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 Sujet du message : Premier Empire : viabilité
Message Publié : 16 Oct 2015 7:56 
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Plutarque
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L'empire de Napoléon était-il viable ?


Dernière édition par LCL_511 le 17 Oct 2015 16:03, édité 2 fois.
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 Sujet du message : Re: Premier empire : viabilité
Message Publié : 16 Oct 2015 9:14 
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Jean Mabillon
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IL aurait été viable et durable si l 'Angleterre ne s'était pas totalement opposée à l'expansion française en Belgique et à l'idée des "frontières naturelles" dans lesquelles se trouvaient tous les ingrédients indispensables à l'époque pour devenir une très grande puissance industrielle capable de dominer le continent et peut être les mers.....


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 Sujet du message : Re: Premier empire : viabilité
Message Publié : 17 Oct 2015 9:31 
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Fustel de Coulanges
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L'avis de lentz (Nouvelle histoire du Premier Empire, T.3 La France et l'Europe de Napoléon 1804-1814) :
"L'histoire du système napoléonien confirme que lorsqu'un empire veut dominer un ensemble d'autres puissances, il ne peut le faire qu'en instituant un système de compensations. Une fois la prépondérance installée, celui qui en bénéficie doit faire preuve de sagesse, se fixer des buts finis et admettre que le maintien de sa position peut passer par des compromis. Il doit, si l'on ose dire, "relâcher la pression" sur les dominés afin de les convaincre des bienfaits relatifs de leur situation. C'est à ce prix que se maintient chez eux l'acceptation d'une situation à priori défavorable, par l'adhésion au moindre mal en quelque sorte. C'est à ce prix aussi que les conflits restent bilatéraux, ce qui permet au "dominateur" de maintenir sa position par la neutralisation des acteurs ne prenant pas part à ces conflits (au nom des intérêts, principal moteur des relations interétatiques). Sans la conscience que l'abus de puissance aboutit à l'échec, l'aventure hégémonique s'achève invariablement par la constitution d'une vaste coalition qui, pour peur qu'elle fasse preuve de détermination, d'habilité et de patience, finit toujours par être victorieuse."

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 Sujet du message : Re: Premier empire : viabilité
Message Publié : 17 Oct 2015 14:19 
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Jean Mabillon
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Drouet Cyril a écrit :
L'avis de lentz (Nouvelle histoire du Premier Empire, T.3 La France et l'Europe de Napoléon 1804-1814) :
"L'histoire du système napoléonien confirme que lorsqu'un empire veut dominer un ensemble d'autres puissances, il ne peut le faire qu'en instituant un système de compensations. Une fois la prépondérance installée, celui qui en bénéficie doit faire preuve de sagesse, se fixer des buts finis et admettre que le maintien de sa position peut passer par des compromis. Il doit, si l'on ose dire, "relâcher la pression" sur les dominés afin de les convaincre des bienfaits relatifs de leur situation. C'est à ce prix que se maintient chez eux l'acceptation d'une situation à priori défavorable, par l'adhésion au moindre mal en quelque sorte. C'est à ce prix aussi que les conflits restent bilatéraux, ce qui permet au "dominateur" de maintenir sa position par la neutralisation des acteurs ne prenant pas part à ces conflits (au nom des intérêts, principal moteur des relations interétatiques). Sans la conscience que l'abus de puissance aboutit à l'échec, l'aventure hégémonique s'achève invariablement par la constitution d'une vaste coalition qui, pour peur qu'elle fasse preuve de détermination, d'habilité et de patience, finit toujours par être victorieuse."


L'avis de Lentz , me semble t il issu de Duroselle (ou Kennedy ?), me paraît assez convaincant. Je précise cependant deux points : primo l'empereur a surestimé les divergences entre ses ennemis, pensant par exemple que jamais Vienne et Berlin ne combattraient ensemble. Ce qui a finit par arriver en août 1813 ...secundo l'exoerience impériale fut brève. Si l'empire s'était prolongé peut être aurait il pu bâtir une relation plus équilibrée avec ses satellites ?
Peut être Napoleon aurait dû écouté plus attentivement Talleyrand ?

