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 Sujet du message : Napoléon et la Prusse
Message Publié : 14 Jan 2016 20:46 
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Plutarque
Plutarque

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napoléon aurait'il dut destiuer les souverains de prusses, rayé la prusse de la carte :

voici l'opinion d'un historien Louis de Carné dansLe Consulat, l’Empire et leurs historiens II. Le Système impérial (1854) :

Après la faute d’attaquer la Prusse et de se priver du seul contrepoids qu’on pût opposer en Allemagne à la haine éternelle de l’Autriche, il n’y en avait pas de plus grande à commettre que de la laisser vivre. Mieux valait détruire cet état que de lui imposer des conditions qui allaient préparer au peuple le plus fier de son passé d’indescriptibles souffrances. Ecraser de contributions de guerre des populations pauvres, interdire à la plus militaire des puissances allemandes de porter son armée au-delà du chiffre fixé par le vainqueur, se saisir de ses meilleures places pour en faire les points d’appui de la domination française en Europe, c’était rendre la nation aussi irréconciliable que l’était déjà son gouvernement, c’était charger de sa propre main les canons que, par une irrésistible impulsion populaire, le général Yorck pointerait un jour contre nos soldats décimés.

Détruire la monarchie prussienne n’aurait peut-être pas été impossible à cette époque, car cette création récente avait encore quelque chose d’artificiel, comme toutes les œuvres de la force et du génie. Relever la Pologne, restituer la Silésie à l’Autriche, agrandir la Saxe, constituer entre l’Elbe et le Rhin une puissance nouvelle, fut-ce même sous un prince français, rejeter enfin la maison de Hohenzollern dans les sables du brandebourg, dont deux grands règnes l’avaient fait sortir, tout cela n’aurait guère plus profondément blessé le patriotisme germanique que ne l’avait fait l’année précédente la formation de la nouvelle confédération du Rhin sous le protectorat de la France. Un pareil remaniement aurait plus violenté la politique que la nature. En le tentant, on aurait du moins désarmé la puissance destinée, aux jours du malheur, à nous porter les plus rudes coups, et l’empire aurait élevé les obstacles à la hauteur des haines[/quote]


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 Sujet du message : Re: Napoléon et la Prusse
Message Publié : 14 Jan 2016 20:56 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Réflexions napoléoniennes sur le sujet :

"J'ai hésité un moment si je ne déclarerais pas que la maison de Brandebourg avait cessé de régner, mais j'avais si maltraité la Prusse qu'il fallait la consoler ; puis Alexandre prenait un tel intérêt au sort de cette famille, que j'ai cédé à ses sollicitations. J'ai fait une grande faute, car la puissance que j'ai conservée au roi ne peut lui faire oublier celle qu'il a perdue."
(Caulaincourt, Mémoires)


« Ma faute est de n’avoir pas détruit la Prusse, ou, après l’échec de Moscou, de ne pas l’avoir rétablie. »
(Bertrand, Cahiers de Sainte-Hélène)

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 Sujet du message : Re: Napoléon et la Prusse
Message Publié : 15 Jan 2016 13:27 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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EDIT : Même si elle a lieu en 1807, se souvenir aussi de la fameuse scène "de la rose et Magdebourg" entre Napoléon et la reine Louise !

_________________
il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


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 Sujet du message : Re: Napoléon et la Prusse
Message Publié : 15 Jan 2016 13:58 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

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grossmann a écrit :
napoléon aurait'il dut destiuer les souverains de prusses, rayé la prusse de la carte :

voici l'opinion d'un historien Louis de Carné dansLe Consulat, l’Empire et leurs historiens II. Le Système impérial (1854) :

Après la faute d’attaquer la Prusse et de se priver du seul contrepoids qu’on pût opposer en Allemagne à la haine éternelle de l’Autriche, il n’y en avait pas de plus grande à commettre que de la laisser vivre. Mieux valait détruire cet état que de lui imposer des conditions qui allaient préparer au peuple le plus fier de son passé d’indescriptibles souffrances. Ecraser de contributions de guerre des populations pauvres, interdire à la plus militaire des puissances allemandes de porter son armée au-delà du chiffre fixé par le vainqueur, se saisir de ses meilleures places pour en faire les points d’appui de la domination française en Europe, c’était rendre la nation aussi irréconciliable que l’était déjà son gouvernement, c’était charger de sa propre main les canons que, par une irrésistible impulsion populaire, le général Yorck pointerait un jour contre nos soldats décimés.

