Bonjour,
Je considérais sans avis mais avec crainte. Vous avez un avis. Vous avez fourni des documents. Je vais essayer de comprendre à travers les documents fournis en shuntant ce que vous estimez
"... un trop plein de problèmes..." puisqu'en ceci toute personne douée d'un peu de jugeote peut l'intégrer.
Je reprends en me basant sur ce que vous donnez à compter du 27 août.
1- Dans l'échange avec O'Meara, le ton n'est ni narratif ni au conditionnel :
"... Nous avions fait ensemble le projet de nous en emparer..."Un projet est donc fait de concert avec la Russie. Pouvez-vous nous amener des documents arguant du contraire ? Ou alors il faut appeler un chat un chat : NB n'a plus tous ses esprits ou encore il se fiche ouvertement de l'homme avec lequel il échange, quitte à distordre l'histoire et pire à y insérer des tiers pour donner une impression plus sûre de pouvoir total, d'ententes superbes. A ce stade, aucun intérêt.
" … J'avais fourni le plan. Je devais envoyer 30 000 hommes de bonnes troupes, et lui un nombre égal des meilleurs soldats russes et 10 000 Cosaques... J'aurais fourni une somme de 10 millions pour concourir à l'achat des chameaux et des choses nécessaires pour traverser le désert. Nous devions tous les deux demander au roi de Prusse d'accorder le passage à mes troupes à travers ses états; il y aurait bientôt consenti..." Le plan ne pouvait trouver naissance que dans l'esprit de NB. Il faut tout de même garder à l'esprit les chiffres car on les retrouvera, ils sont donc durablement inscrits dans l'esprit et pour ceci, il faut y avoir travaillé sinon le temps érode surtout ce qui tient du rêve.
"Je devais envoyer … et lui un nombre égal … j'aurais fourni une somme de 10 millions... Nous devions tous deux demander au roi de Prusse... il y aurait bientôt consenti."Je vous laisse expliquer ce rêve éveillé concernant l'obtention des 10 millions et l'avis du roi de Prusse.
Du côté de la Russie, un autre malade se voit proposer un plan par Rostopchine qui tient du même. Et le malade d'acquiescer et de trouver que décidément ce Bonaparte est autrement plus intéressant que l'Angleterre.
Comme les documents abondent, ceci peut être pris comme une analyse qui se tient avec les égarements inhérents et récurrents de chacun (fureur contre l'Angleterre). Le tandem commence à faire du "petit vélo".
2- Bertrand pourrait être ouvertement pris pour un bouffon courtisan mais l'estimation de la vie dans le désert tient plus du délire que du rêve :
" … pas aussi aride... il y a des villages et de l'eau...". NB a-t-il l'expérience d'une autre forme de désert que celui d'Egypte où il faut bien vite se débarrasser des prisonniers avec un esprit pragmatique : ça boit et ça mange...
3- "
Sous le Consulat, ce document circula dans la presse d’Outre Manche... "
D'où vient ce document ? On pourrait opter pour la Russie mais le style n'est pas au rendez-vous.
"... délivrer ces belles et riches contrées du joug britannique, ouvrir de nouvelles routes à l'Industrie et au Commerce des Nations civilisées de l'Europe, et à la France en particulier; tel est le but d'une expédition digne d'immortaliser la première année du XIXe siècle, et les Chefs des Gouvernements qui ont conçu cette utile et glorieuse entreprise...". Ce style pompeux et pompier a une marque de fabrique ; les mots encore teinté de la révolution, doublé d'une grande sûreté et de visions sont remis au goût du jour : délivrer, joug, nouvelles routes, nations civilisées, France en particulier, digne d'immortaliser etc.
A ce moment, quel pays d'Europe est en pleine mutation pour employer l'adjectif "
nouveau" à toutes les sauces ? L'Angleterre ? La Prusse ou l'Autriche ? Rien de nouveau, on craint même tout ce qui peut aller dans ce sens.
4- Il y a une
"réponse aux objections" anticipées.
Qui émet ces objections et peut-on les avoir à lecture avant de se pencher sur les réponses ?
Les objections sont du même style, mêmes égarements, même fascination pour les chiffres, même exaltation pour la chose militaire.
Alexandre se verra gratifié d'un :
"Je ne me refuse à aucune des stipulations préalables nécessaires pour arriver à un si grand but." Lentz a raison, déjà en 1808, on peut le voir avec l'échange à Alexandre Ier, c'est du joué coup après coup. La paix est évoquée de manière alambiquée et à l'opposé du caractère de NB toujours dans l'action/réaction. Il bluffe ou plutôt il joue dans le sens "grosse comédie", il n'a jamais eu pour ceci le trait fin. Pie VII se chargera de le lui notifier.