Et puis il faudrait examiner les enjeux intérieurs. Napoléon n'était pas le seul bonapartiste de son empire (peut être avec Cambaceres ?) ? Bien des hommes de premier plan aspiraient en fait soit à la République (les maréchaux probablement, Fouché aussi certainement) soit à une forme libérale de monarchie (Talleyrand, Lebrun, Roederer, Fontanes, Regnaud...). après une période autoritaire, serait venue une phase libérale (comme en 1815 ou en 1860)?


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 Sujet du message : Re: Premier empire : viabilité
Message Publié : 17 Oct 2015 15:33 
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Grégoire de Tours
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Bonjour,

Lentz est le bons sens analysé.
Etre vaincu, on ne peut que l'accepter mais sentir le poids de la domination, de l'occupation, être "évalué" et le tout avec arrogance n'engendre qu'une envie : résister et à ce jeu toutes les alliances sont bonnes. Le rapprochement Vienne-Berlin était donc inévitable : les ennemis de mon ennemi etc.
Pour ceci nul besoin de Talleyrand.
Un "petit quelque chose" d'insupportable aussi : constater la pieuvre poster sa famille sur des trônes comme on distribue des cartes. Certaines maisons telle celle des Habsbourg ont mis longtemps avant que de... et par unions ou avec diplomatie : je laisse la Lorraine et je prends la Toscane ou autre.
Là, je laisserai Drouet donner son avis mais il semble que la personnalité "déplaisait", sans compter avec l'extraction et le passé révolutionnaire. Il eut fallu donner des gages : ce qui ne pouvait être car la France n'aurait pas suivi. La place ayant été prise justement pour continuer le grand oeuvre commencé ; enfin c'était le discours.
Aigle avance que l'expérience impériale fut brève : oui en effet, c'est la conclusion et l'explication Lentz la donne.
Tant que l'on vola de victoires en victoires, personne n'a songé à la république. Au sein de l'armée, des hommes comme Grouchy et autres se rappelaient le bon temps des bivouacs et de l'unité, de la fédération mais bon, on été tout autant fédérés autour d'un homme représentant le meilleur semblait-il de ce qui avait été.
Les conseils de Talleyrand étaient du bon sens : arrêter un conflit qui semblait tenir désormais d'une réelle volonté d'hégémonie entraînant un blocage en face. Nul désir de passer des compromis ou alors pour mieux se "refaire".
Les maréchaux aspiraient à la République ? Lesquels par exemple et à quelle date ?
Concernant Fouché, manifestement il en était. Je l'ai lu dans les bios qui lui sont consacrées. Il s'est adapté.
J'ai un doute, il faudrait l'avis de C. Drouet, mais n'y-a-t-il pas eu une phase un peu moins boulonnée ?
Courte certes parce-que, je puis me tromper, elle coincide avec les préparatifs de la campagne russe.
Y aurait-il eu un "relâchement" avec le bourbier espagnol ?
Quelle a été "la courbe" politique napoléonienne avec cette épine dans le pied ?
Y a-t-il eu des ajustements en France afin d'éviter tout "murmure" ?
A ce stade, le "libéral" -pour moi- tenait de l'impossible mais l'avis d'Aigle ou Drouet seraient les bien-venus.
Concernant les enjeux intérieurs, Aigle, à quels niveaux s'il vous plaît ?
Ceci m'aiderait pour me replonger dans l'épisode napoléonien (aspects internes).
Merci à vous.
;)

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 Sujet du message : Re: Premier Empire : viabilité
Message Publié : 17 Oct 2015 18:56 
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Fustel de Coulanges
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Je n’ai pas vraiment d’avis sur la question posé par ce fil. Il me semble en effet fort délicat, dans une approche fataliste, de condamner l’Empire dès son origine. La chute de l’Empire est le fruit d’un enchaînement complexe d'événements ; bien malin celui qui serait capable d’en démontrer le caractère inéluctable.

ezio-auditore a écrit :
A ce stade, le "libéral" -pour moi- tenait de l'impossible mais l'avis d'Aigle ou Drouet seraient les bien-venus.


