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Message Publié : 29 Août 2015 18:08 
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Fustel de Coulanges
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ezio-auditore a écrit :
Paul Ier était-il homme à se faire dicter des ordres.


Il n’était pas question pour Bonaparte de dicter quoi que ce soit à Paul 1er. L’heure était aux négociations de paix (qui s’ouvrirent le 21 mars (deux jours avant l’assassinat) par les premiers travaux entre Talleyrand et Kolytchev) et, même si aucun traité de paix n’était encore conclu, à la collaboration entre les deux états.
Ainsi, le 26 février, répondant à lettre du Tsar en date du 15 janvier où ce dernier demandait l’aide de la France (« je ne puis ne pas vous proposer, s’il ne serait pas possible d’entreprendre ou du moins produire quelque chose sur les côtes de l’Angleterre qui au moment où elle se voir isolée peut produire un effet à la faire repentir de son despotisme et de son arrogance »), Bonaparte écrivit : « l'arrogance et l'insolence des Anglais n'ont point d'exemple. Je vais réunir, comme Votre Majesté parait le désirer, trois ou quatre cents chaloupes canonnières dans les ports de Flandre, où je réunirai une armée. J'ai donné les ordres pour rassembler en Bretagne une armée qui pourra être embarquée sur l'escadre de Brest. »
Dans la même missive, Bonaparte ouvrait d’autres possibilités d’opérations combinées : « J'ai envoyé un renfort de dix vaisseaux, de Brest à Toulon, qui y sont heureusement arrivés. L'Espagne réunit une escadre à Cadix, afin que, si les circonstances se présentent, ces escadres puissent se combiner avec celle que Votre Majesté a dans la mer Noire » ; « Si Votre Majesté tient la main à ce que les Anglais ne fassent aucun commerce avec les puissances du nord, si le corps de M. de Sprengporten se porte dans le Hanovre pour ne mettre aucune espèce de doute à la fermeture de l'Elbe et du Weser, un corps d'observation que j'ai envoyé à Bordeaux forçant le Portugal à fermer ses ports à l'Angleterre, et ceux de Naples et de la Sicile leur étant également fermés, les Anglais n'auront aucune communication avec l'Europe. »

De toute manière, Bonaparte n’avait pas à forcer la main au Tsar concernant l’envoi de troupes russes en Inde, puisque, comme dit plus haut, Paul avait lancé une telle opération sans en avertir Bonaparte.



ezio-auditore a écrit :
Et puis ce délire : "L'expédition était facile..."


Ce n’était effectivement pas une mince affaire. On se retrouve ici dans le même genre de raisonnement que Napoléon tenait quand il balayait rapidement les obstacles pouvant survenir dans une marche sur les Indes suite à la campagne de Syrie.
A propos de facilité, je n’hésite pas à retranscrire ici ce passage de sa lettre au Tsar du 26 février : « Le canal de Suez, qui joindrait les mers de l'Inde à la Méditerranée, est déjà tracé; c'est un travail facile et de peu de temps »


ezio-auditore a écrit :
Auriez-vous des documents exprimant l'avis de la Prusse quant au passage "assuré" des troupes françaises ?


Je n’ai pas connaissance d’une éventuelle démarche diplomatique (du côté de la Prusse et de la Perse, pour ce qui est du « plan » évoqué face à O’Meara) allant dans ce sens ; pas plus d’ailleurs que de préparatifs militaires. Comme dit plus haut, l’heure n’était pas à la conception de ce genre de gigantesque campagne.
Pourtant, l’idée d’un tel projet était bien dans l’air du temps à l’époque. Ainsi, l’ambassadeur Prussien Lucchesini écrivait le 27 février à Frédéric-Guillaume que Bonaparte se livrait à des études sur cet objet. Le lendemain, le Moniteur universel rapportait dans ses colonnes la lettre écrite par un Russe londonien (bien évidemment anonyme) le 17 février à un de ses amis à Hambourg :
« Qui doute que 30 mille Russes et 20 mille Français puissent traverser la Perse et se trouver en deux mois au cœur de l’Inde ? »
Un mois plus tard, le Journal de Francfort d’après des nouvelles de Paris datées du 3 avril annonçait la parution de l’écrit « Projet d’une expédition dans l’Inde, par terre ». C’est le document que j'ai recopié dans mon dernier post.
Quand on y regarde de plus près, un tel document pose quand même de lourds problèmes. Outre le fait qu’il soit anonyme, sans date et sorti de nulle part, on fait quand même passer le corps expéditionnaire français à travers l’Autriche et l’Empire Ottoman avant de parvenir sur les rives de la mer Noire. Pour la première puissance, l’affaire ne me semble déjà pas simple, mais pour la seconde, il faut quand même préciser qu’à cette date la Porte et la France sont en guerre… De la même manière, la traversée de la mer Noire fait fi des escadres anglo-ottomanes ; et la poursuite de la campagne après la traversée de la mer Caspienne semble ne poser aucun problème alors que l’armée alliée se retrouverait là en Perse qui bien évidemment ne s’opposerait au passage des Français (les Persans venaient d’ailleurs de signer un traité avec l’Angleterre au même moment…) et encore moins des Russes avec qui elle était en guerre...
Un tel document parait fort peu sérieux, et du coup très peu crédible. N’y aurait-il pas eu à l’époque quelque intérêt à Paris à faire paraître ce genre d’écrit afin d’amoindrir la pression britannique sur l’Egypte que l’on espérait encore sauvegarder ?

A noter qu’un tel projet avait été déposé par Guttin le 25 octobre 1799 au ministère des affaires extérieures. Son mémoire disait ceci :
« La Russie, de ses possessions en Asie et sur la mer Caspienne, pourrait donner la main à l’armée qu’on aurait en Egypte et de concert avec la France porter la guerre dans le Bengale. »



ezio-auditore a écrit :
Et tant d'années après, NB n'a toujours pas revu son analyse ?


Napoléon est dans la même optique que sa campagne orientale suite à la chute d’Acre : les Indes étaient à sa portée et lui ont échappé de peu. Et là encore, peu importe les états souverains à traverser, la logistique, le nombre d’hommes, les déserts, les distances…
A Longwood, ses promenades avaient leurs limites ; pas son esprit…

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Message Publié : 29 Août 2015 23:41 
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Grégoire de Tours
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Bonsoir,

