Je reviens sur l’obus d’Arcis et le témoignage de Ségur (à noter que, blessé une semaine plus tôt à Reims, il n’était pas présent à Arcis). Ce dernier dit ceci : « Napoléon, là comme à Saint-Jean-d’Acre, désespérait de sa fortune. »
Ce passage est peut-être une référence à l’obus qui faillit tuer Bonaparte lors du siège malheureux d’Acre. Napoléon a évoqué l’affaire à Sainte-Hélène :
« Napoléon reçut, durant le siége de St.-Jean d'Acre, une preuve de dévouement héroïque et bien touchante: étant dans la tranchée, une bombe tomba à ses pieds; deux grenadiers se jetèrent aussitôt sur lui, le placèrent entre eux deux, et élevant leurs bras au-dessus de sa tête, le couvrirent de toutes parts. Par bonheur la bombe respecta tout le groupe; nul ne fut touché. » (Mémorial de Sainte-Hélène)
« Le 4 mai se trouvant à la tranchée, il fut enterré dans un trou de bombe; les nommés Daumesnil et Carbonel, brigadiers de sa garde, qui se trouvaient à côté de lui, le couvrirent de leur corps, de manière à le mettre à l'abri de l'éclat de la bombe, qui effectivement éclata peu après et blessa légèrement Carbonel. » (Bertrand, Campagne d'Égypte et de Syrie : mémoires pour servir à l'histoire de Napoléon, dictés par lui-même à Sainte-Hélène)
« Je lui ai entendu citer un trait remarquable de dévouement à sa personne, de la part de deux de ses gardes, pendant ce siége mémorable. Étant à la tranchée, Napoléon tomba dans un trou creusé à ses pieds par une bombe : deux de ses gardes, nommés, je crois, Daumesnil et Charbonnel, coururent à lui, le saisirent à bras le corps, l'un par devant, l'autre par derrière, et demeurèrent dans cette position jusqu'à ce que la bombe eût éclaté : plusieurs éclats tombèrent à ses pieds, sans néanmoins le blesser, non plus que les deux braves qui s'étaient conduits si héroïquement. » (Lettres du Cap, ouvrage constitué de lettres supposées écrites par un capitaine de vaisseau de passage à Sainte-Hélène, mais en vérité dictées par Napoléon à Bertrand, en réponse au livre de Warden, Correspondance de Guillaume Warden, chirurgien, à bord du vaisseau de Sa Majesté britannique le Northumberland qui a conduit Napoléon Buonaparte à l'isle de Sainte-Hélène)
Il faut cependant admettre que les deux situations sont fort différentes et difficilement comparables.
_________________ " Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)
|