Pour Napoléon, face à O'Meara (Napoléon dans l'exil), il n'était pas encore temps :

« Lorsque je me mis à la tête des affaires, la France se trouvait dans le même état que Rome lorsqu'on déclarait qu'un dictateur était nécessaire pour sauver la République. Votre or formait contre son existence, des coalitions successives dans toutes les nations puissantes de l’Europe. Pour résister avec succès, il fallait que le chef de l’Etat pût disposer de toute la force et de toutes les ressources de la nation.
[…]
Au milieu des partis qui agitaient la France depuis longtemps, j’étais comme un cavalier assis sur un cheval fougueux qui veut toujours se jeter d’un côté ou de l’autre ; pour le faire marcher droit, je devais lui faire parfois sentir la bride. Le gouvernement d’un pays à peine sorti d’une révolution, qui est menacé par les ennemis du dehors et troublé par les intrigues des traîtres à l’intérieur, doit nécessairement être dur. »

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 Sujet du message : Re: Premier Empire : viabilité
Message Publié : 17 Oct 2015 19:32 
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Grégoire de Tours
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Bonsoir,

Drouet Cyril a écrit :
Il me semble en effet fort délicat, dans une approche fataliste, de condamner l’Empire dès son origine. La chute de l’Empire est le fruit d’un enchaînement complexe d'événements ; bien malin celui qui serait capable d’en démontrer le caractère inéluctable.

Personne ne condamne quoi et qui que ce soit.
Lentz ne fait qu'analyser ce qui existe depuis la nuit des temps. Une expansion au service d'un Etat et souvent portée par la politique d'un homme est condamnée à plus ou moins long terme.
Si le bon sens est fataliste, alors oui... ;)
Condamné dès le début, non puisque le glissement au Consulat à vie n'avait fait aucune vague que l'on ne puisse surfer.
Citer :
« Lorsque je me mis à la tête des affaires, la France se trouvait dans le même état que Rome lorsqu'on déclarait qu'un dictateur était nécessaire pour sauver la République.

La France n'était pas en éternelle sortie de révolution, c'était plutôt une transition confuse.
Le passage des "ennemis de l'intérieur" et des "traitres du dehors" : ce style d'argument tenait encore ?
Brider la monture c'est bien mais jouer en même temps des éperons si l'animal est fougueux. Le risque ? La monture continue sans cavalier, la fatigue fera son oeuvre et elle rentrera au paddock... Ce qu'elle fit... ;)
Merci à vous.

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 Sujet du message : Re: Premier Empire : viabilité
Message Publié : 18 Oct 2015 7:13 
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Fustel de Coulanges
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Encore du Lentz ; ici tiré de "Nouvelle histoire du Premier Empire - t. 2 L'effondrement du système napoléonien 1810-1814" ; analyse reprise également dans son "Napoléon diplomate" :

Image

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 Sujet du message : Re: Premier Empire : viabilité
Message Publié : 18 Oct 2015 7:45 
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Jean Mabillon
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Merci Cyril

Il y a une faiblesse dans le recours aux lois de Duroselle : celui ci pensait d'abord à de grands empires comme Rome, l'empire de Charles Quint ou le "British Empire".

Je ne suis pas certain que ces lois puissent s'appliquer telles quelles à l'empire napoléonien qui n'a que trop peu durer pour avoir le temps de trouver un équilibre : il ne commence vraiment qu'en 1806 avec la fondation de la confédération du Rhin et disparaît en 1813 ...et a été miné par deux cancers qui ont empêché sa stabilisation : le blocus continental a créé une crise économique (et une insatisfaction psychologique) permanente et la guerre d'Espagne a continûment aspiré moyens humains et financiers.

