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Message Publié : 02 Juil 2011 17:49 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 07 Sep 2008 15:55
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Je cherche des renseignements précis sur la formation des officiers sous l'empire. Notamment : le nombre d'officiers issus des écoles comparés à celui issus de la promotion interne, le programme des concours d'entrée, le programme de la formation ; l'origine sociale et géographique des officiers.

J'ai beaucoup de mal à trouver des infos sur st Cyr - et encore plus sur l'école de cavalerie de St Germain !

Si vous pouviez m'aider , je vous ne serai reconnaisant !


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Message Publié : 03 Juil 2011 21:50 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Citer :
le nombre d'officiers issus des écoles comparés à celui issus de la promotion interne


A la fin du Premier Empire, 15 % des officiers avaient faits des études dans des écoles militaires.

Citer :
le programme des concours d'entrée


Il portait sur l’arithmétique, la géométrie, la langue orale et écrite, pour l’Ecole spéciale militaire.


Citer :
le programme de la formation


Ecole d’artillerie et de génie de Metz (arrêté du 4 octobre 1802) :
« Art.19. L'enseignement, les travaux et les exercices ont pour objet,
1° L'exécution de toutes les bouches à feu ;
2° Les manœuvres et constructions d'artillerie de toute espèce ;
3° La formation et la conduite des équipages de campagne, de siège et de ponts ;
4° Les manœuvres de l'infanterie et de la cavalerie, ainsi que leur service dans les camps et dans les places ;
5° L'art du tracé et de la construction des places ;
6° L'art de l'attaque et de la défense des places ;
7° Le tracé et la construction des ouvrages de campagne ;
8° L'art du mineur, considéré dans les rapports offensifs et défensifs ;
9° L'art de lever les plans et de dessiner la carte ;
10° Le service des officiers du génie, en temps de guerre et eu temps de paix ;
11° Le service de l'artillerie aux armées, dans les parcs, dans les places, les arsenaux, sur les vaisseaux, et dans tous les établissements quelconques ;
12° De l'administration et de la comptabilité de l'artillerie et du génie, dans les armées et dans les places, ainsi que de celles des troupes.
[…]
Art.22. Les élèves seront habituellement occupés pendant sept heures par jour dans les salles d'instruction ou dans les divers lieux qui leur seront assignés. Ils participeront aussi, suivant les circonstances, aux manœuvres des différentes armes, qui auront lieu dans la place ou aux environs.
Les jours de travaux ou exercices sur le terrain, le nombre d'heures sera fixé par le commandant de l'école, de manière à profiter de tous les moyens que le temps permettra d'employer.
Art. 23. Chaque année, depuis le 10 fructidor jusqu'au 14 vendémiaire suivant, il y aura un simulacre de siège fait alternativement sur différents fronts de la place.
Les troupes des différentes armes qui se trouveront soit dans la place, soit dans celle des environs, concourront aux travaux de l'attaque et de la défense.
Ce siège sera toujours précédé d'un simulacre de guerre de campagne.
Art. 24. Le commandant de l'école facilitera aux élèves qui s'en montreront les plus susceptibles, l'acquisition des connaissances non enseignées à l'école, mais néanmoins utiles au service, telles que la statistique, les principales langues des pays limitrophes , et les connaissances littéraires utiles à la rédaction des ouvrages , sans toutefois que les études de l'école puissent en souffrir. »



Pour l’Ecole spéciale militaire, on peut se référer à l’arrêté du 28 janvier 1803 :
« Art.6.Il y aura un gouverneur de l'école spéciale militaire. Il aura sous ses ordres,
Un directeur des études, commandant en second, un commissaire des guerres, deux chefs de bataillon , deux adjudants-majors, quatre adjudants sous-officiers, un capitaine d'artillerie, un lieutenant d'artillerie, deux sous-officiers d'artillerie, un capitaine du génie, deux sous-officiers du génie, un quartier-maître trésorier, quatre professeurs d'histoire, quatre professeurs de géographie, quatre professeurs de mathématiques appliquées, quatre professeurs de dessin, cartes et fortifications, deux professeurs d'administration militaire, deux professeurs de belles-lettres, quatre maîtres de gymnastique militaire, deux maîtres de tir d'armes à feu, un bibliothécaire.
Art. 7. Les élèves formeront deux bataillons, divisés en neuf compagnies, dont une d'élite. Chaquecompagnie sera commandée par dessous-officiers, comme dans un bataillon d'infanterie. Ces sous-officiers seront pris parmi les élèves.
Le chef de chaque compagnie sera le sergent-major de la compagnie. Les élèves feront l'exercice avec des fusils de munition, sans aucun allégement.
Chaque élève, dans les six mois qui suivront son admission, doit être mis en état d'instruire ceux qui arriveront. Chaque élève, avant de sortir de l'école, doit avoir formé au moins deux recrues.
Au bout d'un an, les élèves doivent avoir le ton du commandement, de manière à commander le maniement des armes et toutes les évolutions à une division.
Au bout de deux ans, ils doivent pouvoir commander le bataillon, tant pour le maniement des armes que pour les évolutions.
Toutes les semaines les deux bataillons manœuvreront une fois ensemble, et deux fois séparément. Une fois par mois ils feront l'exercice à feu.
Ils auront, en automne, de grandes manœuvres où ils feront toutes les évolutions de guerre pendant cinq jours consécutifs. Ils iront au polygone pendant l'été, à tour de rôle.
Trois fois par semaine, ils seront employés à la manœuvre du canon de bataille, de siège et des côtes, à atteler et dételer les pièces, de manière que la première année, ils sachent les manœuvres du canon de bataille ; les six premiers mois de la seconde année, celles du canon de places et de côtes ; et les six derniers mois, toutes les manœuvres de force.
Art. 8. La première année, on leur apprendra tout ce qui est nécessaire pour la construction des batteries, saucissons, gabions, pieux, chevaux de frise, palissades, batterie de siège, plates-formes de mortiers ; la seconde année, les boyaux de sape, les redoutes et les retranchements de toute espèce.
Ils iront, à tour de rôle, à la salle d'artifice.
Les officiers d'artillerie et du génie seront spécialement destinés à leur faire faire les différents exercices et objets d'approvisionnement ci-dessus nommés, sans qu'aucun ouvrier étranger les aident en aucune manière.
Art. 9. On leur apprendra à monter et démonter leurs fusils, et même à pouvoir y faire eux-mêmes de légères réparations. On les emploiera à dérouiller les armes, de manière que chaque élève en ait au moins dérouillé deux.
On leur apprendra à aiguiser leurs baïonnettes, sabres et haches.
10. Une fois par semaine, chaque élève ira à l'exercice du tir, consistant dans le tir du pistolet, du fusil et des carabines rayées.
Art. 11. Trois fois par semaine, les élèves iront à l'école du dessin, où on leur montrera à dresser des cartes, et à tracer et lever tous les systèmes de fortifications : la seconde année ils apprendront sur le terrain à se servir des graphomètres et de la planchette, pour lever des cartes, pour le mesurage des distances, etc.
Art. 12. Une fois par jour ils iront à la classe de géographie, et une fois à la classe d'histoire. Les classes d'histoire seront spécialement, la première année, des classes de lecture, où on leur fera lire l'histoire de tous les grands capitaines, et des campagnes les plus renommées ; la seconde année, on y joindra des descriptions des principales batailles.
Trois fois par semaine ils iront aussi à une classe de mathématiques, où on les appliquera à se former sur le calcul de l'usage habituel, sur la géométrie, pour l'arpentage et le toisé des distances.
Il y aura un manège. Les élèves qui seront destinés pour la cavalerie, y prendront des leçons trois fois par semaine, pendant les six derniers mois de la seconde année seulement.
Les professeurs de belles-lettres auront en vue de donner aux élèves une diction claire, et de leur apprendre à faire des rapports de goût. On s'attachera surtout à leur faire saisir la topographie d'un territoire, d'après la narration d'un fait militaire.
On aura soin, lorsqu'ils seront à leur promenade, de faire toujours placer les sentinelles et les grandes gardes militairement.
L'été on leur apprendra à nager. »


