceptible de revenir à ses anciens sentiments. Mais la Porte ne peut pas facilement rassembler le nombre de bâtiments, qui serait nécessaire pour le transport de l'armée, et n'a pas d'ailleurs une marine assez forte pour faire respecter parles Anglais, les Russes et les Portugais, le traité qu'elle aurait fait avec nous.
Je pense même que, s'il fallait absolument négocier avec une seule puissance, les Anglais devraient être préférés ; parce que la supériorité qu'ils ont sur leurs alliés, serait un garant que ceux-ci n'oseraient pas mettre obstacle à l'exécution de leur convention avec nous.
Mais je crois devoir proposer au Directoire exécutif d'entrer en négociation, sur l'objet dont il s'agit, avec la Porte et les Anglais en même temps. Si elle réussit, le général Bonaparte est à l'instant délivré des deux plus redoutables ennemis qu'il ait sur terre et sur mer en Egypte ; les Russes, les Arabes, les Portugais et les Barbaresques ne sont plus dangereux pour lui et son armée.
D'ailleurs, comme les Turcs sont, en temps de guerre, peu fidèles observateurs de leurs conventions ou capitulations, au point qu'on les a vus égorger des garnisons de places avec qui ils avaient capitulé, l'intervention des Anglais deviendrait une garantie qu'il ne serait pas porté atteinte à celle qui aurait été faite.
Cette négociation devrait d'autant moins rencontrer d'obstacles, qu'elle remplirait le vœu de la triple alliance formée nouvellement entre la Porte, la Russie et l'Angleterre : celui de se garantir l'intégrité de leurs États respectifs.
Il me semble d'ailleurs que la Porte s'y prêterait avec une sorte d'empressement, parce qu'elle verrait, par là, naître l'occasion de se délivrer des secours intéressés de ses incommodes et dangereux alliés.
Mais où doit être entamée cette négociation ? Je pense qu'elle doit l’être à Constantinople, siège de la puissance qui a le plus d'intérêt apparent dans l'évacuation de l'Egypte par les Français. Je ne vois dans ce choix qu'une objection, c'est que les agents de l'Angleterre à Constantinople ne se croiront peut-être pas suffisamment autorisés pour entrer en négociation, et par conséquent pour intervenir dans une convention. En ce cas, ils voudront demander à leur gouvernement des ordres et des instructions; ce qui ralentira infiniment la négociation.
Il est vrai que la Porte, jalouse et empressée de rentrer en possession de l'Egypte, et d'en extraire tous les objets si nécessaires à la consommation du peuple de Constantinople, pressera les agents anglais et pourra les engager à signer la convention, sauf la ratification de leur cour. En ce cas, il serait possible d'obtenir une suspension d'armes en Egypte, jusqu'à la réception de cette ratification.
Je ne dois pas déguiser, que si cette convention pour le retour de notre armée avait lieu, elle contiendrait pour principale condition la promesse de la part des généraux, officiers, et soldats, de ne pas servir pendant la durée de la guerre actuelle. Il serait possible que la Porte ne l'exigeât pas d'elle-même, parce que peu lui importent en général les affaires des chrétiens ; mais elle ne peut échapper à la sagacité et à la haine des négociateurs anglais.
Cette condition sera dure, sans doute, pour Bonaparte et ses compagnons, ainsi que pour le gouvernement français, qui verra par cette clause tant de bravoure et de talents frappés de paralysie ; mais il faudra bien y souscrire pour sauver ces Français, puisque nous n'avons ni la Syrie, ni une flotte puissante sur la Méditerranée.
Se rendre dans l'Inde serait le parti le plus avantageux que Bonaparte pourrait prendre, dans la situation où se trouve ce général; mais dès qu'il ne l’a pas tenté, il faut croire qu'il trouve dans cette expédition des obstacles insurmontables.
Les États de Barbarie, jusqu'au détroit de Gibraltar, ne lui présentent, non plus, aucune issue favorable. Ils sont devenus nos ennemis, et de plus la peste y exerce ses ravages. Bonaparte aurait par conséquent à combattre les hommes et la contagion. Il faut donc renoncer à cette voie.
Dès que toutes les issues de l’Égypte nous sont fermées, ou par la nature des lieux, ou par les forces ennemies, il n'est pas possible de se soustraire à la condition que je viens de faire prévoir au Directoire, et qui vraisemblablement sera exigée.
Cette convention, si elle a lieu, pourra être comparée à la capitulation d'une place de guerre qu'on rend. Elle ne fera pas cesser l'état de guerre avec l'Angleterre et ses alliés. Mais il n'en est pas de même avec la Porte ottomane. Tout motif de guerre de sa part avec nous cesse par le droit, dès l'instant de l'évacuation de l'Egypte.
Voudrait-elle la continuer, pour cause de réparations et indemnités des dommages causés par nous en Egypte et en Syrie ? Mais, à cet égard, il y a au moins parité entre nous et elle. Outre les préjudices que son administration nous a causés avant la rupture, la Porte depuis cette époque n'a-t-elle pas cruellement opprimé nos concitoyens placés dans ses États ? N'a-t-elle pas pillé, volé leurs propriétés, qu'on ne peut évaluer à moins de quarante millions de France ?
