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Message Publié : 15 Mars 2013 23:32 
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Jean Mabillon
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La thèse de Robespierre et Marat comme finissant par devenir contre-révolutionnaires est plus ou moins celle de Eric Hazan, amateur très sérieux, très documenté, qui note les irrégularités de Maximilien, son revirement sur la démocratie, sa répression des mouvements populaires..


Vous dites que des positions extrémistes comme celles de Hazan ne sont pas susceptibles d'infléchir son analyse de la Révolution; c'est bien évidemment le contraire qui est vrai: depuis deux siècles, il est fréquent que l'on décode la Révolution à travers le prisme de ses convictions politiques, que l'on soit historien ou simple amateur d'histoire.
Il y a des histoires socialistes de la Révolution, des histoires communistes de la Révolution, des histoires d'extrême-droite de la Révolution, pourtant écrites plus ou moins à partir des mêmes archives et documents.
Eric Hazan est d'extrême gauche, il trouve donc que Robespierre et Marat ne sont pas allés assez loin dans les réformes sociales, c'est logique et prévisible.
Ses thèses historiques (intéressantes mais volontiers provocatrices, j'ai vu ses passages assez mouvementés dans l'émission de Taddéi) sont trop dans le prolongement exact de ses convictions politiques pour ne pas éveiller le scepticisme.


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Message Publié : 16 Mars 2013 13:25 
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Jean Froissart
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Themistocle a écrit :
Robert Spierre--> Je n'ai pas lu la biographie de Max Gallo sur Robespierre, c'est une question intéressante. Il fait endosser ce rôle de frein à la Révolution à Maximilien dans ses deux tomes sur la Révolution française.
Alors, quelle est cette réponse?^^
Ca a été écrit en 1968 et on peut imaginer que l'auteur est "encore" marqué par son parcours à Gauche (et vu la date de sortie...).
L'ouvrage, évidemment romancé (c'est du Gallo !), présente Robespierre comme une sorte de martyr de la Révolution et en fait donc l'éloge.
Donc, pas d'allusion à une soi-disant "contre-révolution" chez le Ch'ti (pardonnez l'allusion !).

Je ne l'ai pas relu en entier depuis hier, quand même, mais j'ai parcouru rapidement le bouquin depuis la période concernée par le sujet.
En voici quelques extraits :

3 juin 1793. Il dresse avec une clairvoyance politique remarquable le programme à réaliser : "Il faut, écrit-il, une volonté, une... Les dangers intérieurs viennent des bourgeois, pour vaincre les bourgeois il faut rallier le peuple... Il faut que l'insurrection s'étende de proche en proche... Que les sans-culottes soient payés et restent dans les villes.
Il faut que le peuple s'allie à la Convention et que la Convention se serve du peuple."
Et en deux mots de son carnet, il indique quels sont les moyens de s'attacher le peuple : "subsistances et lois populaires".


Concernant Jacques Roux :

25 juin 1793. Après les attaques de Jacques Roux :
Il est dur pour Robespierre d'écouter ces paroles alors qu'il s'est avancé seul pour le peuple, d'entendre la voix du peuple le menacer. Mais il faut aussi combattre cela. Parce que des troubles éclatent dans Paris, que les bateaux chargés de savon sont pillés dans les ports de la capitale.
...
Robespierre et les Montagnards ont refusé d'inclure dans la Constitution, comme le demandait Jacques Roux le 25 juin, un article punissant de mort "l'agiotage et l'usure".



Une petite précision : c'est l'édition de 1989 (sorti certainement dans le cadre du Bicentenaire) et qui s'intitule "L'Homme Robespierre, Histoire d'une solitude", l'édition originale de 1968 s'appelant "Maximilien Robespierre, histoire d’une solitude".