Mais la paix sera signée avec Alexandre 1er le 26 septembre 1801, soit six mois après le décès de Paul Ier.
Talleyrand n'a-t-il pas renseigné son maître quant à l'équilibre précaire du pouvoir russe à ce moment ? Kolytchev est en poste mais pour combien de temps ?
Il semble que la prise de Malte rend Paul Ier quasiment dément. Il séquestre les navires anglais dans les ports russes et fait emprisonner les équipages.
L'Europe est au courant de ce tsar "brouillon". Talleyrand ne peut ignorer le complot : ce n'est pas le fait de quelques hommes visant à s'octroyer un pouvoir en quelques heures. Il y a plus de cinquante personnes "mouillées" menées par Bennigsen, Pahlen, Panine (le neveu) et autres.
La haine de l'Angleterre de ces deux hommes tient plus de sentiments personnels totalement irrationnels, il faut une hégémonie et la France tiendra la place ; Paul Ier peut être optimisé, ensuite on verra : c'est au coup par coup.
Réunir des bateaux ? La France peut-elle se le permettre ? Sa marine est-elle au top ? Pas en méditerranée semble-t-il (campagne d'Egypte, perte des îles ioniennes dont la tutelle a été -à ce moment où Paul Ier haïssait France et Français- offerte à l'empire ottoman) ?
Pour l'armée réunie dans le Nord, prête à l'assaut du Royaume-Uni, il restera l'épisode de Boulogne.
"... celles que votre Majesté a dans la mer Noire..." ; qui en est l'amiral à ce moment ? Ouchakov est sur la touche.
Le traité de Kütchück-Kajnardja ne peut être shunté. En se retirant de la 2nde coalition, Paul Ier contrarie quelque peu l'Angleterre, l'Autriche, Naples, le Portugal.
En 1798 les deux empires se garantissent mutuellement mais il n'est nulle question de la France. L'empire ottoman faisait, je crois, partie de la 2nde coalition.
La Porte va se fermer. Quant à Cadix, c'est un coup dans l'eau semble-t-il, tout comme le sera Boulogne.
- https://books.google.fr/books?id=K2sPAAAAQAAJ&pg=PA372&lpg=PA372&dq=bonaparte+et+cadix&source=bl&ots=S97NxZAiYP&sig=yc0K_KVWUrnAoPXSTmdwO8yKrmA&hl=fr&sa=X&ved=0CD8Q6AEwBmoVChMIu7GD_ZjPxwIVpafbCh1ffQSF#v=onepage&q=bonaparte%20et%20cadix&f=false

Il semble que Paul Ier se voit offrir la main pour un blocus continental avant l'heure et qui bien sûr serait moins poreux que celui à venir. Qu'offre-t-on au tsar ? Parce-que il semble enclin à avoir maints retournements dès qu'il s'estime mal payé : les deux hommes ont ceci en commun.
Fermer l'Elbe et le Weser mais c'est offrir le flan à de gros mécontentements. Paul Ier ne peut plus se permettre d'engager une armée qui ne lui obéit plus alors, qui va le soutenir ?
La France peut entretenir une entreprise sur mer et plusieurs fronts sur terre ?
Citer :
Paul avait lancé une telle opération sans en avertir Bonaparte.

Oui mais l'opération d'Inde, considérée comme une folie, une inconséquence impossible à entretenir et n'apportant rien a justement précipité la fin de Paul Ier.
C'était une lubie, une simple lubie mais de taille à celles que l'ont peut se permettre une fois au pouvoir.
Traverser la Perse ? N'y avait-il pas avec la Russie un modus vivendi (possession de la Georgie) ?
Citer :
Un tel document parait fort peu sérieux, et du coup très peu crédible. N’y aurait-il pas eu à l’époque quelque intérêt à Paris à faire paraître ce genre d’écrit afin d’amoindrir la pression britannique sur l’Egypte que l’on espérait encore sauvegarder ?

Plus rien ne pourrait m'étonner mais de toutes les manières pour l'Egypte, c'est fichu et là encore il y aura vraiment un manque de lucidité dans l'évaluation.
Il est aisé d'évaluer a posteriori mais j'emploie le mot "évalutation" dans le sens "connaissance des personnes". Nesselrode dans un échange en 1816 notera que nos diplomaties ne sont pas sur le même axe que la pensée de ces peuples. Evoquant les Asiates, il écrira que seuls les Anglais sont capables de comprendre de tels échanges car eux-mêmes agissent ainsi avec les tribus d'Inde.
Citer :
A Longwood, ses promenades avaient leurs limites ; pas son esprit…

A Longwood seulement ?
"... après avoir éliminé tous les pouvoirs qui équilibraient le sien, il [NB] a fait souvent de mauvais choix. A partir de 1807, il n'a plus de stratégie tellement réfléchie. Il joue des coups, et il les perd, que ce soit en Espagne ou en Russie. Il ne s'est pas rendu compte que l'Europe avait besoin qu'il fixe des limites à la prépondérance française" (T. Lentz)
C'est ceci que j'entends par le mot "évaluation".

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Message Publié : 30 Août 2015 9:20 
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Fustel de Coulanges
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ezio-auditore a écrit :
Traverser la Perse ? N'y avait-il pas avec la Russie un modus vivendi (possession de la Georgie) ?


A la fin du XVIIIe siècle, le royaume de Karthlie-Kakhéthie (la Géorgie avait été partagée à la fin du XVe siècle en trois territoires : l’Iméréthie, la Karthlie et la Kakhéthie) était sous domination persane.
En 1783, profitant de l’instabilité politique née de la mort du shah Karim Khan Zand, le roi de Karthlie-Kakhéthie, Héraclius II, se tourna vers la Russie et se plaça sous sa protection par le traité de Guéorguievsk.
En 1794, le nouveau shah, Agha Mohammad Khan Kadjar, décida de châtier Héraclius, envahit son royaume et mit à feu et à sang sa capitale, Tiflis (l’actuelle Tbilissi). L’année suivante, Catherine II, en conformité avec le traité la liant aux Géorgiens, lança ses troupes sur le petit royaume. Les Russes menés par le général Zoubov reprirent Tiflis, mais en raison de la mort de la tsarine, ne continuèrent pas leur marche sur Téhéran. Agha Mohammad Khan Kadjar, au printemps 1797, retenu jusqu’alors par des rebellions touchant le Khorossan, tenta de reconquérir ses terres. Son assassinat dans la ville de Choucha fit finalement avorter l’offensive.
Le 24 septembre 1798, Héraclius mourrait. Lui succéda Georges XII qui fit alors reconnaître son fils David, prince héritier, par le tsar Paul Ier. Ce dernier profita finalement des querelles dynastiques déchirant le royaume et des menaces extérieures pesant sur la région pour mettre la main sur la Karthlie-Kakhéthie. Ainsi, le 23 novembre 1799, fut signé le traité de Tiflis, par lequel Paul devenait Tsar de Géorgie, David obtenant le titre de Régent.
Le 28 décembre 1800, Georges XII mourrait. Les Russes refusèrent alors l’avènement du dauphin David, installèrent un gouvernement provisoire et s’opposèrent aux prétentions au trône du Julien, un autre fils d’Héraclius II. Le 15 septembre 1801, la Géorgie devenait une province russe.

La Perse n’avait pas admis cet état de fait et ne se soumit que le 24 octobre 1813 quand fut signé avec la Russie le traité de paix de Golestan.
Du coup j’imagine mal une flotte russe être accueillie avec joie dans la ville persane d’Astrabad, sans parler de la traversée du pays à venir pour ganger les rives de l’Indus…


ezio-auditore a écrit :
Nesselrode dans un échange en 1816 notera que nos diplomaties ne sont pas sur le même axe que la pensée de ces peuples. Evoquant les Asiates, il écrira que seuls les Anglais sont capables de comprendre de tels échanges car eux-mêmes agissent ainsi avec les tribus d'Inde.


Faisant le bilan de l’échec de ses démarches diplomatiques avec la Perse (qui au moment des faits qui concerne le fil n’avaient pas encore réellement débuté ; malgré les « certitudes » affichées, bien après les faits, par Napoléon), l’Empereur dit ceci à Les Cases (Mémorial de Sainte-Hélène) :
"J'avais commencé des rapports avec [la Perse], et j'espérais les amener jusqu'à l'intimité, aussi bien qu'avec la Turquie. Il était à croire que ces animaux eussent assez compris leurs intérêts pour cela ; mais ils m'ont échappé l'un et l'autre au moment décisif ; l'or des Anglais a été plus fort que mes combinaisons ! Quelques ministres infidèles auront, pour quelques guinées, livré l'existence de leur pays ; résultat ordinaire sous des monarques de sérail ou des rois fainéants."


ezio-auditore a écrit :
Citer :
A Longwood, ses promenades avaient leurs limites ; pas son esprit…

A Longwood seulement ?