Détruire la monarchie prussienne n’aurait peut-être pas été impossible à cette époque, car cette création récente avait encore quelque chose d’artificiel, comme toutes les œuvres de la force et du génie. Relever la Pologne, restituer la Silésie à l’Autriche, agrandir la Saxe, constituer entre l’Elbe et le Rhin une puissance nouvelle, fut-ce même sous un prince français, rejeter enfin la maison de Hohenzollern dans les sables du brandebourg, dont deux grands règnes l’avaient fait sortir, tout cela n’aurait guère plus profondément blessé le patriotisme germanique que ne l’avait fait l’année précédente la formation de la nouvelle confédération du Rhin sous le protectorat de la France. Un pareil remaniement aurait plus violenté la politique que la nature. En le tentant, on aurait du moins désarmé la puissance destinée, aux jours du malheur, à nous porter les plus rudes coups, et l’empire aurait élevé les obstacles à la hauteur des haines
[/quote]

Mais d'où cet historien tient-il que c'est la France qui aurait attaqué la Prusse ?

Il avait conclu un traité d'alliance avec la Prusse en début d'année 1806, lui cédant le Hanovre. C'est la Prusse qui a lancé un ultimatum à la France, déclaré la guerre, et attaqué la première.

J'apprécie toujours les citations de Napoléon que fait Cyril.

Il nous rappelle que Napoléon était non seulement corse, mais que, par un mystère restant à éclaircir, il était aussi normand. Napoléon, surtout sur ses dernières années où il a eu beaucoup de temps pour ses loisirs, a dit tout et son contraire. Il a aussi énoncé énormément de truismes. De cette façon, il se donnait le maximum de chances de dire quelque chose d'exact.

Sur le fond, c'était un problème d'équilibre des forces. Et ce qu'il a dit sur la Prusse, il aurait tout aussi bien pu le dire sur l'Autriche. Aucune grande puissance n'aime subir la présence d'un hégémon dans son voisinage. Seules les petits Etats, n'ayant quasiment pas de capacité de projection de puissance, préfèrent être protégées par un hégémon contre les ambitions de puissances de taille moyenne qui réduire l'écart avec l'hégémon en absorbant les petits.

L'Autriche et la Prusse , si elles exprimaient franchement leurs objectifs, ne supportaient évidemment pas de se voir écartées des affaires d'Allemagne et de voir l'Allemagne devenir une chasse gardée française. Elles ne l'acceptaient que contraintes et forcées, parce que l'écart de puissance avec la France napoléonienne était tel qu'elles n'avaient aucune chance de parvenir à rééquilibrer la situation à leur avantage par la force.

Ce qui a été un plantage absolument magistral en 1806, c'est que la Prusse n'a même pas attendu que les forces de l'allié russe parviennent sur les théatres d'Europe centrale. Elle s'est lancée bille en tête, par un accès d'arrogance dont celui de la France en 1870 n'est qu'un pâle reflet, seule contre une France au sommet de sa puissance historique. Et vu l'état en fait déplorable de l'armée prussienne qui s'était figée dans son état du règne de Frédéric II, elle a été littéralement éparpillée.

Davout (bon d'accord, c'était Davout), remporte la bataille d'Auerstaedt à quasiment 1 contre 3.

Une fois la Prusse écrasée et la paix conclue avec la Russie, quel sort réserver à la Prusse ? Ce n'était pas évident sur le moment. Ce qui comptait vraiment, c'était la relation avec la Russie, avec l'Autriche et avec le Royaume-Uni. Napoléon et ses conseillers voyaient-ils un intérêt à détruire complètement la Prusse ou au contraire à la laisser quasiment intacte en 1807 ? A ma connaissance, je ne le pense pas. Il était de toute façon très difficile de forcer le génie polonais à rentrer dans sa bouteille alors qu'il en était sortie pour prêter main forte aux français.
Napoléon a été débordé par la renaissance du patriotisme polonais, lequel s'est vu ouvrir des perspectives phénoménales par l'entêtement de la Prusse à poursuivre les hostilités après les 1ères déroutes.

