marc30 a écrit :
merci de me préciser ce qu'était le régime seigneurial et en quoi on le distinguait du régime féodal !
La distinction est bien expliquée dans le manuel "pouvoirs et institutions dans la France médiévale". Yves Sassier y expose dasn la 2è partie, "De l'ordre seigneurial à l'ordre féodal (fin 10-début 13è)", la soudaine prolifération de nouveaux châteaux, l'apparition autour du château de la seigneurerie comme instrument de domination comportant l'assujettissement de la paysannerie.
Il expose longuement en détail, la mise en place d'une
nouvelle autorité usurpant la puissance publique pour commander, juger, contraindre, taxer et imposer "un
droit éminent sur les tenures", y compris les tenanciers libres qui sont également contraints à verser des redevances. En vertu de son pouvoir de ban, le seigneur oblige à acquitter une taxe de protection, en nature le plus souvent, les sujets sont soumis à des corvées, au droit de gite ou son équivalent, des réquisitions, au service de garde du château.
Le seigneur s'accapare pour les taxer les fours à pain, les pressoirs, les moulins, les foires et marchés, les poids et mesures.
Un peu partout, les seigneurs ou chatelains s'approprient les communaux si importants en milieu rural, exige des redevances de la communauté villageoise. Parfois le seigneur s'approprie les terres en propriété d'usage, comme "bien propre". Il veut controler les mariages, les successions, les mutations y compris pour les alleux des paysans libres.
A la seigneurerie banale (le ban) d'origine politique, s'ajoute la seigneurerie foncière qui comporte les mêmes sujétions avec les mêmes mots.
La féodalité qui se développe à le même époque est autre chose, elle concerne le lien vassalique ou féodal qui se répand dans une partie du territoire, concerne certaines personnes et pas toute la population, avec son contrat de protection et sa sujétion purement personnelle au début, à partir d'un contrat de féodalité, qui fixe une dépendance du vassal envers un autre homme appelé plus tard le suzerain.
Les formules diffèrent, ne couvrent pas tout le territoire et sont parfois appliquées au recrutement par un seigneur d'agents d'administration ou de guerriers professionnels.
Les deux concepts, seigneurerie et féodalité se superposent mais il ne faut pas les confondre.
Ce que la Révolution a aboli sous le nom de droits féodaux, un terme plus frappant mais inexact car la féodalité est morte depuis longtemps en 1789, c'est en réalité les droits seigneuriaux qui étaient innombrables mais n'avaient rien à voir avec le lien vassalique. Des droits féodaux ont certainement survécu à l'implantation de l'autorité royale qui va balayer la féodalité politique, mais ne sont pas les innombrables sujétions et redevances dont étaient victimes les paysans dans la confusion la plus totale.
Il suffit de bien lire ce qu'est le contrat de féodalité dit aussi vassalique, qui ne concerne que des personnalités et pas l'innombrable petit peuple des campagnes, pour saisir la différence.
Duby distingue bien les concepts: d'une part le châtelain-seigneur "protecteur et maitre", qui "se superpose au seigneur foncier" et remet en ordre la classification sociale, le lien vassalo-féodal de la féodalité et sa nature d'obéissance et de protection, et enfin le chevalier et son code, qui n'est pas toujours le noble.