Ceci pourrait expliquer le pourquoi des coalitions : personne ne peut faire confiance à la France menée par un homme qui n'aime pas la paix, qui rêve d'en découdre aux quatres points cardinaux, une bête de guerre que suit un troupeau encore tout illuminé d'une révolution d'où certains sont sortis auréolés de hochets, titres et rentes. Lui se paie en hommes.
On le verra au Traité de Vienne : ce n'est pas tant la France qui pose problème, c'est l'homme qui la gouvernait car de plus en plus dangereux et de moins en moins contrôlable.
Alexandre a eu tout le temps de considérer les dérives d'un monarque malade, les divagations qui suivent, les retournements, les ordres et contre-ordres etc. Ce style de prose, il connait et il en a déjà été au centre. Il a été [...
ravalé au rang d'un enfant privé de toute liberté ... il doit scrupuleusement chaque matin rendre compte de ses activités à l'empereur dont il craint comme tous les autres l'arbitraire et le despotisme ... traité souvent d'incapable et d'imbécile ... accablé de réprimandes et de reproches humiliants : "... il ne pouvait placer ni déplacer personne ... ni signer son nom ... pupille des "gatchinois", il était traité par eux non comme un chef, non comme un fils d'empereur mais comme un élève que l'on reprend et néglige tour à tour..."...] ; l'observation des sautes d'humeur chez les autres, l'écoute des mots, la grandiloquence des termes pour ensuite se donner en spectacle, les courtisans apeurés, les missives à la limite de la correction, les ordres sans nuances, les conseils gratuits et lourds : Tolstoï ? Un crétin à écarter. il a déjà été en contact avec ce style d'ambiance.
Quid à ce moment des jougs et autres accès à la liberté pour tous, bien soulignés sur le billet envoyé outre-manche ?
5- "rêves"
écrits avec Caulaincourt : on est prêt à dépecer l'empire turc, vu qu'une expédition en Inde ne peut que terroriser l'Angleterre (c'est décidément son dada).
6- "La lettre à Alexandre fut logiquement très favorablement reçue à Saint-Pétersbourg." Qu'entendez-vous par "
logiquement" et "
très favorablement" ?
La fin de l'échange montre l'étendue de la malhonnêteté. On ne va pas pour libérer ; on ne va pas non plus pour que la Russie en tire un quelconque profit.
Citer :
... comme un document sur lequel on peut s'appuyer pour évoquer la supposée planification opérée au début de l'année 1801 relativement à une campagne franco-russe en direction des Indes ... le document en question présentant sur le fond bien trop de problèmes...
Le document est écrit, un échange est entamé : que faut-il de plus pour
"la mise en place" ? On reprend avec le fils, ce qui était entamé avec le père.
"... ne s'inscrivant pas avec ce qui commençait à être mis en place entre Paris et St Petersbourg..." Il y a bien un commencement de mise en place. Peu importe qui reprendra le flambeau en Russie.
Citer :
entre Bonaparte et Paul 1er, où le premier, considérant dès le 20 janvier la France comme en paix avec la Russie
NB champion des traités signés, même passés il fut un temps sans l'aval de Paris verrait dans le 20 janvier la paix ? Vous avez des documents le démontrant ?
Premier spectateur de l'effet "girouette" de son nouvel ami, il compte avec ce genre d'homme ? Il n'a aucune idée de ce qui se tramait pour mars alors qu'il a des espions partout et que Talleyrand, à son service, ne montrera aucun étonnement ?
Peut être n'avons-nous pas alors la même compréhension des mots
"débuts de travaux". Vous voyez un début, là où je crains que les choses soient bien avancées. On connait la vélocité du quidam pour tout ce qui aboutit à un conflit : c'est ce qui lui donne une légitimité. Pas de conflit, nul besoin d'un militaire au pouvoir.
Les attaques des navires russes par la France étaient sanglants à ce point ? La libération des prisonniers russes est une bonne chose pour NB, des bouches en moins à nourrir. En quoi l'alliance avec un homme déséquilibré que ses élites ne suivent plus, où un complot bien ficelé n'attend plus qu'une voix pour passer à l'acte, un régime d'une grande instabilité avec des antécédents "barbares", un régime dont on ne peut évaluer la force sur la longueur est une opportunité ?