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Message Publié : 16 Mars 2013 13:53 
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Jean Mabillon
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J'ai apprécié le livre d'Hazan sur l'histoire de Paris, procédant d'un parti pris militant qui fait une large part à l'histoire révolutionnaire, populaire et du mouvement ouvrier, mais c'est un angle qui en vaut un autre.
Mais qualifier Hazan d'historien, non: tout individu qui écrit sur l'histoire n'est pas pour autant un historien.
Hazan a en fait une formation de médecin (chirurgie), et il a exercé en tant qu'éditeur en reprenant la maison d'édition de son père. Le qualifier d'écrivain est plus proche de la vérité.

Pour donner une idée du caractère volontiers provocateur des positions d'Hazan, cet extrait de sa bio wiki:

"Il est signataire, en juin 2010, d'une pétition très controversée parue dans le journal Libération, appelant au renversement de la police qualifiée d'« armée d'occupation », intitulée Pour les cinq de Villiers-le-bel".

Vous comprendrez que j'ai de la difficulté à prendre sérieusement les thèses d'un individu qui qualifie la police d' "armée d'occupation".


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Message Publié : 16 Mars 2013 14:22 
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Jean Froissart
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Tonnerre a écrit :
J'ai apprécié le livre d'Hazan sur l'histoire de Paris, procédant d'un parti pris militant qui fait une large part à l'histoire révolutionnaire, populaire et du mouvement ouvrier, mais c'est un angle qui en vaut un autre.
Mais qualifier Hazan d'historien, non: tout individu qui écrit sur l'histoire n'est pas pour autant un historien.
Hazan a en fait une formation de médecin (chirurgie), et il a exercé en tant qu'éditeur en reprenant la maison d'édition de son père. Le qualifier d'écrivain est plus proche de la vérité.

Pour donner une idée du caractère volontiers provocateur des positions d'Hazan, cet extrait de sa bio wiki:

"Il est signataire, en juin 2010, d'une pétition très controversée parue dans le journal Libération, appelant au renversement de la police qualifiée d'« armée d'occupation », intitulée Pour les cinq de Villiers-le-bel".

Vous comprendrez que j'ai de la difficulté à prendre sérieusement les thèses d'un individu qui qualifie la police d' "armée d'occupation".
C'est (un peu) HS mais ça me fait penser aux textes et slogans ultra manichéens des groupes punko/anarchos du style Bérurier Noir.
Des idées, des trucs piqués à droite à gauche (enfin, surtout à gauche :mrgreen:, genre Bakounine) et mixés avec 3 accords de guitare électrique.

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Message Publié : 16 Mars 2013 20:58 
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Hérodote
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Bien sûr que les idées politiques des auteurs transparaissent dans leurs écrits! C'est justement ça le problème: tous les auteurs ne peuvent que faire transparaître leurs idées, un texte totalement objectif est impossible. Soboul est communiste; Jaurès et Mathiez sont socialistes; Michelet est libéral; Sécher est royaliste. Et leurs sensibilités politiques transparaissent à travers leurs livres! Si on suit votre logique, n'importe lequel de leurs arguments serait non-valide parce qu'influencé par une idéologie, et aucune discussion sur aucun sujet ne serait possible!

Faites plutôt appel à votre logique: Robespierre proposait le 24 avril 1793 un impôt sur le revenu, une limite à la propriété inscrite dans la Constitution. Une fois au pouvoir, après juin 1793, il ne fait finalement que passer quelques lois sur le prix du pain, ainsi que la peine de mort sur l'agiotage. C'est relativement faible par rapport à ce qu'il proposait avant. De plus, il fait arrêter Jacques Roux après l'avoir calomnié, puis participe, de près ou de loin, à l'arrestation et à l'exécution des Exagérés, les citoyens qui proposaient la même chose que Robespierre lui-même avant son arrivée au pouvoir!

L'argument tient? Je dis certainement pas que j'adhère à cette thèse, mais tant qu'on ne m'aura pas démontré le contraire, elle me paraîtra probable.