Emploi du temps hebdomadaire du Saint-Cyrien Gaspard Richard de Soultrait en 1812 :

Lundi :
5 h : Lever et service
6 h : Inspections, exercice
8 h : Etude
9 h 15 : Gamelle
10 h : Mathématiques
12 h 30 : Etude
14 h 15 : Manège
16 h : Gamelle
17 h : Manœuvres d’artillerie
19 h 30 : Récréation ou école du peloton
20 h 30 : Coucher

Mardi :
5 h : Lever et service
6 h : Inspections, exercice
8 h : Etude
9 h 15 : Gamelle
10 h : Dessin
12 h 30 : Etude
14 h 15 : Physique
16 h : Gamelle
17 h : Manœuvres d’artillerie
19 h 30 : Récréation ou école du peloton
20 h 30 : Coucher

Mercredi :
5 h : Lever et service
6 h : Inspections, exercice
8 h : Etude
9 h 15 : Gamelle
10 h : Mathématiques
12 h 30 : Etude
14 h 15 : Manège
16 h : Gamelle
17 h : Manœuvres d’artillerie
19 h 30 : Récréation ou école du peloton
20 h 30 : Coucher

Jeudi :
5 h : Lever et service
6 h : Inspections, exercice
8 h : Etude
9 h 15 : Gamelle
10 h : Dessin
12 h 30 : Etude
14 h 15 : Physique
16 h : Gamelle
17 h : Manœuvres d’artillerie
19 h 30 : Récréation ou école du peloton
20 h 30 : Coucher

Vendredi :
5 h : Lever et service
6 h : Inspections, exercice
8 h : Etude
9 h 15 : Gamelle
10 h : Mathématiques
12 h 30 : Etude
14 h 15 : Manège
16 h : Gamelle
17 h : Manœuvres d’artillerie
19 h 30 : Récréation ou école du peloton
20 h 30 : Coucher

Samedi :
5 h : Lever et service
6 h : Inspections, exercice
8 h : Etude
9 h 15 : Gamelle
10 h : Dessin
12 h 30 : Etude
14 h 15 : Physique
16 h : Gamelle
17 h : Manœuvres d’artillerie
19 h 30 : Concert
20 h 30 : Coucher


Citer :
l'origine sociale


Origine des officiers subalternes (y compris les capitaines) de l’armée française en 1814 :

Nobles : plus de 5 %
Propriétaires : environ 20 %
Familles bourgeoises (commerçants, négociants, rentiers, fabricants) : environ 25 %
Fonctionnaires, professions libérales : environ 10 %
Militaires : environ 7 %
Artisans : environ 10 %
Paysans : environ 14 %
Ouvriers et journaliers : moins de 1 %

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


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Message Publié : 04 Juil 2011 14:21 
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Fustel de Coulanges
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Concernant l’école spéciale militaire de cavalerie de Saint-Germain en Laye, voici ce que l’on pouvait lire dans les almanachs impériaux :

« Pour y être admis, il faut avoir seize ans, être d'une bonne constitution, savoir écrire et parler correctement le français, avoir fait sa troisième, savoir l’arithmétique et la géométrie jusqu'aux solides.
[…]
L'instruction comprend les mathématiques, les belles-lettres, l'histoire, la géographie, l'administration militaire, le destin de la figure et celui de la carte et de la fortification, et les applications de ces parties sur le terrain On donne aux Elèves des leçons de natation et d'escrime ; on les exerce au tir de diverses espèces d'armes ; ils suivent un cours complet d'équitation et d'hippiatrique ; ils apprennent toutes les manœuvres de la cavalerie, celles de l'infanterie et celles de l'artillerie à cheval ; on entre avec eux dans les détails de la maréchalerie et de la sellerie. »

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Message Publié : 06 Juil 2011 16:34 
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Jean Mabillon
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Inscription : 07 Sep 2008 15:55
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Merci Cyril de vos éléments de réponse précis et intéressants.

Je cherche à vérifier deux hypothèses : l'origine sociale (et géographique) des élèves des écoles d'officiers était elle différente de celles officiers issus de la troupe ? si oui dans quelle mesure ? existait elle sur ce point des différences notables entre Cyr, St Germain et X ? les élèves étaient ils politiquement engagés ? si oui dans quelle direction ?

D'autre part quelle était l'ambiance dans ces écoles : plutôt militaire ? plutôt scolaire ? les enseignants étaient ils bons (ce n'est pas certain car en temps de guerre on ne place pas forcément lse meilleurs à l'instruction !) ?

J'ai trouvé deux infos curieuses : en 1815 l'Ecole de St Germain serait restée fidèle à Louis XVIII ! en 1822 l'ESM aurait été dissoute pour bonapartisme ! ... cela ne nous donne que peu d'indications pour les années précédant 1815 ...


