Tolan a écrit :
En fait, je ne vois pas pourquoi il y aurait eu des changements en 1789. Pour acheter, il faut avoir de l'argent. Ceux qui en avaient pouvaient en acheter avant 1789. Donc les terres qui auraient été saisies lors de la révolution, ont dûes être achetées par des laboureurs déjà propriétaires de d'autres biens.
Il y a eu deux novations en 1789, d'une part la disparition des sujétions seigneuriales (taxes et obligations diverses, corvées ..) plus que féodales en fait et de tout ce qui était relatif aux ordres comme les dimes, les privilèges de la noblesse dans l'armée, les fonctions. C'est un ensemble qu'on a appelé à tort les droits féodaux quoique il y ait eu des suppressions de vieux droits féodaux demeurés en place comme il vient d'être dit, malgré la fin de la féodalité. On a dit aussi suppression des privilèges.
Concernant la propriété, certes bourgeois et paysans possèdent déjà de nombreuses propriétés foncières et les terres des nobles et du clergé ne vont pas, du fait de 1789, être remises au paysan fermier ou métayer comme on le croit parfois.
Le droit de propriété est en effet sacré sous la Révolution, Robespierre dans sa constitution suspendue y touchera peu.
La novation concernant la propriété, est une autre mesure que l'abolition des privilèges du 4 août 1789, c'est la mise à disposition de la nation des biens du clergé votée le 12 novembre 1789 sur proposition de Talleyrand qui gérait ces biens au nom du clergé comme Evêque. Ces biens vont être mis en vente aux enchères dans toute la France. Or, ils sont considérables. Qu'on s'imagine dans Paris, les biens des monastères en 1789, c'est de l'ordre du quart de la superficie de Paris. Ce que la nation ne garde pas sera vendu à des prix très bas en raison de l'importance de l'offre.
Des fortunes considérables vont s'édifier.
Les paysans qui exploitaient ces terres s'attendaient à devenir propriétaires avec une priorité en leur faveur, un droit de préemption. Il n'y en aura pas. Sidérés, les paysans verront les terres dont ils sont fermiers ou métayers parfois depuis des générations leur "passer sous le nez", achetées par des avocats, des médecins, des fonctionnaires, des commerçants du bourg, de riches propriétaires terriens, des paysans fortunés, qui disposent de moyens et ont compris que les prix allaient exploser avec les assignats et qu'on pouvait emprunter pour s'enrichir. Il en résultera une colère des paysans frustrés, dont de plus le bail va augmenter partout. Double peine.
Autres ventes massives de terres, celles qui ont été réquisitionnées après l'émigration des nobles. Certains nobles comme le duc d'Orléans disposaient d'un énorme capital foncier. Il sera réquisitionné comme bien d'Etat et vendu en partie, dans les conditions précitées.