Je vous accorde que les idées de Hazan peuvent paraître naïves, je n'aurais pas cru ça...moi aussi, Robert Spierre, ce genre de pétitions me rappelle ces hippies^^ Cela dit, ces idées fantaisistes n'influent aucunement sur la qualité du livre de Eric Hazan, excellent.


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Message Publié : 16 Mars 2013 23:40 
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Jean Mabillon
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Bien sûr que les idées politiques des auteurs transparaissent dans leurs écrits! C'est justement ça le problème: tous les auteurs ne peuvent que faire transparaître leurs idées, un texte totalement objectif est impossible. Soboul est communiste; Jaurès et Mathiez sont socialistes; Michelet est libéral; Sécher est royaliste. Et leurs sensibilités politiques transparaissent à travers leurs livres! Si on suit votre logique, n'importe lequel de leurs arguments serait non-valide parce qu'influencé par une idéologie, et aucune discussion sur aucun sujet ne serait possible!


C'est ce que je disais plus haut. Maintenant, qui lit et qui enseigne encore les thèses de Soboul à l'heure actuelle?
Pratiquement personne, sauf à chercher à s'informer sur les tendances historiographiques d'une époque révolue.
L'analyse politique de la Révolution française par les intellectuels marxistes des années 50 n'a qu'un rapport assez lâche avec la réalité des faits, et n'a d' intérêt que si l'on veut se documenter sur la ligne politique du PCF de cette époque;
si l'on veut vraiment s'attacher à savoir et comprendre ce qui s'est passé en France à partir de 1789, c'est loin d'être une lecture prioritaire.
Le cas de Michelet est à part: on le lit encore, à cause du caractère littéraire de son style, et parce que c'est de l'histoire romancée.

Les ouvrages d'historiens qui mettent leur travail aussi directement et visiblement au service d'une cause sont vite relégués au rayons des livres datés.
Avant d'échafauder des thèses, l'historien doit se préoccuper prioritairement d'établir la vérité des faits; développer des théories, oui--mais les faits sont premiers; c'est ce que le militantisme politique ne permet pas, parce qu'il suit la démarche inverse: la thèse est là au départ.

Et dans le cas d'Hazan, c'est plus que de l'idéologie : soutenir certaines thèses délirantes, comme celles dont j'ai donné un exemple, déconsidère intellectuellement à juste titre ceux qui les soutiennent, ainsi de ceux qui adhèrent aux thèses négationnistes, ou qui militent pour le retour du stalinisme en Russie.
Je ne veux pas dire évidemment que la discussion des thèses de Hazan sur la Révolution doive être suspendue, simplement qu'il est prudent de les examiner avec un a priori de scepticisme et dans la conscience des orientations politiques qui peuvent les informer.

Une critique des failles de d'Hazan:
http://www.cess.paris-sorbonne.fr/dossierpdf/creh.pdf


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Message Publié : 17 Mars 2013 0:39 
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Le problème, c'est qu'aucune histoire de la Révolution française ne vaudrait la peine d'être lue! Hazan prend le point de vue du petit peuple de Paris qui n'attend que des réformes sociales, et cela se voit; certes. Un libéral prendrait celui des Girondins; un royaliste celui de Marie-Antoinette; donc, nous en revenons au même point: il faut bien que l'on s'accorde pour dire que, malgré leurs idées politiques, les historiens ou écrivains peuvent dire des choses intéressantes s'ils prennent l'histoire d'un certain point de vue.

Bref, Hazan, en l'occurrence, n'est pas historien, certes; mais ce qu'il dit est intéressant et se tient, jusqu'à preuve du contraire; ou alors, démontez-le moi: s'il dit des choses aussi délirantes que vous le sous-entendez, il vous sera facile de le prouver!