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Message Publié : 07 Juil 2011 10:06 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
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Citer :
existait elle sur ce point des différences notables entre Cyr, St Germain et X ?


Je n’ai pas de données précises, mais la somme demandée pour les pensionnaires de Saint-Germain : 2400 francs, représentait un barrière financière que bien des familles ne pouvaient franchir (à noter qu’il y avait tout de même possibilité d’obtenir des bourses), et permettait ainsi d’attirer les enfants des familles les plus fortunées, et du coup, de les attacher au régime.
Pour comparaison, la pension à Saint-Cyr s’élevait à 1 200 francs et à Polytechnique, 800.

A ce sujet, on peut citer la lettre qu’écrivit Napoléon à Fouché le 31 décembre 1808 :
« Je suis instruit que des familles d'émigrés soustraient leurs enfants à la conscription, et les retiennent dans une fâcheuse et coupable oisiveté. Il est de fait que les familles anciennes et riches qui ne sont pas dans le système sont évidemment contre. Je désire que vous fassiez dresser une liste de dix de ces principales familles par département, et de cinquante pour Paris, en faisant connaître l'âge, la fortune et la qualité de chaque membre. Mon intention est de prendre un décret pour envoyer à l'école militaire de Saint-Cyr les jeunes gens appartenant à ces familles âgés de plus de seize ans et de moins de dix-huit. Si l'on fait quelque objection, il n'y a pas d'autre réponse à faire, sinon que cela est mon bon plaisir. La génération future ne doit point souffrir des haines et des petites passions de la génération présente. Si vous demandez aux préfets des renseignements, faites-le dans ce sens. »

Si je ne m’abuse, aucun décret ne fut présenté dans ce sens. La création de l’école spéciale militaire de cavalerie le 8 mars suivant répondit finalement à ce vœu.

Néanmoins, trois ans plus tard (lettre du 3 avril 1812), Napoléon considérait que les objectifs n’étaient pas remplis :
« M. le duc de Feltre, il me revient toutes sortes de plaintes sur l'école de Saint-Germain. Ces plaintes ont le très mauvais effet de dissuader les familles riches d'y envoyer leurs enfants. On m'assure que le pain est mauvais, la nourriture insuffisante, l'éducation très dure, l'instruction nulle, hormis pour le militaire. Faites-moi un rapport sur le régime de cette école. Le pain doit y être très bon, la nourriture abondante, l'éducation variée. On doit y enseigner le dessin, la musique, l'histoire, la géographie, la littérature. Cette école ne remplit pas mon attente ; elle est destinée à recevoir les enfants des familles les plus riches de France, et on les en éloigne. Cette école jouit du plus mauvais renom. »


Citer :
les enseignants étaient ils bons (ce n'est pas certain car en temps de guerre on ne place pas forcément lse meilleurs à l'instruction !) ?


Napoléon, un an après le départ de l'école de Fontainebleau, visita Saint-Cyr le 7 mars 1809. Déçu, le lendemain, il écrivait au ministre de la Guerre :
« J'ai été voir hier l'école militaire de Saint-Cyr; je l'ai trouvée moins bien qu'à Fontainebleau. Il m'a paru qu'on s'était relâché beaucoup sur la tenue et l'instruction. J'en ai témoigné mon mécontentement au commandant et au vice-connétable, qui aurait dû y faire de fréquentes visites pour s'assurer que l'intégrité des règlements était maintenue.
[…]
Je n'ai pas reconnu l'école de Fontainebleau. J'irai visiter cette école tous les mois. Il faut qu'on revienne, en tout et pour tout, à ce qui se faisait à Fontainebleau et ne s'en éloigner en rien. A-t-on pu oublier mes intentions au point de faire entrer en ligne des hommes qui n'ont fait d'exercice qu'en blanc, qui n'ont jamais fait l'exercice à feu, tiré à la cible ? tandis que j'entendais qu'un élève sortant de l'école militaire tirât comme un chasseur baléare. Il faut que chaque élève use dix cartouches à balle par jour en tirant au but, et apprenne à manier son fusil. En effet, ils ont moins d'expérience et sont plus jeunes que le dernier soldat de la compagnie qu'ils sont appelés à commander.
[…]
Les élèves sont plus instruits sur la première partie de l'administration militaire, mais peu connaissent l'administration d'une armée en campagne; que cette seconde partie soit imprimée sans délai et montrée aux premières classes, et que le commissaire des guerres chargé de cette partie de l'instruction ne découche point.
Il faut que les élèves arrivant à leur corps en sachent plus que les vieux officiers d'infanterie; qu'ils connaissent un peu de mathématiques, un peu de fortification, moins de littérature; pourvu qu'ils sachent écrire, cela leur importe moins que de savoir, à leur entrée au corps, ce qu'ils ne sauront qu'en cinq ou six ans d'expérience, si on ne le leur montre point au collège.

[…]
Donnez des ordres pour que le système actuel soit promptement changé, qu'on en revienne à la stricte exécution des règlements, et pour que je n'aie que des louanges a donner à un établissement qui, sous tant de titres, a des droits à mon approbation, à ma première visite, que je ferai à la fin de mars. »


Citer :
J'ai trouvé deux infos curieuses : en 1815 l'Ecole de St Germain serait restée fidèle à Louis XVIII ! en 1822 l'ESM aurait été dissoute pour bonapartisme !


L’école de Saint-Germain n’existait plus en 1815 puisqu’elle avait été supprimée l’année précédente au moment de la Restauration. Pour 1822, sans doute confondez-vous avec le complot de Berton qui mena à la dissolution de l’école de Saumur.

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)


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Message Publié : 07 Juil 2011 18:43 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
Message(s) : 3532
Citer :
en 1815 l'Ecole de St Germain serait restée fidèle à Louis XVIII !


Comme dit plus haut, Saint-Germain n’existait plus à cette date. Peut-être faites-vous ici référence à l’adresse que les élèves de Saint-Cyr écrivirent au roi le 8 mars 1815 :
« Sire,
L'homme qui avait conduit notre patrie sur le bord du précipice vient encore y porter le fer et la flamme, et chercher des parjures dans les rangs d'une armée aussi célèbre par sa fidélité que par son courage. Les élèves de l'École militaire, de cette Ecole que la munificence de Votre Majesté a ramenée à sa première institution animés du véritable esprit français, pénétrés d'indignation contre l'ennemi public, s'empressent de renouveler à Votre Majesté le serment qu'ils lui ont déjà prêté, celui d'être toujours prêts à verser leur sang pour la défense de leur souverain et de cette Constitution qui sous l'égide de Votre Majesté, fait le bonheur des Français. »




Citer :
D'autre part quelle était l'ambiance dans ces écoles : plutôt militaire ? plutôt scolaire ?