Je ne me plaçais ici que sur l’objet de ce fil : les "rêves" orientaux.

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Message Publié : 30 Août 2015 16:05 
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Grégoire de Tours
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Bonjour,
Drouet Cyril a écrit :
A la fin du XVIIIe siècle, le royaume de Karthlie-Kakhéthie (la Géorgie avait été partagée à la fin du XVe siècle en trois territoires : l’Iméréthie, la Karthlie et la Kakhéthie) était sous domination persane.

Je vous remercie : c'est le nom que je cherchais.
Sur le net il existe de nombreux liens évoquant les épisodes de 1783 dont : https://books.google.fr/books?id=NgioOB9EHvEC&pg=PT13&lpg=PT13&dq=trait%C3%A9+de+Gu%C3%A9orguievsk.&source=bl&ots=ECkE0uNaqO&sig=BQBC8kNTByiZ5SfF9FF8ODqrqbc&hl=fr&sa=X&ved=0CCYQ6AEwAWoVChMInpulsf7QxwIVpafbCh1ffQSF#v=onepage&q=trait%C3%A9%20de%20Gu%C3%A9orguievsk.&f=false.

Le 15 septembre 1801, la Géorgie devient province russe mais Paul Ier est mort et Alexandre est plus intéressé semble-t-il par des réformes intérieures (il rappelle pour ceci ses fameux amis éloignés sous son père) que par des conflits expansionnistes.
Citer :
Du coup j’imagine mal une flotte russe être accueillie avec joie dans la ville persane d’Astrabad, sans parler de la traversée du pays à venir pour ganger les rives de l’Indus…

Je suis du même avis et donc une flotte russe qui aurait été abondée par une flotte française, que dire ?
J'ignore comment NB a pu estimer le temps d'une telle campagne lorsque l'on voit les estimations manifestement grossières qui furent faites face à la Russie.
Citer :
"J'avais commencé des rapports avec [la Perse], et j'espérais les amener jusqu'à l'intimité, aussi bien qu'avec la Turquie. Il était à croire que ces animaux eussent assez compris leurs intérêts pour cela ; mais ils m'ont échappé l'un et l'autre au moment décisif ; l'or des Anglais a été plus fort que mes combinaisons ! Quelques ministres infidèles auront, pour quelques guinées, livré l'existence de leur pays ; résultat ordinaire sous des monarques de sérail ou des rois fainéants."

Voyez les préjugés et les qualificatifs. Il reste en lui un esprit "troufion de base". Il a lu, il a retenu, sa mémoire l'a beaucoup aidé, il a su s'entourer (enlevez lui Fouché et Talleyrand et pas grand chose n'eut été possible), il reste brutal, épais dans son approche aux autres.
Avait-il besoin de "combinaisons" ? Bien sûr qu'il sait que tout a un prix. Ne comblera-t-il pas ceux qui l'entourent de fortune à un point tel que ce n'est que ceci qui revient dans son discours sur les "trahisons" : on lui doit tout, il a élevé chacun et il évoque les questions matérielles. Il semble tout à fait incapable d'apprécier un homme pour ce qu'il est et une femme autrement que pour ce qu'elle peut offrir... de matériel. Il ne faut pas chercher plus loin pour les défections : il croit tenir son entourage à coups de deniers et bien l'entourage fait fructifier (jusqu'au sein de sa propre famille) et ensuite, chacun est obnubilé par une chose et une seule : la fortune, en profiter et ne rien perdre.
Juste une question HS :oops: le fameux serment de fidélité est fait sans contrepartie ? L'homme ne s'engage pas de son côté et donc, s'il rompt lui-même son engagement, à ce moment chacun se retrouve libre ?
Ce serment ne peut être revu ? Ainsi, lors de certaines campagnes aurait-il pu être mieux servi. Peut-on remettre son bâton de Maréchal, cette remise déliant de tout serment puisqu'il arrivera un moment où échanger avec NB devient impossible, c'est donc se livrer pieds et poings liés à une ambition.
Citer :
Je ne me plaçais ici que sur l’objet de ce fil : les "rêves" orientaux.

Ce n'étaient pas des rêves et la fin de Paul Ier a été une chance pour la France. Ceci ne tient en rien du rêve, c'est du délire.
Dans un rêve, rien ne fait autant "charnière", rien n'est calculé tant bien (même si le calcul est à côté de la plaque), aucune place à l'onirisme pas plus qu'à l'imagination. Ce fut une volonté contrariée car les pions étaient bel et bien avancés.

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Message Publié : 30 Août 2015 18:20 
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ezio-auditore a écrit :
Le 15 septembre 1801, la Géorgie devient province russe mais Paul Ier est mort et Alexandre est plus intéressé semble-t-il par des réformes intérieures (il rappelle pour ceci ses fameux amis éloignés sous son père) que par des conflits expansionnistes.


N'empêche que la guerre entre la Perse et la Russie prit un nouvel essor en 1804 et ne s'acheva qu'avec la défaite persane et le traité de Golestan.

ezio-auditore a écrit :
une flotte russe qui aurait été abondée par une flotte française, que dire ?


J'ai du mal à vous suivre. Qui parle d'une flotte française à Astrabad ? Il s'agit bien évidemment uniquement d'une flotte de transport russe.


ezio-auditore a écrit :
J'ignore comment NB a pu estimer le temps d'une telle campagne


Où avez-vous une estimation de ce type chez Napoléon ?

ezio-auditore a écrit :
enlevez lui Fouché et Talleyrand et pas grand chose n'eut été possible


Quel "what-if ?" plein de certitudes... :rool:

ezio-auditore a écrit :
Ceci ne tient en rien du rêve, c'est du délire.


Attention a bien faire la différence entre ce que Napoléon a pu dire bien après les faits et la manière dont il a agi au moment desdits faits. Si, concernant la campagne des Indes suite à celle de Syrie, ou l'expédition franco-russe, tout semble possible à Sainte-Hélène, à l'époque c'est un Bonaparte autrement plus pragmatique qui agit.

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Message Publié : 30 Août 2015 22:38 
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Grégoire de Tours
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Bonsoir,

Citer :
N'empêche que la guerre entre la Perse et la Russie prit un nouvel essor en 1804 et ne s'acheva qu'avec la défaite persane et le traité de Golestan.

Un autre fil pourrait être ouvert et permettrait de mieux saisir les problèmes liés à la Transcaucasie et évoquer le conflit russo-persan dont Alexandre hérite.

Dans les "rêves orientaux", je crois avoir lu : "... La République française et l'Empereur de Russie, pour envoyer sur les bords de l’Indus, une armée combinée de soixante-dix mille hommes. …. Ce corps d'armée s'embarquera de suite, sur la mer Caspienne, et sera conduit à Astrabad, pour y attendre que l'armée française arrive. …. Ces troupes seront embarquées, dans des bateaux, sur le Danube, et descendront ce fleuve jusqu'à son embouchure dans la mer Noire .... Là, les troupes s'embarqueront sur des navires marchands, traverseront, dans toute sa longueur, la mer Caspienne, et arriveront à Astrabad, ville maritime de la Perse."