Résumons, une autre fois:

-Maximilien Robespierre, jeune député artésien, se présente à la Constituante avec des idées révolutionnaires sur la démocratie (suffrage universel, démocratie directe, mandat impératif), la propriété ("la première loi sociale est celle qui assure à tous les membres de la société les moyens d'exister; toutes les autres lois sont subordonnées à celle-là"), etc...
-Finalement, lorsqu'il arrive au pouvoir le 1er juin 1793, et qu'on aurait pû s'attendre à ce qu'il mette en pratique tout ce qu'il avait professé jusqu'alors, il ne propose ni impôt progressif, ni partage des richesses, ni taxation spectaculaire des produits, ni autre loi révolutionnaire concernant la propriété.

-Marat, surnommé l'ami du peuple, prône sans arrêt l'insurrection, la révolte des travailleurs, toutes sortes de loi sociales ("rien ne saurait nous appartenir légitimement tandis que d'autres manquent du nécessaire")...puis, une fois élu député à la Convention, il n'appelle plus une seule fois à l'insurrection. On le voit, après juin 93, calomnier Jacques Roux, surnommé "le petit Marat" car il professait exactement la même chose que Marat à ses débuts., écrire, à demi-mourant dans sa baignoire de ses maladies de peau, des derniers plaidoyers contre les idées de Jacques Roux, et combattre le Maximum au nom de la "liberté de circulation des grains"! Ce n'est pas moi, ni l'affreux Hazan, ni l'horrible communiste Soboul, mais Mathiez qui a souligné cette étrangeté de Marat; n'ayant pas lu son livre, je ne sais pas ce qu'il en dit...

Cette thèse n'est ni de Hazan ni de Soboul, c'est la mienne; je ne suis pas un gauchiste sectaire ni un marxiste des années 60, et il ne me semble pas que je me laisse aveugler par une quelconque idéologie; je ne suis pas historien, mais je pointe juste du doigt un point qui ne me paraît pas inintéressant et qui n'a été souligné par aucun historien à ma connaissance...

Plutôt que de me prouver par tous les moyens possibles et imaginables qu'Hazan est un dangereux terroriste et complotiste, infirmez ou confirmez mes observations à propos de Maximilien et de Marat^^


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Message Publié : 17 Mars 2013 0:48 
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Je repose ma question afin de bien comprendre ce que vous voulez dire. Cela nous permettra aussi d'en revenir aux faits.
Lorsque vous faites allusion à un virage social - attendu ? -, après juin 1793, qu'aurait dû mettre en oeuvre Robespierre (comment ? Il n'est pas au CSP et ne dispose pas encore de l'aura d'un Danton ou d'un Marat) selon vous ?
Puisque, si j'ai bien compris, vous axez votre postulat à cet absence de politique sociale.

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Message Publié : 17 Mars 2013 1:55 
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Mea culpa, la problématique était mal formulée.

Lorsque je dis après juin 93, je veux dire entre juin 93 et sa mort, en juillet 1794. Il me semble qu'il y a eu une certaine accalmie dans le républicanisme révolutionnaire de Robespierre entre ses discours d'avant juin 1793, où il prônait la démocratie directe et le partage des propriétés. Et le Robespierre qui a agi et parlé de juin 1793, jusqu'en juillet 1794 (entre temps il sera tout de même devenu le premier personnage de la Révolution, et n'aura pas pour autant appliqué le virage social qu'il prônait avant juin 93), qui n'a plus appliqué ni prôné démocratie directe et partage des propriétés. Voilà voilà^^ J'espère que vous me comprendrez, n'hésitez pas à me le signaler si je reste obscur.
J'axe ce postulat non seulement à cause de la timidité des réformes sociales (je ne dirais pas absence: elles ont existé), mais aussi d'après l'évolution dans les discours, dans la pensée de Robespierre.