Un véritable empire comme celui de Rome sinon s'épanouit du moins se stabilise dans la durée et dans la paix ...

Pour revenir à l'Allemagne, Napoleon a peut être souhaite une stabilisation fondée sur le respect de ses alliés les plus fidèles (Bavière ou Saxe). Il me semble avoir toujours pris soin de respecter les souverainetés des princes confédérés sans même imposer une union douanière (qui pourtant aurait eu du sens dans le contexte du blocus). Ce qui laisse penser que l'empereur savait (un peu) s'auto limiter. Il n'a jamais traité la Bavière ou la Saxe comme le royaume d'Italie (lequel n'avait aucune autonomie).

Cela étant l'intuition fondamentale de Lentz me semble assez juste : l'empire fonctionnait trop visiblement au bénéfice de la seule France - au moins à partir de 1810. L'Autriche par exemple n'a pas gagné grand chose en s'alliant à Paris en 1810. Cela dit l'argument se renverse : si Metternich s'était allié à Napoléon en 1813 quand la France en avait besoin sans doute aurait il pu recueillir des compensations ...là encore l'alliance fut trop brève pour qu'on puisse avoir un avis sur ce qu'aurait ou être une relation durable.

Autre exemple : Napoléon a sincèrement cru à l'alliance prussienne, au point de donner le Hanovre à Berlin et d'imaginer un équilibre entre une Allemagne du sud francophile et une Allemagne du Nord dominée par la Prusse. Il était donc capable à certains moments d'envisager des mécanismes d'entente équilibrés.

Comme la noté Ezio l'origine révolutionnaire de l'empire français empêchait toute alliance sincère avec les monarchies traditionnelles. Ensuite son attitude à Bayonne a aussi empêché l'instauration d.une confiance durable dans les vieilles dynasties.

Pour répondre à Ezio sur les aspects intérieurs il faudrait peut être ouvrir un nouveau fil.


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 Sujet du message : Re: Premier Empire : viabilité
Message Publié : 18 Oct 2015 9:56 
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Plutarque
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Aigle a écrit :
Merci Cyril

: l'empire fonctionnait trop visiblement au bénéfice de la seule France - au moins à partir de 1810. L'Autriche par exemple n'a pas gagné grand chose en s'alliant à Paris en 1810. Cela dit l'argument se renverse : si Metternich s'était allié à Napoléon en 1813 quand la France en avait besoin sans doute aurait il pu recueillir des compensations ...là encore l'alliance fut trop brève pour qu'on puisse avoir un avis sur ce qu'aurait ou être une relation durable.



l'alliance avec l’Autriche n'était pas sincère : le mariage avec le Minotaure (expression de Metternich) ce n'était que pour gagner du temps. voici ce que Metternich écrivit : "Louvoyer et composer avec le vainqueur jusqu'au jour de la délivrance commune>"


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 Sujet du message : Re: Premier Empire : viabilité
Message Publié : 18 Oct 2015 11:04 
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Fustel de Coulanges
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Aigle a écrit :
l'empire napoléonien qui n'a que trop peu durer pour avoir le temps de trouver un équilibre


Or cet équilibre ne me semble atteignable que par la paix. Or celle-ci se devait d’être durable ; chose que Napoléon n’a pas su ou pu établir, les guerres se succédant les unes aux autres, les alliances se délitant au fil de l’évolution des événements, la sphère d’influence de la France ne cessant de croître aggravant les déséquilibres et les ressentiments. D’où la notion étonnante de « dictature universelle » énoncée dans le Mémorial :
« Je ne pouvais être qu'un Washington couronné. Ce n'était que dans un congrès de rois, au milieu de rois convaincus ou maîtrisés que je pouvais le devenir. Alors, et là seulement, je pouvais montrer, avec fruit, sa modération, son désintéressement, sa sagesse. Je n'y pouvais raisonnablement parvenir, qu'au travers de la dictature universelle. Je l'ai prétendue, m'en ferait-on un crime ? »

La paix obtenue dans de telles conditions aurait-elle été plus solide ? On est en droit d’en douter. D’autant plus qu’il ne fallait pas seulement compter sur des rois alliés ou soumis, mais également sur les peuples.