La question de la destruction de la Prusse ne s'est, me semble-t-il, véritablement posée qu'à l'approche de la campagne de Russie quand, aux environs de l'hiver 1811-1812, Napoléon, prévenu par Davout du double-jeu prussien, a fait passer le message à Berlin qu'il démantèlerait la Prusse si jamais elle trahissait. En quoi il a commis une erreur stratégique puisqu'il a incité la Prusse à ne pas franchir le Rubicon tant que la situation ne serait pas idéale (ce qu'elle fit au début de l'année 1813 entre le désastre de Russie et la reconstitution d'une armée française pour mener la campagne d'Allemagne).

Cela aurait été plus intéressant si Napoléon avait dit : "j'aurais du démanteler la Prusse avant d'engager la campagne de Russie, car elle ne m'a été d'aucune utilité pendant la campagne et était décidée à se retourner contre moi à la première opportunité."


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 Sujet du message : Re: Napoléon et la Prusse
Message Publié : 15 Jan 2016 14:10 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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"peuple le plus fier de son passé" !!! en 1806 le passé de la Prusse n'est pas exceptionnel.Le règne du grand Fréderic c'est 15 ans de fierté nationale ,pas plus. La constitution de la Prusse au dépens de l"Autriche (silésie) et de la Saxe n' a que 40 ans au moment de Iéna. Eliminer la dysnatie est pour Napoléon un renversement d'alliance vis à vis de l'Autriche: en faire une nation amie par la restitution de la Silésie ? ce n'est pas suffisant pour les Habsbourg qui n'oublient pas la mort de Marie Antoinette.Malgré la haine de la reine Louise, de Blucher ,Napoléon veut ménager ce peuple (à citer sa visite humble au tombeau de Fréderic II),il ne sera pas payé en retour.


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 Sujet du message : Re: Napoléon et la Prusse
Message Publié : 15 Jan 2016 19:27 
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Jean Froissart
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La Prusse existe depuis l'arrivée des Chevaliers Teutoniques au Moyen Age. Je connais un peu le sujet, comme le montre l'avatar que je me suis choisi, qui représente Nicolas Copernic, lequel était prussien. Avant, il y avait un peuple payen, mais qui était peu nombreux, et qui s'est fondu avec les Teutoniques au fil du temps. La Prusse a connu une période de prospérité avec la Ligue Hanséatique. Ses habitants ont toujours été fiers de leurs origines germaniques. Même encore maintenant, les habitants de la ville de Danzig/Gdansk et des alentours se sentent très différents des habitants de Varsovie et de Cracovie. Je ne comprends pas du tout l'idée de rayer de la carte un peuple, quel qu'il soit.

En 1812, Napoléon, en route vers la Russie, a rendu hommage à Copernic en allant visiter une maison qu'on lui avait indiqué comme étant sa maison natale, alors qu'en réalité c'était une autre de la même rue.


Dernière édition par Oliviert le 15 Jan 2016 19:35, édité 1 fois.

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 Sujet du message : Re: Napoléon et la Prusse
Message Publié : 15 Jan 2016 19:35 
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ALEXANDRE 1ER a écrit :
"peuple le plus fier de son passé" !!! en 1806 le passé de la Prusse n'est pas exceptionnel.Le règne du grand Fréderic c'est 15 ans de fierté nationale ,pas plus. La constitution de la Prusse au dépens de l"Autriche (silésie) et de la Saxe n' a que 40 ans au moment de Iéna.


Je suis d'accord avec Oliviert. Penser que la Prusse n'a pas d'Histoire avant 1701 ou pire encore Frédéric II, c'est occulter l'histoire du duché de Prusse protestant depuis 1525, du margraviat de Brandebourg, et avant cela des chevaliers teutoniques (qui eux remontent à la fin du XIIe siècle). Les fiertés nationales ne manquent pas avant Frédéric II, et expliquent beaucoup de choses par la suite (le "Drang nach Osten", la militarisation de la société, son protestantisme militant et le "Kulturkampf", etc, etc).

CNE EMB

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 Sujet du message : Re: Napoléon et la Prusse
Message Publié : 16 Jan 2016 9:33 
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Grégoire de Tours
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Certes mais dans ce post on parle du Royaume de Prusse ,non de l'ancien Duché ou de la Prusse royale liée à la Pologne.Remonter aux chevaliers teutoniques :la Prusse orientale n'était qu'une partie du Royaume de 1806.


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 Sujet du message : Re: Napoléon et la Prusse
Message Publié : 16 Jan 2016 9:41 
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Le royaume de Prusse tire directement son origine et surtout son identité de ce duché, lui - même issu des possessions sécularisées des chevaliers teutoniques. En faire abstraction pour comprendre la Prusse de 1806, c'est comme oublier en 1814 que la France a été monarchique...

