Jerôme a écrit :
Je ne vois pas le rapport avec Bourmont qui a déserté sur le champ de bataille de Waterloo pour rejoindre les Anglais !
Bourmont a trahi, face à l’ennemi, Napoléon 1er au profit de Louis XVIII.
La Bédoyère a trahi, face à l’ennemi, Louis XVIII au profit de Napoléon 1er.
Jerôme a écrit :
Et aucun républicain n'a vu dans Alexandre, le tsar parricide, le défenseur de la libertés !
A ce sujet, il n’est pas inintéressant de se pencher sur les instructions russes concernant Moreau.
Voici celles transmises en 1805 à Strogonoff :
Il serait à désirer sans doute de pouvoir engager le général à entrer au service de la Russie, qui lui offrirait, outre le même grade qu'il avait en France, tous les avantages et les distinctions auxquels il a droit d'aspirer; mais, comme il répugnera peut-être à ses principes de se prêter à une pareille proposition dans un moment où l'on peut s'attendre à une guerre prochaine contre le gouvernement français, vous ne manquerez pas en tout cas de lui offrir une retraite honorable dans les États de l'Empereur, où il serait à l'abri de toute persécution de la part de ses ennemis.
Vous lui ferez sentir en même temps, que l'on désire simplement tirer parti de ses lumières et de son expérience pour terminer le plus tôt possible une guerre qui, si elle a lieu, n'aura été entreprise que pour mettre un frein à l'ambition démesurée de Bonaparte, dont le despotisme est aussi incompatible avec la sûreté générale de l'Europe qu'avec le bien-être de la France même; que Sa Majesté Impériale connaît parfaitement bien la différence très marquée qui doit être faite entre la nation française et l'heureux aventurier qui l'a fait plier sous son joug; qu'il ne peut nullement être question d'en vouloir à celle-là, et que, bien au contraire, il ne s'agit que de la délivrer du joug sous lequel elle gémit; que, dès lors, les résultats d'une pareille guerre ne pourront que tourner à l'avantage de la grande majorité du peuple français, dont les intérêts à cet égard sont les mêmes que ceux des puissances alliées.
De plus, vous assurerez le général que l'Empereur est fermement intentionné de faire respecter les droits, biens et propriétés d'un chacun et nommément ceux des acquéreurs de biens nationaux; enfin, vous ajouterez que Sa Majesté est très éloignée de vouloir gêner le moins du monde le vœu de la nation pour tout ce qui regarde l'intérieur; qu'Elle sera prête à sanctionner tout mode d'administration que les habitants, d'un vœu libre et spontané, voudront se donner et que, surtout, Elle n'est nullement guidée par une prédilection quelconque pour la maison de
Bourbon.
A l'égard de ce dernier point, il ne serait pas superflu cependant de sonder le général Moreau sur sa manière d'envisager les droits de la Maison royale, ainsi que sur la possibilité de réunir tous les partis si l'on remettait un Bourbon sur le trône, avec les restrictions et modifications qu'exigent les circonstances, et surtout l'opinion publique, qui règne en France.
Vous chargerez la personne que vous emploierez, dans cette occasion, d'approfondir la manière de penser du général sur cet objet, mais avec la plus grande réserve et en évitant surtout de détruire l'assurance qu'on lui aura donnée à cet égard.
Je me suis borné à vous indiquer les principaux arguments qui me paraissent capables de décider le général Moreau à se prêter à nos vues et j'abandonne à vos soins d'y ajouter tout ce qui pourra contribuer au succès. Vous êtes même autorisé à lui confier en cas de besoin, mais avec toutes les précautions qu'exige la prudence, le plan et le but de la coalition, ainsi que les moyens que l'on se propose d'y employer. Vous relèverez à ses yeux la nouvelle gloire dont il pourra se couvrir et la reconnaissance qu'il méritera de sa patrie, en coopérant aux efforts communs dont l'un des principaux résultats doit être de la libérer du gouvernement despotique qui pèse sur elle. »
Plus tard, de nouvelles instructions furent rédigées, cette fois à Pahlen :
« Si vous vous aperceviez qu'il n'attend qu'une occasion favorable de se venger des persécutions qu'il a essuyées et en même temps de rendre à son pays la liberté dont il est privé, alors, vous lui communiqueriez les notions contenues dans la note que je vous adresse aujourd'hui; vous lui montreriez combien le but que notre auguste maître s'est proposé est grand et, en même temps, favorable à la nation française; vous lui représenteriez qu'il serait beau pour un homme comme lui, qui a toute la confiance de la nation, d'en devenir le libérateur, et vous tâcheriez de l'amener à se concerter avec vous sur les meilleurs moyens d'y parvenir.
Il serait particulièrement à désirer que vous puissiez faire sentir au général Moreau que le point le plus essentiel serait que les divers partis agissent dans un même sens, par exemple, les républicains avec les royalistes, parce que, sans contredit, c'est de cette union que pourrait résulter le bien, et certainement la France aurait toujours beaucoup gagné si elle pouvait remplacer, par une monarchie mitigée, la véritable tyrannie sous laquelle elle gémit en ce moment. Cependant, vous n'insisterez aucunement pour que le général Moreau agisse de concert avec les Bourbons, si vous remarquiez qu'il y a de la répugnance et vous l'assurerez que nous adopterons avec confiance les plans quelconques qu'il tracera.
Enfin, si vous aviez lieu de croire que le général Moreau serait prêt à seconder la Russie dans ses vues, vous vous ouvririez entièrement à lui et vous lui annonceriez que l'Empereur, mettant la plus grande confiance dans ses talents, dans son patriotisme et dans sa loyauté, serait charmé qu'il voulût entrer à son service ou prendre une part à la délivrance de la France, de la manière dont il croirait le plus facilement pouvoir y parvenir. Vous lui promettriez les avantages indiqués dans la lettre que je vous adresse sur cet objet, et vous l'assureriez que, s'il faut faire des sacrifices pour l'assister dans les plans qu'il formera ou les faire adopter par telle Cour, ou telle personne qu'il indiquera, nous y apporterons tous nos soins, qui ne seront certainement pas sans effet.
S'il acceptait vos offres, vous vous embarqueriez avec lui pour revenir en Europe. Vous tâcheriez de prendre langue avec l'un de nos ministres soit en Espagne, en Italie, en' Angleterre ou en Allemagne, pour savoir quelle est la situation de nos armées et vous conduiriez le général Moreau à celle dont vous pourriez vous approcher avec le, plus de facilité.
Dans l'intervalle, nos généraux seront instruits sur la manière dont ils auront à se conduire à son égard; mais, avant tout, vous engageriez le général Moreau à mettre ses plans par écrit, et vous nous les feriez parvenir le plus promptement possible. »