Pour l’Ecole spéciale militaire, l’ambiance apparaît fort austère :

Girod de l’Ain (Souvenirs) :
« Nous passâmes l’hiver de 1805 sans feu et sans capotes ; nous nous levions tous les jours à cinq heures du matin ; notre temps était entièrement rempli (sauf les heures de récréation et celles des repas) par les études, les exercices militaires, jusqu’à neuf heures du soir, heure à laquelle nous devions être couchés. Chacun de nous avait sa couchette garnie d’un matelas de soldat, d’un traversin et de draps pars trop grossiers, qu’on changeait tous les quinze jours. Nous faisions nous-mêmes nos lits et balayions à tour de rôle ou par corvée les chambres, corridors, escaliers et jusqu'aux latrines. Enfin nous étions soumis au même régime que les soldats casernés, mangeant, comme eux, à la gamelle, mais avec cette différence que nous ne faisions pas nous-mêmes notre soupe, allant seulement la chercher toute faite à l'économat, d'où nous apportions le pain dans des sacs, le vin dans des brocs, la viande et les légumes dans de grandes gamelles de fer-blanc. »

Martin (Souvenirs) :
« Nous menions la vie la plus propre à nous rendre malades ou insensibles à toutes les intempéries, car, pendant le rigoureux hiver de 1812, nous n'eûmes jamais pour nous vêtir que le frac et la culotte que nous portions en été. Dès huit heures du matin, au mois de décembre, quand le jour luisait à peine, on nous conduisait trois fois par semaine à l'exercice, soit du fusil, soit du canon, et là, sous des flocons de neige ou mordus par la bise, nous rivalisions pendant deux heures avec nos frères aînés de Moscou. N'étant pas encore dignes de geler en Russie, on nous essayait à Saint-Cyr.
Le détail d'une seule de nos journées donnera l'idée de toutes les autres, car elles se succédaient toujours les mêmes dans leur triste monotonie.
En hiver comme en été, à quatre heures et demie du malin, l'inexorable tambour faisait retentir les voûtes de la caserne. Au moment le plus doux du sommeil, quand, par l'heureux privilège de la jeunesse, nous retrouvions dans nos songes les illusions du foyer domestique, le fatal instrument venait bruyamment les mettre en fuite. Il fallait, sans hésiter, quitter la chaude atmosphère du lit pour se jeter sur les carreaux glacés de nos dortoirs, et se laisser pénétrer par un humide et froid brouillard, hôte assidu de ces vastes salles où jamais le feu ne fut admis. Heureux encore, quand on pouvait se rendre paisiblement dans les combles pour y étudier à la lueur de quelques lampes. Plus d'une fois, je me suis vu contraint de prendre le fusil et d'aller passer mes deux heures d'étude au peloton.
Le peloton, invention diabolique et bien digne du démon qui l'inventa, le peloton se tenait sous un hangar ouvert à tous les vents. Là, depuis cinq heures jusqu'à sept, et sous la garde d'affreux sergents dont la cruauté était proverbiale, les condamnés devaient rester immobiles au port d'arme. Quelques intervalles de repos, plus ou moins courts et plus ou moins rares, suivant l'humeur de notre jeune bourreau, interrompaient seuls le supplice auquel il présidait. Parfois, un pauvre nouveau venu, incapable de le subir plus longtemps, se laissait tomber de faiblesse et de désespoir ; mais s'il n'était qu'à moitié évanoui, on lui faisait boire un grand verre d'eau claire et on le replantait sur ses pieds.
A sept heures, rentrée à la caserne pour le service des chambres et de l'équipement, et à huit, l'inspection. C'est ici surtout que s'acquérait le droit d'aller au peloton. Il serait trop long d'indiquer toutes les minutieuses vétilles qui pouvaient amener cette redoutable condamnation ; je ne parlerai que de la manière de faire son lit.
Il fallait qu'il présentât l'aspect d'un parallélépipède à angles droits, parfaitement régulier, et que le traversin, roulé sous la couverture, formât un cylindre sans pli, accompagné de deux oreilles irréprochables. Ce n'est pas tout : cette couverture devait offrir un dessin agréable et varié, laissé, du reste, à la libre recherche des élèves. Aussi voyait-on chacun de nous, armé chaque matin d'un peigne et d'une brosse, travailler sa malheureuse couverture, relevant les brins de laine d'un côté, les couchant de l'autre, pour arriver à représenter un vase de fleurs, des arabesques, un tombeau, quelque chose enfin qui pût satisfaire le sergent inspecteur. Après quoi, debout, la tête fixe, le petit doigt à la couture de la culotte, tous attendaient leur sort. Alors le terrible sergent, passant d'un air sombre, jetait un regard sur l'homme et sur le lit, et, si un pli le choquait, si le dessin lui déplaisait, s'il avait quelque chose contre l'élève ou seulement s'il était de mauvaise humeur, sans dire un seul mot, il lançait la couverture à terre et tout était à recommencer. Plus, bien entendu, le peloton pour le lendemain, sans explication, ni réclamation possibles. Nous apprenions durement ainsi cette leçon d'histoire, que le pouvoir sans contrôle engendre toujours une tyrannie capricieuse et cruelle.
De huit heures à dix, le bataillon faisait l'exercice, auquel succédait le repas du matin. Les élèves se répartissaient ensuite entre les différents cours d'étude, chacun suivant le degré d'instruction où il était parvenu. Il y avait, s'il m'en souvient bien, trois divisions principales dans l'enseignement de l'Ecole. La littérature dans toutes ses branches (y compris l'orthographe qui n'était pas la moins ardue pour beaucoup d'entre nous ). Les mathématiques, depuis l'arithmétique jusqu'à la trigonométrie et au tracé des plans. Enfin, l'administration, c'est-à-dire la connaissance exacte de tous les règlements touchant le service militaire de place ou en campagne, etc. Il fallait avoir franchi tous les degrés dans chacune de ces divisions pour pouvoir être admis au concours, c'est-à-dire à l'examen final qui décidait, d'ordinaire au bout de deux ans, si l'on sortait officier. Hélas ! combien restaient en route, faute de goût pour le travail de tête, ou qui n'arrivaient qu'après trois années, ou même plus, d'une cruelle attente ! C'étaient les anciens des anciens, et l'on comprend qu'ils devinssent, selon le langage de l'Ecole, toujours plus féroces.
A quatre heures, toutes les classes finies, l'on prenait le second repas, suivi d'une heure ou deux de promenade dans la cour, quand le temps ne s'y opposait pas absolument. Puis l'on remontait dans les salles d'étude, c'est-à-dire dans des greniers dallés de briques, et là, comme le matin, sans manteau et sans feu, on devait rédiger les devoirs du jour, dresser ou copier des plans, en un mot, étudier jusqu'à neuf heures. Après quoi l'on allait se coucher pour recommencer le lendemain et le surlendemain, pour recommencer toujours jusqu'à la sortie définitive de Saint-Cyr.
Telle était notre vie habituelle, et elle n'offrait guère pour diversités que quelques vexations inattendues. Aussi nos meilleurs moments étaient ceux où une pluie battante nous empêchant de descendre dans la cour, nous pouvions nous coller aux barreaux des fenêtres et jeter un long regard vers la campagne. Que de soupirs s'exhalaient alors ! Comme on enviait le sort du plus pauvre laboureur ! Comme le cœur palpitait, si l'on apercevait au loin les fumées d'un hameau ! Joies domestiques, contentement du cœur, âge d'or, vous habitiez évidemment sous ces toits rustiques. La souffrance de l'âme pouvait-elle exister ailleurs que sous les barreaux de Saint-Cyr ? »



