jibe a écrit :
Les "jeux de guerre" sont actuellement des simulations informatiques très poussées qui, justement, sont une manière d'enseigner et/ou de tester les manœuvres possibles et/ou souhaitables dans une situation de conflit, générale ou sur un terrain précis. Ces simulations ne diffèrent pas fondamentalement, sauf par leurs possibilités, du premier "kriegspiel" du baron prussien Von Reisswitz, exemple parfait d'aristocrate militaire pour en revenir au sujet de ce fil.
C'est vrai que l'informatique offre des possibilités passionnantes, avec la possibilité de jouer des variantes et de modéliser tout ce qu'on veut. A faire rêver un officier du XIXème et même du XXème siècle.
par contre, tout dépend de ce que l'on met dedans. Il est difficile de simuler des situations tactiques, dont la réalité ne se découvre souvent que sur le terrain. Et je soupçonne que le paramétrage dépend des a-priori du concepteur : imaginez comment l'état-major aurait modélisé les charges à la baïonnette dans une simulation informatique de 1914 ! (
)
Il aurait affecté un fort coefficient de gain à cette manoeuvre.
De plus il est aujourd'hui très difficile de modéliser les nouveaux conflits, qui sont en réalité des conflits politico-militaires, dans laquelle la conduite politique du conflit a la plus grande importance. Là le plus important est de connaître le terrain et les hommes, ainsi que les populations. (Je ne poursuis pas sur ce sujet, qui relève d'une discussion dans le forum géopolitique. Ma dernière remarque est même hors limites chronologiques, sauf si on veut bien considérer qu'on est confrontés à ce type de conflit depuis l'Indochine et l'Algérie.)
je me souviens d'une remarque de Jean Lartéguy, dans son bouquin-reportage sur la chute de Saigon, qui regrettait une mauvaise décision des Américains,
ou de leurs ordinateurs, lorsqu'il ont étendu le conflit vietnamien au Cambodge voisin. C'est vrai qu'en raisonnement purement logique ou logistique, couper la piste Ho Chi Minh offrait tous les avantages. Mais dans la réalité...
Citer :
Par ailleurs, un soldat peut avoir mené cent batailles et ne pas avoir la moindre idée de ce qu'est la stratégie.
J'aurais tendance à ranger Murat dans cette catégorie. Mais après tout on ne lui demandait pas de faire de la stratégie, mais d'être un entraîneur d'homme, rôle dans lequel il était excellent.
Par contre il y a d'autres maréchaux qui concevaient parfaitement la conduite d'une guerre. J'ai cité Davout et Lannes, et je ne connais pas aussi bien tous les autres, mais il y en a. (Masséna ?) Des gens intelligents qui ont appris leur métier sur le terrain, et qui ont été distingués des autres précisément parce qu'ils avaient ce talent là, plus que leurs collègues.