Lei Ming Yuan a écrit :
En fait quand je disais qu'il fallait démontrer que Napoléon avait des principes, je pensais plutôt à des principes anti-esclavagistes ou des convictions républicaines.
En ce qui concerne ces deux principes, je pense qu'on peut affirmer sans risque de se tromper que Napoléon et Robespierre sont absolument irréconciliables.
Evidemment, on trouvera toujours des citations de Napoléon (ou de son prédécesseur, Bonaparte), pour dire son attachement aux principes républicains (1) ou l'importance qu'il accordait à la liberté des Noirs, mais il me semble évident que ce sont là des postures - l'Etat qu'élabora Bonaparte fut l'antithèse du projet révolutionnaire soutenu par Robespierre, et on sait les mesures prises pour restaurer, au moins en partie, l'esclavage dans les colonies. On pourrait objecter qu'il fut lui-même pressé par les événements et qu'il a agi par pragmatisme. Difficile de trancher.
Restent quand même quelques réflexions qui montrent que la condition des Noirs lui passait largement au-dessus de la tête :
"Comment a-t-on pu donner la liberté à des Africains, à des hommes qui n'avaient aucune civilisation, qui ne savaient seulement pas ce que c'était que colonie, ce que c'était que la France ? Il est tout simple que ceux qui ont voulu la liberté des Noirs, veuillent encore l'esclavage des Blancs. Mais encore croyez-vous que, si la majorité de la Convention avait su ce qu'elle faisait, et connu les colonies, elle aurait donné la liberté aux Noirs ? Non sans doute : mais peu de personnes étaient en état d'en prévoir les résultats, et un sentiment d'humanité est toujours puissant sur l'imagination. Mais à présent tenir encore à ces principes, il n'y a pas de bonne foi, il n'y a que de l'amour-propre et de l'hypocrisie." (2)
Mais il avait assurément d'autres principes, ou valeurs, qu'il partageait avec les notables de son temps - l'ordre, la stabilité, la famille, etc. Le patriotisme me semble également une valeur solide. C'est sans doute ce qu'il voulait exprimer lorsqu'il parlait de la France comme principe.
Je ne me risquerai pas à développer, étant bien moins savant que nombre d'intervenants de ce forum sur Napoléon.
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(1) J'ai conscience que "principe républicain" est sujet à discussion. Je l'entends ici dans son sens général, qui avait cours alors, après 1792 et jusqu'en 1799, d'une souveraineté nationale incarnée dans une assemblée représentative, avec un "Etat" limité à ses fonctions exécutives. Le Consulat renonça à ce système, pour donner la prééminence à l'exécutif, inventant "L'Etat" moderne que nous connaissons encore aujourd'hui. (2) Napoléon à Truguet, 12 mars 1803, Thibaudeau, Le Consulat et l'Empire, 1834, p. 323.