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 Sujet du message : Re: Napoléon et la Prusse
Message Publié : 16 Jan 2016 12:24 
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Marc Bloch
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Pour compléter ces brillants débats, j'apporte deux petites pierres.

La Prusse est certes un État artificiel construit de bric et de broc depuis la Renaissance et allant de Koenigsberg au Rhin (avec pas mal de trous entre les morceaux comme dans la plupart des États allemands ) mais auquel la dynastie Hohenzollern a progressivement donné une certaine unité psychologique à travers la religion protestante (face aux Habsbourg catholiques ) et un système militaro-administratif original mêlant éléments modernes (le service militaire obligatoire, l'absence de vénalité des charges) et archaïques (la domination sociale absolue de la noblesse héréditaire foncière et militaire).

En 1806, Napoleon n'a t il pas envisage un partage de la Prusse entre la Russie et la Westphalie avec une frontière sur la Vistule ? N'est ce pas Alexandre qui s'y serait catégoriquement opposé en faisant du maintien de la dynastie sur une Prusse réduite mais conservée la condition sine qua non de son alliance avec la France ?


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 Sujet du message : Re: Napoléon et la Prusse
Message Publié : 17 Jan 2016 8:28 
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Fustel de Coulanges
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bourbilly21 a écrit :
EDIT : Même si elle a lieu en 1807, se souvenir aussi de la fameuse scène "de la rose et Magdebourg" entre Napoléon et la reine Louise !


Version de l’anecdote donnée par le Mémorial de Sainte-Hélène (Las Cases) :
« Un instant avant de se mettre à table, Napoléon s'étant approché d'une console y avait pris une très belle rose, qu'il présenta à la reine, dont la main exprima d'abord une espèce de refus apprêté; mais, se ravisant aussitôt, elle dit : Oui, mais au moins avec Magdebourg. Sur quoi l'Empereur lui répliqua : « Mais je ferai remarquer à Votre Majesté que c'est moi qui la donne, et vous qui allez la recevoir. »


Et celle des Mémoires de Marbot :
« Il paraît que, pour conserver cette ville importante [Magdebourg], la reine de Prusse employait pendant le dîner tous les efforts de son amabilité, lorsque Napoléon, pour changer la conversation, ayant fait l'éloge d'une superbe rose que la Reine avait au côté, celle-ci lui aurait dit : » Votre Majesté veut-elle cette rose en échange de la place de Magdebourg?... » Peut-être eût-il été chevaleresque d'accepter, mais l'Empereur était un homme trop positif pour se laisser gagner par de jolis propos, et on assure qu'il s'était borné à louer la beauté de la rose, ainsi que de la main qui l'offrait, mais qu'il n'avait pas pris la fleur, ce qui amena des larmes dans les beaux yeux de la Reine! Mais le vainqueur n'eut pas l'air de s'en apercevoir. Il garda Magdebourg, et conduisit poliment la Reine jusqu'au bateau qui devait la porter sur l'autre rive. »


Le 7 juillet, Napoléon écrivait à Joséphine :
« Mon amie, la reine de Prusse a dîné hier chez moi. J’ai eu à me défendre de ce qu’elle voulait m’obliger à faire encore quelques concessions à son mari : mais j’ai été galant et je me suis tenu à ma politique. »

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 Sujet du message : Re: Napoléon et la Prusse
Message Publié : 17 Jan 2016 8:53 
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Fustel de Coulanges
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ALEXANDRE 1ER a écrit :
Napoléon veut ménager ce peuple (à citer sa visite humble au tombeau de Fréderic II),il ne sera pas payé en retour.


« Ménager » ? J’ai du mal à comprendre.
Faut-il rappeler que Tilsit (« par égard pour S.M. l’Empereur de toutes les Russies ») arracha à la Prusse la moitié de ses territoires ; le royaume perdant du coup près de cinq millions d’habitants sur neuf et demi (sans parler des indemnités de guerre) ?

