Attention : Lasalle est tué d'une balle en pleine tête le soir de Wagram en 1809, c'est Poniatowski qui se noie immédiatement après Leipzig en 1813.
Murat n'agit pas de sa propre initiative à Eylau mais sur ordre direct de l'Empereur : "Nous laisseras-tu manger par ces gens-là ?" ; en rien pour "épauler" un collègue puisque le 7e Corps d'Augereau a disparu de la ligne française, massacré par l'artillerie russe ou débandé. Cette disparition crée un trou au centre de la ligne que les Russes entendent exploiter, et Napoléon doit aveugler cette brèche le temps d'y insérer d'autres unités d'infanterie (la Garde au premier lieu, qui défend déjà le cimetière - de mémoire).
Pour la place de celui qui commande la charge, j'ai une vision très romantique de l'affaire, celle qui nous est présentée par les tableaux notamment (voici celui de Lasalle par exemple :
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/ ... wagram.jpg) : le général était devant. Mais je ne m'appuie il est vrai sur aucune preuve scientifique sur le sujet, étant donné que ce procédé tactique n'est plus guère usité depuis un siècle (en fait, la dernière charge de cavalerie à l'arme blanche semble être italienne, en août 1942 contre les Soviétiques, mais je ne crois pas qu'en France nous ayons d'exemple depuis 1914 - à creuser toutefois).
Je ne vois pas pourquoi il s'agirait de mettre en évidence la vaillance de ces généraux s'ils ne menaient pas personnellement les charges qu'ils commandaient...
Par ailleurs, une charge de cavalerie n'enfonce pas une infanterie qui n'est pas affaiblie (moralement) ou désorganisée (qui n'est pas prête à recevoir la charge). Si celle-ci présente une double ligne de baïonnettes, il est impossible de l'entamer frontalement pour des cavaliers, fussent-ils des lanciers. Donc une charge de cavalerie comme celle d'Eylau, même si elle sabre quelques bataillons russes qui n'ont pas eu le temps de se former, n'entame pas la ligne russe. Les cavaliers, tel le courant d'une rivière heurtant un obstacle, contournent celui-ci. Ils retournent ensuite se former en arrière. Vu que la charge est réalisée par entité tactique autonome (par exemple, l'escadron), le premier escadron ayant donné se replie pour se reformer et éventuellement redonner une charge pendant que le second charge et que le troisième s'y prépare. Il y a un espace entre chaque entité afin que l'escadron désorganisé par sa charge puisse quitter la zone de charge avant l'arrivée du suivant.
Le général est censé être avec le premier escadron qui donne, mais c'est à vérifier.
Pour la mortalité : était-ce si différent quand Bonaparte ou Augereau franchissaient en Italie en 1796 un pont balayé de mitraille, drapeau en main ? Les guerres de la Révolution et de l'Empire sont des conflits où les forces morales priment, où le choc d'une colonne à l'attaque baïonnette au canon est plus décisive qu'une fusillade le long de la ligne. A ce titre, le général qui inspire ses troupes et les maintient motivées jusqu'au moment du choc est parfaitement à sa place.
On est loin de la conception allemande du commandement, qui si il se fait de l'avant, est tempéré par la nécessaire distance que le chef doit maintenir entre lui et la mêlée pour prendre les bonnes décisions, et n'est certes pas un engagement héroïque sabre au clair.
CNE EMB