Drouet Cyril a écrit :
A noter que la célèbre manœuvre du 2 décembre ne fut mise sur pied que sur le tard. En effet, le plan initial du 1er décembre, de 20 h 30, concentrait principalement les efforts français sur le secteur nord et ne prévoyait pas les combats (pourtant essentiels dans le second plan) de Telnitz et Sokolnitz.
Déjà le 16 novembre :
"... L'avant garde de l'armée de Tchitchagov commandée par le comte Lambert (émigré passé aux Russes) et composée de 8 000 hommes environ atteint Minsk. Napoléon apprend la nouvelle le 18, il est à Orcha. Il ordonne à Dobrowski, au 2e corps d'Oudinot et au 9e de Victor de concentrer leurs forces à Borissov pour sécuriser le pont qui devra servir de passage aux hommes. U redoux est observé, la Bérézina est recouverte d'une fine couche de glace propre à s'enfoncer. Oudinot triomphe d'une attaque de Pahlen, les Russes sont sur la rive droite et Oudinot contrôle le pont de Borissov. 20 000 hommes sont en bonne condition en couverture de la grande armée car ils n'ont pas souffert de l'interminable retraite.
Le 20 de ce mois, Orcha est quitté : 35 à 40 000 hommes, la garde impériale et 40 à 55 000 hommes désarmés, malades, blessés, traînards et mal nourris :
"... Aussi vivions-nous d'une manière miraculeuse, tantôt avec de la farine détrempée dans l'eau sans sel, tantôt avec un peu de miel ou quelques morceaux de chair de cheval sans autre boisson que la neige fondue..."Eblé a demandé à emporter une quinzaine de bateaux pour la construction de ponts mobiles, il essuie un refus de l'Empereur, c'est dit, le pont Borissov suffira ! Eblé négocie le droit de conserver 6 fourgons (bois, fer, forges de campagne, charbon, cloux, clameaux d'assemblage) décision salutaire...
Le 22, mauvaise nouvelle : la GA est menacée de plusieurs côtés. Tchitchagov au sud-est (35 000 hommes), Wittgenstein (30 000 hommes) marche vers Oudinot, 70 000 hommes menés par Koutouzov talonnent la GA.
Où traverser ? Comment ? La question hante l'Empereur, il s'en ouvre à son entourage. La rivière est large, boueuse, charrie des blocs de glace... Corbineau avancent fortuitement une solution : coincé quelques jours auparavant, des paysans lui ont indiqué le gué de Stoudianka (15 Kms au nord de Borissov) et il a pu passer ! Rapport en a été fait à Oudinot, qui fait monter l'indication à l'Empereur.
Largeur de la rivière : 110 m ; profondeur : entre 1,5 et 2 m. Dans la nuit du 25 deux ponts distants de 100 m commencent à prendre forme par les 400 pontonniers d'Eblé et les 600 sapeurs de Chasseloup-Laubat :
"... Au crépuscule on alluma les forges et toute la nuit pendant que les sapeurs du 2ème corps démontaient les isbas de Stoudienka et sciaient le bois, les pontonniers forgeaient les clous, montaient les chevalets et préparaient les radeaux..."Deux ponts : un léger pour l'infanterie et la cavalerie, un plus solide pour les voitures et l'artillerie. Les hommes travaillent de l'eau jusqu'à la poitrine, évitant les arêtes des glaces.
26 novembre, 13H00 : le premier pont est opérationnel. Commence alors la traversée des 2, 3 et 5ème corps. Le second pont est achevé trois heures plus tard et s'effondre en partie vers 20H00 ; les pontonniers sont à nouveau à l'épreuve sous une neige drue. Pas moins de 19 000 soldats s'égrènent ainsi toute la nuit, silencieusement...
Des cosaques préviendront Tchitchagov dans la nuit du 26. Ses troupes sont exténuées, Wittgenstein est trop loin.
Le 27 au matin, Napoléon et son état major sont sur la rive droite...
Si erreurs il y a, je compte sur vos rectifications, on apprend toujours des autres...
Diversion n'est pas traîtrise, c'est s'appuyer sur la force "faible" de l'adversaire qui n'a pas su anticiper et puis c'est aussi savoir optimiser toutes les informations, les analyser dans un temps restreint...
Où commence le génie, où finit la chance ?