Pour ce qui est de l’hommage à Frédéric II, le 18e Bulletin de la Grande Armée rapporta bien la visite impériale, mais notifia de suite :
« L’Empereur a fait présent à l'hôtel des Invalides de Paris de l'épée de Frédéric, de son cordon de l'Aigle-Noire, de sa ceinture de général, ainsi que des drapeaux que portait sa garde dans la guerre de sept ans. Les vieux invalides de l'armée de Hanovre accueilleront avec un respect religieux tout ce qui a appartenu à un des premiers capitaines dont l'histoire conservera le souvenir. »

La colonne de Roosbach suivit le même chemin…

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 Sujet du message : Re: Napoléon et la Prusse
Message Publié : 10 Mars 2017 13:12 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 18 Avr 2015 15:58
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Caesar Scipio a écrit :
Napoléon a été débordé par la renaissance du patriotisme polonais, lequel s'est vu ouvrir des perspectives phénoménales par l'entêtement de la Prusse à poursuivre les hostilités après les 1ères déroutes.

J'ai un peu de mal avec la renaissance du patriotisme polonais (ce n'est pas nouveau ;) )et tout autant avec un intérêt franc à ceci porté par l'empereur (rien de neuf non plus, je sentais venir le "truc").
Après Eylau.
[... Puisque les armes n'avaient pas permis à l'empereur d'obtenir la destruction de l'ennemi, il fallait recourir aux négociations diplomatiques ... Bertrand ... avait mission de dire au ministre qu'il pouvait venir avec de pleins pouvoirs et que la paix serait signée rendant les états du roi de Prusse jusqu'à l'Elbe (Instructions pour le Gal Bertrand. Eylau : 13 février 1807) ... il (Bertrand) devait dire aussi que la Prusse pouvait se conduire comme elle le voulait à l'égard de la Russie, que Napoléon voulait avoir la gloire de réorganiser la nation prussienne et il devait laisser entrevoir enfin

que depuis que l'Empereur connaissait la Pologne, il n'y attachait plus aucun prix.

Le roi de Prusse tint aussitôt un conseil au cours duquel Hardenberg se déclara partisan de la guerre acharnée :
"La paix séparée avec la France ne serait qu'une trêve de courte durée. Elle nous détacherait irrévocablement de la Russie et détruirait toutes les espérances que nous pouvons placer dans les secours de l'Angleterre. La Prusse rayée à jamais du nombre des puissances indépendantes deviendrait l'esclave de Napoléon".

L'analyse de Hardenberg semble bonne. A Tilsit, le tsar plaidera la cause de la Prusse et il semble qu'il s'en montrera l'allié à Vienne. On peut tout à fait comprendre l'espoir de la Prusse :

[Si, après Eylau, Napoléon avait eu du pain en suffisance pour ses troupes et si le mauvais temps ne les avait pas arrêtées, il serait arrivé à Koenigsberg avant l'ennemi et il aurait pu le battre en détail (Au Mal Bernadotte. Osterode : 6 mars 1807)]

Il n'est pas fait mention des blessés, de la souffrance, des défections multiples puisque :
"Mon projet n'a jamais été d'aller à Koenigsberg. On dit aussi que je commande mon avant garde. Tout cela est bêtise. Je vous prie de ne laisse mettre dans le Moniteur que les bulletins ou tout au plus dire qu'on a reçu des nouvelles et qu'on a eu des succès..." (?)
mais la Prusse ne devait pas ignorer que :
"Les traînards étaient nombreux sans que l'Empereur ait jamais pu connaitre leur chiffre exact. Il recommandait aux officiers de la gendarmerie de les ramasser et de les faire retourner à l'armée. Des officiers étaient envoyés sur les principales routes prises par des fuyards ... Ces incidents montraient la fatigue des troupes et un certain affaiblissement de leur ardeur combative ...
Napoléon voulait obtenir de nouvelles troupes et il décida la levée de la conscription de 1808. Mais il était difficile après avoir appelé en novembre 1806, la conscription de 1807, de faire encore en mars 1807, l'appel de la conscription de 1808. La nation n'allait-elle pas se fatiguer d'appels si fréquents ?"

Si Napoléon fait autant d'effort pour renforcer la GA en Pologne, c'est que ceci "bloque" au niveau diplomatique. On peut légitimement "espérer" côté prussien d'autant qu'Alexandre Ier fait part de son intention de recommencer la guerre.

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 Sujet du message : Re: Napoléon et la Prusse
Message Publié : 10 Mars 2017 13:33 
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Jules Michelet
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Oliviert a écrit :
Avant, il y avait un peuple payen, mais qui était peu nombreux, et qui s'est fondu avec les Teutoniques au fil du temps.