Peut-être ai-je mal compris mais il m'a semblé que du côté français tout était analysé avec une sorte de Paul Ier à la botte. Il sait donc bien que l'homme est instable. Bien sûr, ceci n'est pas aussi explicite mais le ton est donné. A Sainte Hélène, il n'évoque toujours pas ce paramètre.
Pour l'estimation, je parlais du temps. L'estimation du temps que ceci prendrait.

On pourrait comprendre mais malheureusement la définition du mot "rêve" ne correspond en rien à ce qui est présenté.
Il faut se positionner. Et il apparait que les pions étaient avancés de part et d'autre (Russie - France) cependant côté Russie avec des estimations d'un tsar délirant, évoquant une armée qui lui échappait dans un contexte où l'élite ne voyait de vie possible et sereine qu'avec son départ, quelle qu'en soit la forme et elle fut vite trouvée : c'est aussi ceci du pragmatisme.
Où est le "pragmatisme" de Bonaparte pour compter sur un tel appui, vouloir s'en faire un allié ? A ce moment déjà, c'est un homme prêt à tout et manifestement n'importe quoi pour abattre l'Angleterre.
Citer :
Attention a bien faire la différence entre ce que Napoléon a pu dire bien après les faits et la manière dont il a agi au moment desdits faits. Si, concernant la campagne des Indes suite à celle de Syrie, ou l'expédition franco-russe, tout semble possible à Sainte-Hélène, à l'époque c'est un Bonaparte autrement plus pragmatique qui agit.

Il faut se positionner avec les faits et les faits montrent un engagement de part et d'autre qui ne tient en rien du rêve puisque vous avez bien voulu nous donnez lecture des échanges.
C'est une chance pour la France que la fin de Paul Ier sinon il y aurait eu une campagne des Indes, les deux l'espérant et la souhaitant. Pourquoi ? L'un par une haine irrationnelle et soudaine de l'ami d'hier et peut être encore de demain, à ce stade... Et l'autre ? Et bien je pense que vous avez plus d'éléments que moi pour qualifier le rapport de NB à l'Angleterre et ses raisons.

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Message Publié : 31 Août 2015 6:12 
ezio-auditore a écrit :
Et bien je pense que vous avez plus d'éléments que moi pour qualifier le rapport de NB à l'Angleterre et ses raisons.
L'aversion et la vindicte vis-à-vis des Anglais serait donc décidément son moteur essentiel, jusqu'à nourrir des projets quasi délirants... après tout c'est au départ pour soutenir le blocus continental qu'il s'est fait des ennemies de l'Espagne, de la Russie, de la Suède, non ?

Serait-ce (une question, je ne connais pas si bien que ça) parce que Pascal Paoli s'est allié à l'Angleterre ?

J'ai cru comprendre (peut-on confirmer ?) que Hudson Lowe a été désigné comme son geôlier parce qu'il avait commandé avec bonheur un régiment corse au service de l'Angleterre. Et il était bien disposé au départ, jusqu'à mettre sa bibliothèque personnelle à la disposition des Français. Son prisonnier a fait avec persévérance ce qu'il fallait pour se le rendre odieux.


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Message Publié : 31 Août 2015 8:40 
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ezio-auditore a écrit :
Peut-être ai-je mal compris mais il m'a semblé que du côté français tout était analysé avec une sorte de Paul Ier à la botte. Il sait donc bien que l'homme est instable. Bien sûr, ceci n'est pas aussi explicite mais le ton est donné. A Sainte Hélène, il n'évoque toujours pas ce paramètre.
Pour l'estimation, je parlais du temps. L'estimation du temps que ceci prendrait.


Vous semblez considérer le plan présenté plus haut comme un document sur lequel on peut s'appuyer pour évoquer la supposée planification opérée au début de l'année 1801 relativement à une campagne franco-russe en direction des Indes, mais encore une fois, je tiens à préciser que je ne partage pas du tout cet avis, le document en question présentant sur le fond bien trop de problèmes et ne s'inscrivant pas avec ce qui commençait à être mis en place à l'époque entre Paris et Saint-Pétersbourg
Outre une correspondance amicale entre Bonaparte et Paul 1er, où le premier, considérant dès le 20 janvier la France comme en paix avec la Russie, commençait à évoquer des projets de collaboration entre les deux nations ; concrètement, avant la mort du Tsar, nous avons seulement le début des travaux (21 mars) devant aboutir à un traité de paix, et deux initiatives françaises : l'arrêté du 20 janvier défendant à tout bâtiment français (militaire ou corsaire) de s'attaquer aux navires russes, et la convention du 9 mars sur la libération des prisonniers russes.

ezio-auditore a écrit :
Où est le "pragmatisme" de Bonaparte pour compter sur un tel appui, vouloir s'en faire un allié ?


Le revirement de la Russie était une opportunité pour la France et il est logique que Bonaparte ait recherché à provoquer un rapprochement avec Saint-Pétersbourg.
Ensuite quand je parle de pragmatisme c'est pour bien signifier que le Premier Consul, au regard des documents que l'on possède, n’échafaudait pas des plans pharaoniques d'expédition franco-russe vers l'Inde (ce qui ne l'empêchait pas de réfléchir à des opérations maritimes vers l'orient), mais oeuvrait seulement à opérer le rapprochement entre les deux pays en vue de la paix et d'une éventuelle alliance.


ezio-auditore a écrit :
Il faut se positionner avec les faits et les faits montrent un engagement de part et d'autre qui ne tient en rien du rêve puisque vous avez bien voulu nous donnez lecture des échanges.


Tout dépend de quoi on parle. Quand j'évoquais dans le titre du présent fil les « rêves » de Bonaparte, c'était pour faire référence aux longs développements que ce dernier fit bien après les faits sur une campagne en direction des Indes et la constitution d'un empire d'Orient. Au moment des faits, les objectifs étaient bien différents. On peut tenir le même raisonnement concernant le plan d'expédition franco-russe évoqué à Sainte-Hélène.

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Message Publié : 31 Août 2015 18:01 
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Grégoire de Tours
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Bonjour,

Je considérais sans avis mais avec crainte. Vous avez un avis. Vous avez fourni des documents. Je vais essayer de comprendre à travers les documents fournis en shuntant ce que vous estimez "... un trop plein de problèmes..." puisqu'en ceci toute personne douée d'un peu de jugeote peut l'intégrer. ;)
Je reprends en me basant sur ce que vous donnez à compter du 27 août.

1- Dans l'échange avec O'Meara, le ton n'est ni narratif ni au conditionnel : "... Nous avions fait ensemble le projet de nous en emparer..."
Un projet est donc fait de concert avec la Russie. Pouvez-vous nous amener des documents arguant du contraire ? Ou alors il faut appeler un chat un chat : NB n'a plus tous ses esprits ou encore il se fiche ouvertement de l'homme avec lequel il échange, quitte à distordre l'histoire et pire à y insérer des tiers pour donner une impression plus sûre de pouvoir total, d'ententes superbes. A ce stade, aucun intérêt.
" … J'avais fourni le plan. Je devais envoyer 30 000 hommes de bonnes troupes, et lui un nombre égal des meilleurs soldats russes et 10 000 Cosaques... J'aurais fourni une somme de 10 millions pour concourir à l'achat des chameaux et des choses nécessaires pour traverser le désert. Nous devions tous les deux demander au roi de Prusse d'accorder le passage à mes troupes à travers ses états; il y aurait bientôt consenti..."
Le plan ne pouvait trouver naissance que dans l'esprit de NB. Il faut tout de même garder à l'esprit les chiffres car on les retrouvera, ils sont donc durablement inscrits dans l'esprit et pour ceci, il faut y avoir travaillé sinon le temps érode surtout ce qui tient du rêve.
"Je devais envoyer … et lui un nombre égal … j'aurais fourni une somme de 10 millions... Nous devions tous deux demander au roi de Prusse... il y aurait bientôt consenti."
Je vous laisse expliquer ce rêve éveillé concernant l'obtention des 10 millions et l'avis du roi de Prusse.
Du côté de la Russie, un autre malade se voit proposer un plan par Rostopchine qui tient du même. Et le malade d'acquiescer et de trouver que décidément ce Bonaparte est autrement plus intéressant que l'Angleterre.
Comme les documents abondent, ceci peut être pris comme une analyse qui se tient avec les égarements inhérents et récurrents de chacun (fureur contre l'Angleterre). Le tandem commence à faire du "petit vélo".