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Message Publié : 17 Mars 2013 9:50 
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Je pense avoir compris...
Ces discours, il les prononce lorsque la Convention est dominée par la Gironde, envers laquelle il s'oppose et se montre très critique. Après le mois de juin, il devient incontournable devant une Convention pour le moins terrorisée et entre au CSP. En réalité, il est alors au pouvoir et doit faire face à des problèmes plus graves : soulèvement royaliste (qui avait déjà commencé), les conséquences de la défection de Dumouriez (qui ont déjà entrainé la Gironde à l'échafaud) et maintenant les insurrections fédéralistes. La question sociale passe au second, voire au troisième, plan dans pareil contexte.
Elle n'a peut-être été qu'un prétexte d'opposition, tout simplement... Je ne dis pas qu'il n'y pense pas foncièrement, mais qu'au pouvoir il doit aussi se trouver dans une position d'arbitre entre les groupes de pression différents et parfois antagonistes : Commune de Paris, sections, députés de la Convention, situations régionales dans la République, officiers de l'armée, etc.

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Message Publié : 17 Mars 2013 9:57 
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Jean Froissart
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Robespierre sera un "contre-révolutionnaire" le jour où des villes comme Neuilly et Levallois-Perret auront une place ou un lycée qui porteront son nom.

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Message Publié : 17 Mars 2013 12:05 
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Georges Duby
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Ce qui enlève tout crédit à la thèse de Thémistocle d'un Robespierre qui tourne le dos au social, c'est tout simplement la distinction entre la conquête du pouvoir et l'exercice du pouvoir. Dans l'opposition, Robespierre est plein d'idées révolutionnaires d'avant garde.
Une fois au pouvoir comme il a été dit, il doit se porter vers d'autres problèmes, l' ordre public, le maintien au pouvoir, la lutte politique, la guerre, retiennent son attention. Mais aussi il découvre la difficulté bien connue qu'une fois au pouvoir, l'idéal n'a plus cours, on gouverne avec la réalité, le possible et non plus le souhaitable.
Une vieille histoire, d'une actualité permanente et même brulante, qui constitue le fonds de commerce de tous les extrêmismes. Je ne sais plus qui a dit que la Révolution était si belle avant qu'elle ne réussisse ?
Voilà pourquoi certains préfèrent le Robespierre dans sa phase de conquête du pouvoir. Dire qu'il a ensuite changé et est passé dans la contre-révolution est une fable qui dénote beaucoup d'ignorance de l'histoire et des sciences politiques et révèle des a priori très repérables qui ne trompent pas.

_________________
Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 17 Mars 2013 12:11 
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Jean Mabillon
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Plutôt que de me prouver par tous les moyens possibles et imaginables qu'Hazan est un dangereux terroriste et complotiste, infirmez ou confirmez mes observations à propos de Maximilien et de Marat^^



Je n'ai dit en aucun cas que Hazan était un complotiste et un terroriste, j'ai dit qu'il était un extrémiste qui professait certaines vues politiques absurdes qui en soi jetaient le doute sur le sérieux de ses analyses: la police "armée d'occupation" en France :rool: .
Merci de discuter sans déformer les propos de vos interlocuteurs.
Ce n'est pas le fait qu'il soit d'extrême gauche qui me gêne, c'est le fait qu'il soit excessif, polémique et parfois énergumène. On l'a qualifié de "Dieudonné de l'histoire", l'image n'est pas totalement fausse vu son goût de la provocation--même si ses livres valent d'être lus.

Sur votre thèse de départ, Robespierre agent de la Contre-Révolution: le problème est qu'un tel énoncé n'a pas de base objective.
Dans la Révolution française, le mot Contre-Révolution a un sens, il désigne certaines mouvances assez clairement définies: les royalistes, les émigrés en collusion avec les Cours étrangères, Condé, Provence et ceux qui gravitaient autour d'eux, les intellectuels qui écrivent des ouvrages anti-révolutionnaires (Rivarol, Suleau, un peu plus tard Bonald, de Maistre etc), et les gens des autres mouvances politiques ou des milieux d'affaires qui fricotent avec eux.
A ma connaissance, Robespierre n'a pas fricoté avec les milieux royalistes, émigrés, etc. N'a pas fricoté non plus directement avec les affairistes, agioteurs etc.
Donc je ne vois pas comment on peut le qualifier objectivement, "historiquement", de contre-révolutionnaire.

