Merci, pour le lien.
Je ne me suis attaché qu’aux passages concernant Autun et Brienne.
Quelques remarques sur ce que dit Guillemin :
Citer :
« C’était le frère de Monsieur de Marboeuf. »
Yves-Alexandre de Marboeuf, évêque d’Autun, était le neveu de Marboeuf.
Citer :
[A son arrivée à Autun,] il ne sait pas, il ne sait absolument pas le français [pendant les trois mois d’Autun] Il a commencé à baragouiner le français. »
Il existe pourtant une lettre écrite par l’abbé Chardon à son collègue l’abbé Peignot en 1823 :
« Je ne l’ai eu que trois mois. Pendant ces trois mois, il a appris le français de manière à faire librement la conversation. »Citer :
« Il y a dans la correspondance de Napoléon… »
La lettre citée n’apparaît pas dans la
Correspondance publiée sous le Second Empire et n’a pas été reprise dans la
Correspondance générale publiée par la Fondation Napoléon.
Guillemin (tout en finissant pourtant par nous dire qu’il s’agit d’un faux) donne bien de l’importance à une lettre qui finalement ne le mérite aucunement.
Et ce n’est pas pour autant que le jeune Napoleone était incapable d’écrire en français (je mets ici de côté l’orthographe qui toute sa vie ne fut guère son fort).
Trois ans après le faux cité, on peut par exemple se référer à sa lettre à Fesch en date du 25 juin 1784 (il a presque 15 ans) où, de Brienne, il se permet d’ailleurs de juger la correspondance de son frère Joseph :
« Je suis persuadé que Joseph, mon frère, ne vous a pas écrit. Comment voudriez-vous qu’il le fît ? Il n’écrit à son cher père que deux lignes quand il le fait. En vérité, ce n’est plus le même. Cependant, il m’écrit très souvent. Il est en rhétorique et ferait mieux s’il travaillait »
Citer :
« [Concernant les lettres de Bonaparte à 18, 19, 20 ans :] un français extraordinairement approximatif »
Il suffit de lire la correspondance pour voir la fausseté d’une telle affirmation. La lettre au libraire Barde puis celle écrite à Colonna de Cesari Rocca (j’ignore de quel grand chapeau Guillemin a pu d’ailleurs sortir cette missive qui ne correspond en rien à celle que l’on possède écrite au même moment au même destinataire…) ne démontrent rien.
Citer :
« Elève très moyen ; en mathématiques : un peu supérieur au reste »
Le jugement est quelque peu sévère.
J’imagine que Guillemin se base ici sur le compte-rendu de M. de Kéralio :
« S'est toujours distingué par son application aux mathématiques. Il sait très passablement son histoire et sa géographie. Il est assez faible pour les exercices d'agrément et pour le latin, où il n'a fait que sa quatrième. Ce sera un excellent marin ; il mérite de passer à l'école militaire de Paris. »Bourrienne dans ses
Mémoires, tout en citant ledit rapport, écrit :
« Notre professeur de mathématiques, le père Patrauld, homme assez ordinaire, aimait beaucoup Bonaparte; il en faisait grand cas, il était fier de l'avoir pour élève, et il avait raison. Les autres professeurs, avec lesquels il ne travaillait pas, s'en souciaient fort peu. Il n'avait aucune disposition pour les belles lettres, l'étude des langues et les arts d'agrément.[…]
Je connaissais bien Bonaparte; je n'aurais pas rédigé autrement la note de M. de Kéralio. Je crois cependant qu'on aurait dû mettre : Il sait très bien son histoire et sa géographie ; il est très faible pour les exercices d'agrément et pour le latin. Rien ne m'eût engagé à dire que ce serait un excellent marin. Bonaparte ne pensait nullement à la marine.[…]
Ce que j'ai dit plus haut, et le rapport de M. de Kéralio, attestent son peu de succès dans la plupart des parties de l'enseignement, hors les mathématiques. Ce n'est point non plus, comme le dit le même écrivain [Walter Scott], à la précocité de ses progrès dans les mathématiques qu'il dut d'aller à Paris; il avait l'âge, des notes assez favorables, et il fut tout naturellement du nombre des cinq qui furent choisis en 1784, selon la coutume ordinaire. »