Voudrait-elle la continuer, par respect pour son traité avec la Russie et l’Anglelerre? Mais l’évacuation de l’Égypte rend nul ce traité, dont l’objet essentiel est la garantie des États ou possessions enlevés aux parties contractantes. Or, la République n'ayant rien conquis sur la Russie et sur l'Angleterre, et restituant l'Egypte à la Porte, le traité n'a plus de motifs et ne doit plus avoir d'effet.
Ainsi, cette convention serait un grand acheminement au rétablissement de nos relations avec la Porte.
Cependant il ne faudrait pas se flatter de les voir ce qu'elles étaient autrefois, ni même de parvenir promptement à un traité de paix définitive.
La Porte ne se détermine qu'avec lenteur. C'est son allure naturelle : elle n'y a dérogé que dans sa rupture avec nous, parce que le parti russe dominait au Divan; et il faut croire que ce même parti emploiera toute son influence, pour empêcher tout retour de la Porte vers la France. D'ailleurs, si les Turcs ont prouvé quelquefois qu'ils étaient des amis fidèles, il est aussi reconnu qu'ils conservent longtemps le ressentiment des injures. Il est très difficile de renouer avec eux d'anciennes liaisons, surtout lorsqu'ils ont quelque droit de se croire vainqueurs. Notre négociateur devra donc se prêter au caractère de ce peuple et de son gouvernement, et ne rien brusquer dans ses ouvertures. C'est le temps, aidé de la connaissance que la Porte a des projets ambitieux de la Russie et de l'Angleterre, qui la ramènera vers la République, son alliée naturelle.
On devra donc, par toutes ces considérations, éviter de proposer un traité de paix et le rétablissement de nos relations politiques et commerciales. En discutant l'objet de l’évacuation d'Égypte, le négociateur de la République devra préalablement s'attacher à obtenir de la Porte :
1° une suspension d'armes ou trêve entre la République et elle, pour quatre années;
2° le renvoi en France de tous les Français, sans distinction d'état, de caractère, d'âge et de sexe, qui sont retenus dans l'Empire ottoman, avec l'offre de la réciprocité de la part de la République. Si ces deux points sont accordés, il ne sera pas difficile d'entrer ensuite en négociation régulière, soit pour une paix définitive, soit pour tout ce qui peut intéresser les deux puissances.
Mais, pour parvenir à ce résultat et surtout à la convention pour l'évacuation de l'Egypte, le négociateur devra prendre toutes les précautions imaginables, pour que le ministre russe n'ait pas connaissance de sa mission. S'il en était instruit, il ferait tous ses efforts pour s'opposer à son succès ; car l'évacuation de l'Egypte par les Français rendrait l'assistance de la Russie inutile à la Porte, et par conséquent y diminuerait son influence et sa domination.
Ces divers points seront plus amplement discutés et développés, dans les instructions qui seront données au négociateur.
Je dois aujourd'hui me borner à ces deux questions :
Le Directoire veut-il tenter de négocier à Constantinople le retour de l'armée d'Egypte ?
Quelle personne veut-il choisir pour négociateur ?
Je crois avoir démontré au Directoire la nécessité de la négociation, et la possibilité d'y réussir.
Quant au choix du négociateur, je ne crois pas qu'il puisse tomber sur un Français. Son admission serait difficile et peut-être môme impossible. J'ai jeté les yeux sur un Espagnol, que je me propose de faire connaître au Directoire exécutif, s'il y a lieu.
Je le prie de me manifester ses intentions.


P. S. J'ai l’honneur d'observer encore au Directoire exécutif, que l'évacuation de l’Égypte nous privera d'un puissant moyen de compensation à offrir, dans des négociations ultérieures de paix avec l'Angleterre; que, de plus, elle permettra à celle-ci de retirer ses armements de l'Egypte et par conséquent lui donnera plus de moyens, soit pour bloquer Malte, soit pour protéger l'Irlande contre les tentatives des Français. Ces inconvénients sont graves; mais il ne me parait pas qu'ils doivent empêcher de tenter la négociation dont il s'agit, parce que Bonaparte et son armée sont dans un péril imminent, dès que l'invasion de la Syrie n'a pu s'effectuer et que la République n'a pas de flottes à lui envoyer, capables de lui porter des renforts et de détruire celles des ennemis.
D'ailleurs, si la convention projetée a lieu, il sera libre à ce général d'y adhérer ou de la rejeter. Il se déterminera à cet égard, d'après sa véritable position en Egypte. S'il ne la croit pas aussi critique qu'elle nous le parait, il pourra refuser la capitulation qui aura été dressée pour lui à Constantinople, et alors la responsabilité du Directoire exécutif est à l'abri de tout reproche ultérieur. C'est pourquoi, il me paraîtrait convenable de tenter tous les moyens possibles pour informer Bonaparte de la négociation, si elle est entamée. La saison dans laquelle nous allons entrer est favorable à cet égard. Ainsi prévenu, le général pourra fixer d'avance ses résolutions et ranimer le courage, peut-être abattu, de ses compagnons, par l'espoir d'un prompt retour dans leur patrie. »

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