Rilliet de Constant dans son Journal nous dépeint la vie à Saint-Germain :
« Nos travaux étaient pratiques et théoriques; ainsi l'exercice à pied comme dragon, l'équitation, l'exercice à cheval occupaient une partie de nos journées ; mais, à mon point de vue, on donnait trop de temps à l'exercice à pied, et l'on ne montait pas assez a cheval.
Il aurait fallu faire de nous des écuyers accomplis et non des fantassins incomplets. Cependant le manége était bon. Il y avait beaucoup de chevaux de l'ancien manège de Versailles dressés par le célèbre écuyer Coupé; deux d'entre eux avaient figuré dans des carrousels devant Marie-Antoinette. On ne nous faisait pas assez panser nos chevaux, et on ne nous donnait que des notions superficielles de maréchalerie et d'hippiatrique. Nous aurions dû apprendre à fond ces choses-là pendant nos deux ans d'école, si on avait voulu nous les enseigner. Il me semble qu'on aurait dû aussi nous donner quelques notions sur la sellerie, car lorsqu'un officier sait soigner un cheval, le guérir d'un accident ou des petites maladies qui surviennent journellement, le ferrer, ajuster et corriger la selle et son équipement, il peut rendre les plus grands services à la troupe qu'il commande.
Puisque je suis en train de critiquer mon école de Saint-Germain, je dirai que j'ai toujours regretté qu'on négligeât autant la gymnastique et la voltige, car rien n'est plus propre à former des cavaliers lestes et vigoureux.
Dans la pratique, je dois encore ranger le dessin topographique et quelques applications de levées de plan sur le terrain, mais ce n'était pas assez développé. On nous enseignait aussi les mathématiques, l'histoire militaire, la composition littéraire, l'administration militaire; mais on laissait de côté les langues vivantes. A cette époque, les Français occupaient à peu près toute l'Europe; ils étaient convaincus qu'ils avaient porté leur langue partout, que c'était aux étrangers à l'apprendre, et qu'ils n'étaient nullement tenus de savoir l'allemand, l'italien, l'espagnol ou les langues slaves. Quant à l'anglais, c'eût été un acte de haute trahison que d'avoir la possibilité de s'entretenir avec les tyrans des mers.
Malgré ces critiques, que j'abandonne à l'appréciation de plus habiles que moi, on menait une vie occupée à Saint-Germain, et c'était heureux ; sauf cela, on s'y serait cruellement ennuyé, car il n'était pas question d'aller chercher ailleurs des divertissements. Pendant les vingt-sept mois que j'ai passés à Saint-Germain, j'ai obtenu une permission de trente-six heures, et j'ai déjeuné une fois à la Malmaison, chez l'impératrice Joséphine, avec le général Clément. Le dimanche, de midi à deux heures, nous pouvions voir nos parents et nos amis au parloir, encore fallait-il n'être pas consigné, et on l'était pour peu de chose. Cher parloir, qu'il me rappelle de bons souvenirs ! »






Concernant le statut social des élèves de Saint-Germain, j’ai apporté quelques informations dans mon précédent post.
J’y ajoute ce que nous dit à ce sujet Rilliet de Constant :
«La fondation de l'école de Saint-Germain avait un double but, celui de donner une instruction appropriée à leur arme aux jeunes officiers de cavalerie, mais plus encore peut-être le désir d'attirer dans une école bien composée, et dans un point de vue assez aristocratique, les jeunes gens de bonne famille de l'empire que le régime austère de Saint-Cyr et les difficultés d'admission à l'école polytechnique effrayaient. Pour en écarter la classe peu aisée, le prix de la pension était fixé très haut, surtout pour l'époque dont je parle. Cent louis par an, sans compter des frais accessoires, et l'on n'y accordait aucune place gratuite.
[…]
Les élèves de Saint-Germain, pour la plupart, appartenaient aux premières familles de la France, tant anciennes que nouvelles; là se trouvaient Mailly, Baufremont, Brissac, la Rochefoucauld, Regnault de Saint-Jean-d'Angely, Passy, d'Outremère, Suleau, de Bylandt, Pisani, etc. Lorsque, dans un des départements réunis à la France, une famille ne démontrait pas un dévouement absolu à l'empereur, pour la rattacher au système, on envoyait à celui des fils qui avait l'âge requis l'ordre de se rendre à Saint-Germain. C'était un système d'otages bien organisé; l'empereur ne voulait pas entendre parler de brevets de faveur. »