2- Bertrand pourrait être ouvertement pris pour un bouffon courtisan mais l'estimation de la vie dans le désert tient plus du délire que du rêve : " … pas aussi aride... il y a des villages et de l'eau...". NB a-t-il l'expérience d'une autre forme de désert que celui d'Egypte où il faut bien vite se débarrasser des prisonniers avec un esprit pragmatique : ça boit et ça mange...

3- "Sous le Consulat, ce document circula dans la presse d’Outre Manche... "
D'où vient ce document ? On pourrait opter pour la Russie mais le style n'est pas au rendez-vous.
"... délivrer ces belles et riches contrées du joug britannique, ouvrir de nouvelles routes à l'Industrie et au Commerce des Nations civilisées de l'Europe, et à la France en particulier; tel est le but d'une expédition digne d'immortaliser la première année du XIXe siècle, et les Chefs des Gouvernements qui ont conçu cette utile et glorieuse entreprise...". Ce style pompeux et pompier a une marque de fabrique ; les mots encore teinté de la révolution, doublé d'une grande sûreté et de visions sont remis au goût du jour : délivrer, joug, nouvelles routes, nations civilisées, France en particulier, digne d'immortaliser etc.
A ce moment, quel pays d'Europe est en pleine mutation pour employer l'adjectif "nouveau" à toutes les sauces ? L'Angleterre ? La Prusse ou l'Autriche ? Rien de nouveau, on craint même tout ce qui peut aller dans ce sens.

4- Il y a une "réponse aux objections" anticipées.
Qui émet ces objections et peut-on les avoir à lecture avant de se pencher sur les réponses ?
Les objections sont du même style, mêmes égarements, même fascination pour les chiffres, même exaltation pour la chose militaire.

Alexandre se verra gratifié d'un : "Je ne me refuse à aucune des stipulations préalables nécessaires pour arriver à un si grand but."
Lentz a raison, déjà en 1808, on peut le voir avec l'échange à Alexandre Ier, c'est du joué coup après coup. La paix est évoquée de manière alambiquée et à l'opposé du caractère de NB toujours dans l'action/réaction. Il bluffe ou plutôt il joue dans le sens "grosse comédie", il n'a jamais eu pour ceci le trait fin. Pie VII se chargera de le lui notifier.
Ceci pourrait expliquer le pourquoi des coalitions : personne ne peut faire confiance à la France menée par un homme qui n'aime pas la paix, qui rêve d'en découdre aux quatres points cardinaux, une bête de guerre que suit un troupeau encore tout illuminé d'une révolution d'où certains sont sortis auréolés de hochets, titres et rentes. Lui se paie en hommes.
On le verra au Traité de Vienne : ce n'est pas tant la France qui pose problème, c'est l'homme qui la gouvernait car de plus en plus dangereux et de moins en moins contrôlable.
Alexandre a eu tout le temps de considérer les dérives d'un monarque malade, les divagations qui suivent, les retournements, les ordres et contre-ordres etc. Ce style de prose, il connait et il en a déjà été au centre. Il a été [... ravalé au rang d'un enfant privé de toute liberté ... il doit scrupuleusement chaque matin rendre compte de ses activités à l'empereur dont il craint comme tous les autres l'arbitraire et le despotisme ... traité souvent d'incapable et d'imbécile ... accablé de réprimandes et de reproches humiliants : "... il ne pouvait placer ni déplacer personne ... ni signer son nom ... pupille des "gatchinois", il était traité par eux non comme un chef, non comme un fils d'empereur mais comme un élève que l'on reprend et néglige tour à tour..."...] ; l'observation des sautes d'humeur chez les autres, l'écoute des mots, la grandiloquence des termes pour ensuite se donner en spectacle, les courtisans apeurés, les missives à la limite de la correction, les ordres sans nuances, les conseils gratuits et lourds : Tolstoï ? Un crétin à écarter. il a déjà été en contact avec ce style d'ambiance.
Quid à ce moment des jougs et autres accès à la liberté pour tous, bien soulignés sur le billet envoyé outre-manche ?

5- "rêves" écrits avec Caulaincourt : on est prêt à dépecer l'empire turc, vu qu'une expédition en Inde ne peut que terroriser l'Angleterre (c'est décidément son dada).

6- "La lettre à Alexandre fut logiquement très favorablement reçue à Saint-Pétersbourg."
Qu'entendez-vous par "logiquement" et "très favorablement" ?
La fin de l'échange montre l'étendue de la malhonnêteté. On ne va pas pour libérer ; on ne va pas non plus pour que la Russie en tire un quelconque profit.
Citer :
... comme un document sur lequel on peut s'appuyer pour évoquer la supposée planification opérée au début de l'année 1801 relativement à une campagne franco-russe en direction des Indes ... le document en question présentant sur le fond bien trop de problèmes...

Le document est écrit, un échange est entamé : que faut-il de plus pour "la mise en place" ? On reprend avec le fils, ce qui était entamé avec le père. "... ne s'inscrivant pas avec ce qui commençait à être mis en place entre Paris et St Petersbourg..." Il y a bien un commencement de mise en place. Peu importe qui reprendra le flambeau en Russie.
Citer :
entre Bonaparte et Paul 1er, où le premier, considérant dès le 20 janvier la France comme en paix avec la Russie

NB champion des traités signés, même passés il fut un temps sans l'aval de Paris verrait dans le 20 janvier la paix ? Vous avez des documents le démontrant ?
Premier spectateur de l'effet "girouette" de son nouvel ami, il compte avec ce genre d'homme ? Il n'a aucune idée de ce qui se tramait pour mars alors qu'il a des espions partout et que Talleyrand, à son service, ne montrera aucun étonnement ?

Peut être n'avons-nous pas alors la même compréhension des mots "débuts de travaux". Vous voyez un début, là où je crains que les choses soient bien avancées. On connait la vélocité du quidam pour tout ce qui aboutit à un conflit : c'est ce qui lui donne une légitimité. Pas de conflit, nul besoin d'un militaire au pouvoir.
Les attaques des navires russes par la France étaient sanglants à ce point ? La libération des prisonniers russes est une bonne chose pour NB, des bouches en moins à nourrir. En quoi l'alliance avec un homme déséquilibré que ses élites ne suivent plus, où un complot bien ficelé n'attend plus qu'une voix pour passer à l'acte, un régime d'une grande instabilité avec des antécédents "barbares", un régime dont on ne peut évaluer la force sur la longueur est une opportunité ?