L'usage que fait Hazan de cette expression n'est pas historique mais politique et polémique, et cet usage ne renvoie qu'à Hazan lui même et a ses propres positionnements d'extrême gauche:
essentiellement, il qualifie MR de contre-révolutionnaire parce qu'il est moins à gauche que lui :mrgreen: .
Et en effet, MR n'a pas voulu mettre en oeuvre des mesures économiques et sociales hardies dont plusieurs attaquaient la propriété privée (certaines qu'il avait proposées lui même avant son arrivée au pouvoir); or c'est là un principe que la vaste majorité du personnel de la Révolution n'a jamais prétendu remettre en cause; je ne vois donc pas comment on peut dire que MR a bloqué la Révolution en le respectant.
En fait, Hazan reproche pratiquement à Robespierre de ne pas avoir été jusqu'au socialisme, ce qui est absurde et anachronique: la Révolution n'a jamais eu pour objectif un bouleversement radical des modes de production ni une redistribution structurelle de la propriété --qui plus est selon des principes théoriques encore informulés.
MR était incontestablement révolutionnaire --pour le contexte économique et social de son époque; un marxiste du XIXème ou XXème siècle a le droit de penser qu'il n'est pas allé assez loin--mais le qualifier de contre-révolutionnaire est un non-sens.

Finalement, un tel usage politique/polémique du mot contre révolutionnaire est éminemment subjectif et dépend essentiellement du fameux "d'où parlez-vous?"
Si l'on se situe plus à gauche que Robespierre sur l'éventail politique , on peut s'amuser comme Hazan à qualifier Maximilien de contre-révolutionnaire. Si l'on se positionne à l'extrême droite ou à droite, Robespierre est un dangereux révolutionnaire, un terroriste, un précurseur du socialisme.
Quand les staliniens qualifiaient Trostsky de contre-révolutionnaire, ça relevait de l'invective politique, pas de l'analyse politique.

Quant au fait qu'un homme politique ne tienne pas ses promesses, en particulier en matière sociale, c'est une révélation >:(
Comme le souligne alain, l'entrée dans un gouvernement marque l'heure du retour à la réalité, réalité financière en particulier.
Sérieusement, je ne vois pas pourquoi il faudrait donner plus de sens à un tel comportement chez Robespierre que chez la quasi-totalité des politiciens qui se font élire ainsi.


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Message Publié : 17 Mars 2013 12:18 
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Thucydide
Thucydide

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Je me demande comment Hazan explique les décrets de Ventôse dans sa vision de cette époque...


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Message Publié : 17 Mars 2013 21:36 
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Jean Mabillon
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Inscription : 04 Juin 2006 12:47
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Jacques Roux est incontestablement un personnage intéressant.
Je soulignais plus haut l'usage polémique et abusivement élargi du mot contre-révolutionnaire qui le vide de son sens historique.
Mais Hazan ne fait en cela que reprendre une pratique révolutionnaire: ce mot a été une arme politique durant la Révolution, chaque parti accusant ses adversaires d'être contre-révolutionnaires.
Roux a traité ceux qui s'opposaient aux mesures économiques qu'il proposait de contre-révolutionnaires, avant que Robespierre et Marat ne lui renvoient l'accusation.

Roux a été accusé aussi de malversations (d'avoir gardé pour lui des secours qu'il avait collectés pour la veuve Hébert). Les textes que j'ai lus sur lui sur le net disent qu'il s'agissait de calomnies propagées par ses adversaires pour le discréditer politiquement. Quelqu'un a t'il des précisions sur cette affaire?


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