J’ai évoqué plus haut la visite de Napoléon à Saint-Germain. La voici contée par Rilliet de Constant :
« Mme de la Rochefoucauld, dame d'honneur de l'impératrice Marie-Louise, lui demandait un jour une sous-lieutenance pour son fils.
- Il faut qu'il aille à Saint-Germain, nous ne l'y tiendrons pas longtemps.
- Alors, j'y renonce, répondit Mme de la Rochefoucault.
-Pourquoi donc?'
-Parce que les élèves y sont trop mal tenus. Sire.
-Comment, mais c'est une erreur.
-Je crois être bien informée. Sire.
-Je m'en assurerai.
Dès le lendemain le général Dejean, aide de camp de l'empereur, vint faire une inspection assez superficielle de l'école. Mais, huit jours après, l'empereur chassait à Saint-Germain, ce qui lui arrivait assez souvent quand il était à Versailles. Dans ces occasions, on nous faisait prendre une tenue un peu plus soignée qu'à l'ordinaire, mais c'était toujours en pure perte; nous voyions passer devant nous les piqueurs, les cavaliers, les voitures de l'empereur et son escorte, nous entendions les chiens, les cors, mais le souverain ne donnait jamais signe de vie à ses enfants de Saint-Germain. Nous pensions qu'il en serait de même ce jour-là, et nous avions vu le matin la chasse défiler devant le château avec assez d'indifférence, lorsque vers le milieu du jour on aperçut dans la grande avenue des Loges un petit groupe de cavaliers qui paraissaient se diriger vers le château; bientôt l'un d'eux se détache, il approche avec la rapidité de l'éclair, c'est un page, les portes lui sont ouvertes et il s'élance dans la cour en criant : « L'empereur, l'empereur. » On se heurte, on se précipite, on prend les armes à pied, et a peine le bataillon est-il formé que l'empereur arrive, suivi d'un petit nombre d'officiers.
On compatira, j'en suis sûr, à ma mésaventure ; je n'étais pas sous les armes, un mal de pied assez grave me retenait à l'hospice, cependant je pus suivre des fenêtres tous les détails de cette visite solennelle. L'empereur, en habit de chasse, le chapeau bien connu, les mains derrière le dos, fit exercer quelques moments le bataillon, puis il demanda au général s'il avait des élèves prêts à devenir officiers. Il en désigna seize. Après leur avoir adressé quelques paroles, l'empereur s'approcha de la droite du bataillon:
«Et toi, dit-il, au premier, tu n'es pas encore en état d'être officier!
-Pardon, Sire, j'en sais autant que ceux-là, répondit-il en montrant les élèves qu'on avait fait sortir du rang. C'était Nitot, le fils du joaillier de la couronne.
-Ah! repartit l'empereur, puisque tu es si sûr de ton fait, passe avec eux.
D'autres suivirent l'exemple de Nitot, bref, les seize furent bientôt quarante.
-Vous me les enverrez à Berlin en poste, dit l'empereur au général. C'était au printemps de 1812; on préparait la campagne de Russie. Après cette promotion, l'empereur voulut faire l'inspection de détail pour laquelle il était venu : elle ne tourna pas à l'avantage du pauvre général et de l'administration de l'école. Il était tombé sur un bon jour pour nous, le pain était détestable, l'empereur en lança un morceau contre le mur, il y resta attaché tant il était humide; il demanda à goûter le vin. Le général envoya chercher du vin de l'hospice qui était potable ; un élève dénonça courageusement la fraude à l'empereur qui fit une horrible grimace en goûtant notre vin. Les arrangements intérieurs de la maison lui parurent affreux; il ne ménagea pas les expressions de voleurs et de fripons. Le général était consterné.
L'empereur ordonna la construction d'un réfectoire, d'autres améliorations, le changement du pain et une meilleure nourriture. Dès le lendemain, on fit de l'ancienne chapelle un réfectoire, on chargea les tables de mets très passables, et surtout d'excellent pain.
Toute la cour était venue peu à peu rejoindre l'empereur. Notre sombre cour, à nous, était remplie de brillantes calèches, et ces calèches de charmantes femmes qui entouraient l'impératrice. Après avoir vu manœuvrer les élèves a cheval, le brillant cortége reprit la route de Paris, et nous retombâmes dans notre état habituel, animés cependant par la joie de ceux qui avaient eu part à la promotion.
»

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Message Publié : 08 Juil 2011 7:25 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 07 Sep 2008 15:55
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Merci Cyril

Auriez vous un ouvrage de synthèse le plus complet possible sur ces sujets (les officiers vus sous l'angle sociologique et psychologique sous l'empire en gros) à me recommander ?


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Message Publié : 08 Juil 2011 7:41 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
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Pas vraiment, désolé...
Néanmoins, vous pourrez trouver quelques pistes dans les deux chapitres "Les officiers de l'Empire" et "Les officiers supérieurs" de L'armée de Napoléon, de Sokolov.
Autrement (mais je ne l'ai pas lu), il existe "L'officier français des origines à nos jours. 2ème partie : De la Révolution à l'Empire", sous la direction de Croubois.

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Message Publié : 08 Juil 2011 8:23 
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Jean Froissart
Jean Froissart

Inscription : 19 Fév 2011 17:03
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Lu dans des Mémoires d'un officier que j'avais déjà cité dans un autre fil:
Une constante des élèves de ces années (env. 1805-1815) est le duel. Les bizutages sont très poussés, et pour s'affranchir des humiliations rien ne vaut une provocation en duel. Les élèves officiers se battent souvent, même si c'est interdit et durement sanctionné.

On risque de ne jamais devenir officier si l'on se fait prendre, et beaucoup plus s'il y a des blessés. Dans la promotion de cet officier dont j'ai lu les mémoires, il y a le fils de Rapp qui est inquiété, et aussi Bugeaud futur duc d'Isly.

Comme les armes sont interdites les étudiants se battent par exemple en fixant leur couteau ou de grands compas de géométrie au bout de balais.