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Message Publié : 31 Août 2015 20:56 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Citer :
Dans l'échange avec O'Meara, le ton n'est ni narratif ni au conditionnel


A Sainte-Hélène, Napoléon est souvent affirmatif et plein de certitude ; mais ce n’est pas pour autant qu’il faut le suivre dans ses affirmations et autres certitudes.



Citer :
Un projet est donc fait de concert avec la Russie.


Nuance : O’Meara rapporte que Napoléon lui a parlé d’un projet. Cela ne constitue en rien une preuve irréfutable sur la mise en place d’un projet combiné à l’époque.



Citer :
Pouvez-vous nous amener des documents arguant du contraire ?


Je vous renvois la question. Quels sont les documents soutenant le fait qu’un plan combiné a bien été établi entre Paul et Bonaparte ? Dans la Correspondance diplomatique de Bonaparte avec la Prusse, l’Autriche, la Perse : rien ; et rien n’ont plus dans la correspondance militaire. A part les dires de Napoléon à Sainte-Hélène, qu’avons-nous sous la main ? le projet sorti de nulle part paru dans la presse d’Allemagne et d’Outre-Manche ? voilà qui est peu sérieux. Si vous avez autre chose, je suis tout ouïe. :rool: :rool: :rool:

Et puis, à Sainte-Hélène, il n’y a pas qu’O’Meara. Face à Bertrand, l’expédition combinée est oubliée :
9 février 1819 : « Si Paul 1er eût vécu, je l’aurais envoyé aux Indes.»
29 avril 1819 : « Pas de doute que si du temps de l’empereur Paul […], une armée (russe) de 40 000 hommes avait marché en Perse, elle eût conquis l’Inde. »
Même chose chez Las Cases :
10 août 1816 :
« Napoléon complotait, ajoutait-il , précisément en ce moment-là même [époque de l’assassinat de Paul] avec lui une expédition des Indes , et il l'eût certainement porté à l'exécuter. »


A noter également, pour revenir à O’Meara, que la victoire ne passait pas forcément par une marche sur les Indes :
« Si Paul avait vécu, a-t-il dit, la paix n’aurait pas tardé à se conclure avec l’Angleterre. Vous eussiez été incapables de résister longtemps aux puissances du Nord réunies. J’avais écrit à Paul de continuer de construire des vaisseaux, et de s’efforcer de liguer le Nord contre vous ; de ne point hasarder de batailles, parce que les Anglais les gagneraient, mais de vous laisser vous épuiser vous-mêmes, et de tout faire pour avoir une vaste flotte dans la Méditerranée. »



Citer :
NB n'a plus tous ses esprits ou encore il se fiche ouvertement de l'homme avec lequel il échange, quitte à distordre l'histoire


« Distordre l’histoire » ? Cela ne sera pas la première fois à Sainte-Hélène…



Citer :
Le plan ne pouvait trouver naissance que dans l'esprit de NB.


Un plan aussi inconséquent ? C’est bien mal connaître les talents stratégiques de Bonaparte…


Citer :
Je vous laisse expliquer ce rêve éveillé concernant l'obtention des 10 millions et l'avis du roi de Prusse.


Aucun début de commencement de démarche diplomatique allant dans ce sens n’a été entrepris du côté de la Prusse. A noter que du côté du « projet d’expédition », c’est par le Danube que l’on passe…
Concernant les chameaux, autre son de cloche chez Bertrand : « Il ne faut pas de chameaux »



Citer :
Du côté de la Russie, un autre malade se voit proposer un plan par Rostopchine


Faut-il supposer que l’autre « malade » est Bonaparte ? Si tel était le cas, voilà le genre d’« argument » massue aux relents anti-napoléoniens qui enlève tout intérêt à cette discussion. Je ne vous cache pas, à la lecture de ce genre de propos, que je ne suis pas loin d’y mettre fin.


Citer :
Bertrand pourrait être ouvertement pris pour un bouffon courtisan mais l'estimation de la vie dans le désert tient plus du délire que du rêve : " … pas aussi aride... il y a des villages et de l'eau...".


On est ici dans les mêmes grosses ficelles que celles utilisées devant Bertrand ou Gourgaud pour expliquer que l’Inde était à sa portée suite à une campagne victorieuse en Syrie :
« Avec des vaisseaux on franchit l’Océan, avec des chameaux les déserts cessent d’être un obstacle.»
« Dans le désert, j’aurais fait des marches de 10 lieues par jour »



Citer :
D'où vient ce document ?


C’est bien le souci. Ce qui ajoute à son côté fort peu crédible.



Citer :
6- "La lettre à Alexandre fut logiquement très favorablement reçue à Saint-Pétersbourg."
Qu'entendez-vous par "logiquement" et "très favorablement" ?


Là au moins on peut se référer à une lettre d’époque authentifiée. Mais c’est un autre sujet que celui la campagne combinée évoquée à Sainte-Hélène : j’y reviendrai plus tard.



Citer :
NB champion des traités signés, même passés il fut un temps sans l'aval de Paris verrait dans le 20 janvier la paix ? Vous avez des documents le démontrant ?


Je vous renvois à la Correspondance… :rool: :arrow:



Citer :
Peut être n'avons-nous pas alors la même compréhension des mots "débuts de travaux". Vous voyez un début, là où je crains que les choses soient bien avancées.


Kolytchev a été envoyé à Paris pour négocier un traité de paix. Il commença à travailler sur cet objet avec Talleyrand le 21 mars. D’où ma phrase : « le début des travaux (21 mars) devant aboutir à un traité de paix »



Citer :
Les attaques des navires russes par la France étaient sanglants à ce point ?


La Russie et la France étaient à cette date encore en guerre. A ce titre, un bâtiment militaire ou corsaire français pouvait logiquement attaquer un navire militaire ou de commerce russe. L’arrêté du 20 janvier le défendait à présent et toute prise faite après le 20 février était déclarée nulle.



Citer :
La libération des prisonniers russes est une bonne chose pour NB, des bouches en moins à nourrir.


C’est acte avant tout diplomatique. A l’époque, on libérait les prisonniers selon des conventions d’échange ou sous condition de ne plus les avoir à recombattre durant une durée déterminée. Il ne s’agit pas de cela ici ; et il est bien précisé que cette convention répond au souhait de vouloir montrer l’estime et la considération de Bonaparte pour le Tsar.



Citer :
En quoi l'alliance avec un homme déséquilibré que ses élites ne suivent plus, où un complot bien ficelé n'attend plus qu'une voix pour passer à l'acte, un régime d'une grande instabilité avec des antécédents "barbares", un régime dont on ne peut évaluer la force sur la longueur est une opportunité ?


C’est faire bien peu de cas du poids militaire et politique de la Russie en Europe, tout en considérant que l’assassinat de Paul était inéluctable…

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Message Publié : 01 Sep 2015 16:26 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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Bonsoir,

Citer :
A Sainte-Hélène, Napoléon est souvent affirmatif et plein de certitude ; mais ce n’est pas pour autant qu’il faut le suivre dans ses affirmations et autres certitudes.

