Elgor a écrit :
Narduccio a écrit :
Avant les premières tentatives de canaliser le Rhin entre Bâle et Strasbourg, ce fleuve se divise en un nombre importants de bras qui passent entre des îles dont l'emplacement peut changer d'une saison sur l'autre. En diverses périodes, le Rhin a pu être franchi par des troupes de cavaliers ou de piétons. Parfois à pied sec ... Surtout lorsque le fleuve est gelé. Mais, c'est aussi réalisable lors de certaines périodes très sèches. Donc, le Rhin n'est pas une garantie stratégique. Sauf si on prend des dispositions pour le fortifier en installant des forts et des troupes en armes, ou si on le canalise. Mais, c'était plus dur à faire qu'à dire.
Le Rhin ne se limite pas à l'Alsace ! la frontière naturelle passait aussi par Mayence et Coblence, et là, le fleuve est autrement imposant
Oui, mais c'était pour souligner la faible valeur stratégique du Rhin, du moins au XIXème siècle. On peut le franchir par divers ponts. Normal, ils sont faits pour cela et on peut défendre les abords d'un pont, à la limite en le détruisant. Mais, on peut le traverser en bateaux. Donc, un ou plusieurs corps d'armée peuvent choisir un endroit peu défendu ou peu défendable et traverser. Et dans le cas du Rhin, on pouvait le franchir à pied. Simplement à gué comme le firent les français de Turenne. Entre autres. Mais, aussi à pied secs dans certaines configurations particulières. Bref, il me semble que "l'intérêt stratégique" du fleuve cache d'autres intérêts. Il y a un intérêt stratégique qui est l'éloignement physique de la frontière des terres françaises qu'on veut protéger. Ces zones frontalières étant destinées à être les zones où l'on arrêterait l'invasion. Ce fut le cas de l'Alsace-Moselle entre 1870 et 1918. Ce qui fait douter pas mal de monde de la volonté d'intégration des peuples qui y habitaient à la grande nation allemande. Ces peuples se sentant souvent comme des citoyens de seconde zone. Mais, en fait, on repousse le problème, puisqu'une fois intégrée, il faut protéger les régions frontalières. L'intégration française à l’État-nation s'est souvent faite comme cela. On prend de nouveaux territoires. On donne des droits aux habitants de ces territoires. Et lorsqu'il y a des tensions avec les voisins, on pense que pour protéger ces territoires, il faut en conquérir d'autres.
De plus, tout cela peut aussi cacher des intérêts économiques.
Les français ont bâti un État-nation a partir de la fusion de divers peuples. Les Allemands vont se construire à partir de l'idée que les terres qui appartiennent ou où vivent des peuples d'origines germaniques sont destinées à devenir germaniques. Il y aura un débat tout au long du XIXème siècle dans les pays germaniques ou susceptibles de l'être sur cette question de l'appartenance ou non à l'Allemagne. Les Français ne peuvent prétendre occuper les terres des peuples français ou romands. Ils devraient annexer des terres appartenant à d'autres pays, en contradiction avec des traités qu'ils ont signé. Surtout que s'ils se limitent aux terres du peuple francs ... il faudrait en rendre un certain nombre qui ne furent jamais envahies par les Francs ... D'où, à certains moments, l'idée des "frontières naturelles" qui se baseraient sur un concept géographique et non pas historique.