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Message Publié : 08 Juil 2011 8:41 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
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Duels à Saint-Cyr contés par Martin dans ses Souvenirs :
« On se bat ainsi assez souvent, quoique les duels soient défendus sous les peines les plus sévères ; car, non seulement le coupable est chassé de l'Ecole, ce qui serait peut-être un encouragement, mais il est placé comme conscrit à la queue d'un régiment. Toutefois, cette punition n'est infligée que lorsque l'un des deux adversaires est tué ; quant aux duels moins funestes, ou ils ne sont pas découverts ou ils ne sont punis que par la prison.
Les remèdes que l'on a voulu apporter à cette manie n'ont fait qu'aggraver le mal. Autrefois on se battait à la baïonnette ; depuis que le général les a fait couper carrément, on a eu recours à d'autres armes plus dangereuses. Aujourd'hui, quand un homme doit se battre, un des anciens de sa société, ordinairement celui qui servira de second, est chargé de préparer les armes. Il fend un manche à balai en deux, attache fortement à chaque bout une branche de compas, et désigne la nuit et l'heure du rendez-vous. Au moment fixé, les deux champions, munis de leurs pertuisanes, s'esquivent du dortoir et courent se livrer un combat moitié féroce, moitié grotesque, dans les galetas, sur les escaliers, derrière une porte, partout où ils croient pouvoir échapper quelques moments à la surveillance. Lorsque la blessure est profonde, la pointe trop acérée du compas n'ouvrant pas une issue suffisante, le sang s'épanche au dedans et cause presque toujours la mort quand le buste est atteint ; d'autant plus que, dans l'espoir de n'être pas découvert, on finit par n'appeler du secours que lorsqu'il n'est plus temps. »



Brimades à Fontainebleau dans les Mémoires de Combe :
« A cette époque, les épreuves par lesquelles on faisait passer les nouveaux venus appelés, comme dans l'armée, les conscrits, étaient fort dures, et souvent même dangereuses, malgré la sévérité et la surveillance du général Bellavène, commandant en chef de l'École. Lorsqu'un conscrit arrivait pour la première fois dans une chambrée, il était bien heureux d'en être quitte pour une traversinade, opération qui s'exécutait au moyen de durs traversins en crin, extraits à cette intention du lit de chacun des élèves. La presse à sec suivait ordinairement la traversinade. Si le conscrit, au lieu de faire bonne contenance en se défendant de son mieux, s'avisait de parler de dénonciation, les épreuves redoublaient ; on prenait le malheureux, on lui liait les mains, et, le forçant à plier les genoux après l'avoir assis par terre, on lui passait sous les jarrets un bâton maintenu par les bras, et on le plaçait ainsi sur la planche au pain, d'où le moindre mouvement pouvait le précipiter sur le carreau, avec l'agréable perspective de se tuer ou de se casser au moins un membre. Il finissait toujours par demander grâce.
Souvent, lorsqu'un conscrit était signalé, on voyait arriver un élève étranger à la chambrée, déguisé en perruquier et armé de ciseaux, de rasoirs, et d'une boîte contenant de la graisse noire qui servait ordinairement à nettoyer les souliers. Il faisait asseoir le patient sur sa cassette, et, se disant chargé de sa première toilette, lui coupait bon gré mal gré tous les cheveux, lui rasait la tête, lui barbouillait de graisse noire toute la partie inférieure du visage, puis, prétextant tout-à-coup des soins à donner à une autre pratique, s'éloignait gravement, et laissait le malheureux dans l'état le plus risible et le plus pitoyable. »

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Message Publié : 09 Juil 2011 20:44 
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Jean Froissart
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Inscription : 19 Fév 2011 17:03
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Mémoires d'Aubin Dutheillet de Lamothe:
Citer :
Ceux qu'on appelait les anciens élèves, qui n'avaient point été trouvé assez instruits pour sortir comme sous-lieutenants à la promotion, étaient furieux de jalousie contre les nouveaux venus, qu'il voyaient avec peine aussi avancés qu'eux, et pour se venger ils leur jouaient tous les plus mauvais tours imaginables.
On allait quelquefois jusqu'à les mettre dans des sacs à pains, et les placer ainsi sur la planche, exposés à tomber sur le carreau s'ils faisaient le moindre mouvement.

Citer :
Le lendemain il fut convenu que je me battrais contre Froussard, et Gossin contre de Lhermite. Nous nous rendîmes dans la compagnie des grenadiers, Gossin avait des baïonnettes attachées au bout de deux manches à balais c'était les armes dont on se servait ordinairement, ou bien de grands compas de mathématiques. Gossin voulait se battre le premier contre de Lhermite, mais j'insistai pour commencer avec Froussart, disant que j'étais l'insulté. Nous nous mîmes en garde, et après quelques coups, je frappai Froussart sous l'aisselle, d'un coup assez fort pour le désarmer, moi-même j'avais été légèrement blessé.


Cyril, votre Martin et mon Aubin ont manifestement vécu la même époque %1


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Message Publié : 05 Fév 2017 19:32 
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Jean Mabillon
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Je note au passage cet extrait du discours du ministre de l'interieur (Carnot) en 1815

"Enfin, l’empereur est dans l’intention d’assurer à la classe si précieuse des sous-officiers les avantages d’un nouveau mode d’avancement qui leur assurera la moitié des sous-lieutenances vacantes, et rappelera les dispositions et l’alternative de l’élection et de l’ancienneté consacrées par la loi du 14 Germinal an 3."

S'agit il d'une promesse en l'air ? D'une idée personnelle de Carnot ?


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Message Publié : 05 Fév 2017 20:42 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
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L'idée n'est pas sans rappeler la proposition (1/3 contre la moitié des sous-lieutenances) du député Sartelon émise le 18 mars précédent :