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 Sujet du message : Re: Premier Empire : viabilité
Message Publié : 18 Oct 2015 11:20 
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Fustel de Coulanges
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Aigle a écrit :
si Metternich s'était allié à Napoléon en 1813 quand la France en avait besoin sans doute aurait il pu recueillir des compensations ...


7e article secret du traité d’alliance franco-autrichien du 14 mars 1812 :
« Dans le cas d’une heureuse issue de la guerre, S.M. l’Empereur des Français s’engage à procurer à S.M. l’Empereur d’Autriche des indemnités et des agrandissements de territoire qui, non seulement compensent les sacrifices et charges de la coopération de Sadite Majesté dans la guerre, mais qui soient un monument de l’union intime et durable qui existe entre les deux Souverains. »

grossmann a écrit :
l'alliance avec l’Autriche n'était pas sincère : le mariage avec le Minotaure (expression de Metternich) ce n'était que pour gagner du temps. voici ce que Metternich écrivit : "Louvoyer et composer avec le vainqueur jusqu'au jour de la délivrance commune>"


On peut à ce sujet citer la correspondance de Metternich :

Metternich à François, 10 août 1809 :
«Quelles que soient les conditions de la paix, le résultat en sera toujours que nous ne trouverons notre sûreté qu’en nous appuyant sur le système triomphant de la France. Je n’ai pas à répéter à Votre Majesté combien nous sommes peu capables d’entrer dans ce système, dirigé contre tous les principes d’une politique raisonnable, contre toute grande union d’Etats. Mes principes sont inébranlables, mais on n’entre pas en lutte avec la nécessité. »


Metternich à Schwarzenberg , 19 février 1810 :
« Nous sommes loin de nous faire illusion sur la très grande distance qu’il y a, du mariage avec une princesse autrichienne à l’abandon du système de conquêtes de l’empereur Napoléon ; mais nous ne désespérons pas de mettre à profit les moments de repos qui, nécessairement, doivent naître pour nous, afin de consolider notre politique intérieure et pour tempérer les vues de l’empereur des Français. »


Metternich à François, 28 juillet 1810 :
« L’avantage le plus considérable que nous soyons en droit de tirer du mariage d’une fille de Votre Majesté avec l’empereur des Français est d’avoir changé notre situation désespérée, notre complète désorganisation à l’intérieur comme au dehors, en un état de repos. Dans ces conjonctures, tous les efforts du gouvernement doivent tendre à remettre en ordre et à rétablir nos forces qui étaient tombées si bas au moment de la dernière paix et, par elle, à rassembler ces mêmes forces pour tous les cas qui peuvent se présenter dans l’avenir.
[…]
Toutefois, on ne se tromperait pas moins en attribuant à cette alliance si avantageuse une influence capable de s’étendre à tous les plans de Napoléon ou de modifier entièrement les vues de ce prince. L’aspiration à la domination universelle est dans la nature même de Napoléon ; elle peut être contenue, mais jamais on ne parviendra à l’étouffer. Sans cette alliance, la Monarchie autrichienne serait peut-être ruinée à cette heure. Ce qui n’est pas moins vrai, c’est que – malgré ce mariage – il peut survenir des circonstances où nous ayons à faire appel à toutes nos forces pour prévenir notre asservissement et résister au joug »

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 Sujet du message : Re: Premier Empire : viabilité
Message Publié : 18 Oct 2015 14:33 
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Grégoire de Tours
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Bonjour,

Un grand merci. Il est toujours appréciable de se sentir "appuyé" dans sa vision des choses par un "Lentz".
Pour entretenir l'économie, il fallait donc les conflits à outrance...
Concernant Louis XIV, c'est "lire du velours". ;)

Aigle, tout à fait d'accord concernant les comparaisons assez "étonnantes".