En gros, ce sujet ne sert à rien. C'est une addition de "rêves éveillé". Un long essouflement de propagande qui n'a -dès le départ- n'a pas enfumé tout le monde :
"... l'arme la plus puissante dont ce soient servis jusqu'à présent les Français et avec laquelle ils menacent encore tous les pays, est l'opinion universelle qu'ils ont su répandre, que leur cause est celle de la liberté et de la prospérité des peuples. Il serait honteux pour l'humanité qu'une cause aussi belle dut être considérée comme le propre d'un gouvernement ... il serait dangereux pour tous les Etats de laisser plus longtemps aux Français l'avantage marquant d'en conserver l'apparence ... " (Instructions secrètes / Mémoires du prince Adam Czartoryski et correspondances avec l'empereur Alexandre Ier)
Il est clair que "Les Français" sont :
"Je suis bien revenu avec vous mon Cher, de notre opinion sur le premier consul. Depuis son Consulat à vie, le voile est tombé ; depuis lors, c'est allé de mal en pis. Il a commencé par se priver lui-même de la plus belle gloire réservée à un humain et qui seule lui restait à cueillir : celle de prouver qu'il avait travaillé sans aucune vue personnelle, uniquement pour le bonheur et la gloire de sa patrie, et fidèle à la Constitution alors qu'il avait juré lui-même de remettre après les dix ans le pouvoir qu'il avait en main. Au lieu de cela, il a préféré singer les cours, tout en violant la constitution de son pays. Maintenant, c'est un des tyrans les plus fameux que l'histoire ait produits" (lettre du 7 -19- juillet 1803 / Correspondance générale de Frédéric-César de La Harpe).
et vous-même écrivez :
Citer :
C’est bien le souci. Ce qui ajoute à son côté fort peu crédible.

Citer :
... C’est bien mal connaître les talents stratégiques de Bonaparte…

Lentz trouve qu'il n'a plus de stratégie réfléchie après 1807. Concernant son ouvrage sur Waterloo :
[... A l'intérieur, il pensait reprendre en main les Chambres après une hypothétique victoire. Dans cette défaite catastrophique pour la France, Napoléon a examiné toutes les responsabilités sauf la sienne. Or il a commis de nombreuses erreurs : dans le choix du commandement, dans son sentiment de supériorité par rapport à ses adversaires. Il méprise Wellington et surtout Blücher...]
Citer :
C’est faire bien peu de cas du poids militaire et politique de la Russie en Europe

Le sujet est "Les rêves" mais puisque vous y tenez :
[... Araktcheïev reçoit un message ... le tsar lui donne carte blanche pour renforcer l'artillerie. A... commence par inspecter plusieurs mois durant les régiments ... 446 000 hommes ... il conclut qu'il convient de séparer l'artillerie de l'infanterie ... qu'il faut cesser de la considérer comme une simple force d'appoint de l'infanterie ... il fonde aussitôt des écoles d'artillerie pour officiers et hommes de troupe ... cette réforme soulève des critiques de la part des officiers d'infanterie et, comme on le verra, durant les premiers engagements contre Napoléon, elle ne devait pas être immédiatement opérationnelle.] (M. Jenkins - Araktcheïev, grand vizir de l'empire russe) - Nous sommes en 1803.
[... dans la nuit du 1er au 2 décembre ... Weyrother convoque un conseil de guerre dans lequel il présente sa disposition pour la bataille à venir ... son exposé est traduit aux officiers russes qui se perdent dans l'énoncée des villages et des lieux-dits ; Koutouzov ... fait mine de somnoler.] (Cf. : le commentaire du général Ermolov à propos de la disposition des troupes : "... Elle ressemblait davantage à une description ... qu'au schéma d'un dispositif destiné à préparer toute une armée au combat." Sokolov - Austerlitz, Napoléon, l'Europe et la Russie)
[... les troupes mal équipées, mal chaussées et mal nourries sont confrontées à de grandes difficultés matérielles. Manquant de tout, l'armée russe est indisciplinée...]
Citer :
tout en considérant que l’assassinat de Paul était inéluctable…

Ce n'est pas l'assassinat qui était inéluctable mais la politique de Paul Ier et sa pathologie -à l'époque-.

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Message Publié : 01 Sep 2015 17:03 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 06 Fév 2004 7:08
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ezio-auditore a écrit :
En gros, ce sujet ne sert à rien.


C'est vous qui le dites. Pour ma part, je trouve qu'il permet de lire de manière critique certaines déclarations héléniennes.

ezio-auditore a écrit :
Citer :
... C’est bien mal connaître les talents stratégiques de Bonaparte…

Lentz trouve qu'il n'a plus de stratégie réfléchie après 1807.


1807 n'est pas 1801.

ezio-auditore a écrit :
Citer :
C’est faire bien peu de cas du poids militaire et politique de la Russie en Europe

Le sujet est "Les rêves" mais puisque vous y tenez : [etc, etc...]


Je ne vois pas le rapport entre ma remarque (concernant la logique de rapprochement entre la France et la Russie à la fin de l'année 1800) et ce que vous écrivez par la suite.

ezio-auditore a écrit :
Ce n'est pas l'assassinat qui était inéluctable mais la politique de Paul Ier et sa pathologie -à l'époque-.


Politique "inéluctable" ? J'ai du mal à saisir. De toute manière, ce qui importait pour la France, c'était que le torchon brûlait entre Londres et Saint-Pétersbourg. Cela ne pouvait laisser indifférent Bonaparte ; d'où les démarches diplomatiques entamées par la France fin 1800.

Je me permets de vous renouveler ma question de mon dernier message : "Quels sont les documents soutenant le fait qu’un plan combiné a bien été établi entre Paul et Bonaparte ?"

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Message Publié : 08 Juin 2016 17:55 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 18 Avr 2015 15:58
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Drouet Cyril a écrit :
A l’époque, les choses semblent pourtant bien plus complexe ...

Il était déjà question d'abattre l'Angleterre. Le choix ? [... les frapper dans leur repaire ou détruire leur puissance économique et commerciale...]
Je suis tombé sur un livre qui traite les années 1794/1799. Je découvre qu'il est déjà question de "détruire... économique et commerciale".
[Dans l'euphorie de la victoire continentale, la première formule sembla possible. Elle avait, en outre, la faveur de l'opinion parisienne. Dans le rapport de police pour la journée du 30 octobre 97, "l'esprit public" est ainsi décrit :
"... On veut une descente en Angleterre ; on veut que le gouvernement britannique forcé jusque dans ses derniers retranchements, soit puni du machiavélisme avec lequel il a trouvé le moyen de déchirer le sein de notre patrie. Les patriotes lui reprochent la Vendée, les royalistes lui reprochent Quiberon..." ... La France n'était pas seule ... les flottes de l'Espagne et de la République batave ses deux nouveaux alliés ... La flotte espagnole battue en 97 et les Hollandais écrasés au large d'Egmond ... Le Directoire s'obstina. Le 26 octobre, Bonaparte était nommé commandant en chef de l'armée d'Angleterre et lorsqu'il fut reçu au Luxembourg, à son retour de Rastatt, fut confirmé avec éclat dans cette mission : "Allez punir dans Londres ... des outrages sont trop longtemps impunis"
(Barras)]
Comment se fait-il que Bonaparte n'ait pas tout de suite refusé ? Mieux, il semble adhérer :
[Il avait déjà prévu le détail des effectifs et constitué son état-major. Truguet pressenti comme chef de la flotte ... et Pléville-Le Pelley devaient réunir à Brest des vaisseaux de ligne, des f'régates ... 50 000 hommes étaient prélevés sur l'Armée d'Italie. Pour financer l'expédition Ramel voulut exploiter le patriotisme ambiant et lança un emprunt. Le résultat en fut médiocre ; les riches avaient boudé la souscription...]
Que comprendre alors dans l'orientation de "l'esprit public" manifestement belliciste ? Quelles tranches sociales ?
[Le 8 février, Bonaparte partit inspecter les préparatifs d'invasion sur les côtes du Nord et le Pas de Calais. Le 23, il remettait au Directoire un rapport concluant que le projet était irréalisable.]
Comment comprendre cette volte-face ? Et qui décide de la suite :
[A défaut de conclure la paix avec l'Angleterre, il fallait lui faire la guerre en Hanovre ou en Egypte. Les Directeurs durent finalement convenir qu'une attaque frontale était hors de nos moyens.]
["Les temps ne sont pas éloignés où nous sentirons que, pour détruire véritablement l'Angleterre, il faut nous emparer de l'Egypte" (16 août 1797 - Bonaparte au Directoire). Malte était désigné au Directoire et renseignements étaient pris sur l'attitude de Constantinople. Pensait-il comme il l'a prétendu à SH suivre jusqu'à l'Indus les traces d'Alexandre ? ... Il semble avoir envisagé comme plus probable un séjour relativement bref -six mois- le temps d'installer la présence française en Egypte ... Surtout Bonaparte craignait, en restant en France, d'user sa popularité ... En Egypte il agirait en maître : "Il faut aller en Orient, toutes les grands gloires viennent de là" (NB à Bourrienne)]
Comment se fait-il que l'analyse d'un tel plan se trouve résumé à cette phrase, est-ce de la naïveté ? Un besoin de s'inscrire dans les pas de "grands" (la mode est à l'épopée) ? Un réel plus pour rebondir ensuite mais comment et pourquoi sa popularité se serait-elle usée ? N'était-il considéré par le Directoire que comme "bon à la guerre" ou désirait-il s'auréoler ?
Citer :
On peut notamment se souvenir du rapport de Talleyrand (13 février 1798) ... « Cette expédition [celle visant la conquête de l’Egypte] nous offre en outre les moyens de chasser les Anglais de l’Inde, en y envoyant du Caire par Suez un corps de troupe de 15 000 hommes.