« Vous avez bien voulu m'accorder quelques instants, pour vous présenter le développement d'une proposition relative à l'armée; permettez-moi de vous demander pour elle tout votre intérêt, à raison de son importance et du motif qui m'a déterminé à vous la soumettre dans ce moment.
L'article 12 de la Charte porte que le mode de recrutement de l'armée sera réglé par une loi.
Il eût été à souhaiter, sans doute, que les ministres de Sa Majesté vous eussent présenté, avant la clôture de la dernière session, des dispositions législatives sur cet objet.
Vous sentez, Messieurs, combien il est important en lui-même, et combien il l'est, surtout dans les circonstances actuelles; il doit être le sujet de vos méditations les plus graves dans tous les temps.
Je n'ai pas l'intention de vous soumettre aujourd'hui un travail complet sur le recrutement de l'armée et sur son organisation, ni même de vous faire part de mon opinion particulière sur cette matière si délicate : il faut du temps et la plus mûre réflexion pour déterminer et arrêter les bases d'une bonne constitution militaire, qui assure a la fois les droits de l'armée, ses devoirs envers la patrie et le souverain, sa bonne organisation, la sûreté de l'Etat et la liberté publique.
Mais, en attendant que l'importante loi qui doit régler d'aussi grands intérêts vous soit soumise, je crois devoir vous proposer quelques mesures préliminaires, qui peuvent être détachées de ce grand travail et qu'il m'a paru convenable et nécessaire peut-être d'adopter dès à présent.
La loi du 14 germinal an III est la dernière qui ait fixé les règles qui devaient être suivies pour avancement dans l'armée: elle est tombée en désuétude; elle n'est plus en rapport avec nos institutions actuelles, avec l'établissement de nos écoles militaires, avec la nécessité de récompenser dans les enfants les services éclatants de leurs pères; elle n'est plus, en un mot, exécutée depuis longtemps. Il n'existe point réellement de loi positive et fixe sur l'avancement, et je puis vous dire, sans crainte d'être démenti par les hommes dont l'opinion peut être ici de quelque poids, qu'il en est résulté des inconvénients d'une nature très grave.
Sans entrer, à cet égard, dans des détails inutiles, et sans m'occuper de l'avancement en général, qu'il me suffise d'appeler votre attention sur les sous-officiers de l'armée; une loi qui assure leur sort me semble indispensable: une ordonnance qui, dans le silence de la loi, peut être changée à chaque instant, ne remplit pas le même but. Je vous propose de déterminer législativement, dès aujourd'hui, que le tiers au moins des sous-lieutenances vacantes dans l'armée seront accordées aux sous-officiers. C'est de la bonne composition des sous-officiers que dépend la bonne organisation des corps; c'est en entretenant une noble émulation parmi eux, et en rendant les places des sous-officiers l’objet de l'ambition des soldats, que nous obtiendrons un bon esprit militaire.
Des mesures législatives vous seront sans doute présentées dans peu de temps, pour fixer le sort et le traitement des officiers que les circonstances n'avaient pas permis d'employer.
Une ordonnance appelle déjà à servir l'Etat tous les anciens officiers des corps qui désirent défendre, dans ce moment de crise, la liberté nationale et la patrie.
Des voix se sont élevées dans cette Chambre, pour que la solde de non-activité soit payée chaque mois, et non par trimestre, comme par le passé, et cet objet est maintenant réglé.
La loi qui vous sera présentée sur l'organisation de l'armée, ou d'autres lois particulières, fixeront sûrement les traitements militaires et les pensions; et s'il m'était permis d'émettre mon opinion sur cette matière, je croirais qu'il ne doit y avoir pour l'armée que trois sortes de traitements, celui d'activité proprement dit, qui comprendrait la solde et les indemnités de fourrages, logement et autres, attachés au service actif, celui de disponibilité, qui comprendrait la solde entière, sans les indemnités représentatives de l'activité réelle, et celui de retraite. Un seul objet me parait indispensable à régler dès à présent à l'égard des officiers de l'armée, et c'est de celui-là seul que je m'occuperai dans ce moment.
L'article 69 de la Charte du 4 juin porte, que les militaires conserveront leurs grades, honneurs et pensions.
Le résultat de cette importante disposition constitutionnelle, nouvelle en France, doit être qu'aucun officier en activité de service au 1er avril dernier ne peut être réformé sans traitement, et par conséquent destitué de son état, autrement que par un jugement de condamnation rendu dans les formes établies par la loi.
Combien de motifs indépendants même de la Charte nationale rendent nécessaire une disposition législative à ce sujet !
Les emplois militaires ont été acquis par de longs services, par des périls sans nombre, et par le sang versé pour la patrie; c'est la propriété la plus sacrée et la plus éminemment respectable.
L'officier qui a longtemps servi son pays n'est plus propre à un autre état. Son sort serait affreux s'il pouvait, sur une simple note d'un chef, sans être entendu dans sa défense, et sans être jugé par ses pairs, être réformé sans traitement et d'une manière arbitraire. C'est la peine la plus grave qu'il soit possible d'imaginer, puisqu’elle attaque également l'existence et l'honneur.
Je ne parle ici, Messieurs, que des officiers qui ont réellement servi, et qui étaient en activité au 1er avril dernier. Je n'ai pas besoin d'observer qu'en cas de licenciement ou de réduction d'un corps ou d'une armée, la loi peut et doit peut-être exiger qu'un militaire, pour avoir droit au traitement que j'appellerai de disponibilité, ait fait au moins deux campagnes, ou servi cinq ans dans l'armée nationale.
Mais dans aucun cas, nul officier ne me semble pouvoir être réformé sans traitement, et privé malgré lui de son état, ni continuer à l’être, autrement que dans les cas prévus par une loi positive, et jamais par une mesure administrative indépendante delà loi.
L'ancien gouvernement n'adoptait point sur cette matière des idées aussi libérales que celles que je viens de vous développer, et qui ont été présentées avec un talent très remarquable par un de nos lieutenants généraux, dans son ouvrage intitulé: Considérations sur la législation militaire, distribué à chacun de vous, il y a deux mois.
Vous améliorerez donc, par la disposition que j'ai l'honneur de vous proposer, en exécution de la Charte constitutionnelle, le sort des officiers de l'armée.
Qu'ils voient dans l'empressement avec lequel vous assurez leur existence, combien l'armée nationale nous est chère. Et comment pourrait-elle en douter ! Les deux Chambres n’ont-elles pas saisi toutes les occasions de lui témoigner tout leur intérêt ? Toutes les opinions émises à cette tribune prouvent notre amour pour les braves qui ont conservé intact le précieux dépôt de l'honneur, et qui ont si noblement illustré le nom français. Nous devons compter sur leur fidélité au Roi et leur dévouement à la patrie, comme ils peuvent compter sur sa justice et sa reconnaissance. Ceux qui seraient assez malheureux pour la trahir, sont indignes d'appartenir à une nation qui s'est distinguée de tout temps par sa généreuse bravoure et sa noble loyauté.
J'ai l'honneur de vous proposer de supplier Sa Majesté de présenter un projet de loi qui contienne les dispositions suivantes:

Art. 1er. A l’avenir, et en attendant que la loi relative au recrutement et à l'organisation de l'armée ait été présentée, conformément à l'article 12 de la Charte constitutionnelle, aux deux Chambres, le tiers des sous-lieutenances vacantes sera accordé aux sous-officiers de l'armée.
Art. 2. Aucune réforme sans traitement ne pourra être prononcée ni maintenue, autrement que dans les cas prévus et dans les formes prescrites par une loi qui sera incessamment proposée, et qui remplacera à cet égard les lois, décrets et ordonnances actuellement existants. »

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