Drouet Cyril a écrit :
Citer :
Quelques précisions apportées par Masson:
- "les navires de guerre sont anciens"
Il ne faut pas généraliser. La flotte présente un aspect hétérogène, mais tous les navires ne sont pas des antiquités, comme peuvent l’être le Conquérrant, le Guerrier ou le Peuple Souverain. Ainsi, la moitié des navires n’a pas 10 ans.
Le problème n'est pas tant leur ancienneté que leur vétusté. Le "Victory" de Nelson à Trafalgar a bien 40 ans. Mais sans entretien ni refonte (et c'est ce que précise la seconde partie de la phrase), un navire perd très vite toutes ses qualités, qu'il soit récent ou non.
Citer :
- pour pouvoir compléter les équipages, on a "raflé" tous les hommes disponibles jusque dans l'arrière pays (et même jusqu'à Bordeaux!) et à compléter les équipes de cannoniers avec des artilleurs de l'armée de terre (bien sûr non entrainés au tir en mer)
- malgré ces mesures, à l'appareillage, le déficit en hommes d'équipage est compris entre 15 et 20% (l'Orient: 850 pour un équipage nominal de 1150, le Franklin: 650 pour 870...)
Il manque en effet en moyenne 16 % des effectifs réglementaires. Et comme vous le dîtes, ce qui aggrave la situation, c’est que le déficit n’est pas seulement quantitatif, il est aussi qualitatif."[/quote]
Je ne m'aventurerais pas à tant de précision mais si vous le dîtes...
Citer :
- afin de renforcer son corps expéditionnaire, Bonaparte n'a laissé à bord de chaque vaisseau que 100 cannoniers, 50 à bord des frégates
J’ai déjà entendu parler de prise de canonniers de marine notamment pour la flottille du Nil, mais pas dans ces proportions là.
Pourriez-vous nous donner l’intitulé précis de l’ordre soutenant une telle ponction, s’il vous plait ?
Quand on sait que pour servir les 28 canons de 36 livres sur un vaisseau de 74 il faut théoriquement 213 hommes, cela voudrait dire que la batterie de 36 ne serait servie que par moins de la moitié de son personnel ? Et que dire alors pour le service des pièces restantes : les 30 canons de 24 et les 16 de 8 ?
Ce déficit est déjà énorme pour un vaisseau de 74, mais comment peut-on le qualifier pour ce qui est des vaisseaux de 80 et de 120, logés à la même enseigne que les 74 (malgré leur nombre supérieur de pièces et leur besoin accru de servants) si l’on en croit votre information ?"[/quote]
C'est Masson (ancien chef de la section historique de la marine, lui même agrégé d'histoire) qui donne ces chiffres. Ils m'ont à moi aussi semblé insensés mais je ne vois pas Masson faire une telle bourde, et je ne comprendrais pas le sens d'une tromperie.
Citer :
D'après Ganteaume:
"Il faut bien du courage pour se charger de conduire des flottes aussi mal outillées... "
Bourrienne:
"... qu'en cas de rencontre avec les Anglais, il ne répondait de rien."
"Dieu veuille que nous passions sans rencontrer les Anglais"
Attention, vous liez ici deux citations se rapportant à des moments différents. La lettre du Brueys (et non de Ganteaume) date du 9 juillet, l’escadre étant au mouillage dans la rade d’Aboukir ; alors que, de son côté, Bourrienne (dont il faut se méfier…) parle d’une réflexion de Brueys relativement à une rencontre entre Français et Anglais en pleine mer, les vaisseaux encombrés, sur la route de l’Egypte. Les deux situations sont différentes et difficilement comparables."[/quote]
D'après Masson, il s'agit bien d'une phrase de Ganteaume mais l'important n'est pas là.
Vous avez raison mais la flotte étant supposée protéger les transports, il me semble assez significatif que Brueys redoute cette éventuelle rencontre.
Citer :
Ainsi, dés le départ, la messe semble dîte...
Au moment du départ de la flotte expéditionnaire, mais si les défauts dont nombreux, il ne me semble pas que l’on puisse présager des décisions prises ultérieurement qui aggravèrent la situation de l’escadre et qui conduisirent au désastre d’Aboukir.[/quote]
Bien sûr mais alors qu'elle quitte Toulon, cette flotte est déjà dans un état de faiblesse manifeste. Dans ces conditions, la maintenir sur les côtes d'Egypte ne peut qu'aboutir à Aboukir.