Avant les conquêtes des chevaliers teutoniques le territoire de la Prusse appartenait... au vrai peuple prussien qui parlait une langue balte. Leur langue appelait borusse (vieux prussiens) se retrouve dans les anciens ouvrages postérieurs au XVIIIe siècle. La région était peuplée mais à la suite des conquêtes, des guerres, des fuites de populations puis à l'assimilation les vieux-prussiens ont perdus leur langue. On trouvait encore des traces du vieux-prussiens dans la langue prussienne avant 1945.

Concernant la Prusse, je pense que le partage la Prusse entre les pays voisins aurait permis de réduire les risques de guerres ultérieurs. La Prusse a toujours été en perpétuelle guerre (Bavière, Autriche, France, Pologne, etc...). Comme le disait Mirabeau : « La Prusse n'est pas un État qui possède une armée, c'est une armée ayant conquis la nation »...

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Skipp


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 Sujet du message : Re: Napoléon et la Prusse
Message Publié : 12 Mars 2017 1:42 
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Jean Froissart
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Inscription : 28 Avr 2006 23:02
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Skipp a écrit :
Avant les conquêtes des chevaliers teutoniques le territoire de la Prusse appartenait... au vrai peuple prussien qui parlait une langue balte.
Le vrai peuple ! Pour la France, diriez-vous que ce ne serait pas les Francs, mais les Gaulois, ou bien l'homme de Cro-Magnon, ou même de Neandertal ? Soyons sérieux, et évitons de récupérer béatement l'Histoire mythifiée par les nationalistes polonais et baltes.

Skipp a écrit :
La région était peuplée
Quels sont vos chiffres ou au moins vos estimations ? Vous semblez contredire mon qualificatif "peu nombreux". Je vais le défendre par quatre arguments. 1. Sauf erreur, ces baltes étaient des chasseurs-cueilleurs. Or, ce mode économique, d'autant plus dans une région froide, ne permet pas de faire subsister une population importante. Ce sont les Chevaliers Teutoniques qui ont apporté l'agriculture et l'élevage, ou en tous cas, qui les ont considérablement développés. 2. La région était si peu peuplée que les Chevaliers Teutoniques y ont été appelés justement pour mettre en valeur ce territoire en friche. 3. En 1500, plusieurs siècles après l'arrivée des Chevaliers Teutoniques, le domaine foncier était encore largement sous-exploité, puisque par exemple, sur les 1688 parcelles de la Warmie, 400 étaient inoccupées, et que les chanoines, dont Copernic, se chargeaient de faire venir des migrants pour s'y installer. 4. Même au 20e siècle, le territoire de l'ancienne Prusse reste peu peuplée, comme j'ai pu le constater lors de voyages. Les forêts y sont encore nombreuses et étendues. Il y a encore de la place pour plusieurs "vrais" peuples.

Skipp a écrit :
Concernant la Prusse, je pense que le partage la Prusse entre les pays voisins aurait permis de réduire les risques de guerres ultérieurs. La Prusse a toujours été en perpétuelle guerre (Bavière, Autriche, France, Pologne, etc...).
Cela me révolte, cette manière autoritaire de décider du sort d'une nation en la jugeant de loin, à la place du peuple qui vit sur place. Et cette insinuation, selon laquelle les Prussiens serait un peuple plus belliqueux que les autres, n'est pas correcte. Par exemple, ce ne sont pas les Prussiens qui sont allés se battre contre la France vers 1800, mais c'est Napoléon qui est allé à la conquête de l'est et a envahi la Prusse au passage, et non pas le contraire la Prusse qui aurait envahi la France. De même, les Suédois avaient précédemment envahi la Prusse, sans que les Prussiens n'aient envahi la Suède. Idem pour les Polonais avant, qui ont fait reculer les Chevaliers teutoniques. Bien sûr, il y eut aussi des cas où les Prussiens furent belliqueux, mais n'en faisons pas une généralité.

Skipp a écrit :
Comme le disait Mirabeau : « La Prusse n'est pas un État qui possède une armée, c'est une armée ayant conquis la nation »...
Que connait le jeune débauché Mirabeau de la Prusse ? Parlait-il allemand ? Avait-il rencontré des Prussiens et discuté avec eux ? Avait-il voyagé en Prusse ? Non. Il a juste fait un bon mot, basé sur un humour xénophobe et léger, qui n'est pas un jugement de valeur très sérieux.


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