gaete59 a écrit :
Drouet Cyril a écrit :
Les proclamations du comte de Fargue valsaient avec le vent…
Hors les hommes et la versatilité bien française,
Napoléon ne disait-il pas à propos des Français : « Ce sont de vraies girouettes au gré des vents » (mémorial de Sainte-Hélène) ou encore à propos de la France : « La nation française n'a pas de caractère, elle ne fait tout que par mode. Aujourd'hui ils sont d'un parti et demain d'un autre, en disant qu'ils ont toujours été de ce dernier. »(Gourgaud, Journal de Sainte-Hélène) ?
Proclamation du comte de Fargue, maire de Lyon, 7 mars 1815 :
« Habitants de Lyon !
Bonaparte violant son serment, vient de quitter l'Ile d'Elbe, et a débarqué sur les rives de la Provence le 1er de ce mois, accompagné de quelques Français égarés et d'une poignée de déserteurs, la lie de toutes les nations étrangères.
Aveugle instrument des ennemis de la France, quel est son espoir ? A-t-il pu croire que son apparition sur un territoire devenu à jamais pour lui une terre étrangère, suffirait pour troubler cette harmonie, cette paix, cette heureuse tranquillité dont la France, depuis sa retraite, goûtait le charme, sous l'égide d'un gouvernement paternel et légitime ?
Que peut, en effet, le délire d'un homme ? Que pourrait même une armée contre l'autorité d'un souverain révéré, d'un roi dont la puissance repose sur les droits les plus sacrés, et plus encore sur un sentiment inaltérable, l'amour de ses sujets; d'un roi enfin dont la France apprécie chaque jour la profonde sagesse ?
Habitants de Lyon ! vous donnerez dans cette circonstance, à ce monarque adoré, de nouvelles preuves de cet amour, de ce dévouement, et de cette fidélité qui, au milieu de nos orages, firent votre gloire et excitèrent l'admiration de l'Europe entière. Vous comparerez le bonheur, le repos et la tranquillité dont vous jouissez depuis neuf mois avec les inquiétudes, les angoisses auxquelles vous étiez livrés; avec les sacrifices de toute espèce que l'on exigeait de vous à chaque instant pendant les années précédentes, et vous apprécierez la différence.
Vous vous rappellerez avec orgueil cette courageuse résistance que vous apportâtes à défendre le trône contre des factieux, et vous et vos enfants serez encore une fois dignes de cette belle réputation que votre intrépidité attacha au nom lyonnais.
Citoyens de toutes les classes, soyez sourds aux insinuations perfides que des agitateurs pourraient chercher à semer parmi vous; restez tranquilles, vos magistrats veillent, reposez-vous sur leurs soins et sur leur vigilance.
Et vous, braves gardes nationaux, dont la cité ne peut oublier les éminents services, acquérez de nouveaux droits à la reconnaissance de vos concitoyens, qui vous est due à tant de titres.
Que l'union la plus intime règne parmi vous; que tout ferment de discorde soit éloigné; que tous vos efforts n'aient pour but que le maintien du bon ordre , qu'un seul sentiment vous anime, l'amour du Roi et de la Patrie.
Fidèles à l'honneur, vos magistrats seront toujours à votre tête; ils fondent cette confiance sur le bon esprit qui, dans toutes les circonstances, vous a constamment dirigés. »
Proclamation du comte de Fargue , maire de Lyon, 7 mars 1815 :
« Habitants de la ville de Lyon !
Napoléon revient dans cette cité dont il effaça les ruines dont il releva les édifices; dont il protégea le commerce et les arts ! Il y retrouve, à chaque pas, des monuments de sa munificence ; sur le champ de bataille comme dans ses palais, toujours il veilla sur vos intérêts les plus chers ; toujours vos manufactures obtinrent des marques de sa généreuse sollicitude.
Habitants de Lyon ! Vous revoyez dans Napoléon celui qui vint, en l'an VIII, arracher notre belle patrie aux horreurs de l'anarchie qui la dévorait ; qui, conduisant toujours nos phalanges à la victoire, éleva au plus haut degré la gloire des armes et du nom français ; qui, joignant au titre de grand capitaine, celui de législateur, donna à la France ces lois bienfaisantes et tutélaires dont chaque jour elle apprécie les avantages.
Citoyens de toutes les classes, au milieu des transports qui vous animent, ne perdez pas de vue le maintien de l'ordre et de la tranquillité. C'est le plus sûr moyen d'obtenir qu'il daigne vous continuer cette bienveillance particulière, dont il vous multiplia tant de fois les gages. »
Proclamation du comte de Fargue, maire de Lyon, 16 juillet 1815 :
« Le Roi est rendu à la France. Médiateur respecté et bienfaisant, lui seul peut désarmer les souverains de l'Europe, réunis pour venger une funeste infraction au traité de Paris ; lui seul peut nous faire encore une fois jouir de cette paix dont nous commencions à sentir les douceurs, et dont une désastreuse entreprise nous à privés depuis quatre mois.
Lyonnais, la volonté du Roi me rend l'exercice des fonctions paternelles qu'il avait confiées à mon zèle. Heureux d'avoir pu, dans des jours non moins critiques, vous donner quelques preuves de mon dévouement, j'ai accepté, sans hésiter, la tâche qui m'est imposée. Rétablir le calme dans votre cité, y ramener l'ordre et l'union: voilà mes premières, mes plus importantes occupations. Je consacrerai tous mes soins, j’emploierai tous mes efforts pour atteindre ce but ; et je me plais à trouver en vous-mêmes l’assurance d'y parvenir.
Habitants de cette intéressante cité, le cœur généreux de S. M. vous est ouvert. Vous savez quelle est sa clémence ; sa bonté vous est connue. Soyez certains que le premier, que le plus doux de mes devoirs a été et sera toujours de me conformer fidèlement à ses intentions bienfaisantes.
Il ne dépend donc que de vous seuls, que mes vœux les plus chers soient accomplis. Ralliez-vous sincèrement autour de vos magistrats, écoutez leur voix fidèle ; ils vous parlent de vos véritables intérêts.
Quelle qu'ait été, quelle que soit encore l'opinion de quelques-uns d'entre vous, confondons nos sentiment, n'ayons qu'un même désir, un seul but : la prospérité commune, le salut de tous.
Les événements de la guerre (triste fruit d'une trame odieuse qui a jeté l'alarme dans toute l’Europe) ont ramené les armées étrangères jusque dans vos murs, et au sein même de la capitale. Quoiqu'elles n'y viennent point en ennemies, vous aurez à supporter de nouvelles charges qui vous coûteront de nouveaux sacrifices. Vous les ferez avec résignation; ce seront les derniers.
Vous éviterez avec soin tout ce qui pourrait exciter la moindre discorde, occasionner la moindre mésintelligence entre vous et les troupes alliées.
Tout citoyen paisible sera efficacement protégé, tout perturbateur du repos public sera promptement et sévèrement puni.
Garde nationale, qui avez pour premier chez l'auguste frère de notre Roi, et pour premier devoir le soin de veiller avec nous pour l’ordre et la tranquillité de cette ville; redoublez de zèle et d'ardeur ; achevez l'ouvrage que vous avez si bien commencé, servez un Roi sage et éclairé, qui veut et qui peut seul faire notre bonheur ; restez toujours fidèles à votre institution, au drapeau de vos ancêtres. Votre gloire l'exige aussi bien que l'intérêt de la patrie. Nous ne devons plus avoir qu'un but, l'honneur et le salut de la France ; plus qu'un cri de ralliement :
Vive le Roi ! »