[[i]ll -NB- reçut un sérieux renfort en la personne de Talleyrand. Le Ministre des relations extérieures fit au Directoire, le 26 janvier 1797, un rapport concluant à une expédition en Egypte. Deux raisons au moins l'y poussaient ... il souhaitait parvenir au Directoire et misait sur Bonaparte pour l'y aider. D'où sa volonté de lui plaire. D'autre part son anglophilie assurée et peut-être subventionnée, l'inclinait à détourner de l'Angleterre le choc de nos armées. Les Directeurs furent gagnés par les deux compères.]
Déjà une divergence, Talleyrand est anglophile et réussit au final le tour de force de plaire à NB et de convaincre les Directeurs. La suite de sa carrière montrera qu'il saura continuer à plaire à NB tout en s'accordant d'autres amitiés.
[L'Egypte était à l'abandon ... ce serait une colonie de substitution ... Comment les Turcs réagiraient-ils ? Bonaparte et Talleyrand affirmaient que Constantinople accepterait un arrangement, les Directeurs eurent la faiblesse de les croire. ... Les navires français arrivent le 9 juin à Malte, le Grand Maître de l'Ordre sans doute circonvenu ne fit qu'un simulacre de résistance ... Le débarquement (en Egypte) s'effectua précipitamment dans la crainte du retour des Anglais. Alexandrie se soumit le lendemain. Bonaparte faisait répandre une proclamation où il se disait chargé de libérer les Egyptiens du joug des Mamelouks et affirmait, avec force, le respect des Français pour l'islam]
La suite est loin d'être un rêve ou une partie de plaisir. [Bonaparte avait songé dès octobre à regagner l'Europe. Le Directoire lui avait donné l'autorisation de laisser son commandement quand il le jugerait utile.]
Comment le Directoire a pu laisser une si grande latitude à NB ? Voyait-il toujours en lui un "général de rechange" ou déjà un "incontournable" acceptant, par là, de scier leur branche d'assise ? Ou, encore, faut-il s'aligner sur cette constatation désabusée : "Insensiblement tout se désorganise, tout se décompose..." (Paris - Rapport de police - 19 prairial an VII) ?

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Message Publié : 08 Juin 2016 18:14 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 18 Avr 2015 15:58
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Drouet Cyril a écrit :
C'est vous qui le dites. Pour ma part, je trouve qu'il permet de lire de manière critique certaines déclarations héléniennes.

:oops: C'est vrai mais je relis ce sujet pas tant dans le but des déclarations de SH mais plutôt comme un renseignement sur une partie du Directoire car je n'ai trouvé aucun sujet évoquant les années dites de "Thermidor à Brumaire". Si NB y laisse son empreinte, il y eut tout de même autre chose.
J'étais en effet, largement HS parce-qu'obnubilé par la Russie.
Citer :
Je me permets de vous renouveler ma question de mon dernier message : "Quels sont les documents soutenant le fait qu’un plan combiné a bien été établi entre Paul et Bonaparte ?"

Aucun document, ceci apparaissait simplement dans le rédactionnel d'une biographie de Paul Ier.

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Message Publié : 08 Juin 2016 19:10 
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Grégoire de Tours
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Drouet Cyril a écrit :
Quand on évoque Bonaparte en Orient et plus précisément marchant vers l’Indus, on ne peut ne pas penser à Alexandre. Des campagnes mythiques de ce dernier, on se souvient des souffrances de son armée, notamment dans la traversée du désert du Mékran ... « De tous les obstacles qui peuvent couvrir les frontières des empires, un désert pareil à celui-ci [celui séparant l’Egypte de la Syrie] est incontestablement le plus grand. Les chaînes de montagnes, comme les Alpes, tiennent le second rang, les fleuves, le troisième; car, si on a tant de difficulté à transporter les vivres d'une armée que rarement on y réussit complètement, cette difficulté devient vingt fois plus grande, quand il faut traîner avec soi l'eau, les fourrages et le bois, trois choses d'un grand poids, très difficiles à transporter et qu'ordinairement les armées trouvent sur les lieux. » Quelques lignes plus tard, de tels dangers étaient gommés d’une docte et péremptoire réflexion : « Avec des vaisseaux on franchit l’Océan, avec des chameaux les déserts cessent d’être un obstacle. »

[Tandis que Desaix pacifiait difficilement la haute-Egypte ... Bonaparte préparait une expédition en Syrie. Non comme il le prétendait à SH pour conquérir les Indes (avec 13 000 hommes !) mais plus prosaïquement pour rompre le blocus et attaquer une armée turque qui se concentrait dans cette région ... Mais son armée sans renfort s'affaiblissait. Des nouvelles alarmantes parvenaient d'Egypte : une armée turque se formait à Rhodes ... Bonaparte dut lever le siège. Il avait perdu 4 000 hommes et 160 officiers. La retraite fut épouvantable. L'armée épuisée, exaspérée par l'échec, était au bord de la sédition. On avait regroupé à Jaffa les soldats atteints de la peste ...]
Est-ce la réalité car je n'ai, là encore, pas de textes, que du rédactionnel ?
- La République bourgeoise, de Thermidor à Brumaire - D. Woronoff
Si rien n'est exagéré ou orienté, comment l'entourage de NB à SH pouvait prendre des notes de rêves revus sans risquer de blesser le narrateur ? Et comment en face, pouvait-on jouer cette comédie de l'écoute ? Quelle était la finalité ?

_________________
"L'histoire remplit le vide du présent et se transforme elle-même en espérance !"


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