La confédération du Rhin, un découpage imposé, ôte à certains pour abonder d'autres, sur quels critères ? Leur capacité à faire le bon choix au bon moment. Ceci est voué à l'échec sur la longueur.
Une "union douanière" n'aurait-elle pas été très mal perçue avec le nouvel "allié" (la Russie) ? Oldenbourg étant une place tournante de shuntage au blocus, ceci n'aurait-il pas entraîné une double voire triple économie ramenant à l'époque révolutionnaire (le troc) et se mettre à dos le peu d'alliés existants outre-Rhin (Wurtemberg). On verra la réaction lorsque NB entrera dans Oldenbourg en offrant Erfurt à la place.

Saxe et la Bavière n'ont pas été traité du même que l'Italie mais ne faut-il pas y voir un choix tactique ?
La Maison régnante d'Italie appelle à l'aide -je puis me tromper- ?
Sur d'autres sujets, Cyril nous a fait partager l'analyse de l'empereur concernant le roi d'Italie, son fils etc. Avec les Wettin, ce n'est pas du même.
S'aliéner la Saxe ? Il n'y a pas pléthore d'alliés outre-Rhin. L'octroi -avec un nouveau redécoupage- de compensation est ne coûte pas grand chose : on ne dépouille pas la France pour abonder la Saxe.
La Bavière ? On rehausse un trône. Peut-être dans l'espoir d'un rapprochement avec l'Autriche : je l'ignore... Le Congrès de Vienne en fera un effectif (un archiduc Habsbourg héritier et une princesse bavaroise).

Une question, l'Autriche était-elle dans la capacité de faire un choix ? Après Wagram, non manifestement. Elle semble d'autant plus attentiste que Metternich pousse à l'union lorsque la Russie se dérobe. Le problème était peut-être la difficulté russo-autrichienne à s'entendre concernant des territoires avec dans la mêlée (comme pour la Pologne) un troisième larron (NB). Ce qui tient alors de la quadrature du cercle pour l'équilibre.

Citer :
Autre exemple : Napoléon a sincèrement cru à l'alliance prussienne, au point de donner le Hanovre à Berlin et d'imaginer un équilibre entre une Allemagne du sud francophile et une Allemagne du Nord dominée par la Prusse. Il était donc capable à certains moments d'envisager des mécanismes d'entente équilibrés.

Comment peut-on songer à une alliance pérenne avec un homme que l'on méprise ouvertement ? L'apport de Cyril (j'ai mes petites fiches ;) ) nous montre l'évaluation de F. Guillaume III par NB. On verra à Tilsit.
Comment voyez-vous cette "Allemagne du sud" ? Comment imaginer une "domination" de la Prusse avec des micro-états satellisés à F-Guillaume III ? Quels états ? Quel découpage ?
Cette volonté de débordement des frontières semble un problème à la France, elle semble ne pouvoir vivre que toujours plus loin que chez elle, toujours débordante, en attribuant aux autres le titre d'agresseurs.
Citer :
Je ne suis pas certain que ces lois puissent s'appliquer telles quelles à l'empire napoléonien qui n'a que trop peu durer pour avoir le temps de trouver un équilibre : il ne commence vraiment qu'en 1806 avec la fondation de la confédération du Rhin et disparaît en 1813

1806 ? Officiellement pour le mot mais officieusement ?
Est-ce vraiment une question de temps ? Il semble que non. La France à ce moment est une sorte d'électron libre dont personne ne souhaite une quelconque pérennité et dont tous attendent qu'elle rentre "dans le rang". Avec NB, c'est raté donc on ne peut baisser la garde, d'autant que l'homme a des ambitions pour la France (très débordante), pour lui (une dynastie) et pour le clan (insertion dans les Maisons : Wurtemberg, Wittelsbach, Bade etc.).
Une union moins ronflante (Wurtemberg ou Bavière) aurait été sage mais n'aurait pas fait la politique de l'Autriche qui cherche à faire un doublé. Ses relations avec la Russie ne semblent pas au beau fixe, alors offrir là où la Russie se dérobe, c'est un peu sortir de son attentisme et assurer les "alliés" d'une double politique visant à endormir afin que chacun se refasse.
A ce moment lequel de ces empires n'a pas deux voire trois fers au chaud ? Ce n'est pas tant l'entente des coalisés entre eux, c'est la France qui leur fournit un ennemi commun. On remettra les petits différents au lendemain (austro-russes)...
Pas besoin d'un autre fil, je pensais que vous pourriez simplement avancer quelques données ou sujets à cibler. Chacun semblant en accord sur la viabilité de l'empire, je pensais optimiser les détails.
Merci encore à vous.
;)

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 Sujet du message : Re: Premier Empire : viabilité
Message Publié : 18 Oct 2015 15:00 
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Grégoire de Tours
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Drouet Cyril a écrit :
D’où la notion étonnante de « dictature universelle » énoncée dans le Mémorial :
« Je ne pouvais être qu'un Washington couronné. Ce n'était que dans un congrès de rois, au milieu de rois convaincus ou maîtrisés que je pouvais le devenir. Alors, et là seulement, je pouvais montrer, avec fruit, sa modération, son désintéressement, sa sagesse. Je n'y pouvais raisonnablement parvenir, qu'au travers de la dictature universelle. Je l'ai prétendue, m'en ferait-on un crime ? »

Non ce n'est pas un crime mais nous sommes au XIXème et avec le style du temps. Nous préférons donc y voir une sorte d'épopée comme foudroyée (c'est souvent le participe qui revient). Cependant la pensée est autre. Encore quelques années et nous verrons Bismarck penser de manière moins "universelle" et nous trouverons pourtant cette volonté de fédération choquante, on criera sans trop être touché à l'hégémonie.
Realpolitik, Welpolitik ? Et pourquoi pas une reprise de la politique française du début du siècle mais inversement ? Pas même un demi-siècle d'écart mais ne pas s'y tromper et pourtant le but est moindre et le contexte un peu du même.
Ce n'est certes pas un crime mais ceci le deviendra ailleurs, dans des contextes de convulsions qui sont toujours le terreau des dictatures. On acclame un "sauveur" qui en s'enfonçant enfonce avec lui et volontairement la nation, le pays, l'état enfin tout le travail et l'abnégation d'un peuple entretenu dans une confiance aveugle.
Citer :
La paix obtenue dans de telles conditions aurait-elle été plus solide ? On est en droit d’en douter. D’autant plus qu’il ne fallait pas seulement compter sur des rois alliés ou soumis, mais également sur les peuples.

Bien sûr parce-qu'il aurait fallu revoir la feuille de route et le premier peuple à regimber aurait peut-être été le peuple français. Il restait encore des envies de République. En Pologne on se souvenait d'avoir été soulevés par ces idéaux, alors quoi ? S'en remettre à un homme qui compte fonder une dynastie ?
Ultérieurement, certains seront plus clairs face au peuple : ils ne désigneront aucun dauphin, ceci est symbolique mais montre déjà la vision à court terme de ces personnages qui fait monter le taux d'appréciation et d'abnégation : ce ne peut être "une ambition personnelle" puisque on ne nous force pas la main pour l'après...
:-|

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 Sujet du message : Re: Premier Empire : viabilité
Message Publié : 18 Oct 2015 20:20 
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Marc Bloch
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ezio-auditore a écrit :
Bonjour,

Saxe et la Bavière n'ont pas été traité du même que l'Italie mais ne faut-il pas y voir un choix tactique ?
La Maison régnante d'Italie appelle à l'aide -je puis me tromper- ?
Sur d'autres sujets, Cyril nous a fait partager l'analyse de l'empereur concernant le roi d'Italie, son fils etc. Avec les Wettin, ce n'est pas du même. pensais optimiser les détails.
.[/b]
;)


La "maison régnante d'Italie" ???mais c'est Napoleon lui même ! Ou je ne comprend plus rien


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